« ASSISTANCE » OU « ASSASSINAT » SOCIAL ? par Bernadette Schaeck

– « Je l’aime bien quand même » ! Me dit-elle à propos de sa jeune Assistante Sociale (AS).
« Elle est gentille, elle m’écoute. Mais je la sens comme une secrétaire. Elle me dit qu’elle relaie ma demande, mais qu’elle doit en référer à ses chefs ».
Sa demande est pourtant totalement conforme au droit au Revenu d’Insertion (RI). Rien « d’ extravagant » !
Gentille ? Oui, mais elle fait quand même des visites à domicile aux aurores.
Gentille ? Oui, mais elle relaie la demande à ses chefs en disant « qu’elle n’a aucun pouvoir ».
Pourtant, dans certains CPAS que nous connaissons, si un.e AS se contente de relayer sans défendre, parfois bec et ongle, c’est fichu d’avance…
Et pourtant, me dit-elle, le métier d’AS pourrait être tellement chouette.
Je suis d’accord avec elle. Mais il demande de plus en plus de combativité à l’égard de l’institution.

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Je ne l’aime pas, cette Assistante Sociale ! Celle qui non seulement ne défend pas bec et ongles les usager.es, mais les enfonce bec et ongles…
Je ne m’imaginais pas du tout hier, en publiant quelques mots du témoignage de S. intitulé, à propos de son AS, « Je l’aime bien quand même », que je tomberais au même moment sur les preuves du comportement insupportable d’une autre AS.
Qui enfonce un bénéficiaire d’une façon telle que vous ne pouvez imaginer.
Elle a proposé, avec beaucoup de conviction, un retrait du RI, une récupération de 8000 euros, et une sanction de 6 mois. Elle l’a justifié par le fait que le bénéficiaire est un fraudeur, la preuve par « son manque de coopération ».
Ah! le nombre de décisions négatives de CPAS qui s’appuient sur la « non collaboration » !

Cette AS est-elle fière de remplir son devoir de « citoyenne » en participant à la lutte contre la dite fraude sociale ? Tente-t-elle de correspondre à cette “culture d’entreprise” que veut développer ce CPAS dont les pratiques sont de plus en plus répressives ?
Elle a tellement bien enfoncé le bénéficiaire que le CSSS (Comité spécial de l’aide sociale) a voté ses propositions à l’unanimité !
Je suppose que les conseiller.es qui ont voté cela, ce qui équivaut à une mort sociale de l’usager, se sont fiés au rapport « social » de cette AS, sans lire le centième des documents dont nous avons pris connaissance ?
Si les conseiller.es du CSSS (Comité spécial de l’aide sociale) n’ont ni le temps ni la volonté de lire tous les documents et de les analyser, au pire, qu’ils et elles s’abstiennent de voter des mesures aussi extrêmes sur base de quelques lignes de rapport « social » complètement à charge.

Ce n’est pas la première fois que je découvre ce genre de vote à l’unanimité.
Mais ça n’est pas arrivé de nombreuses fois quand même. Nous ne pouvons le savoir que lorsqu’il y a recours au Tribunal du travail et donc transmission du dossier “social”.
Et que le CPAS indique le résultat du vote par le CSSS, ce que tous ne font pas.
Quand on est AS, ou conseiller.e au CSSS et “progressiste”, ça pose quand même problème d’avoir le pouvoir – et de l’exercer – de condamner des personnes à la mort sociale, non ?
Surtout lorsque ce n’est absolument pas justifié ! Ceci n’est pas une généralité, mais une seule situation de ce genre serait une de trop ! Et il y en a plus d’une.

Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux.

L’illustration en dessus de page est d’Andrea Kowch – magnifique peintre américaine.

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