LES TRIBUS NON-VAX, PORTRAIT D’UNE NON-FAMILLE

En désignant les “non vacciné·es” à la vindicte populaire, en jurant de “les emmerder jusqu’au bout” (1), Emmanuel Macron vient de jeter le trouble sur les motivations réelles de son “Pass vaccinal”, et sur l’utilité médicale de ce dispositif sanitaire.
Le président français discrimine, clive, insulte et divise, quand il devrait sensibiliser, mobiliser et rassembler.
La même question se pose évidemment en Belgique sur l’usage du Covid “Safe” Ticket, qui ne “safe” rien du tout, sauf les meubles du gouvernement.

 
Or ces “non-vaccinés”, que les medias mainstream s’obstinent à appeler “anti-vax”, forment un ensemble hétérogène, que rien ne vient vraiment unifier, si ce n’est les pierres qu’on leur jette.
Selon le Ministère de la Santé français, ils seraient plus de cinq millions dans l’Hexagone, pour la population âgée de plus de douze ans (2).
Mais ils sont parfois majoritaires dans certains départements d’Outremer, par exemple en Guadeloupe.
Selon mes propres calculs, ils sont près de deux millions en Belgique, dans la même tranche d’âge (ce qui, par rapport à la France, est beaucoup).
En toute subjectivité, voici quelques-unes de ces tribus “non vax” qui semblent devenues la cible de la vindicte macronienne.
Plutôt “solidaires” que “égoïstes”, vous verrez qu’elles sont souvent loin, très loin, des noms d’oiseaux dont on les affublent généralement.

1. LES JEUNES.
En France, 71,8 % d’entre eux ont moins de 18 ans (2). Ce qui relativise un peu, je trouve, le chiffre global annoncé par le Ministère de la Santé français. Par ailleurs, selon l’enquête Slavaco, 67% des parents d’enfants âgés de 5 à 11 ans sont défavorables à la vaccination pour leur groupe d’âge (2). En solo ou en famille, c’est donc d’abord la jeunesse que Macron “emmerde”.

2. LES ISOLÉS.
Éloignés des systèmes de santé par l’âge, la pauvreté, la géographie, la langue ou la fracture numérique, les membres de cette tribu disparate n’ont en commun que leur isolement.
Grosse tribu néanmoins : plus de 40% des non-vaccinés. Parmi ces “isolés”, il y a ainsi, en France… 500.000 vieillards de plus de 80 ans (2). Oufti !
Tous ces gens-là auraient sans doute besoin qu’on aille à leur rencontre. Mais certainement pas qu’on les emmerde, qu’on les insulte ou qu’on les méprise. Chier sur les jeunes, les pauvres et les vieux, Manu, c’est vraiment pas très classe.

3. LES IDÉALISTES
Dans l’ancien monde, ils se soignaient à l’homéopathie, aux thés ayurvédiques, à l’acuponcture et aux décoctions d’artemisia. La santé, pour eux, c’était une alimentation saine, une activité physique régulière, et des défenses immunitaires dopées par des compléments alimentaires. Ce qui ne les empêchait pas de croquer des antibios s’ils chopaient une pneumonie, ou de suivre une chimio s’ils attrapaient un cancer.
Mais ce machin transgénique obligatoire, là vraiment, non merci.
Contrairement au groupe précédent, ils sont très présents sur les réseaux sociaux. Que celui qui n’a jamais avalé une granule d’oscillococcinum leur jette le premier cathéter.

4. LES MILITANTS
Au début de la crise sanitaire, quand le gouvernement a commencé à multiplier les faux pas, ils ont sorti leur sabre d’abordage. Antigouvernementaux par nature, ils sont montés au front. Pendant le confinement, avec le Covid 19, ils ont trouvé un combat à leur mesure. Ils avaient le temps de lire, et ne s’en sont pas privés.
Avec Big Pharma, et le capital multinational vendeurs de piquouzes aux états complices, ils se sont retrouvés en terrain connu.
Ils connaissent par cœur la liste de tous les scandales sanitaires de l’Histoire moderne, et toutes les condamnations judiciaires de Pfizer.
Très remontés contre les atteintes aux libertés publiques, ils accompagnent avec ferveur un mouvement populaire qui ne les a pourtant pas vraiment attendus. Parfois discrètement vaccinés, car ils ont gardé un vieux fond scientiste, ils défendent avec acharnement la liberté de conscience des autres. Macron (et De Croo) ont bien raison de les considérer comme leurs ennemis.
(NB: mais curieusement, on trouve aussi parfois dans cette catégorie les défenseurs les plus rabiques de tous les protocoles gouvernementaux)

