Codeco : LES ÉCOLES ET LES THÉÂTRES PRIVÉS D'AIR
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Codeco : LES ÉCOLES ET LES THÉÂTRES PRIVÉS D'AIR

Publié le 3 décembre 2021 par Contribution extérieure
En limitant la jauge des théâtres à 200 places, malgré des protocoles sanitaires efficaces et éprouvés, le gouvernement étrangle une fois de plus le secteur culturel. Il bâillonne les enfants de six ans et les saltimbanques en petits sabots pour privilégier la surconsommation de masse des dindons de Noël.

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En limitant la jauge des théâtres à 200, malgré des protocoles sanitaires efficaces et éprouvés, le gouvernement étrangle une fois de plus les plus grandes salles du secteur culturel.
Le Théâtre des Galeries, par exemple, qui venait d'inaugurer sa nouvelle "Revue" pour les fêtes, sera condamnée à jouer en déficit dans une salle remplie au quart de sa jauge.
Bâillonner les enfants de six ans et les saltimbanques, pour laisser ouverts les grands magasins et les Marchés de Noël, c'est avoir une conception bien consumériste de la santé.
Avant même la réunion du CODECO, Gwen Breës, un des responsables du Ciné Nova et une des chevilles ouvrières de "Still Standing For Culture", avait tenté l'ironie pour rappeler au gouvernement les derniers épisodes de ce triste feuilleton.
(C.S.)

Cher Codeco,
Puisque tu vas peut-être te réunir d'urgence pour prendre des mesures «plus fortes» que celles que tu as prises il y a 5 jours, lesquelles venaient corser celles que tu avais prises 9 jours avant, et qu'il n'y a pas de raison que ça s'arrête de sitôt.
Puisque tu es soucieux qu'on puisse «célébrer Noël plus ou moins normalement», et que le seul moyen d'y parvenir à tes yeux semble être d'«interdire temporairement les activités en salle dans le secteur des loisirs», parce qu'elles sont «difficiles à sécuriser».
Puisque tu sembles ainsi frappé d'un petit coup de mou, voire d'un brin d'amnésie, je me permets de t'écrire deux-trois choses qui te seront peut-être utiles. Des broutilles, tu me diras. Mais qui me chipotent quand même un peu...
• Jusqu'il y a un mois et demi, les protocoles en vigueur dans les salles rendaient les activités intérieures peu propices aux transmissions, non ? Je me rappelle bien : jauges limitées, distances, port du masque, contrôle CO2... Et puis là, il s'est passé quelque chose que je n'ai pas bien compris. Ce ne serait pas toi par hasard, sous l'impulsion des régions (et singulièrement de Bruxelles), qui aurait abrogé ces protocoles en les remplaçant par le Covid Safe Ticket (CST) ? Tu sais, ce truc avec le mot 𝐒𝐀𝐅𝐄 dedans ?
• Du coup je me posais une bête question : est-ce que ceux qui appellent aujourd'hui à fermer «le secteur des loisirs» ne seraient pas grosso modo les mêmes qui ont répandu dans tout le pays l'impression qu'un QR code pouvait remplacer les gestes barrières, et qui ont décrété en même temps qu'un «événement de masse» commençait à 50 personnes ?
• En octobre, j'ai ce vague souvenir que la critique du CST était politiquement totalement taboue. Tu te souviens ? Au point que, par exemple, une série de lieux culturels qui en contestaient le principe ont été fermement remis sur le droit chemin par des représentants politiques siégeant dans leurs conseils d'administration. Ça m'avait frappé, ça, de la part de partis dont le dialogue est une vertu cardinale. Je m'étais dit : ah, c'est qu'ils doivent être vraiment sûrs d'eux sur ce coup.
• Pourtant (mais c'est sans doute ma mémoire qui me joue des tours), n'avais-je pas lu dans la presse les propos répétés de nombre d'épidémiologistes et de virologues, y compris les plus officiels et les plus médiatisés, qui avaient émis d'emblée des réserves sur le CST, allant jusqu'à affirmer qu'il provoquait l'inverse de ce qu'il était censé faire, à savoir générer plus d'infections ?
• N'aurais-tu pas, dans une belle unanimité avec les régions, choisi d'ignorer ces avertissements, faisant mine à présent de ne porter aucune responsabilité dans la situation, jusqu'à préconiser de fermer à nouveau les lieux culturels pour sauver l'essentiel (Noël et les soldes) ? Ah non, «essentiel» ça ne fait plus partie de ton vocabulaire, c'est bien, tu apprends.
• Es-tu vraiment certain que ces lieux sont «difficiles à sécuriser» ? As-tu jamais songé qu'on pourrait y appliquer des protocoles basés sur les gestes barrières ? Tu vois, ce machin dont on avait pas mal parlé à l'époque et qui semblait même avoir fait ses preuves ? T'inquiètes, rien d'urgent, tu y reviendras sans doute par toi-même après quelques semaines de fermeture... pas quelques mois, quand même !?
Enfin voilà. Tu penses bien, j'en sais rien moi. Je suis pas quelqu'un de compliqué. On me dit de tout arrêter, j'arrête. On me dit de me réactiver, je me réactive. C'est juste qu'à force, j'apprends à décoder les messages et qu'en lisant la presse du jour, j'ai été saisi d'une soudaine envie de faire un petit flashback comme au cinéma et de relire une série d'articles de ces dernières semaines.
Peut-être que tu devrais faire ça plus souvent, relire la presse des semaines et des mois écoulés. Refaire la ligne du temps de tes propres décisions, aussi. Histoire de garder la perspective, le rythme, la narration, de ne pas épuiser les scénaristes ni les spectateurs. Regarde, par exemple, j'ai trouvé ça sur le site de la Région bruxelloise : tu ne trouves pas ça intéressant de relire ce paragraphe aujourd'hui ?
Allez, bonne réunion. Je suis sûr que tu feras au mieux.

