VAN GOGH, LA SOUPE CAMBELS ET WAR-OIL par François-Michel van der Rest
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VAN GOGH, LA SOUPE CAMBELS ET WAR-OIL par François-Michel van der Rest

Publié le 19 octobre 2022 par Contribution extérieure
Et donc, hypothèse : il y aurait une dimension artistique dans leur iconoclastie. En aspergeant Van Gogh de Warhol (War Oil), les activistes deviendraient performeuses et donneraient un sens artistique à leur geste politique. Leur message pourrait être : la marchandisation détruit l'art véritable et, partant, la marchandisation détruit le monde. Elles n'ont attaqué - l'ont-elles fait exprès, je n'en sais rien - que ce qui enrobe l'art, pas l'art lui-même. Mais dans ce monde-ci, on dirait qu'égratigner, c'est presque déjà détruire.

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Pourquoi de la soupe en boîte ?
Pourquoi les tournesols de Van Gogh ?
Pourquoi vandaliser pour revendiquer ?
Au-delà de l'évidence de s'attaquer à des choses de valeur pour attirer l'attention, je crois qu'il y a quelque chose d'un peu plus subtil. Les cris d'orfraie que poussent la plupart des commentateurs, sidérés par le doigt plutôt que par la lune, serviraient peut-être à couvrir le bruit de la gifle que ces deux jeunes anglaises infligent au vieux monde.

Les faits :
- Les dégâts causés par l'action ne concernent que l'encadrement, et ils sont mineurs (dixit la London National Gallery). C'est une mise en scène de quelque chose qui fait peur, mais qui n'est pas réellement une attaque. Auraient-elles réellement voulu détruire l'œuvre, elles l'auraient fait.
- Associer boîtes de soupe et art, on ne peut que penser à Warhol, dont le fonds de commerce est l'art de la mort de l'art, à travers sa marchandisation. Les reproductions de boîtes de soupe Campbell, ... etc.
- "Just Stop Oil" : L'huile (oil) de tournesol est particulièrement produite en Ukraine et la guerre provoquerait une pénurie d'huile de tournesol. Avec l'image du tournesol, on associe de nouveau war et oil, comme un indice dans un cluedo.
- Enfin, il y a une filiation revendiquée avec les suffragettes, qui elles aussi s'en sont prises à des œuvres d'art pour que soient reconnues leurs revendications.

Et donc, hypothèse : il y aurait une dimension artistique dans leur iconoclastie. En aspergeant Van Gogh de Warhol (War Oil), les activistes deviendraient performeuses et donneraient un sens artistique à leur geste politique. Leur message pourrait être : la marchandisation détruit l'art véritable et, partant, la marchandisation détruit le monde. Elles n'ont attaqué - l'ont-elles fait exprès, je n'en sais rien - que ce qui enrobe l'art, pas l'art lui-même. Mais dans ce monde-ci, on dirait qu'égratigner, c'est presque déjà détruire.
Loin d'être les imbéciles contre lesquelles beaucoup s'insurgent, on peut en tous cas penser que ce sont des personnes intelligentes (et foutrement déterminées) qui ont mené cette action qui n'a pas endommagé la sacro-sainte Œuvre d'Art.
On dirait qu'il est nettement plus facile de traiter ces jeunes suffragettes de connasses plutôt que de s'interroger sur son propre rapport à l'action, et à l'action politique. Sacraliser l'œuvre d'art plutôt que de sacraliser le vivant, n'est-ce pas perdre de vue la primauté de l'un sur l'autre ?
Quoi qu'il en soit :
1. ça fait débat - et on peut débattre sans s'envoyer tout de suite des noms d'oiseau, bande de snuls ;
2. je me reconnais dans ces deux personnes : il y a un moment dans le désespoir où nous pouvons faire des choses désespérantes.
Et puis, quand tout ne sera que cendres, qui se souciera des tournesols ?

Le monde crame,
allons jouer à la balle
dans le sable brûlant,
tournons-nous vers les stars
pour oublier notre midi.

François-Michel van der Rest (sur Facebook)

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VAN GOGH, LA SOUPE CAMBELS ET WAR-OIL par François-Michel van der Rest

Pourquoi de la soupe en boîte ?
Pourquoi les tournesols de Van Gogh ?
Pourquoi vandaliser pour revendiquer ?
Au-delà de l’évidence de s’attaquer à des choses de valeur pour attirer l’attention, je crois qu’il y a quelque chose d’un peu plus subtil. Les cris d’orfraie que poussent la plupart des commentateurs, sidérés par le doigt plutôt que par la lune, serviraient peut-être à couvrir le bruit de la gifle que ces deux jeunes anglaises infligent au vieux monde.

Les faits :
– Les dégâts causés par l’action ne concernent que l’encadrement, et ils sont mineurs (dixit la London National Gallery). C’est une mise en scène de quelque chose qui fait peur, mais qui n’est pas réellement une attaque. Auraient-elles réellement voulu détruire l’œuvre, elles l’auraient fait.
– Associer boîtes de soupe et art, on ne peut que penser à Warhol, dont le fonds de commerce est l’art de la mort de l’art, à travers sa marchandisation. Les reproductions de boîtes de soupe Campbell, … etc.
– “Just Stop Oil” : L’huile (oil) de tournesol est particulièrement produite en Ukraine et la guerre provoquerait une pénurie d’huile de tournesol. Avec l’image du tournesol, on associe de nouveau war et oil, comme un indice dans un cluedo.
– Enfin, il y a une filiation revendiquée avec les suffragettes, qui elles aussi s’en sont prises à des œuvres d’art pour que soient reconnues leurs revendications.

Et donc, hypothèse : il y aurait une dimension artistique dans leur iconoclastie. En aspergeant Van Gogh de Warhol (War Oil), les activistes deviendraient performeuses et donneraient un sens artistique à leur geste politique. Leur message pourrait être : la marchandisation détruit l’art véritable et, partant, la marchandisation détruit le monde. Elles n’ont attaqué – l’ont-elles fait exprès, je n’en sais rien – que ce qui enrobe l’art, pas l’art lui-même. Mais dans ce monde-ci, on dirait qu’égratigner, c’est presque déjà détruire.
Loin d’être les imbéciles contre lesquelles beaucoup s’insurgent, on peut en tous cas penser que ce sont des personnes intelligentes (et foutrement déterminées) qui ont mené cette action qui n’a pas endommagé la sacro-sainte Œuvre d’Art.
On dirait qu’il est nettement plus facile de traiter ces jeunes suffragettes de connasses plutôt que de s’interroger sur son propre rapport à l’action, et à l’action politique. Sacraliser l’œuvre d’art plutôt que de sacraliser le vivant, n’est-ce pas perdre de vue la primauté de l’un sur l’autre ?
Quoi qu’il en soit :
1. ça fait débat – et on peut débattre sans s’envoyer tout de suite des noms d’oiseau, bande de snuls ;
2. je me reconnais dans ces deux personnes : il y a un moment dans le désespoir où nous pouvons faire des choses désespérantes.
Et puis, quand tout ne sera que cendres, qui se souciera des tournesols ?

Le monde crame,
allons jouer à la balle
dans le sable brûlant,
tournons-nous vers les stars
pour oublier notre midi.

François-Michel van der Rest (sur Facebook)

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