5. LES MALADES.
Ils se retrouvent bien malgré eux parmi les réfractaires que Macron rêve d’emmerder jusqu’à la fin du monde.
La médecine, ils y sont abonnés, et n’ont jamais reculé devant une seringue ou un médicament. Seulement voilà, ils ne peuvent pas, ils ont piscine.
Allergiques à ceci, greffés de cela, immunodéficients ou malades de longue durée, la faculté leur déconseille la vaccination.
Bien malgré eux, ils se retrouvent ainsi au ban d’une société dont ils se sentaient déjà bien exclus.

6. LES MALADES (BIS)
Ils ont déjà chopé le Covid 19, et sont encore truffés d’anticorps comme un “Mon Chéri” de cerises. La partie la plus rationnelle de leur cerveau ne peut pas se résigner à se faire vacciner contre une maladie pour laquelle ils sont déjà immunisés. Ils faut les excuser, ce sont des gens de principe, des intellos pinailleurs, et donc souvent un peu bornés.

7. LES PARENTS.
Si ce n’était que pour eux, ils s’y seraient sans doute déjà résolus. Ce ne sont ni des insurgés, ni des va-t-en-guerre, et le fond de leur panier est plutôt conformiste. Mais qu’on veuille toucher à leurs enfants, qu’on les masque dans les bacs à sable, qu’on les pique pour une maladie qui ne touche généralement que les vieux, non, cent fois non. Du coup, toute la famille marche dans la rue.

8. LES HÉSITANTS.
Ils ne sont peut-être plus pour très longtemps dans cette catégorie, mais ils y sont encore pour l’instant. Ce qui les arrête, en fait, c’est moins la crainte du vaccin, que l’injustice dont souffrent les non-vaccinés qui les entourent. Ils ont vécu avec eux l’exclusion des pass sanitaires, aux portes des théâtres et des cafés, et hésitent à rejoindre les rangs de celles et ceux “qui pourront entrer”. Parce que dans leur tête, ils seront toujours avec ceux et celles qui restent dehors.

9. LES “NON VACCINÉS” À L’INSU DE LEUR PLEIN GRÉ
Ils se sont faits vacciner avant de tomber brutalement dans une faille spacio-temporelle administrative. Pas la bonne case, pas le bon cachet, pas le bon papier, pas le bon rappel, pas le bon rendez-vous.
Comme l’acteur et chorégraphe Clément Thirion, vacciné en Belgique au vaccin monodosal Janssens, avec donc un QR “en ordre”, refoulé à Paris, car il lui aurait fallu en France “une piqure de rappel” (3).
De ces “vrais-faux” non-vaccinés, la “troisième dose” de rappel est en train d’en remplir des wagons entiers. A propos, vous-même… ?
Attention, face à une administration omniprésente, policière et invasive, on finit toujours par passer par la case “prison”.

10. LES GIVRÉS.
Ce sont les seuls vrais “complotistes” du lot. Colportant des fables à dormir debout, ils estiment qu’une puissance occulte a créé de toutes pièces une maladie qui d’ailleurs n’existe pas. Ne m’en demandez pas plus, je n’en ai jamais croisés en vrai. D’ailleurs, je dors déjà.

11. LES FACHOS.
Ne me demandez pas non plus ce qu’ils font là, je n’en sais rien.
Peut-être séduits par la victoire de Trump aux USA, ou celle de Bolsonaro au Brésil, ils rêvent de chevaucher le tigre qui les mènera jusqu’aux portes du pouvoir. En attendant, ils arrivent assez régulièrement à placer un calicot dans un journal télévisé, et ont la prouesse d’incarner médiatiquement un mouvement populaire qui, de façon générale, les déteste pourtant assez cordialement. Mais arrêtons peut-être de dire que les gens qui marchent à leurs côtés “sont des fachos”, sinon ils finiront un jour par recruter (VOIR EDIT CI-DESSOUS).

Voili, voilà.

