DOUBLAGE DANS LES TOURNANTS interview de David Macaluso par Claude Semal

L’industrie du doublage occupe aujourd’hui près de 500 intermittents du spectacle à Bruxelles : des comédiens et des comédiennes, des Directeurices Artistiques (qu’on appelle familièrement DA), des « adaptateurs » des textes et des ingés son. Auxquels  il faut ajouter les permanents des 8-9 structures de prod qui contrôlent chez nous l’ensemble du marché du doublage.

J’écoute religieusement le metteur en scène pendant que David me souffle des réponses à l’oreille.

Bien qu’elles organisent régulièrement des « castings » pour découvrir de nouvelles voix, c’est un milieu relativement fermé, dans lequel on pénètre le plus souvent par cooptation. Mais pour ceux et celles qui se sont spécialisé·es dans ce domaine, c’est parfois devenu leur principal secteur d’activité. Bienvenue chez ces travailleureuses de l’ombre qui vivent dans la bouche des stars, mais fabriquent aussi pour vous les curieuses voix polymorphes des personnages de dessins animés.

Cerise sur le gâteau : les contrats d’emploi et les barèmes du secteur sont aujourd’hui régis par une « convention d’entreprise » arrachée après trois semaines de grève à Bruxelles en 2008. David Macaluso était l’un des porte-parole du mouvement. Dans le train qui nous ramenait du tournage de la série « Eldorado » en France, où nous avons sympathisé sur le plateau, j’ai joint l’utile à l’agréable, en l’interviewant pour « l’Asympto » sur ce secteur artistique très particulier.

Claude : Le travail du doublage est depuis plusieurs années ta principale activité artistique. Quels sont les supports sur lesquels vous travaillez ? Les « grands » films américains, les « séries », les films d’entreprise … ?

David : Un peu de tout. Les États-Unis produisent beaucoup de choses, mais il y a aussi des films italiens, anglais… tout le cinéma asiatique… les dessins animés japonais… En Belgique, je crois qu’on fait tout ce qui n’est pas « le haut du panier », que les Français se gardent généralement pour eux. Ce sont des films en 35 mm, mais sans grandes vedettes, ou avec des distributions réduites. On n’aura pas « Star Wars » ou « Mission Impossible » : cela reste le « pré carré » des sociétés de doublage françaises, dont les structures à Bruxelles sont souvent des filiales.

Claude : Ce doublage est destiné à l’ensemble du marché francophone, ou seulement au marché « belge » ?

David : Non, non, à l’ensemble du marché. On fait très peu de films uniquement pour le marché belge ; le but, c’est de les diffuser d’abord en France et dans les autres pays francophones

Claude : Je sais que nous faisons souvent de grands efforts pour masquer nos « accents » régionaux, mais comment cette question a-t-elle été abordée ? Je sais que les Québécois, par exemple, ont un rapport à la langue tellement particulier que cela « s’entend » dès qu’ils ouvrent la bouche.

David : Oui, ils ont souvent une industrie du doublage spécifique pour chez eux. Ce n’est pas seulement « l’accent », qu’ils peuvent comme nous largement faire disparaitre, mais ce sont des expressions spécifiques au Québec, et auxquelles ils tiennent. Les Simpson, par exemple, ont leur propre doublage « local ». Ceci dit les « problèmes d’accent », je fais les guillemets avec les doigts, tendent à disparaitre, parce que les accents eux-mêmes disparaissent progressivement. Il y a une uniformisation dans la façon de parler le français. Nous avons nous-mêmes, en Belgique, une culture très « française »…

Claude : … Sans compter qu’il y a déjà près de 80.000 Français qui habitent à Bruxelles… et qui travaillent souvent dans le secteur culturel !

David : … C’est vrai, ils nous envahissent (rires). Par contre, il y a aussi des expressions « belges » qui sont progressivement passées en France, sans qu’ils s’en rendent je crois vraiment compte. Et, ça, j’en suis ravi (sourire).

