Arrière-train : MA VESSIE POUR UNE LANTERNE par Anne Löwenthal

Ma petite chronique de la SNCB est très intime ce soir. Je monte dans mon train, je dois faire pipi. Fort, fort. Assez fort pour laisser mes affaires à l’aimable attention de la jeune fille assise en face de moi, traverser des voitures blindées massacre, bousculer des gens, enjamber leurs bagages en direction de mon salut odorifère et crapuleux que la SNCB appelle ”WC”. Malheur (ou pas), c’est occupé, ”depuis une demi-heure”, me précise un monsieur qui attend son tour.

Ceci n’est pas un urinoir dans un train

C’est trop pour moi. Je peux tout affronter, y compris des WC de trains belges quand c’est vraiment urgent, mais pas après un séjour de plus d’une demi-heure. Je reviens à ma place, traversant les voitures blindées massacre, bousculant les gens, enjambant leurs bagages et je me dis que ça va aller, je tiendrai bien jusque la maison.
Seulement la maison, elle est encore à une petite heure de là et les trains, c’est idéal pour réveiller les vessies les plus endormies. J’arrive à La Louvière Sud et je me dis que peut-être que depuis la dernière fois où j’en ai vainement cherché, ils ont installé des wc dans la gare. Que nenni. Y a pas de WC, y a personne à supplier pour accéder à ceux du personnel.
Je me mets en route vers ma voiture et je me dis que je tiendrai bien jusqu’à chez moi, ce n’est plus qu’à 10 minutes. Mais non, je ne tiens pas et pour la première fois de ma vie de navetteuse, je me réjouis d’être garée dans un coupe-gorge pas éclairé et je m’offre un instant de grâce comme on en vit peu dans une vie.
On est en 2022 en Belgique et je n’ai qu’une chose à dire : merci pour ce moment !

Anne Löwenthal

Pas de commentaires

Poster un commentaire