DES CIBLES CIVILES ET AFFAMÉES par Gwen Breës

Ces dernières semaines, des images de “Punishment Park” me hantent. Tourné en écho à la guerre du Viêt Nam, “Punishment Park” emprunte une forme quasi-documentaire qui le rend particulièrement réaliste. Il met en scène des militants pacifistes condamnés pour atteinte à la sûreté de l’État, lors d’un procès particulièrement expéditif.
Contre la promesse d’une libération, ils sont envoyés dans une zone désertique, sans eau ni nourriture. Là, ils sont traqués à la fois par la police anti-émeutes et par des militaires. Ceux qui parviendraient à traverser la zone retrouveraient leur liberté. Ceux qui sont interceptés sont éliminés à bout portant.
Quand Peter Watkins réalise cette dystopie en 1971, il ne peut pas se douter à quel point elle allait être considérablement dépassée par le réel.

Dans le réel, les tribunaux ne sont pas expéditifs : il n’y a même pas de parodie de justice.
Dans le réel, ce ne sont pas des opposants politiques à qui on ôte tout refuge, tout droit et toute dignité : ce sont de simples civils. Affamés par un État qui, pour maintenir la légitimité internationale de sa “guerre”, a finalement concédé à livrer de “l’aide humanitaire”… à condition de l’organiser lui-même. Selon ses propres règles.
Dans le réel, les civils, en échange de la promesse d’un sac de farine, se voient attirés vers des camps grillagés. Pour les atteindre, ils sont obligés de traverser des “no-go zones” (des “zones de combats”, interdites), qui ne leur sont autorisées qu’aux horaires d’ouverture des “centres de distribution d’aide alimentaire”. Des horaires qui varient d’un jour à l’autre. Quiconque arrive trop tôt, trop tard, ou s’écarte du chemin, devient une cible. Dans le réel, les soldats n’ont pas à s’approcher de leurs cibles : ils tirent à distance.

La gestion des foules (il peut y avoir plusieurs dizaines de milliers de personnes qui arrivent en même temps pour chercher un colis alimentaire) ne s’opère pas avec des gaz lacrymogènes, ni des tirs de sommation, mais avec des balles réelles, des grenades, des obus ; au fusil, à la mitrailleuse, au canon ou au drone.
Depuis le 27 mai, témoignages, photos et vidéos s’amoncèlent, provenant de témoins directs, de médecins, d’ONG qui convergent pour dire qu’à chaque ouverture des “centres de distribution d’aide alimentaire”, des dizaines de civils sont ainsi tués et blessés. À chaque ouverture.
Depuis le 27 mai, l’armée occupante et sa succursale “humanitaire” nient les faits : “Il n’y a pas eu de tirs, c’est de la propagande”. Parfois, elles reconnaissent des “incidents isolés”. Il arrive aussi à leurs supporters, mal pris par la persistance des témoignages, de déraper en attribuant la responsabilité des tirs à l’ennemi. Ah bon, il y a quand même eu des tirs ?

Depuis le 27 mai, plusieurs médias sont arrivés au même constat que les témoins directs. Mais les journalistes sont interdits d’entrer dans le territoire. Alors, c’est parole contre parole. Bénéfice du doute. Aucun État ne condamne.
Au contraire, les USA viennent de débloquer 30 millions de dollars pour poursuivre ces bonnes œuvres humanitaires. Quant à l’Union européenne, elle préfère s’abstenir de toute sanction car son “objectif n’est pas de punir” l’État occupant, auteur des massacres, mais “d’apporter des améliorations concrètes à la population” massacrée…
Et nous voici le 27 juin. Un mois après le démarrage de cette entreprise “humanitaire” perfide qui ne fait que poursuivre l’extermination massive entamée depuis plus d’un an et demi.

