
17 juin 2025
CPAS : DEVOIR “ÉTALER” SON CANCER ? par Bernadette Schaeck
Des maisons de repos de plus en plus chères. Des pensions de plus en plus basses.
La réforme du chômage entraînera des coûts exorbitants pour les CPAS en matière de RI (Revenu d’intégration) et de personnel. Les “compensations financières” telles qu’annoncées seront largement insuffisantes.
Ceux qui en feront les frais seront les usagers, dont les chômeurs en fin de droit, mais également tous les autres bénéficiaires. Mais les CPAS, ce n’est pas que le RI (Revenu d’Insertion). C’est bien d’autres missions.
Dont la prise en charge des frais d’hébergement en maison de repos pour les personnes dont les revenus sont insuffisants.
Il y a fort à craindre que des restrictions se feront aussi dans ce domaine, comme dans celui de toutes les aides sociales complémentaires au RI et de toutes les aides qui sont à charge du CPAS “sur fonds propres”, sans intervention du fédéral.
Chaque CPAS a ses propre critères en matière d’aides sociales.
Les CPAS des communes les plus populaires auront le plus de chômeurs exclus, donc le plus de bénéficiaires du RI en plus, et donc le moins de moyens pour toutes les aides sociales sur fonds propres.
Une de mes occupations du jour : un CPAS a refusé oralement, sans accusé de réception, sans enquête sociale, une intervention dans le placement en urgence d’une personne atteinte d’un cancer généralisé.
Le coût journalier est trop élevé, d’après le CPAS, alors qu’il est tout-à-fait “dans les normes”.
Sa famille, déjà endettée, “n’a qu’à” demander un étalement du paiement. Non, y a pas qu’à… C’est par ce genre de conséquences aussi que la réforme du chômage entraînera une augmentation considérable de la pauvreté.
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Hurler avec les loups ? Voilà ce que j’aurais du apprendre à faire depuis longtemps, sinon depuis toujours ?!
Depuis tant d’années, défendre les usagers du CPAS d’Anderlecht. Individuellement, et collectivement. Etre ultra critique vis-à-vis des présidents et Conseils de l’action sociale qui s’y sont succédé. Mais être en désaccord avec ce que la majorité Arizona a voté en Commission des Affaires sociales et au Parlement à ce sujet.
Etre syndiquée et syndicaliste, mais devoir constater que les combats que je mène ne sont pas du tout portés par les syndicats (à quelques exceptions près de délégations, de régionales), ou de parties de centrales. Ne pas toujours oser le dire publiquement…
Défendre les CPAS en tant que services publics, mais en étant ultra critique sur certaines de leurs pratiques. Défendre leur financement, mais en étant critique sur certaines de leurs missions (voir, entre autres, mon post précédent sur l’activation sociale au CPAS de Liège)
Avoir été AS (Assistante Sociale) de première ligne en CPAS pendant toute ma “carrière” (très plane! ), et être critique par rapport au rôle joué par les AS, surtout depuis la loi de 2002 concernant le droit à l’intégration sociale. Et m’insurger contre des pratiques toujours plus étendues de contrôles et de répression par certains (trop de !) AS.
Défendre les usagers, avant tout du point de vue de la défense de leurs droits, et pas de défense des “plus vulnérables” ou de “lutte contre la pauvreté”. D’un point de vue de lutte de classes.
Etre critique contre les mesures de la Vivaldi, comme contre celles du gouvernement Michel auparavant, et bien sûr celles de l’Arizona. Etre ce que certains qualifieraient “d’extrême gauche” alors qu’aucune extrême gauche ne se soucie vraiment de ce qui me “branche”… Ne pas être membre d’un quelconque parti, être critique sur certaines de leurs positions, mais prête 100% à discuter, échanger, agir ensemble quand c’est possible.
Ne pas hurler avec les loups, tout compte fait ! 😉
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Vous souhaiteriez me rencontrer “en vrai” ? Quand je vous ai aidé.e dans vos démarches vis-à-vis du CPAS. Vous me le demandez souvent. Si vous saviez à quel point moi aussi, je le souhaiterais ! Ce n’est juste pas possible vu la distance géographique qui nous sépare, le nombre de personnes que je connais et que j’ai défendues, la fatigue liée à mon âge aussi peut-être, qui devient tout doucement canonique 😂. Je sais les liens forts entre nous, au-delà de cette impossibilité à nous rencontrer “en vrai”. Un jour, nous ferons mieux, collectivement !
Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
www.adasasbl.be
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