Persécution policière au Monty : ILS PASSAIENT DES MENOTTES AUX MARIONNETTES

Quelques mois avant le confinement, j’avais donné au bar du « Monty », la salle de spectacle ouverte par le « Tof Théâtre » à Genappe, un de mes plus chouettes concerts de ces dernières années. La salle était bourrée massacre (85 personnes pour une petite ville du Brabant Wallon) et le public, familial et varié, était hyper chaleureux. Un lieu précieux.

 
Le « cœur de métier » du « Tof Théâtre » n’est toutefois pas la programmation d’évènements culturels.
C’est le théâtre de marionnettes « tout public » – ce qui donne à la compagnie deux atouts majeurs pour populariser son travail dans la commune.
Elle peut sortir de ses murs pour investir l’espace public. Et elle s’adresse aussi bien aux enfants qu’à leurs parents.
A ce profil artistique convivial, le « Tof Théâtre » a ajouté de multiples activités « citoyennes » qui mobilisent autour du « Monty » tout ce que la petite ville compte de gens ouverts et bienveillants : une épicerie participative, un « bar » citoyen, un repair-café, des salles de réunion, des ateliers créatifs, des conférences sur l’agriculture et le développement durable, des expos, un ciné-club… Toute une équipe de bénévoles seconde les permanents du « Tof ».
Bref, rien que de bonnes ondes qui mobilisent, amusent, soignent et rassemblent. Et on se surprend à rêver de ce que serait la Wallonie si chaque petite ville de nos régions abritait un tel lieu avec de telles équipes.

Il est d’autant plus scandaleux que cette petite usine à bonheur soit devenue la cible et l’une des principales victimes du traitement « policier » des événements « Still Standing For Culture ».
Ces pionniers de l’action culturelle, on devrait leur offrir des indigestions de médailles en chocolat, les couvrir de fleurs, de baisers et de bravos ; au lieu de quoi, on les couvre d’amendes, et on leur envoie la maréchaussée verbaliser trente spectateurs masqués qui applaudissent une acrobate.
Sinistre exemple de la culture au temps du COVID, et des sombres imbéciles qui, à différents niveaux de pouvoir, commanditent, encouragent ou autorisent ce genre de répression.
Et voilà exactement pourquoi je suis à la fois fier et honteux d’habiter dans ce pays, où tant de belles générosités côtoient tant d’imbéciles basses manœuvres.

Claude Semal, le 4 mai 2021.

Le Tof Théâtre remercie ses spectateurs, et confirme sa détermination.

Dans le cadre de l’opération STILL STANDING FOR CULTURE, le TOF Théâtre a organisé ce week-end dans sa salle du MONTY une série d’événements. Malgré la forte pression policière, tous ont pu avoir lieu, excepté la représentation du vendredi soir.
Mais la petite bourgade de Genappe a connu durant ces trois jours un impressionnant déploiement des forces de l’ordre et, vendredi, on y a vu une vingtaine de policiers locaux et fédéraux y compris en civil, 8 véhicules et la brigade canine intervenir pour bloquer l’entrée à la trentaine de spectateurs qui avaient réservé leurs places …

Au cours du week-end le TOF Théâtre a été forcé d’adopter diverses stratégies :

Vendredi soir, entrée du public par une porte latérale car les forces de l’ordre refusaient le passage : verbalisation générale (organisateurs, artistes et spectateurs), évacuation de la salle et annulation du spectacle.
Samedi midi, en soutien aux actions de l’HORECA, répétition publique sur la terrasse du CAFÉ DE LA LANTERNE : contrôle des identités et des contrats de travail pour toute l’équipe.
Samedi après-midi, de nombreuses personnes sont venues manifester leur soutien et leur indignation en apportant fleurs, bougies et petits mots devant le MONTY.
Samedi soir, le premier spectacle a été déplacé en extérieur avec occupation d’une rue latérale : la police a laissé faire et verbalisé Alain Moreau, directeur du TOF Théâtre ; le second spectacle a été retardé d’une heure trente pour attendre le départ de la maréchaussée et il a pu se tenir en intérieur.
Dimanche : la représentation prévue en extérieur s’est donnée dans la salle en raison de la pluie après entrée discrète des spectateurs. Une projection vidéo de spectacle a suivi sur le grand écran.
En tout près de 200 spectateurs ont pris le risque d’être verbalisés durant le week-end, dont trente l’ont été réellement lors de la représentation du vendredi soir. Alain Moreau l’aura été deux fois. Les éventuelles amendes seront bien évidemment contestées devant les tribunaux avec l’aide juridique des avocats de STILL STANDING FOR CULTURE.

Face à la surdité du gouvernement et du pouvoir exécutif, en appeler au pouvoir judiciaire semble en effet être le seul recours pour faire respecter notre droit constitutionnel à la non-discrimination et à la vie culturelle.
En règle générale, il semble que tous les lieux aient été contactés dans les jours qui ont précédé l’action STILL STANDING FOR CULTURE par les services de police qui ont tenté par l’intimidation de dissuader toute organisation. Il était pour certains très difficile de résister à ces pressions. Mais ensuite les situations ont été diverses en fonction de la position des bourgmestres et gouverneurs, allant des arrêtés d’interdiction à la tolérance, voire même à la facilitation. Nous sommes donc dans le règne de l’arbitraire.
Devrons-nous continuer à jouer nos spectacles clandestinement ou le gouvernement va-t-il enfin nous laisser travailler selon les protocoles qu’il a lui-même mis en place ? Nous considérons en effet que, dans la mesure où il est à présent établi que les rassemblements de public dans des salles de spectacle ou de cinéma avec respect des protocoles ne provoquent pas d’accroissement du risque de contamination, la santé mentale des citoyens et des travailleurs artistiques et leur droit d’accès à la culture représentent aujourd’hui un intérêt supérieur.

Genappe, le 3 mai 2021

Alain Moreau et l’équipe du TOF Théâtre

Retour en images sur les actions (Réalisation Guillermo Badilla)

30 avril :

1 er mai :

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