BONS SENTIMENTS ET MAUVAISES POLITIQUES
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BONS SENTIMENTS ET MAUVAISES POLITIQUES

Publié le 17 décembre 2020 par Irene Kaufer
Voilà, c'est parti pour Viva For Life. On verra donc de pauvres gens ouvrir leur portefeuille pour de plus pauvres qu'eux, des associations collaborer, de gré ou de force, à ce cirque indécent, contraintes de faire appel à la charité par leur manque de moyens.

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Ce soir et pour une semaine, c'est reparti pour Viva Youplaboum.

Dingue, ça fait la huitième année que des animateurs/trices s'enferment et se privent de tout (enfin presque) pour les enfants pauvres, et pourtant les enfants sont toujours aussi pauvres et même en plus grand nombre! Quel manque de reconnaissance!

Précision : j'ai le plus grand respect pour les personnes qui contribuent dans la mesure de leurs moyens et parfois même au-delà, avec la générosité des gens parfois eux-mêmes à la limite de la pauvreté.

Ce que je ne supporte pas, ce sont ces artistes et ces entreprises qui se font de la pub à bon compte, ni surtout ce show de charité qui dissimule complètement les injustices sociales.

Ce que j'expliquais déjà dans une "Opinion" parue en 2013 dans la Libre :

Une opinion d'Irène Kaufer, citoyenne.

Voilà, c'est parti pour Viva For Life : parti pour six jours d'autopromotion ertébéenne, six jours de show médiatique, de caméras braquées sur trois animateurs de radio qui vont faire les zouaves « au profit des bébés pauvres » - comme si le fait qu'ils ne mangent rien de solide et dorment peu pouvait améliorer le sort de qui que ce soit, à part le leur.

Car c'est bien sur eux et sur les « stars » qui viennent les soutenir que les caméras sont braquées, sans même parler de leur caricature de grève de la faim et de sommeil perturbé, quand tant d'autres mettent réellement leur santé en jeu pour une cause ou sont contraints de dormir dans la rue ! Et tout cela en évitant une véritable analyse...

Comme s'il y avait des « bébés pauvres » sans parents pauvres, et particulièrement des mères pauvres, ces fameuses « familles monoparentales » qui forment une partie importante de la population précaire !

Comme si la pauvreté était une fatalité, une sorte de catastrophe naturelle dont seule la générosité publique pourrait soulager les victimes !

Comme s'il n'y avait pas de responsables ! Comme si la justice sociale était simple affaire de bons sentiments !

Comme si le combat contre la pauvreté n'était pas le devoir – et l'un des plus importants – des autorités publiques !

On verra donc de pauvres gens ouvrir leur portefeuille pour de plus pauvres qu'eux, des associations collaborer, de gré ou de force, à ce cirque indécent, contraintes de faire appel à la charité par leur manque de moyens.

On verra des bénévoles plein·es de bonne volonté, des militant·es de la cause des enfants et/ou de la misère se laisser enfermer, sinon dans un cube de verre, du moins dans une bulle médiatique, avant d'être renvoyé·es à l'invisibilité , pour tenter de combler des trous creusés par d'autres !

Mais les bons sentiments ne peuvent rien contre de mauvaises politiques. Si la pauvreté et la précarité sont en pleine expansion dans notre pays – qui reste un pays riche, rappelons-le ! - ce n'est dû ni à une tornade, ni même à la « crise » très anonyme, mais à des inégalités sociales croissantes créées et entretenues par de mauvaises politiques, dites d'austérité – mais pas pour tout le monde ! Car face aux enfants et aux parents vivant sous le seul de pauvreté, il y a tous ceux qui vivent au-dessus du seuil de la richesse et qui ne sont jamais mis à contribution.

« De plus en plus de riches en Belgique», titrait la Libre du 3 juillet 2013, notant l'augmentation de 7% du nombre de millionnaires. « De plus en plus de jeunes sont confrontés à la pauvreté », titrait en parallèle le Soir du 15 mai 2013.

Le rôle d'un média de service public, ce n'est pas de se prêter à des « jeux » (dont le « concept » a été acheté ailleurs, c'est un comble!), mais de faire le lien entre les mesures politiques et l'accroissement de la précarité.

D'expliquer que ces bébés pauvres qu'on prétend aider – ou surtout pousser d'autres à les aider – sont les enfants de parents pauvres, de travailleur·euses aux salaires bloqués, dégraissés (de leur emploi) puis dégressés (de leur allocation de chômage) ; des « isolé·es » empêché·es de sortir la tête hors de l'eau en essayant de diminuer certaines charges par la colocation, qui les ferait chuter au statut de cohabitant·e, avec réduction de revenus à la clé ;

des mères seules contraintes à courir d'un boulot sous-payé à une crèche où il n'y a plus de place ;

et tous ces « assistés » qu'on ne cesse de fustiger en étranglant financièrement les institutions censées leur venir en aide : demandez donc aux CPAS !

Quant à celles et ceux qui se révoltent, quelle horreur !

On ne peut pas d'un côté verser des larmes de crocodile sur les « bébés pauvres » et de l'autre, répéter qu'il n'y a qu'une seule politique possible, pointer du doigt ces grévistes « preneurs d'otage » ou ces syndicalistes pourtant bien sages toujours soupçonnés de refuser d'évoluer avec le monde... ce monde qui justement, entretient la misère !

Après l'opération « Hiver » de 2012, voilà la RTBF qui oublie encore une fois son rôle de service public pour un grand numéro de « charity show » qui se situe, lui, très en de-ça du seuil de la décence.

