12 juillet 2025

IL VOIT DES TRUMP PARTOUT ! par Claude Semal

Trump se comporte de plus en plus ouvertement en dictateur ubuesque et fantasque, bafouant le droit international et la Constitution des USA, au gré de ses humeurs, de ses lubies et de ses inspirations divines. À l’intérieur des Etats-Unis comme sur la scène mondiale.
Ubu Roi avec une cravate, un brushing gonflé à l’hélium, un crucifix dans le cul et de l’autobronzant orange.
Un candidat « de gauche », Zohran Mamdani, gagne-t-il la « primaire » des Démocrates à New-York ? Bim ! Trump menace… de l’arrêter et de le déchoir de sa nationalité américaine !
La justice brésilienne s’estime fondée pour accuser l’ancien président Bolsonaro de « tentative de coup d’État » pour conserver le pouvoir en 2023 ? Bam ! Trump décrète que les droits de douanes de tous les produits brésiliens s’élèveront désormais à 50%.
Marine Le Pen et le Rassemblement National sont à nouveau accusés de détournement de fonds pour une somme de plusieurs millions d’euros ? Boum ! Trump se fend d’un communiqué qui parle de « chasse aux sorcières » et tweete (en majuscules !) : « LIBÉREZ MARINE LE PEN ! ». Quelqu’un peut-il lui signaler qu’elle n’est malheureusement pas encore en prison ? Et je n’ai encore rien dit de l’Iran, de Gaza ou de la Cour Pénale Internationale.

Il y a quelque chose de pathétique à voir le Vieux Monde se noyer ou brûler un peu plus chaque jour sous le poids de ses propres excès (cette semaine encore, les inondations meurtrières au Texas et l’incendie monstre aux portes de Marseille) pendant que le bloc bourgeois (qui regroupe désormais sans la moindre honte la droite libérale et l’extrême-droite) sombre dans le déni et continue imperturbablement à suivre le même cap mortifère – en refusant obstinément toutes les bifurcations éco-responsables que l’actualité, la science et la raison proposeraient à ses choix.
En France, le bloc bourgeois (Macronistes, libéraux et extrême-droite) vient ainsi de voter la bien nommée « loi Duplomb », entièrement mise au service de l’industrie agro-alimentaire la plus polluante : réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles et cancérigènes, méga-bassines à gogo, usage facilité des pesticides et levée des restrictions à l’agrandissement des « usines à viande ». Au détriment bien sûr de tout ce qui est agriculture « bio » et « familiale ».
C’est-à-dire exactement l’inverse de ce qu’il conviendrait de faire pour préserver, à la fois, la nature, le climat et notre santé. Il y a vraiment des jours où je rêverais d’enfermer tous ces toxiques dans une grande cave en compagnie d’un essaim d’abeilles – en les laissant soigner leurs cloques au vinaigre de DDT avant de se nourrir avec le jus de leurs propres excréments.
Mais en attendant, leur merde, c’est nous qui la bouffons – et ce sont les abeilles et les alouettes qui tombent comme des mouches.

Trump a donc fait des « petits » un peu partout dans le monde. En Belgique, son clone a pris le visage altier de Georges-Louis Bouchez. Oui, je sais, cela devient lassant de parler en permanence de ce sinistre personnage. On est d’accord : il n’en vaut pas la peine. Mais se taire quand il commet ses multiples forfaits, ce serait en quelque sorte les cautionner – et il ne peut pas non plus en être question.
L’énergumène en question vient en effet de nommer sa femme à la tête de l’ONE, en même temps qu’il se nommait lui-même vice-président du circuit de Spa-Francorchamps. Deux mandats discrets rémunérés à hauteur de 42.439 et 40.000 euros par an (en plus évidemment de tous ses autres mandats rétribués).
Un exemple flagrant du népotisme le plus éhonté, celui que Mr Bouchez dénonçait régulièrement chez ses adversaires politiques… quand il était dans l’opposition. Pour « justifier » aujourd’hui cette nomination, il mentionne incidemment que sa femme, Lucie Demaret, « est maman ». Comme 110.197 autres mères qui partagent chaque année en Belgique cette ébouriffante expertise. Reste donc à expliquer pourquoi c’est elle, et pas les 110.197 autres, qui a été nommée à ce poste ?