Claude : Par exemple ?

David : Il y a trente ans, quand on donnait quelque chose en France en disant « s’il-vous-plaît », on se faisait tout de suite repérer : « Ah!, vous êtes belge, vous ! ». En France, on disait plutôt « voici…! » ou « voilà…! ».
L’autre jour, je tombe sur un « sil-vous-plaît » dans un texte, je demande : « Tiens, l’adaptateur est belge » ? , on me répond « Non, non, il est Français, on a toujours dit comme ça en France » (rire de Claude). Autre exemple, le mot « entièreté », qui est un « belgicisme », et que les Français disent à présent tout le temps. On les grignote tout doucement par la marge, sans qu’ils s’en rendent vraiment compte (rires).

Claude : Tu parlais tout-à-l’heure des « directeurs artistiques ». Quelle est leur fonction dans le travail de doublage ?

David : C’est un vrai travail de mise en scène, même si on ne « voit » pas les corps. Il faut préciser les intentions, les émotions, les situations, les enjeux. Même si on n’entend que la voix, cela engage aussi le reste du corps. Le DA résume aussi l’histoire, parce que, comme on travaille rarement dans l’ordre, il faut pouvoir imaginer la trajectoire générale du personnage. C’est généralement aussi le DA qui fait le « casting », la distribution des rôles, et choisit les autres comédiens.
Il y a bien une boîte en France qui a essayé de travailler sans directeur artistique, pour des questions évidentes de pognon, pour supprimer un poste, mais cela a été l’enfer. Totalement contre-productif. Tu as des comédiens qui n’étaient jamais contents de ce qu’ils faisaient, et ça prenait un temps de dingue ; d’autres qui se contentaient d’un première prise ; et au final, le doublage général n’avait plus aucune cohérence interne.

Claude : Tu disais que la France gardait la main sur les grosses productions. Comment est-ce que cela se passe, avec les « stars » ? Est-ce qu’il y a une « fidélisation » de l’acteur qui les double, ou est-ce qu’ils changent de « voix » à chaque film ?

David : Dans la série culte « Amicalement Vôtre », Tony Curtis était doublé par Michel Roux, et il insistait pour que ce soit toujours le cas. Il se trouvait « meilleur » doublé en français que ce qu’il faisait lui-même en anglais ! Benny Hill, aussi, qui avait beaucoup admiré le travail de Roger Carel, ne voulait pas en changer. Mais en général, ce n’est pas le cas.
Quand les comédiens « doubleurs » ont fait grève en France en 1994, et ils espéraient gagner la solidarité des « stars » qu’ils doublaient. Mais elles s’en foutent, en fait. Pour elles, le marché français, c’est « peanuts ».
Bruce Willis, qui avait pourtant une voix très reconnaissable, a été doublé par un autre acteur dans « Le Cinquième Élément ». C’était un choix du DA. C’est très bien aussi, mais ce n’est pas la même voix. Et dans « Friends », dans les deux dernières saisons, ils ont changé trois comédiens sur six ! Il n’y a aucun contrat d’exclusivité.

Claude : Depuis quand ce secteur s’est-il développé en Belgique ?

David : Le « doublage » est né en même temps que le cinéma parlant. Mais son implantation à Bruxelles date des années ’80. Le beau-frère de Daniel Dury, qui est aujourd’hui décédé, était un grand directeur de plateau parisien. Au cours d’un dîner de famille, Daniel Dury, qui venait de Herve et avait un petit accent liégeois, a fait le pari de le faire chez nous, genre « Tiens-moi ma bière, tu vas voir ! ». Et presque comme un pari familial, il a commencé à faire du doublage en Belgique, en allant chercher des clients. Notamment… des films pornos ! Et puis il a créé une boîte de doublage, MAD, qui a convaincu des clients de plus en plus importants. Et Daniel Dury a été « directeur de plateau » jusqu’à la fin de sa vie.
Et puis, en 1994, il y a eu une grève du secteur du doublage en France, car ils ne touchaient pas de droits pour la diffusion. Ta voix était diffusée, rediffusée, et tu ne touchais plus rien là-dessus. Ils ont fait un mois de grève, et pour ne pas devoir payer des dédits aux diffuseurs avec qui elles avaient des contrats, les boîtes de prod ont commencé à doubler en dehors de Paris. La légende noire contre la Belgique dit que tous les doublages ont été faits ici. Ce n’est pas tout à fait vrai…