Ce matin, trois journalistes du quotidien Haaretz ont publié une enquête, basée cette fois sur des témoignages de soldats… qui confirment tout ce qu’on savait déjà. Ils précisent que l’enclave est devenue “un endroit régi par ses propres règles”, où “la mort humaine n’a plus d’importance”. Ils donnent des détails qui éclairent d’un jour forcément sinistre la manière dont l’armée d’occupation gère sa “guerre” (lire la traduction basique de l’article en commentaires). Ils disent recevoir l’ordre de tirer. Et ils confirment qu’il n’y a aucun danger pour eux. “Il n’y a ni ennemi, ni armes.” Juste des cibles civiles.

Gwen Breës, sur sa page FB et dans l’Asympto, avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Gwen a également traduit l’article original de Haaretz qui a inspiré son article (1). C’est peu dire qu’il fait froid dans le dos.

(1) https://www.haaretz.com/israel-news/2025-06-27/ty-article-magazine/.premium/idf-soldiers-ordered-to-shoot-deliberately-at-unarmed-gazans-waiting-for-humanitarian-aid/00000197-ad8e-de01-a39f-ffbe33780000?

C’est un champ de bataille : Les soldats de l’IDF ont reçu l’ordre de tirer délibérément sur des habitants de Gaza non armés qui attendaient une aide humanitaire.

Des officiers et des soldats des FDI ont déclaré à Haaretz qu’ils avaient reçu l’ordre de tirer sur des foules non armées près des sites de distribution de nourriture à Gaza, même en l’absence de toute menace. Des centaines de Palestiniens ont été tués, ce qui a incité le parquet militaire à demander une enquête sur d’éventuels crimes de guerre

Des soldats israéliens à Gaza déclarent à Haaretz que l’armée a délibérément tiré sur des Palestiniens près des sites de distribution d’aide au cours du mois dernier.
Des conversations avec des officiers et des soldats révèlent que les commandants ont ordonné aux troupes de tirer sur les foules pour les disperser, même s’il était clair qu’elles ne représentaient aucune menace.
Un soldat a décrit la situation comme un effondrement total des codes éthiques de l’armée israélienne à Gaza.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, 549 personnes ont été tuées près des centres d’aide ou dans des zones où les habitants attendaient des camions alimentaires de l’ONU depuis le 27 mai. Plus de 4 000 ont été blessées, mais le nombre exact de victimes du fait des tirs de l’armée israélienne reste inconnu.
Haaretz a appris que l’avocat général militaire a ordonné au Mécanisme d’Évaluation des Faits de l’État-major – chargé d’examiner les incidents susceptibles de constituer des violations du droit de la guerre – d’enquêter sur des crimes de guerre présumés sur ces sites.

Les centres d’aide de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) ont commencé à fonctionner fin mai. Les conditions de sa création et de son financement sont floues : on sait qu’elle a été mise en place par Israël en coordination avec des évangéliques américains et des sociétés de sécurité privées. Son directeur actuel est un dirigeant évangélique proche du président américain Donald Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
La GHF opère quatre centres de distribution alimentaire – trois dans le sud de Gaza et un dans le centre – appelés par l’armée israélienne « centres de distribution rapide » (Mahpazim).

Ils sont gérés par des employés américains et palestiniens, et sécurisés par l’armée israélienne à plusieurs centaines de mètres de distance. Chaque jour, des milliers, parfois des dizaines de milliers de Gazaouis se rendent sur ces sites pour recevoir de la nourriture.
Contrairement aux promesses initiales de la fondation, la distribution est chaotique, avec des foules qui se précipitent sur les cartons. Depuis l’ouverture des centres, Haaretz a compté 19 incidents de tirs à proximité. Bien que les auteurs des tirs ne soient pas toujours identifiés, l’armée ne permet à personne d’armé de se trouver dans ces zones humanitaires sans son autorisation.
Les centres ouvrent généralement une heure chaque matin. Selon des officiers et soldats ayant servi dans ces zones, l’armée tire sur les personnes qui arrivent avant l’ouverture pour les empêcher de s’approcher, ou après la fermeture pour les disperser. Certains tirs ayant eu lieu de nuit – avant l’ouverture – il est possible que certains civils n’aient pas vu les limites de la zone autorisée.