Le sénateur communiste Fabien Gay est le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les aides publiques aux entreprises françaises. Car il a fallu une « commission d’enquête » pour enfin connaître ce fameux chiffre. En 2023, ces aides se montaient à … 211 milliards d’euros, sans aucun contrôle ni contreparties. Soit près de cinq fois le budget hexagonal du chômage ! Comme quoi, la notion « d’assistés » est très relative – et la bataille des chiffres et des mots fait aussi partie de la lutte de classes.

Le député de droite Olivier Marleix (LR) appartenait à cette espèce typiquement franco-française, et pourtant devenue assez rare en France : le « gaulliste ». S’il me fallait définir l’animal, j’évoquerais un certain patriotisme entrepreneurial (« produire français »), l’ambition d’un État-stratège fort intervenant directement dans la sphère socio-économique, et le « non alignement » de la politique étrangère  (1). J’utilise l’imparfait, car on a retrouvé Olivier Marleix pendu chez lui le week-end passé. Il s’agirait d’un « suicide ». Mais il n’a pas laissé de message pour expliquer « son geste », et il n’était pas connu pour être « dépressif ». Il était au contraire en train de mettre la dernière main au livre qui devait paraître à l’automne chez Robert Laffont (sur « la dissolution française » ou « la fin du marconisme »).

Marleix avait notamment été inteviewé dans ce livre.

Olivier Marleix était en effet un adversaire résolu d’Emmanuel Macron. En 2014, alors que Macron n’était encore que Ministre de L’Économie, Marleix avait été jusqu’à parler de « pacte de corruption » pour évoquer les conditions de la vente de la firme française Alstom à la firme américaine General Electric (turbines nucléaires incluses). Elle privait, il est vrai, la France d’un de ses plus beaux fleurons industriels. Pour son travail de député dans la Commission Parlementaire qui avait décortiqué ce sujet, il avait d’ailleurs reçu en 2020 un prix de l’Association « Anticor » (pour « Anti-Corruption »).
Selon Jean-Luc Mélenchon (2), il s’apprêtait en outre à co-signer avec un·e Insoumis·e une proposition de loi visant à nationaliser Arcelor-Mittal – le dernier grand groupe industriel à encore produire de l’acier en France. À défaut, en cas de fermeture d’Arcelor-Mittal, la France devrait importer tout son acier – ce qui la mettrait évidemment en situation de dépendance vis-à-vis de tous ses fournisseurs.

La psyché humaine est une chose étrange, et les causes réelles d’un « suicide » sont souvent obscures. Il reste à espérer que cette mort n’ouvre pas, en France, un cycle où les opposants politiques et les parlementaires curieux seraient régulièrement victimes « d’accidents » – comme c’est déjà souvent le cas en Russie et dans certains pays d’Amérique Latine. Car il y a un mois, Éric Denécé, un ex-espion français proche de l’extrême-droite, et qui avait également mis son nez dans le dossier Alstom, a été retrouvé « suicidé » au fusil de chasse dans sa voiture. C’est contagieux, docteur ?
On a certes raison de se méfier des élucubrations « complotistes » des « rézozozios ». Mais il ne faudrait pas pour autant sous-estimer les « vrais » crimes politiques et maffieux – déguisés en chutes de météores, en occlusion intestinale, en noyade dans 50 cm d’eau (3) … ou en pendaison hasardeuse.

Claude Semal, Le 11 juillet 2025

(1) de Villepin peut être apparenté à cette « famille » gaulliste. Le reste de la droite dite « libérale » est plutôt liée au capital financier international, milite pour le désengagement de l’état dans tous les domaines (sauf l’armée, et encore !) et est soit « européaniste » (pro Europe), soit « atlantiste » (pro USA).
(2) « Moment Politique » du 10/07/2025.
(3) allusion au « suicide » assez mystérieux du Ministre Robert Boulin dans un étang peu profond.