S’il existe parmi nos lectrices et nos lecteurs des non-vacciné·es qui ne se reconnaissent dans aucune de ces familles, je l’avoue parfois un peu fantaisistes, n’hésitez pas à nous signaler les pourtours de votre propre tribu.

Claude Semal (vacciné, de la tribu des “mais-je-n’emmerde-pas-ceux-qui-ne-le-sont-pas”)

Merci pour vos premières réactions.
Si les deux premières catégories sont directement inspirées par le dossier du “Figaro” du 7 janvier 2022, un journal réac mais où travaillent encore de vrais journalistes, les autres catégories doivent beaucoup à mon imagination (et parfois à mon vécu). Bien qu’on puisse éventuellement les classer dans la sous-famille n° 5, vous avez été plusieurs à témoigner de l’existence d’une douzième catégorie : les “double-dosés” en souffrance.
Comme Dominique, une de nos lectrices, qui nous confie : ” Puis il y a ceux qui se sont fait vacciner deux fois, qui ont eu des effets secondaires longs (dans mon cas féminins, pas graves, mais très très longs), qui craignent dès lors les 3e dose et suivantes… et qui se retrouveront à leur tour bientôt sans CST, à moins de prendre le risque“.
Comme Laurent : “Oui une amie mienne a le même genre de problème et ne compte pas faire de troisième dose pour cette raison. Et j’hésite à dire pas grave parce qu’elle en souffre quand même pas mal et depuis six mois quasiment“.
Et comme Irène K. elle-même : ” En lisant et écoutant des témoignages autour de moi, je suis frappée par le nombre et la variété d’effets secondaires, plus ou moins graves et plus ou moins durables, alors même qu’on en parle si peu dans les médias. Ignorance, volonté de ne pas décourager les hésitant·es… ? “.

Tout compte fait, cela me semble bien mériter un douzième chapitre en soi.
Et donc, le voici, le voilà !

12. Les vacciné·es en souffrance.
Ils ont un parcours vaccinal complet, mais ont physiquement très mal réagit aux deux premières injections. Ils ont goûté au plat, et cela les a rendu malades.
Plus de huit mois après la seconde injection, ils et elles en gardent des séquelles parfois très handicapantes. Du coup, ils hésitent évidemment à se faire piquer pour une troisième fois.
D’autant que la quatrième dose se profile déjà à l’horizon … dans à peine trois mois !

Sur la déclaration de Macron, on lira aussi avec intérêt Omicron et Omacron sont sur un bateau… LA RÉPUBLIQUE À VAU-L’EAU, LE VAX-HAINE ET LA MERDRE

( 1) “Le Parisien”, 4 janvier 2022.
(2) Sauf indication contraire, tous les chiffres cités proviennent du dossier du “Figaro” du 7 janvier 2022.
(3) Anne-Laure Frémont, le Figaro du 7 janvier, “les personnes âgées, une catégorie difficile à atteindre”.
(4) voir Asympto MA VACCINATION EN BELGIQUE N’EST PAS VALABLE EN FRANCE ! par Clément Thirion

EDIT 9 JANVIER 2022 :
Je viens de voir passer une affiche diffusée par “Kairos” pour la manif de ce dimanche 9 janvier, et bien que je partage en gros ses revendications, je n’y mettrai pas les pieds. J’avoue même en être assez effaré.
Outre une esthétique graphique qui rappelle furieusement l’extrême-droite belgicaine des années 80, perso, il y a là pour moi un problème politique majeur. Elle appelle à manifester “de l’extrême-gauche à l’extrême droite” (sic).
Or une chose est de marcher dans un mouvement de masse à côté de mecs d’extrême-droite : perso, je m’en fous. Ou plutôt, comme la pluie, c’est parfois un truc emmerdant contre lequel on ne peut pas grand chose.
Mais une une autre est d’appeler explicitement à une manif avec les fachos. Car jamais, en aucune façon, l’extrême-droite ne sera l’amie “de nos libertés”. Si vous en doutez, lisez son programme, son histoire, son idéologie.
Cette confusion des extrêmes, connue sous le nom de “rouge-brun”, est une des plus dangereuses et de plus puantes par les temps qui courent. Et je suis vraiment désolé si certains de mes amis s’y égarent aujourd’hui.