Claude : Les « jaunes », quoi… (1).

David : C’est ça. On aurait été les « jaunes » des Français. Bon, la communication ne fonctionnait pas comme aujourd’hui. Tu n’avais pas de réseaux sociaux. Les médias ignorent souvent les grève sectorielles. Les gens ont accepté le boulot qu’on leur proposait, sans même savoir que c’était suite à une grève en France. Et puis de « vrais jaunes » français sont venus enregistrer en Belgique pour se cacher des grévistes parisiens, qui contrôlaient aussi les studios.

Claude : il faut aussi dire qu’avec la CGT « spectacle », en France, il y a une forte syndicalisation dans le milieu du cinéma.

David : Tout à fait, avec Jimmy Schuman, qui est toujours là d’ailleurs. La grève a porté ses fruits, avec une avancée sociale énorme, mais cela a laissé des cicatrices à Paris, et la France nous en veut un peu, parce que le doublage a commencé à se professionnaliser à Bruxelles à partir de ce moment-là. Entre ’94 et ’96, des boîtes de doublage se sont ouvertes en Belgique, qui étaient souvent, en fait, des succursales de boîtes parisiennes. Plus des boîtes « belgo-belges », comme « Made in Europe ».

Claude : Ta compagne, Marielle Ostrowski, et toi, vous travaillez tous les deux dans le doublage, mais vous avez commencé à travailler dans le secteur en France, puisque vous avez vécu une dizaine d’années à Paris…

David : Oui, c’est ça, jusqu’en 2002. On se connaît depuis l’école maternelle, à Dour, puis on s’est perdus de vue, et là, on était à l’école parisienne d’Alice Dona, qui préparait aux métiers de la chanson, chant, composition, danse, mais où nous avions aussi des cours de théâtre. Ils avait un partenariat avec « Les Enfants Terribles », une école de théâtre privée parisienne. Mais avant cela, on avait aussi tous les deux fait « humanités musicale et arts de la parole » à l’Académie de Mons. Des cours généraux le matin, et puis des activités artistiques l’après-midi et le soir.

Claude : Quand vous revenez en Belgique en 2002, vous travaillez donc tout de suite dans le secteur du doublage, et si j’ai bien compris, vous montez une section syndicale avec la FGTB-spectacle ?

