LARGUÉS par Gwen Breës

Pourquoi ressusciter des idées qu’on sait mauvaises, puisqu’on a déjà pu constater par la pratique qu’elles le sont ? Pourquoi le Royaume-Uni, la Belgique, et d’autres sans doute dans la foulée, veulent-ils relancer les largages humanitaires à Gaza – alors que les organisations humanitaires le déconseillent fermement ?
Un largage aérien transporte très peu de nourriture comparé à un convoi humanitaire terrestre, dont les coûts sont par ailleurs bien moindres. Or il y a déjà, autour de Gaza, des tonnes de nourriture prêtes à entrer par camion : pourquoi ne pas les laisser entrer ? Aucun largage n’assure que l’aide atteindra ceux qui en ont le plus besoin, dans des zones accessibles et sûres. Les convois humanitaires, eux, le peuvent : pourquoi ne pas laisser travailler les organisations humanitaires ?

Un largage aérien peut provoquer des ruées incontrôlables, ce qui expose les civils à des colis tombant violemment, à des mouvements de foule ou à des tirs, comme cela s’est produit l’an dernier à Gaza. À l’inverse, les convois encadrés par des ONG, avec des points de distribution multiples, évitent ces risques : pourquoi s’en priver ?
Pourquoi ajouter une solution dangereuse et inefficace à une situation déjà désastreuse ?
Parce que le largage aérien est un moyen spectaculaire de se donner bonne conscience tout en ménageant l’opinion publique ? Parce que Londres et Bruxelles préfèrent larguer de la farine que de pousser Israël à mettre fin aux causes du problème ?

Les solutions sont parfaitement connues : rouvrir les points de passage, lever le blocus illégal, revenir au système de distribution d’avant la “Gaza Humanitarian Foundation”…
Il n’est tout de même plus besoin de démontrer que cette famine est une création humaine ! Elle sert des objectifs d’anéantissement et d’annexion : éliminer quotidiennement des civils dans les files d’attente, propager la terreur, affaiblir physiquement la population, la contrôler et la déplacer, pour ensuite l’entasser dans des camps et organiser sa déportation “volontaire”. Le largage aérien ne mettra pas fin à la famine. Il contribuera, par contre, à mener à son terme le processus d’épuration ethnique. C’est ça l’optique du gouvernement belge, Maxime Prévot ?

Gwen Breës, le 26 juillet 2025 (sur sa page FB et dans l’Asympto, avec l’aimable autorisation de l’auteur)

EDIT 30 juillet 2025 :

« Malheureusement, c’est la pire humiliation qu’on est en train de vivre : c’est comme des morceaux de viande lancés à des chiens dans une cage. Des millions d’euros sont dépensés pour déployer des avions, avec, au préalable, une autorisation de l’armée d’occupation pour survoler Gaza, qui larguent quelques palettes qui valent la cargaison d’une poignée de camions. Alors qu’on peut faire entrer l’aide humanitaire d’une façon digne par la voie terrestre pour que tout le monde soit servi.
Les Israéliens veulent montrer au monde l’image de largages avec une population affamée qui court après pour avoir à manger, comme des chiens. L’aide humanitaire doit passer par la voie terrestre et que tout le monde soit servi d’une façon digne. »
Rami Abou Jamous, journaliste palestinien à Gaza, aujourd’hui, dans un chat avec des lecteurs du Monde.
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