COUPS DE BOURSE ET POTS DE VIN par Alain Lipietz (sur Facebook)

Hier après-midi, Trump a suspendu pour trois mois ses « tarifs » douaniers les plus délirants, mais pas tous. La Bourse US a aussitôt fait un bond en avant, les autres bourses en ont fait autant cette nuit et ce matin.
Dès hier soir j’écrivais sur une boucle Whatsapp :« La bourse US fait du yoyo à chaque déclaration contradictoire de Trump. Je commence à me demander : n’organise-t-il pas des coups de bourse ? Il annonce des tarifs délirants, la bourse plonge, un comparse achète des ETF à la pelle, Trump annonce qu’il suspend, la bourse remonte, le comparse vend avec un énorme bénef, et le lendemain on recommence… ».
Ce matin, plusieurs Démocrates US ont confirmé mon intuition de la nuit dernière : un coup de bourse.
Bon, évidemment je blaguais, mais ce qui est très probable, c’est que la famille et les amis de Trump ont su quelques heures à l’avance que Trump allait reculer sur les tarifs. Et qu’immédiatement cela allait faire remonter la bourse. Par exemple, les chaines de production de la High Tech US peuvent supporter 10% sur les puces de Taiwan mais pas 36%.
(…)
Pourquoi Trump a reculé ? Parce qu’il a vu que les détenteurs de la gigantesque dette américaine commençaient à la revendre, soit qu’ils aient besoin immédiat pour leur portefeuille en train de fondre, soit qu’ils aient commencé à soupçonner qu’un cinglé pareil décidera un jour par décret de ne plus rembourser la dette envers les pays « qui ont volé les USA pendant des décennies » (c’est à dire qui ont financé la surconsommation américaine à crédit…).
Ne pas oublier que les US sont sous le joug de la Chine qui détient une grande partie de cette dette !

Cette histoire de « coup de bourse » organisé m’a été inspiré par une confidence de mon Papa, qui était cadre de Pont-à-Mousson pour des filiales équipant des collectivités (c’était il y a un demi-siècle, y a prescription). Il m’avait assuré que « pas un mètre de tuyau de PAM n’est vendu dans le monde sans que les prescripteurs locaux n’exigent un pot de vin !». (Dans l’affaire du pacte de corruption des lycées d’Ile-de-France que j’avais dénoncé à la justice, les juges d’instruction m’ont demandé d’évaluer les pots-de-vin. A l’époque les entreprises avaient le droit de financer les partis, donc les chiffres de leurs dons étaient connus. J’ai donné les montants des dépenses pour la construction des lycées à Papa, il a calculé les pots de vin correspondant – oui, c’était très tarifé – , les juges ont constaté avec stupéfaction que ça collait exactement).

Mis à part les dons officiels, comment PAM versait les pots-de-vin ? En organisant les coups de bourse. On faisait baisser brièvement le cours de l’action PAM /SGPM, on signalait au corrompu « Achetez maintenant » puis on faisait remonter le cours et on signalait « Vendez maintenant ». PAM allait jusqu’à prêter du liquide au corrompu pour faire l’opération. Bien sûr Papa ne se considérait pas comme « corrupteur » mais comme « taxé » par les individus ou les partis politiques en position de passer les marchés. Selon lui, on considérait dans la profession que les maires de droite mettaient 90 % dans leur poche et le reste pour leur parti, les maires SFIO/PS faisaient moitié-moitié, seuls les maires PCF étaient “honnêtes” et reversaient tout au Parti. C’était il y a un demi-siècle, je le rappelle !

Alain Lipietz (ancien député européen Europe Écologie Les Verts, sur Facebook)

3 Commentaires
  • Philippe Malarme
    Publié à 15:12h, 12 avril

    Claude, il ne manque pas quelques phrases entre Trump et PAM ? J’ai du mal à comprendre cet article.

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