Gwen Breës

Le rôle affiché du "Covid Safe Ticket" sur le site de la Région Bruxelloise

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En limitant la jauge des théâtres à 200, malgré des protocoles sanitaires efficaces et éprouvés, le gouvernement étrangle une fois de plus les plus grandes salles du secteur culturel.
Le Théâtre des Galeries, par exemple, qui venait d’inaugurer sa nouvelle “Revue” pour les fêtes, sera condamnée à jouer en déficit dans une salle remplie au quart de sa jauge.
Bâillonner les enfants de six ans et les saltimbanques, pour laisser ouverts les grands magasins et les Marchés de Noël, c’est avoir une conception bien consumériste de la santé.
Avant même la réunion du CODECO, Gwen Breës, un des responsables du Ciné Nova et une des chevilles ouvrières de “Still Standing For Culture”, avait tenté l’ironie pour rappeler au gouvernement les derniers épisodes de ce triste feuilleton.
(C.S.)

Cher Codeco,
Puisque tu vas peut-être te réunir d’urgence pour prendre des mesures «plus fortes» que celles que tu as prises il y a 5 jours, lesquelles venaient corser celles que tu avais prises 9 jours avant, et qu’il n’y a pas de raison que ça s’arrête de sitôt.
Puisque tu es soucieux qu’on puisse «célébrer Noël plus ou moins normalement», et que le seul moyen d’y parvenir à tes yeux semble être d’«interdire temporairement les activités en salle dans le secteur des loisirs», parce qu’elles sont «difficiles à sécuriser».
Puisque tu sembles ainsi frappé d’un petit coup de mou, voire d’un brin d’amnésie, je me permets de t’écrire deux-trois choses qui te seront peut-être utiles. Des broutilles, tu me diras. Mais qui me chipotent quand même un peu…
• Jusqu’il y a un mois et demi, les protocoles en vigueur dans les salles rendaient les activités intérieures peu propices aux transmissions, non ? Je me rappelle bien : jauges limitées, distances, port du masque, contrôle CO2… Et puis là, il s’est passé quelque chose que je n’ai pas bien compris. Ce ne serait pas toi par hasard, sous l’impulsion des régions (et singulièrement de Bruxelles), qui aurait abrogé ces protocoles en les remplaçant par le Covid Safe Ticket (CST) ? Tu sais, ce truc avec le mot 𝐒𝐀𝐅𝐄 dedans ?
• Du coup je me posais une bête question : est-ce que ceux qui appellent aujourd’hui à fermer «le secteur des loisirs» ne seraient pas grosso modo les mêmes qui ont répandu dans tout le pays l’impression qu’un QR code pouvait remplacer les gestes barrières, et qui ont décrété en même temps qu’un «événement de masse» commençait à 50 personnes ?
• En octobre, j’ai ce vague souvenir que la critique du CST était politiquement totalement taboue. Tu te souviens ? Au point que, par exemple, une série de lieux culturels qui en contestaient le principe ont été fermement remis sur le droit chemin par des représentants politiques siégeant dans leurs conseils d’administration. Ça m’avait frappé, ça, de la part de partis dont le dialogue est une vertu cardinale. Je m’étais dit : ah, c’est qu’ils doivent être vraiment sûrs d’eux sur ce coup.
• Pourtant (mais c’est sans doute ma mémoire qui me joue des tours), n’avais-je pas lu dans la presse les propos répétés de nombre d’épidémiologistes et de virologues, y compris les plus officiels et les plus médiatisés, qui avaient émis d’emblée des réserves sur le CST, allant jusqu’à affirmer qu’il provoquait l’inverse de ce qu’il était censé faire, à savoir générer plus d’infections ?
• N’aurais-tu pas, dans une belle unanimité avec les régions, choisi d’ignorer ces avertissements, faisant mine à présent de ne porter aucune responsabilité dans la situation, jusqu’à préconiser de fermer à nouveau les lieux culturels pour sauver l’essentiel (Noël et les soldes) ? Ah non, «essentiel» ça ne fait plus partie de ton vocabulaire, c’est bien, tu apprends.
• Es-tu vraiment certain que ces lieux sont «difficiles à sécuriser» ? As-tu jamais songé qu’on pourrait y appliquer des protocoles basés sur les gestes barrières ? Tu vois, ce machin dont on avait pas mal parlé à l’époque et qui semblait même avoir fait ses preuves ? T’inquiètes, rien d’urgent, tu y reviendras sans doute par toi-même après quelques semaines de fermeture… pas quelques mois, quand même !?
Enfin voilà. Tu penses bien, j’en sais rien moi. Je suis pas quelqu’un de compliqué. On me dit de tout arrêter, j’arrête. On me dit de me réactiver, je me réactive. C’est juste qu’à force, j’apprends à décoder les messages et qu’en lisant la presse du jour, j’ai été saisi d’une soudaine envie de faire un petit flashback comme au cinéma et de relire une série d’articles de ces dernières semaines.
Peut-être que tu devrais faire ça plus souvent, relire la presse des semaines et des mois écoulés. Refaire la ligne du temps de tes propres décisions, aussi. Histoire de garder la perspective, le rythme, la narration, de ne pas épuiser les scénaristes ni les spectateurs. Regarde, par exemple, j’ai trouvé ça sur le site de la Région bruxelloise : tu ne trouves pas ça intéressant de relire ce paragraphe aujourd’hui ?
Allez, bonne réunion. Je suis sûr que tu feras au mieux.

Gwen Breës

Le rôle affiché du “Covid Safe Ticket” sur le site de la Région Bruxelloise

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