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BONS SENTIMENTS ET MAUVAISES POLITIQUES

Ce soir et pour une semaine, c’est reparti pour Viva Youplaboum.

Dingue, ça fait la huitième année que des animateurs/trices s’enferment et se privent de tout (enfin presque) pour les enfants pauvres, et pourtant les enfants sont toujours aussi pauvres et même en plus grand nombre! Quel manque de reconnaissance!

Précision : j’ai le plus grand respect pour les personnes qui contribuent dans la mesure de leurs moyens et parfois même au-delà, avec la générosité des gens parfois eux-mêmes à la limite de la pauvreté.

Ce que je ne supporte pas, ce sont ces artistes et ces entreprises qui se font de la pub à bon compte, ni surtout ce show de charité qui dissimule complètement les injustices sociales.

Ce que j’expliquais déjà dans une “Opinion” parue en 2013 dans la Libre :

Une opinion d’Irène Kaufer, citoyenne.

Voilà, c’est parti pour Viva For Life : parti pour six jours d’autopromotion ertébéenne, six jours de show médiatique, de caméras braquées sur trois animateurs de radio qui vont faire les zouaves « au profit des bébés pauvres » – comme si le fait qu’ils ne mangent rien de solide et dorment peu pouvait améliorer le sort de qui que ce soit, à part le leur.

Car c’est bien sur eux et sur les « stars » qui viennent les soutenir que les caméras sont braquées, sans même parler de leur caricature de grève de la faim et de sommeil perturbé, quand tant d’autres mettent réellement leur santé en jeu pour une cause ou sont contraints de dormir dans la rue ! Et tout cela en évitant une véritable analyse…

Comme s’il y avait des « bébés pauvres » sans parents pauvres, et particulièrement des mères pauvres, ces fameuses « familles monoparentales » qui forment une partie importante de la population précaire !

Comme si la pauvreté était une fatalité, une sorte de catastrophe naturelle dont seule la générosité publique pourrait soulager les victimes !

Comme s’il n’y avait pas de responsables ! Comme si la justice sociale était simple affaire de bons sentiments !

Comme si le combat contre la pauvreté n’était pas le devoir – et l’un des plus importants – des autorités publiques !

On verra donc de pauvres gens ouvrir leur portefeuille pour de plus pauvres qu’eux, des associations collaborer, de gré ou de force, à ce cirque indécent, contraintes de faire appel à la charité par leur manque de moyens.

On verra des bénévoles plein·es de bonne volonté, des militant·es de la cause des enfants et/ou de la misère se laisser enfermer, sinon dans un cube de verre, du moins dans une bulle médiatique, avant d’être renvoyé·es à l’invisibilité , pour tenter de combler des trous creusés par d’autres !

Mais les bons sentiments ne peuvent rien contre de mauvaises politiques. Si la pauvreté et la précarité sont en pleine expansion dans notre pays – qui reste un pays riche, rappelons-le ! – ce n’est dû ni à une tornade, ni même à la « crise » très anonyme, mais à des inégalités sociales croissantes créées et entretenues par de mauvaises politiques, dites d’austérité – mais pas pour tout le monde ! Car face aux enfants et aux parents vivant sous le seul de pauvreté, il y a tous ceux qui vivent au-dessus du seuil de la richesse et qui ne sont jamais mis à contribution.

« De plus en plus de riches en Belgique», titrait la Libre du 3 juillet 2013, notant l’augmentation de 7% du nombre de millionnaires. « De plus en plus de jeunes sont confrontés à la pauvreté », titrait en parallèle le Soir du 15 mai 2013.

Le rôle d’un média de service public, ce n’est pas de se prêter à des « jeux » (dont le « concept » a été acheté ailleurs, c’est un comble!), mais de faire le lien entre les mesures politiques et l’accroissement de la précarité.

D’expliquer que ces bébés pauvres qu’on prétend aider – ou surtout pousser d’autres à les aider – sont les enfants de parents pauvres, de travailleur·euses aux salaires bloqués, dégraissés (de leur emploi) puis dégressés (de leur allocation de chômage) ; des « isolé·es » empêché·es de sortir la tête hors de l’eau en essayant de diminuer certaines charges par la colocation, qui les ferait chuter au statut de cohabitant·e, avec réduction de revenus à la clé ;

des mères seules contraintes à courir d’un boulot sous-payé à une crèche où il n’y a plus de place ;

et tous ces « assistés » qu’on ne cesse de fustiger en étranglant financièrement les institutions censées leur venir en aide : demandez donc aux CPAS !

Quant à celles et ceux qui se révoltent, quelle horreur !

On ne peut pas d’un côté verser des larmes de crocodile sur les « bébés pauvres » et de l’autre, répéter qu’il n’y a qu’une seule politique possible, pointer du doigt ces grévistes « preneurs d’otage » ou ces syndicalistes pourtant bien sages toujours soupçonnés de refuser d’évoluer avec le monde… ce monde qui justement, entretient la misère !

Après l’opération « Hiver » de 2012, voilà la RTBF qui oublie encore une fois son rôle de service public pour un grand numéro de « charity show » qui se situe, lui, très en de-ça du seuil de la décence.

1 Commentaire
  • MICHEL DE GREEF
    Publié à 12:34h, 20 décembre

    On en arrive dans un monde où la charité, liée à une émotion justifiée, tend à remplacer la solidarité.

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