« C’est un champ de tir », a déclaré un soldat. « Là où j’étais, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour. On les traite comme une force ennemie – aucun dispositif de dispersion, pas de gaz lacrymogène – seulement des tirs à balles réelles de tout type : mitrailleuses lourdes, lance-grenades, mortiers. Puis, une fois le centre ouvert, les tirs s’arrêtent, et ils savent qu’ils peuvent s’approcher. Notre moyen de communication, c’est le feu. »
Il ajoute : « On ouvre le feu tôt le matin si quelqu’un tente de se placer dans la file à quelques centaines de mètres, et parfois, on les charge à courte distance. Mais il n’y a aucun danger pour les troupes. »
Selon lui : « Je n’ai connaissance d’aucune riposte. Il n’y a ni ennemi, ni armes. »
Il précise que l’activité dans sa zone est surnommée Opération Poisson Salé – du nom israélien d’un jeu pour enfants, équivalent de « Un, deux, trois, soleil ».

Des officiers ont confié à Haaretz que l’armée refuse de diffuser des images des environs des centres d’aide. Selon eux, l’armée estime que la GHF a permis d’éviter un effondrement total de la légitimité internationale de la guerre. Ils pensent que l’armée a transformé Gaza en « arrière-cour », surtout depuis le début du conflit avec l’Iran.
« Gaza n’intéresse plus personne », a affirmé un réserviste revenu cette semaine du nord de Gaza. « C’est devenu un endroit régi par ses propres règles. La mort humaine n’a plus d’importance. Ce n’est même plus un “incident malheureux”, comme on disait avant. »

Un officier affecté à la sécurité d’un centre de distribution a décrit la politique de l’armée comme fondamentalement viciée : « Interagir avec une population civile uniquement en tirant, c’est pour le moins problématique », a-t-il déclaré à Haaretz.
« Ce n’est ni éthique, ni moralement acceptable que des gens doivent atteindre – ou ne pas atteindre – une zone humanitaire sous les tirs de tanks, de snipers et d’obus. »
L’officier explique que la sécurité des sites repose sur plusieurs cercles : à l’intérieur des centres et dans le « couloir » menant à eux, se trouvent les employés américains ; l’armée n’y opère pas. En périphérie se trouvent des superviseurs palestiniens, certains armés et affiliés à la milice Abu Shabab. La zone contrôlée par l’armée inclut tanks, snipers et mortiers dont le but, selon l’officier, est de protéger les lieux et permettre la distribution d’aide.

« La nuit, on ouvre le feu pour signaler qu’il s’agit d’une zone de combat et que personne ne doit approcher », raconte-t-il. « Une fois, les mortiers ont cessé de tirer, et on a vu les gens s’approcher. On a repris les tirs pour faire comprendre qu’ils n’étaient pas autorisés. Au final, un obus a atterri sur un groupe de personnes. »
Dans d’autres cas, il relate l’usage de mitrailleuses de tanks et de grenades.
« Il y a eu un cas où un groupe de civils a été touché en avançant sous le brouillard. Ce n’était pas intentionnel, mais ces choses arrivent. »
Il souligne aussi que des soldats israéliens ont été blessés dans ces incidents : « Une brigade de combat n’a pas les outils pour gérer une population civile en zone de guerre. Tirer des mortiers pour tenir des affamés à distance n’est ni professionnel ni humain. Il y a des membres du Hamas, oui, mais il y a aussi des gens qui veulent juste de la nourriture. En tant que pays, nous avons la responsabilité de garantir cela en toute sécurité. »

Destruction et entrepreneurs privés

Selon des témoignages de commandants et combattants, l’armée devait rester à distance des zones résidentielles palestiniennes et des points de distribution. Pourtant, les actions sur le terrain contredisent les plans opérationnels.
« Aujourd’hui, tout entrepreneur privé travaillant à Gaza avec du matériel de génie reçoit 5 000 shekels (environ 1 500 $) pour chaque maison qu’il démolit », explique un combattant vétéran. « Ils s’enrichissent ; chaque moment où ils ne démolissent pas est une perte d’argent. L’armée doit assurer leur sécurité. Ces entrepreneurs, qui agissent comme une sorte de shérif, démolissent où ils veulent le long du front. »

