10 décembre 2025
CARNAGE AU CPAS par Bernadette Schaeck
Elle a fait “un carnage” au CPAS, me dit-elle. Aïe Ouille ! Ca me tracasse… “Un carnage” ?
Elle s’est solidement énervée, a bougé quelques chaises, a dit haut et fort qu’elle ne sortirait pas de là sans avoir enfin une réponse.
Une réponse à quoi ? Au fait que depuis 3 mois, elle est sans revenus, parce que le CPAS n’a pas prolongé son RI, sans raison sauf qu’elle n’a plus d’AS titulaire et que personne d’autre ne traite son dossier. Un “carnage” ?
Surtout, elle n’a touché personne, me dit-elle. Elle ne le voulait pas.
Le CPAS a appelé la police. Au CPAS d’A., c’est fréquent. La police n’a pas dressé de PV.
Elle n’a pas mis les menottes. Elle n’a pas “prié” la personne de sortir.
Elle a insisté auprès du service d’accueil, pour que la personne soit reçue.
Et la personne a été reçue.
Ce n’est pas la première fois que “grâce” à l’intervention de la police, une personne est enfin reçue par un AS dans ce CPAS.
Il se dit que plusieurs CPAS investissent dans un service de sécurité en prévision des “énervements” prévisibles de la part des chômeurs en fin de droit.
Perso, je ne cautionnerai jamais la violence physique à l’égard de travailleurs du CPAS.
Mais p….., la violence institutionnelle, celle-là doit être combattue avec la plus grande énergie ! Sans y mettre de gants !
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Van Bossuyt démission ! Elle est la Ministre N-VA de l’Intégration sociale.
C’est elle qui a porté au sein du gouvernement les décisions de compensations financières aux CPAS suite à la limitation à deux ans maximum des allocations de chômage (AC) et à un an maximum des allocations d’insertion (AI).
C’est elle qui négocie avec les Fédérations de CPAS dans les différentes réunions et « task force ».
C’est pourtant lors d’un webinaire public organisé le 2 décembre par le SPP Intégration sociale que les CPAS ont appris que le remboursement à 100% du revenu d’intégration ne concernera que les exclus des AC (allocations de chômage) et pas les exclus des AI (allocations d’insertion).
Ils ont aussi appris que le remboursement à 100% ne s’appliquerait qu’aux chômeurs en fin de droit eux-mêmes, et pas aux cohabitants qui seront impactés (voir par exemple la situation que je décris ci-dessous : un chômeur chef de famille vivant avec son fils majeur. Le remboursement à 100% ne concernera que le père et pas le fils).
Les CPAS ont appris cette nouvelle par la responsable du service juridique du SPP IS et pas par la Ministre elle-même, qui a introduit la séance par un court laïus dans lequel elle n’a fait que répéter ce qu’elle répète en boucle depuis de longs mois, sans jamais donner aucun détail.
Dans un communiqué du 4 décembre, l’UVCW (Union des Villes et Communes de Wallonie) confirme que c’est à la date du webinaire que les Fédérations de CPAS ont pris connaissance de cette mesure qui impactera énormément les finances des CPAS.
Et, évidemment, les usagers et les travailleurs.
Le communiqué conclut par ces mots : “Les Fédérations de CPAS souhaiteraient une explication de la Ministre”.
Il me semble que c’est de démission qu’il faudrait parler plutôt que d’une simple explication… On est en droit de se poser la question de savoir si le “chaos” à venir n’est pas préparé en toute conscience par le gouvernement et sa mal nommée ministre de l’Intégration sociale.
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Exclusion du chômage : Appauvrissement brutal et contrôle total.
Il sera en fin de droit au 1er janvier 2026.
Il bénéficie du taux chef de ménage minimum : 1.773,98 par mois.
Il vit avec son fils étudiant qui travaille en job étudiant pour un salaire mensuel moyen de 700 euros.
Il aura droit, au mieux, au RI taux cohabitant complet : 876,13
Son fils aura droit, au mieux, à un RI cohabitant moins son salaire étudiant dont sont déduites deux immunisations (390,52, immunisation partielle des revenus professionnels plus 12,92, immunisation forfaitaire sur tout revenu), soit 876,13 moins 472,69 = 403,44
A condition que le CPAS accepte qu’il poursuive ses études
Et ça, vu son âge et le type d’études poursuivies, ce n’est pas gagné d’avance.
Ressources avant exclusion du droit aux AC : 1.773,98 plus 700 (salaire fils)= 2473,98
Ressources après exclusion : 876,13 + 403,44 + 700 = 1979,57
Perte mensuelle : 494,41
Pour obtenir cela, il doit fournir les extraits de compte complets des 3 derniers mois et remplir un formulaire ultra détaillé de ses charges et dépenses (ce qui n’est pourtant pas une condition d’octroi du RI).
La situation serait bien pire encore si le salaire de son fils n’était pas celui d’un job étudiant mais d’un travail à temps partiel : la totalité du salaire serait alors prise en compte sans immunisation partielle des revenus professionnels de 390,52.
Le salaire serait déduit totalement du montant du RI cohabitant du fils.
Et la situation sera bien pire encore quand le gouvernement aura publié l’arrêté de prise en compte des revenus des cohabitants (ce qui sera peut-être fait pour le 1er janvier 2026).
[ J’espère ne pas m’être trompée dans les calculs – je déteste les calculs ]
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On aurait pu espérer que les CPAS n’en rajoutent pas une couche en exigeant les extraits de compte des 3 derniers mois aux chômeurs en fin de droit qui introduisent leur demande de RI. Malheureusement, certains n’ont pas cette décence-là.
Ils me dégoutent.
Après les extraits de compte, visites à domicile à l’improviste ?
Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
www.adadasbl.be


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