TOUT CA LE 20 DÉCEMBRE !
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TOUT CA LE 20 DÉCEMBRE !

Publié le 19 décembre 2022 par André Clette
Votre diariste préféré a croisé aujourd'hui l'indépendance de la Belgique, le dessinateur Bob de Moor et le poète criminel Pierre François Lacenaire. Sans parler des Zénon, Zénodore, Zénodora, Zéphyrin et autres Philogone.

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Nous sommes le 20 décembre 2022.

Bonne fête aux Isaac, Jacob, Abraham, Ursan, Ursicin, Zénon, Zénodore, Zénodora, Zénonina, sans oublier les Zéphyrin et les Philogone.

C’est aujourd’hui la "journée internationale de la solidarité humaine". Cette journée a été décrétée par l'ONU en 2006 (résolution A/RES/60/209). Les textes onusiens l'affirment : « ceux qui souffrent ou qui sont particulièrement défavorisés méritent une aide de la part des privilégiés ». Ce n’est pas gagné, mais au moins c’est "officiel".

Anniversaire n°1 : une histoire belge.
Depuis le 20 décembre 1830, la Belgique est indépendante. C’est officiel.
Les Belges ont fait leur Révolution, d’accord, mais c’est surtout grâce à l’intervention de l’Angleterre et de la France que l’indépendance de la Belgique sera définitivement reconnue ce 20 décembre 1830.
Après s’être enflammés sur un air d’opéra, chantant « Amour sacré de la patri-ii-e, rends-nous l'audace et la fierté » (« La Muette de Portici »), les Belges avaient foutu le boxon et poussé les Hollandais vers la sortie.
Par un décret du 4 octobre 1830, le Gouvernement provisoire proclamait « l'indépendance des provinces de Belgique violemment détachées de la Hollande ».
Guillaume 1er, roi des Bataves, ne l’entendait pas de cette oreille, et avait appelé à son secours les grandes puissances environnantes (France, Angleterre, Autriche, Russie et Prusse).
Celles-ci ont préféré régler le problème de façon diplomatique. Les cinq ‘’ grands’’ se sont donc réunis en conférence à Londres.
Le roi de France, Louis-Philippe avait envoyé Talleyrand, chaud partisan de la paix et d’une bonne entente franco-britannique, ce qui avait tout pour rassurer l’envoyé britannique, Palmerston, dont la crainte était que la France n’essaie de récupérer les provinces insurgées. De leur côté, les Russes, absorbés par l'insurrection polonaise, avaient d’autres chats à fouetter. Quant à l'Autriche et la Prusse, ils n’étaient pas chauds à l’idée d’une indépendance belge, mais la perspective d’un nouveau conflit généralisé ne les emballait pas non plus.
Vaille que vaille, la conférence aboutit au « protocole du 20 décembre 1830 » : il s'agissait de « combiner l'indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités (de 1815), avec les intérêts et la sécurité des autres puissances et avec la conservation de l'équilibre européen ». Ouf ! (1).

Anniversaire n°2 : encore du belge...

Un mur à Bruxelles dédié à Bob de Moor

Le 20 décembre 1925, naissait à Anvers, le dessinateur Bob de Moor, grand talent de la BD, dont une large partie de la carrière s’est déroulée dans l’ombre d’Hergé.
Après une formation à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, il s’essaie au dessin animé, avant de réaliser ses premières BD et illustrations dans les journaux pour enfants néerlandophone. On lui doit notamment « Bart le Moussaillon », paru dans le magazine « Kleine Zondagsvriend ».
Bon bilingue, il crée aussi des albums en français dont « le Mystère du vieux château fort » (1947).
Son coup de crayon le fait très tôt reconnaitre comme un pionnier de la ligne claire dont Hergé est le représentant le plus illustre.
Il rejoint d’abord l’équipe de Kuifje (la version flamande du journal de Tintin) et collabore avec Willy Vandersteen, entre autres sur « Bob et Bobette ».
En 1950, Bob de Moor monte à la capitale où il est invité à intégrer les Studios d’Hergé dont il sera, pendant plus de trente ans, le premier collaborateur.
Il est surtout chargé des croquis préparatoires et des décors, ainsi que de dessins destinés aux produits dérivés de Tintin.
Dans « On a marché sur la lune » (1953), c’est lui qui réalise les paysages lunaires qui font la toile de fond du récit. Sa collaboration avec Hergé se renforcera au fil du temps. Dans l’album « Tintin et les Picaros », la touche « de Moor » est perceptible jusque dans certains personnages.
Après la mort d’Hergé, il restera l’animateur de ses studios. Il participe notamment à la réalisation de la vaste fresque Tintin dans la station de métro Stockel. L’œuvre est longue de deux fois 135 mètres.
À la mort d’Edgar P. Jacobs, c’est lui qui terminera le dernier album de Blake et Mortimer : « Les 3 Formules du professeur Satō ». Ce formidable dessinateur éclectique, pareillement à l'aise dans tous les genres, était capable de s’adapter à tous les styles.
En parallèle à sa contribution avec Hergé, Bob de Moor est aussi l’auteur de bandes dessinées aux styles les plus diversifiés : l'aventure historique avec « Cori le Moussaillon », le gag burlesque avec « Balthazar », l'humour et le suspense avec « Barelli », les tribulations du quotidien avec « Monsieur Tric » … impossible de tout citer.