Selon lui, cette campagne de démolition entraîne l’approche des entrepreneurs et de leurs petites équipes de sécurité près des centres de distribution ou le long des routes empruntées par les camions d’aide. « Pour qu’un entrepreneur encaisse encore 5 000 shekels en démolissant une maison, il faut qu’un incident de tir éclate, et des gens meurent. Ce sont des zones où les Palestiniens sont autorisés… Nous sommes les envahisseurs. »
Ajoute-il : « Donc, pour qu’un entrepreneur gagne sa prime, tuer des gens qui cherchent juste à manger devient acceptable. »

Le rôle controversé du général Vach

Un officier supérieur souvent cité pour les tirs près des sites est le général de brigade Yehuda Vach, commandant de la Division 252 de l’IDF.
Haaretz avait déjà mentionné que Vach avait transformé le couloir de Netzarim en zone mortelle, mis en danger des soldats, et était soupçonné d’avoir ordonné la destruction d’un hôpital sans autorisation. Maintenant, un officier de cette division affirme que c’est Vach qui a décidé de disperser les Gazaouis en ouvrant le feu sur ceux qui attendaient les camions de l’ONU. « C’est la politique de Vach », selon l’officier. « Mais beaucoup de commandants et de soldats l’ont acceptée sans broncher. [Les Palestiniens] ne sont pas censés être là ; l’idée est de s’assurer qu’ils dégagent, même s’ils sont là pour chercher de la nourriture. »

Division 252 n’est pas la seule en cause ; d’autres officiers auraient aussi ordonné des tirs sur des civils en quête d’aide. Un réserviste de chars ayant servi récemment avec la Division 252 dans le nord de Gaza confirme les faits et décrit la « procédure de dissuasion » pour disperser ces foules en violation des injonctions militaires. « Les jeunes attendent les camions derrière des buttes de terre et les accostent lorsqu’ils passent », dit-il.
« On les voit arriver de loin, à des centaines de mètres ; il n’y a pas de menace. »
Lors d’un incident, le soldat a reçu l’ordre de tirer un obus vers une foule près de la côte :
« Techniquement, ce sont des tirs d’avertissement : repoussez-les, arrêtez-les. Mais dernièrement, faire feu est devenu la norme. À chaque fois, il y a des victimes. Quand on demande pourquoi un obus est nécessaire, il n’y a jamais de bonne réponse. Parfois, le fait de poser la question dérange les commandants. »

Des personnes se sont mises à fuir après le tir, puis d’autres unités ont ouvert le feu sur elles : « Si c’est pour dissuader, et qu’on les voit reculer, pourquoi tirer ? On nous dit alors qu’il y en a encore derrière les protections, qu’il faut continuer. Mais c’est évident qu’ils ne peuvent pas partir ; dès qu’ils bougent, on tire. »
Il déplore qu’une telle pratique soit devenue routinière : « On sait que ce n’est pas juste. On en a conscience – les commandants prennent la justice entre leurs mains. Mais Gaza, c’est une autre dimension. On continue, on n’y pense même plus. La vérité ? La plupart ne prennent même pas le temps d’y réfléchir. »

Tirs contre les files d’attente

Cette semaine encore, des soldats de la Division 252 ont ouvert le feu sur un carrefour où attendait une file de civils pour l’aide. Un commandant local ordonna de tirer directement au centre de l’intersection, causant la mort de huit civils, dont des adolescents. L’affaire fut portée à l’attention du général de l’armée Sud, le général de division Yaniv Asor. Mais, en dehors d’un examen préliminaire, aucune action n’a été prise et aucune explication n’a été exigée de Vach malgré le nombre élevé de morts.

