
03 septembre 2025
UNE ÉTOILE AU MONT DES OLIVIERS par Raquel Gigot (sur FB)
Cette photo a été prise au Mont des Oliviers, en août 1995. J’étais en tournée avec ORION en Palestine. On voit Jérusalem au loin. Nous avons joué à Jérusalem, à Bethléem, à Ramallah, dans d’autres lieux dont je ne me souviens plus du nom. Notre premier concert, c’était à Gaza. Oui à Gaza.
Il m’est insupportable d’y penser. Nous avons été bien reçus. Une des organisatrice nous racontait que avant elle habitait ailleurs, et qu’elle est venue à Gaza car les colons avaient rasé sa maison. Elle racontait cela comme une fatalité. Je ne comprenais pas. J’ai vu là des enfant dont le regard était marqué d’un traumatisme. Qu’avaient-ils dû voir déjà si jeunes ? Je me suis dit que quand on a rasé ta maison, qu’on a chassé tes parents de chez eux, ben il y a des chances que tu deviennes un révolté, un terroriste…
Notre guide, Caroline était adorable. Nous avons visité les lieux saints quand nous avions du temps libre. Je me souviens que Caroline et notre chauffeur ne pouvaient jamais y entrer. J’insistais gentiment en sous estimant que le gardien était armé de kalashnikof. On devait transporter tous les instruments à certains postes de contrôle israéliens et les charger dans un autre véhicule sous les ordres de militaires armés jusqu’aux dents. Lors des festivals je pensais à chez nous, tous les gobelets en plastique ( à l’époque ) au sol, les mecs bourrés qui urinent dans les coins,… et je comparais à la décence de ces gens. Â Bethleem nous étions les derniers à jouer avec Orion. En plein milieu d’un morceau, le courant est coupé. Je pensais à une panne de courant. Non nous a t on dit d’un ton soumis, la ville est contrôlée par les israéliens et ils ont décidé de couper au milieu du morceau pour nous saboter la fin du festival. En voyant tout cela, je constatais et je pensais que ce conflit ne s’arrêterait jamais. Nous avons été aussi dans les quartiers juifs et nous avons parlé avec des gens qui nous disaient souhaiter la paix. Certains nous ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec ce que les palestiniens devaient subir…
Avant de partir pour cette tournée, j’avais peur et je téléphonais au WBI (Wallonie-Bruxelles International, ceux qui nous ont proposé la tournée) car dans le journal je pouvais lire presque chaque jour qu’une bombe éclatait dans un bus. Ils me rassuraient en me disant qu’on ne nous ferait pas prendre de risque… Le WBI ne nous a envoyé que cette fois là en tournée. Et pourtant cela s’est bien passé. J’aurais aimé qu’ils nous proposent aussi une autre tournée dans des lieux plus sûrs !!! Je suis contente d’y être allée, d’avoir rencontré plein de gens accueillants, un public respectueux. C’est quand on y est que l’on se rend compte vraiment de la situation politique dans la rue. C’est assez incroyable. Quand je suis revenue en Belgique, j’ai acheté l’huile d’olive palestinienne chez Oxfam.
Il paraît que pour pouvoir l’exporter ils doivent ruser avec l’emballage sinon tout est confisqué à la frontière. Cela ne m’a pas étonné. Quand je pense à cette famille qui nous a accueillis nous faisant découvrir le café à la cardamome après un repas de roi, les gens de l’hôtel où nous dormions, les restaurants où nous avons mangé, tous ces gens que nous avons rencontrés… ils sont peut-être morts, et dans quelles circonstances ? Peut être en allant chercher les vivres qu’on leur apportait? Peut-être certains sont ils blessés. Je n’arrive pas à y penser sans une rage, une tristesse. Tout est rasé , démoli là-bas où j’ai été. Et dire qu’on réduit les budgets de la culture, des pensions (!) et de tout d’ailleurs pour acheter des avions capables de… il faut que je poste ce mot vite, et puis que je vaque à mes activités que sont la musique et mon jardin.
Raquel Gigot (sur FB)
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