Anniversaire n°3.
Le 20 décembre 1803, naissait à Lyon, le poète, escroc et criminel, Pierre François Lacenaire, guillotiné le 9 janvier 1836 à Paris.
Enfant, son père lui avait montré l'échafaud en lui prédisant qu'il y finirait...
Lacenaire se rêvait écrivain, il écrivait des poèmes et des pièces de théâtre qui connaissaient un succès mitigé. Les échecs se succédaient. Alors, il alternait méfaits et travaux d'écriture.
Il a débuté en commettant quelques faux en écriture. Engagé à l’armée, il déserte.
Sans ressources et sans abri, il décide de « frapper l'édifice social ». Il commet quelques vols et tue en duel le neveu de Benjamin Constant. En prison, il complète sa formation de délinquant.
Désormais, il alternera les passages par la prison et les méfaits divers : vols, escroqueries, chantages … Avec son complice Avril, il commettra un double meurtre particulièrement violent : la première victime, blessée, est achevée à coups de hache, sa mère est étouffée dans son lit.
Arrêté, le poète Lacenaire déclare frapper ses victimes avec courage et ne jamais éprouver de remords. Ses déclarations violentes lui vaudront enfin un certain succès dans la presse populaire.
Aux assises, son procès devient une tribune théâtrale. Ses répliques du genre « Je tue un homme comme je bois un verre de vin », font un tabac. Son style « dandy assassin » lui attire la sympathie des foules.
Condamné à la peine capitale, lors de son exécution, il aurait déclaré : « J'arrive à la mort par une mauvaise route, j'y monte par un escalier… »
Lacenaire connaitra une gloire posthume. Baudelaire verra en lui « un des héros de la vie moderne ». Son procès inspirera Dostoïevski pour écrire Crime et Châtiment. Lautréamont s’inspirera de ses mémoires pour « Les chants de Maldoror ». Le poète assassin sera mis à l'honneur par les surréalistes et magnifié par Prévert et Carné dans le film « Les Enfants du Paradis ».
Plus récemment, Daniel Auteuil incarnera l’élégant criminel dans le film que lui a consacré Francis Girod, sorti en 1990.
Parmi ses poèmes, on retiendra « Pétition d'un voleur à un roi son voisin », mis en musique par Gérald Genty et interprété ici par Catherine Sauvage.
On l’écoute.

André Clette

(1) NDRL : ce doit être l'ancêtre de tous les fameux "compromis à la belge" ;-).

C’est par ici : →

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Nous sommes le 20 décembre 2022.

Bonne fête aux Isaac, Jacob, Abraham, Ursan, Ursicin, Zénon, Zénodore, Zénodora, Zénonina, sans oublier les Zéphyrin et les Philogone.

C’est aujourd’hui la “journée internationale de la solidarité humaine“. Cette journée a été décrétée par l’ONU en 2006 (résolution A/RES/60/209). Les textes onusiens l’affirment : « ceux qui souffrent ou qui sont particulièrement défavorisés méritent une aide de la part des privilégiés ». Ce n’est pas gagné, mais au moins c’est “officiel”.

Anniversaire n°1 : une histoire belge.
Depuis le 20 décembre 1830, la Belgique est indépendante. C’est officiel.
Les Belges ont fait leur Révolution, d’accord, mais c’est surtout grâce à l’intervention de l’Angleterre et de la France que l’indépendance de la Belgique sera définitivement reconnue ce 20 décembre 1830.
Après s’être enflammés sur un air d’opéra, chantant « Amour sacré de la patri-ii-e, rends-nous l’audace et la fierté » (« La Muette de Portici »), les Belges avaient foutu le boxon et poussé les Hollandais vers la sortie.
Par un décret du 4 octobre 1830, le Gouvernement provisoire proclamait « l’indépendance des provinces de Belgique violemment détachées de la Hollande ».
Guillaume 1er, roi des Bataves, ne l’entendait pas de cette oreille, et avait appelé à son secours les grandes puissances environnantes (France, Angleterre, Autriche, Russie et Prusse).
Celles-ci ont préféré régler le problème de façon diplomatique. Les cinq ‘’ grands’’ se sont donc réunis en conférence à Londres.
Le roi de France, Louis-Philippe avait envoyé Talleyrand, chaud partisan de la paix et d’une bonne entente franco-britannique, ce qui avait tout pour rassurer l’envoyé britannique, Palmerston, dont la crainte était que la France n’essaie de récupérer les provinces insurgées. De leur côté, les Russes, absorbés par l’insurrection polonaise, avaient d’autres chats à fouetter. Quant à l’Autriche et la Prusse, ils n’étaient pas chauds à l’idée d’une indépendance belge, mais la perspective d’un nouveau conflit généralisé ne les emballait pas non plus.
Vaille que vaille, la conférence aboutit au « protocole du 20 décembre 1830 » : il s’agissait de « combiner l’indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités (de 1815), avec les intérêts et la sécurité des autres puissances et avec la conservation de l’équilibre européen ». Ouf ! (1).