Un autre officier réserviste commandant dans la zone raconte : « Quand on a demandé pourquoi on a tiré, on nous a répondu que c’était un ordre venu d’en haut et que les civils représentaient une menace. Ce n’était pas vrai ; ils n’étaient même pas proches. C’était inutile – ils sont morts, pour rien. Normaliser le fait de tuer des innocents… on nous disait constamment qu’il n’y a pas de non-combattants à Gaza, et ça a fini par s’imposer. »
Un officier supérieur connaisseur du conflit croit que cela marque une détérioration des normes morales de l’armée : « Le pouvoir que détiennent les commandants de terrain sur le haut état-major menace la hiérarchie. »
« Ma plus grande crainte est que ces tirs ne résultent pas de nécessités opérationnelles, mais d’une idéologie transmise par les commandants de terrain comme plan opérationnel. »

Bombardements d’artillerie sur des civils

Ces dernières semaines, le nombre de victimes près des zones de distribution a grimpé : 57 le 11 juin, 59 le 17 juin et environ 50 le 24 juin d’après le ministère de la Santé de Gaza.
Lors d’une réunion au sein du Commandement Sud, il est apparu que les troupes dispersaient désormais les foules à l’artillerie : « On parle d’utiliser l’artillerie sur un carrefour rempli de civils comme si c’était normal », rapporte un militaire présent.
« On débat seulement de savoir si cela nuira à notre légitimité internationale. L’aspect moral ? Inexistant. Personne ne se demande pourquoi des dizaines de civils affamés sont tués chaque jour. »
Un autre officier proche des combats déplore : « Le fait de tirer sur une population civile — avec de l’artillerie, des chars, des snipers, ou des drones — va à l’encontre de tout ce que l’armée devrait représenter. Pourquoi tirer sur des gens qui cherchent simplement de la nourriture ? »

Milices pro armées, également impliquées

Outre les tirs de l’IDF, des sources affirment que certaines victimes ont été touchées par des milices soutenues et armées par l’armée, comme Abu Shabab : « Il y a beaucoup de groupes opposés au Hamas — Abu Shabab est allé plus loin », selon un officier. « Ils contrôlent des zones où le Hamas n’entre pas, et l’armée les encourage. » Un officier ajoute : « J’y suis stationné, et moi-même je ne sais plus qui tire sur qui. »

2 Comments
  • Michael Lebrun
    Posted at 17:05h, 01 juillet

    C’est clair, vive les pacifistes actifs de toutes les Nations (et pas seulement d’une fraction de l’humanité…). Ok pour l’appellation “justes en Israël”. Mais quid de la “Résistance armée” et de l’envoi de “combattants alliés” pour éradiquer la menace “nationiste d’extrême droite” ?

  • Marc Jacquemain
    Posted at 10:18h, 28 juin

    Pendant que chez nous, les thuriféraires d’Israël versent de plus en plus souvent dans l’obscénité, il me semble particulièrement important de porter aussi le regard sur toutes les voies juives qui continuent, à dénoncer la propagande coloniale israélienne. Elles sont une part (encore fort ténue, c’est vrai), d’un avenir possible dans la région. En particulier, en Israël même, ces voix qui se font entendre dans des conditions particulièrement difficiles constituent une des meilleures possibilités d’avoir accès à ce qui se passe réellement. A côté de Haaretz, il y a 972Magazine, qui documente constamment la réalité de la violence israélienne à Gaza mais aussi en Cisjordanie (où il n’y a pas le prétexte du Hamas). Et il faudrait mentionner tous les historiens ou journalistes qui depuis des décennies dénoncent la violence inhérente au projet colonial israélien qui, pour réussir, doit effacer toute trace de l’histoire réelle (Ilan Pape, Shlomo Sand, Tom Segev ou Sylvain Cypel entre autres). Leur lucidité un peu désespérée est aussi une façon, pour le futur de contribuer à “sauver l’honneur” des communités juives dans le monde.
    Tout comme il y eut, au milieu de la marée nazie en Europe il y a 80 ans, des “justes parmi les nations”, on devrait appeler “justes en Israël” ceux et celles qui refusent la logique génocidaire de leur propre pays.

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