(NB : ce dimanche matin, “Kairos” avait retiré l’affiche incriminée de sa page Facebook. Dans une vidéo, Alexandre Penasse explique que “traiter les gens d’extrême-droite est une façon pour le pouvoir de diviser le peuple. Certes. C’est précisément pourquoi il est nécessaire de clarifier les relations qu’on entretient avec elle. Car parler du “peuple” sans combattre explicitement l’extrême-droite participe précisément à la vulgate fasciste).

Ces affiches “NON”, pas très nombreuses dans la manif mais très visibles sur vidéos, sont signées Civitas, groupe catho intégriste proche de l’extrême-droite, homophobe, anti IVG, et qui se sont notamment connaître en empêchant des représentations théâtrales considérées comme “blasphématoires”. Ca ne concerne évidemment qu’une minorité de manifestants, mais ces gens-là nous pourrissent la vie sur tous les autres sujets de société, et je ne comprends pas qu’on les accueille comme de gentils promeneurs du dimanche (C.S.)

10 Commentaires
  • Esther Bourree
    Publié à 12:49h, 20 janvier

    Je viens juste de m’abonner et lis les articles publiés il y a déjà quelques jours mais toujours d’actualité… Merci d’offrir à lire des mots de tolérance sur le sujet, si sont rares de nos jours, où tous ceux qu’on pensait libertaires (de mes copains activistes à même Charlie Hebdo !!!) vilipendent comme un seul homme et avec mépris ceux, dont moi située entre idéaliste et militante, ont usé de leur droit au doute et décliné le vaccin. Au début je me suis demandé, comment est-on sorti de la grippe espagnole ? Mon grand père libéré en piteux état d’un camp de prisonniers de guerre en Allemagne en 1918 avait failli en mourir sur place et ne jamais rentrer chez lui, mais fut sauvé par une infirmière danoise de la Croix Rouge, qui un an plus tard devint ma grand-mère, mais pardon je diverge… Bref on disait, 3 hivers/2 ans, mutation du virus de moins en moins virulent et fin de cette pandémie là, serait-ce le cas du covid ? Et puis le vaccin est arrivé qui allait sauver l’humanité et je me suis donné un temps d’observation, sure que si ça marchait, les pays qui vaccinaient à tout berzingue allaient vite fait bien fait terrasser le dragon… Las, il a vite fallu déchanter. Aujourd’hui on sait que le vaccin sert à une chose (sans même parler du bonheur des philanthropes de Pfizer), sauver les personnes à risques avec pathologies ou âgées etc, des formes graves, ce qui est déjà très bien, mais ne justifie pas et loin de là tout le reste, et surtout le pass vaccinal et même sanitaire, violemment liberticide… Nous sommes une minorité du refus, même si un peu plus en Belgique c’est vrai, pourtant moi je comprends à 100% ceux qui sont vaccinés. J’ai attrapé le delta il y a deux mois, mal arrangée pendant 8 jours, comme une sale grippe et comme 80% des cas si je ne m’abuse. Alors là immunisée je cours au ciné, au théâtre, au resto dont les accès m’était interdits depuis des mois. Par contre je suis atterrée par la stratégie de haine qui a si bien fonctionné, jusqu’à diviser les familles et les amis, j’en sais quelque chose. La pire peste ça !
    Pour finir, une citation récente d’Edgar Morin, “le danger est là que déferle sur nous un néo totalitarisme, une société de surveillance digitale grâce à tous les moyens technologiques mis en œuvre en ce moment, et de soumission totale de l’humanité telle que nous en faisons la répétition générale aujourd’hui “. 100 ans et une telle clairvoyance !

