LE CHIEN par Pascale Fonteneau

Le chien serait notre meilleur ami. Admettons. Curieuse amitié toutefois, sachant que sur un coup de tête, cet ami-là peut s’oublier dans la cuisine, massacrer notre fauteuil favori, déchiqueter le tapis persan et le paillasson. Ce que ne feraient jamais Monique et Bernard, nos autres meilleurs amis. À l’inverse, ces deux-là finiront par se lasser de nous entendre raconter mille fois la même histoire. Pas le chien. Sans nous interrompre et sans tenter de rivaliser avec des histoires plus extravagantes, il nous apportera chaleur et réconfort. Contre une poignée de croquettes et une sortie au parc, sa fidélité sera même exemplaire. Sa compassion aussi. Au point de hurler en notre absence. Voire de se laisser mourir au cas où on partirait les premiers. Sidérés par tant d’abnégation, certains observent avec une pointe d’amertume « qu’il ne leur manque que la parole ». Certes. À condition d’être prêt à entendre leurs plaintes, leurs angoisses et les revendications de leurs représentants. Probable qu’on regrettera alors nos rituelles conversations avec Monique et Bernard.

par Pascale Fonteneau

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