David : Non, non, la section existait déjà. Marielle et moi, on travaillait comme Directeur de plateau. À partir de 2005, on a commencé à travailler régulièrement sur support numérique, et cela a accéléré tous les processus de fabrication. Il n’y avait plus les changements de bobine, et tout ça. Comme on travaillait deux ou trois fois plus vite, un film qui se faisait en cinq jours se faisait en deux jours. Comme on travaillait au forfait « temps », on perdait donc trois jours de travail. Et cela a commencé à râler dans tous les studios. Un comédien sympa, dont je ne citerai pas le nom, est arrivé un jour avec une heure de retard sur une cession de quatre heures : « Écoute », a-t-il dit à Marielle, « Puisque j’ai perdu un quart de mon pouvoir d’achat, je vais travailler un quart de moins ». Marielle lui a répondu : « Tu ne peux pas me faire ça, tu me pièges. Par contre, si tu veux qu’on réagisse collectivement, voyons-nous ». Cela a démarré comme ça. On a fait des réunions à 10, 20, 30, 50, 200. Puis des gens on amené l’idée d’un syndicat, pour avoir un outil de négociation et de pression. Marielle Ostrowski, Frédéric Meaux et moi, on a été élus comme représentants de ces assemblées. Comme on était tous les trois Directeurs de Plateaux, on jouait déjà, de par nos métiers, un rôle d’interface entre la prod et les autres intermittents, et une assemblée de 200 personnes nous a élus comme représentants. En collaboration avec Nathalie Stas, qui était déjà déléguée syndicale.
Et puis Alexandre Von Sivers et Nicola Donato sont venus à nos réunions, et nous ont aidé à rendre ça plus formel.
Et tous ensemble, on a travaillé à une convention collective de travail « d’entreprise », ce qui était le plus simple, car dans le doublage, on dépend de deux commissions paritaires différentes (la 303 et la 227, Cinéma et Audio-visuel). Bon, c’est un peu de la cuisine interne, mais les boîtes sont classées dans l’une ou l’autre en fonction de leur activité principale.
Pour chaque article de la convention, pour chaque poste, on a voté en Assemblée Générale les prix qu’on allait demander aux patrons, les conditions de travail, etc… jusqu’à finaliser un texte cohérent que nous avons voté à la majorité.
Et puis nous avons été trouver les employeurs. Cela a été très très mal reçu, parce qu’ils nous ont accusé de vouloir trop, de vouloir les couler, etc.. Il y a vraiment très peu de sociétés qui ont prix cela sereinement, comme des négociations « normales » entre un employeur et des employés.

Claude : Tu peux nous donner quelques indications de montants ?

David : Oui, bien sûr. Pour 4 heures de doublage, avant, on était payé 100 euros bruts, sans limitation de « lignage », 149 sur « facture », parce qu’à l’époque, on parlait en « facture ». D’abord, on a voulu renégocier en parlant du « brut » (pour éviter toutes les différences générées par la multiplications des Bureaux Sociaux pour Artistes : ASBL, Smart et Cie). Dans la nouvelle convention, on a demandé une augmentation de 20% (120 bruts) et une limitation du nombre de lignes à interpréter par service (+- 100 lignes par personne par service de 4 heures et +- 200 lignes pour l’ensemble des comédiens par service de 4 heures, ce qui était la moyenne pour travailler dans de bonnes conditions avec un produit final artistiquement satisfaisant). Avant, tu avais des personnes qui pouvaient faire 400 lignes « à la volée », sans prendre le temps de regarder la version originale, en lisant simplement le texte qui apparaissait à l’écran, pour 100 euros bruts. Artistiquement, le résultat est évidemment toujours catastrophique, parce que tu vas à l’essentiel de la phrase, sans aucun contexte émotionnel. Il y a des boîtes qui n’avaient aucun scrupule à livrer de la merde au public. Avec notre « système », tu pouvais toujours faire des lectures à vue de 400 lignes en enregistrant « à la volée », mais avec la convention, ils devaient quand même payer 4 services de 4 heures au comédien. Quitte à la payer, ils préfèrent les prester. Ce qui a permis une avancée artistique.

Claude : Et qu’avez-vous fait pour que cette convention soit signée ? Car comme tu le disais, ils n’ont pas fait des bonds de joies en découvrant vos revendications !

David : Non, cela a été dur. D’abord, on a négocié pendant longtemps ; au début, ils ne voulaient pas du tout entendre parler du « lignage ». Et puis, à un moment, ils ont joué « la montre » et le pourrissement. Ils ne sont pas venus à certains rendez-vous, ils ont mis dans le coup une avocate qui ne connaissait absolument rien au secteur, etc… Ils prétendaient vouloir amener quelqu’un dans la discussion « qui n’avait pas d’affect ». Le problème, c’est qu’elle ne connaissait rien au métier non plus. On a fait un rapport de ces « négociations » à l’Assemblée Générale, et face à ces divers blocages, on a voté le principe de la grève. On a fait grève pendant trois semaines, et au but de trois semaines, les boîtes ont commencé à signer la convention. Elle a été signée en 2008, et aucune boîte n’a été obligée de fermer depuis. Comme quoi, nos propositions tenaient la route.