  • Stéphane Willems
    Publié à 20:30h, 10 janvier

    L’affiche incriminée n’est peut-être pas écrite de la plus belle manière, mais il me semble que son message insistait surtout, avec un certain humour d’ailleurs, sur le fait que les personnes critiques à l’égard de la politique sanitaire actuelle sont extrêmement diverses et viennent de tous les milieux, ce qui est, je trouve, une très bonne chose. Je ne vois pas pourquoi il faudrait absolument “clarifier” notre relation avec l’extrême droite, puisqu’il n’y a tout simplement pas de relation entre les différents groupes présents à la manif, hormis le fait que tout le monde partage la même critique à l’égard de cette politique. Je trouve bien plus important que les personnes en charge de la politique sanitaire, et particulièrement les personnes qui se disent de gauche, “clarifient” leurs conflits d’intérêt avec l’industrie. Ce problème est pour moi de loin beaucoup plus important que toute cette histoire d’extrême droite. J’ai personnellement eu depuis toujours une aversion profonde pour l’extrême-droite, mais force est de constater qu’elle ne constitue plus depuis 2 ans le plus grand danger auquel nos démocraties doivent faire face. Je suis aujourd’hui bien plus effaré par les titres des journaux et les déclarations gouvernementales qui depuis 2 ans, stigmatisent au quotidien différentes catégories de la population considérées comme “déviantes” et réinventent une nouvelle “vulgate fasciste” pour reprendre l’expression de Claude Semal. Et surtout, ne lisez pas les articles des journaux “mainstream” sur ces manifestations et faites confiance aux personnes qui y sont allées, les participants sont des manifestants joyeux et bon enfants pour la plupart. On y fait même de belles rencontres, et non, je n’ai rencontré personne d’extrême-droite.

    • Semal
      Publié à 23:39h, 10 janvier

      Il me semble assez curieux que tu ne considères plus depuis deux ans (???) l’extrême-droite comme un danger, alors que Zemmour et Le Pen peuvent chacun prétendre être au second tour de l’élection présidentielle en France, et que la NVa et le Vlaams Belang sont ensemble à deux doigts de la majorité en Flandres. Comme le montre ci-dessus la présence d’affiches de “Civitas”, l’extrême-droite marchait dimanche à tes côtés, et avec de telles fréquentations, notre avenir ne restera pas très longtemps “joyeux et bon enfant”. On ne combat pas pour la liberté avec les ennemis de la liberté.

      • Stéphane Willems
        Publié à 23:11h, 11 janvier

        Merci pour ta réponse à mon commentaire. C’est chouette de voir qu’il y a quand même une possibilité de débat sur cette question qui me paraît très importante. Sur le fond, je voudrais d’abord dire que je n’ai jamais prétendu que l’extrême-droite n’était plus une menace aujourd’hui. Evidemment que l’extrême-droite reste l’extrême-droite. J’ai simplement dit qu’elle n’est plus à mon avis la plus grande menace. Je crois que le débat doit se situer à ce niveau-là: quelle est la plus grande menace aujourd’hui ? J’ai l’impression que depuis mars 2020 on a basculé dans un tout autre monde avec les partis dit de gouvernement dans la plupart des pays occidentaux pris dans une dérive autoritaire qui fait précisément pâlir d’envie les partis d’extrême-droite, avec une stigmatisation de pans entiers de la société qui est un procédé typique des régimes autoritaires de type fasciste. Loin de décrédébiliser les oppositions aux mesures sanitaires, la participation de l’extrême-droite à des manifestations pour la liberté devrait plutôt faire réfléchir. Comment en est-on arrivé à une situation où les partis d’extrême droite peuvent devenir des champions de la liberté et où ce sont les partis de gouvernement qui adoptent une rhétorique extrémiste ? Je n’ai vraiment aucune sympathie pour Zemmour et Le Pen. Je me souviens avoir décidé de boycotter à titre personnel Filigranes il y a quelques années parce qu’ils avaient invité Zemmour. Mon geste était bien dérisoire, j’en conviens, mais c’était à la mesure de mon dégoût pour sa personne. Mais ce qui est différent depuis près de 2 ans maintenant, c’est que j’en suis arrivé à supporter encore moins un personnage comme Macron et à le considérer en fait comme beaucoup plus dangereux. Sur cette question, il peut effectivement y avoir un débat et je peux comprendre que pour toi l’extrême-droite reste quand même plus dangereuse, mais le débat se situe bien là.
        Quant à la participation de l’extrême-droite à la manifestation, je peux la déplorer, mais en aucun cas, pour moi, cela ne m’empêcherait d’y participer (sauf si évidemment elle était organisée – et cadenassée- par l’extrême-droite). Espérer être d’accord sur tous les sujets avec tous les participants d’une manifestation me paraît illusoire. Dans la vie sociale, nous côtoyons aussi des gens avec des opinions parfois pénibles, cela ne veut pas dire que nous devons fuir tous les lieux où ces personnes se trouvent. Pourquoi quelques personnes qui arborent des affiches de Civitas dans une manifestation devraient-elles avoir plus de poids à tes yeux que les milliers d’autres qui n’ont rien à voir avec l’extrême-droite ? Moi, j’ai plutôt regardé les centaines d’autres affiches, souvent très colorées et vraies que des personnes “joyeuses et bon enfant” arboraient. Bernard Crutzen, par exemple, a fait de belles petites vidéos de ces manifestations. Tout est dans le regard de celui qui les filme. C’est sûr que, s’il faut croire les médias mainstream, ces manifestations ne présentent que les bas-fonds de la société, mais j’ai justement appris depuis deux ans à ne plus croire une ligne de ce que les médias mainstream racontent, moi qui était auparavant un lecteur assidu de tous ces médias. Une dernière remarque: je pense qu’il y a une vraie réflexion à avoir sur ce que veut dire être de gauche aujourd’hui. Je me suis toujours senti de gauche, mais je ne me retrouve plus du tout dans la gauche actuelle, surtout celle de gouvernement évidemment. Pour moi, être de gauche, ce n’est pas seulement être contre l’extrême-droite. Que la gauche soutienne toutes ces mesures liberticides et marche main dans la main avec l’industrie pour imposer à tou.te.s des produits “pour notre plus grand bien”, sans questionner aucunement leur efficacité réelle ni leur innocuité, représente la plus grande trahison qu’on puisse imaginer. Mais il ne s’agit pas ici de rentrer dans le débat purement sanitaire, cela prendrait vraiment beaucoup trop de temps, une autre fois peut-être.