Anniversaire n°2 : encore du belge…

Un mur à Bruxelles dédié à Bob de Moor

Le 20 décembre 1925, naissait à Anvers, le dessinateur Bob de Moor, grand talent de la BD, dont une large partie de la carrière s’est déroulée dans l’ombre d’Hergé.
Après une formation à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, il s’essaie au dessin animé, avant de réaliser ses premières BD et illustrations dans les journaux pour enfants néerlandophone. On lui doit notamment « Bart le Moussaillon », paru dans le magazine « Kleine Zondagsvriend ».
Bon bilingue, il crée aussi des albums en français dont « le Mystère du vieux château fort » (1947).
Son coup de crayon le fait très tôt reconnaitre comme un pionnier de la ligne claire dont Hergé est le représentant le plus illustre.
Il rejoint d’abord l’équipe de Kuifje (la version flamande du journal de Tintin) et collabore avec Willy Vandersteen, entre autres sur « Bob et Bobette ».
En 1950, Bob de Moor monte à la capitale où il est invité à intégrer les Studios d’Hergé dont il sera, pendant plus de trente ans, le premier collaborateur.
Il est surtout chargé des croquis préparatoires et des décors, ainsi que de dessins destinés aux produits dérivés de Tintin.
Dans « On a marché sur la lune » (1953), c’est lui qui réalise les paysages lunaires qui font la toile de fond du récit. Sa collaboration avec Hergé se renforcera au fil du temps. Dans l’album « Tintin et les Picaros », la touche « de Moor » est perceptible jusque dans certains personnages.
Après la mort d’Hergé, il restera l’animateur de ses studios. Il participe notamment à la réalisation de la vaste fresque Tintin dans la station de métro Stockel. L’œuvre est longue de deux fois 135 mètres.
À la mort d’Edgar P. Jacobs, c’est lui qui terminera le dernier album de Blake et Mortimer : « Les 3 Formules du professeur Satō ». Ce formidable dessinateur éclectique, pareillement à l’aise dans tous les genres, était capable de s’adapter à tous les styles.
En parallèle à sa contribution avec Hergé, Bob de Moor est aussi l’auteur de bandes dessinées aux styles les plus diversifiés : l’aventure historique avec « Cori le Moussaillon », le gag burlesque avec « Balthazar », l’humour et le suspense avec « Barelli », les tribulations du quotidien avec « Monsieur Tric » … impossible de tout citer.

Anniversaire n°3.
Le 20 décembre 1803, naissait à Lyon, le poète, escroc et criminel, Pierre François Lacenaire, guillotiné le 9 janvier 1836 à Paris.
Enfant, son père lui avait montré l’échafaud en lui prédisant qu’il y finirait…
Lacenaire se rêvait écrivain, il écrivait des poèmes et des pièces de théâtre qui connaissaient un succès mitigé. Les échecs se succédaient. Alors, il alternait méfaits et travaux d’écriture.
Il a débuté en commettant quelques faux en écriture. Engagé à l’armée, il déserte.
Sans ressources et sans abri, il décide de « frapper l’édifice social ». Il commet quelques vols et tue en duel le neveu de Benjamin Constant. En prison, il complète sa formation de délinquant.
Désormais, il alternera les passages par la prison et les méfaits divers : vols, escroqueries, chantages … Avec son complice Avril, il commettra un double meurtre particulièrement violent : la première victime, blessée, est achevée à coups de hache, sa mère est étouffée dans son lit.
Arrêté, le poète Lacenaire déclare frapper ses victimes avec courage et ne jamais éprouver de remords. Ses déclarations violentes lui vaudront enfin un certain succès dans la presse populaire.
Aux assises, son procès devient une tribune théâtrale. Ses répliques du genre « Je tue un homme comme je bois un verre de vin », font un tabac. Son style « dandy assassin » lui attire la sympathie des foules.
Condamné à la peine capitale, lors de son exécution, il aurait déclaré : « J’arrive à la mort par une mauvaise route, j’y monte par un escalier… »
Lacenaire connaitra une gloire posthume. Baudelaire verra en lui « un des héros de la vie moderne ». Son procès inspirera Dostoïevski pour écrire Crime et Châtiment. Lautréamont s’inspirera de ses mémoires pour « Les chants de Maldoror ». Le poète assassin sera mis à l’honneur par les surréalistes et magnifié par Prévert et Carné dans le film « Les Enfants du Paradis ».
Plus récemment, Daniel Auteuil incarnera l’élégant criminel dans le film que lui a consacré Francis Girod, sorti en 1990.
Parmi ses poèmes, on retiendra « Pétition d’un voleur à un roi son voisin », mis en musique par Gérald Genty et interprété ici par Catherine Sauvage.
On l’écoute.

André Clette

(1) NDRL : ce doit être l’ancêtre de tous les fameux “compromis à la belge” ;-).

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