Claude : C’était suivi par tout le monde ? Vous étiez combien à faire grève ?

David : J’ai une très bonne mémoire, je pourrais même donner les noms des gens qui n’ont pas fait grève (rire de Claude), nous étions 300, et entre dix et quinze personnes n’ont pas fait grève. Ce qui est dingue, c’est que c’est exactement le même pourcentage de « non-grévistes » que lors de la grève du doublage en France en ’94. C’est con, parce que s’ils avaient fait grève avec nous, tout aurait été terminé en quelques jours. Là, comme des gens continuaient à enregistrer, ils ont pu parer aux urgences, mais cela n’a fait que retarder les échéances. Et ces dix/quinze personnes, soit elles étaient déjà directeurices de plateau, soit elles le sont devenues. Ce sont elles qui sont le plus directement liées à des rapports de subordinations avec les employeurs, qui leur délèguent l’organisation des projets et des cessions d’enregistrements. Un comédien gréviste devait le signaler au « directeur artistique », souvent lui-même un ancien collègue, un pote avec qui tu as joué au théâtre. Alors que les directeurices de plateau devait signaler leur statut de « gréviste » directement à l’employeur. C’est évidemment plus difficile et plus frontal. Parmi les non-grévistes, il y avait aussi beaucoup de gens qui n’avaient pas mis leur billes ailleurs, dans l’enseignement ou le théâtre, et dont les revenus dépendaient donc totalement de l’activité de doublage. Et cela les faisait flipper. Ce n’est donc pas seulement une attitude idéologique ou politique : cela dépend aussi des conditions concrètes de vie des gens. Un non-gréviste, ce n’est donc pas nécessairement « un ennemi » ou « un traître » : c’est parfois simplement quelqu’un qui ne peut pas faire autrement.
La grève a atteint finalement son but, tout le monde a signé la convention d’entreprise, mais Marielle, Frédéric moi l’avons ensuite payé au prix fort – puisque nous n’avons plus été engagés pour de nouveaux projets pendants trois ans, ni comme directeur artistique, ni comme comédien. D’autres comédiens et comédiennes grévistes ont aussi été « blacklistés » par la suite, notamment les plus jeunes. Moi, j’ai eu de la chance, parce que j’avais passé un casting juste avant la grève, et Pierre Bodson a insisté pour que je sois engagé parce que je correspondais vraiment bien au rôle. Mais c’est vrai, participer activement à un mouvement social, cela a souvent un prix : mieux vaut le savoir avant de commencer. Cela dit, cela joue aussi dans les deux sens. Beaucoup d’autres te sont aussi reconnaissant de t’être impliqué dans l’action.
La solidarité aussi, c’est parfois contagieux. Sur un autre projet pour lequel j’avais été préalablement engagé, le patron de la boîte est venu expliquer que, « vu les tensions actuelles », il ne voulait plus travailler avec moi. L’acteur principal a alors déclaré que dans ces conditions, lui n’enregistrerait plus non plus. Et le patron a fini par céder.
Alexandre Von Sivers a toujours été engagé dans l’action syndicale, et il n’a jamais arrêté de travaillé. Il est unanimement respecté dans le milieu théâtral, aussi bien par ses collègues que par les directions des théâtres. Il le doit bien sûr d’abord à son talent, mais aussi à sa serviabilité et à sa disponibilité pour toujours donner des infos et des conseils aux collègues qui en ont besoin.

propos recueillis par Claude Semal entre l’aéroport de Melun et Bruxelles ;-).

(1) On appelle “jaunes” des travailleurs embauchés par les patrons pour remplacer les grévistes, et tenter ainsi de briser un mouvement de grève.

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