  • Stéphane Willems
    Publié à 11:56h, 10 janvier

    Merci pour ces portraits qui ont le mérite de rendre les choses un peu plus complexes, mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’un non-vacciné reste ici un peu comme un animal de foire, certes moins dangereux que ce que ne dit le gouvernement, mais tout de même. A quand des portraits de vaccinés, avec toutes les catégories d’usage, plus ou moins subtiles ? Est-ce qu’il ne faudrait pas avant tout présenter la question de la vaccination comme un choix individuel qui dépend de la situation personnelle de chacun et où le consentement éclairé doit rester le principe de base? Surtout pour le vaccin Covid qui n’a pas montré assez d’efficacité pour espérer éradiquer cette maladie, même avec une vaccination complète de toute la population. En fait, et surtout en matière de santé, nous sommes avant tout des individus, très différents les uns des autres. Nous ne sommes pas des catégories sociales.

  • Philippe Malarme
    Publié à 20:07h, 09 janvier

    Merci pour cette taxonomie. Je ne sais pas bien où me situer, mais c’est aussi le cas du vermisseau dans la taxonomie linnéenne. Quant à la manif, j’avais prévu d’y aller, mais je me suis assoupi après le déjeuner et quand j’ai repris mes esprits, il était trop tard. A lire l’Asymptomatique, j’en ai des frissons rétrospectifs. Pas étonnant que ce soit la seule manif pour laquelle la grande presse ait fait de la pub.

  • Claude HUGON
    Publié à 19:09h, 09 janvier

    Les doubles dosés en souffrance j’en connais un aussi (fils d’un ami français) : malade avec la première, malade comme un chien avec la deuxième, il refuse la troisième et il a perdu son boulot (technicien de matériel médical dans un hôpital en France). C’est dingue ça 🙁

  • Jean Deroubaix
    Publié à 19:06h, 09 janvier

    Le mode 4, j’aime bien. Mais comme j’ai du temps, j’en ai profité pour accélérer ma formation en biologie, en histoire de la médecine et des vaccins, etc.
    Quant au problème des fachos, j’ai réagi immédiatement à l’idée de spécifier extrême-droite. dans l’appel. Mais je suis allé à la manifestation pour constater qu’à la différence de précédente, il y a avis un peu plus de drapeau flamingants et un groupe d’une petite dizaine de “gilets-jaunes-patriotes”avec un drapeau et une banderole fascistes. ce n’est qu’une minorité et ce n’est pas en l’invitant de se présenter ostensiblement sous ses couleurs qu’on s’en débarrassera.

  • Claude HUGON
    Publié à 19:03h, 09 janvier

    J’ai enfin trouvé ma tribu 🙂

  • Camille Matthys
    Publié à 12:36h, 09 janvier

    merci de ces précisions, je suis également effarée et te rejoins – comment faire pour distinguer les choses ?

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