JE VOUS ACCUSE … ! par Rudy Demotte (sur FB)

JE VOUS ACCUSE D’AFFAMER DES ENFANTS. VOUS, GOUVERNEMENT D’ISRAËL. ET VOUS TOUS, QUI LAISSEZ FAIRE. Alors oui, je vous accuse. Gouvernement d’Israël, je vous accuse de crimes dont l’ampleur morale égale l’horreur méthodique. Je vous accuse d’avoir choisi la famine comme arme de guerre. D’avoir transformé un territoire en piège à ciel ouvert. D’avoir fait d’un peuple enfermé un peuple affamé.
Je vous accuse d’avoir brisé, puis méthodiquement effacé les fondements mêmes de la morale militaire dont vous continuez pourtant de vous prévaloir, comme d’un mirage devenu cynisme. Je vous accuse d’avoir violé, de façon systématique et froide, le droit international humanitaire, en vous livrant à ce que des centaines d’ONG qualifient aujourd’hui de « famine de masse » – une famine imposée, entravée, instrumentalisée.
La bande de Gaza est aujourd’hui un territoire de la faim. Ce n’est pas une métaphore. C’est un fait. Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, déclarait le 22 juillet :
« Un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente. »
Et cette phrase, qu’aucune démocratie ne devrait jamais mériter d’entendre :
« La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes. »
Plus de 21 enfants, de bébés, sont morts de faim en trois jours, selon les services de santé de Gaza. Plus d’un millier de personnes ont péri, abattues par des soldats de Tsahal ou piétinées dans les files d’attente de l’aide alimentaire. Des mères offrant leurs dernières miettes à des nourrissons trop faibles pour pleurer. Des cadavres d’enfants emmaillotés, les joues creuses, les yeux fermés trop tôt.

Et pendant ce temps, dans les rues de Tel-Aviv ou de Jérusalem, quelques trop rares manifestants israéliens brandissent des sacs de farine comme pour dire : « C’est fait en notre nom. » « La famine est un crime de guerre. » Un geste simple pour rappeler que l’on ensevelit pas l’humanité sous les gravats, ni ne cache un crime de guerre dans la totale indifférence.
Je vous accuse d’avoir méthodiquement détruit les infrastructures vitales : hôpitaux, écoles, réseaux d’eau potable – sous prétexte de combattants cachés dans les sous-sols. Vous avez dévoyé les principes de la dissuasion pour en faire une politique de représailles collectives. Vous avez fait sauter les digues. Vous avez donné licence de tuer à tout commandant local. Vous avez renoncé à cette prétendue éthique guerrière que vous nommiez autrefois « pureté des armes ». Aujourd’hui, le général Yehouda Vach peut proclamer sans trembler : « Il n’y a pas de civils innocents à Gaza. » Et vous le nommez commandant de division.
Je vous accuse d’avoir inversé l’échelle des valeurs. Vous prétendez défendre la civilisation ? Vous affamez et tuez des enfants. Vous avez effacé la frontière entre le terrorisme et sa riposte, entre la légitime défense et la logique de l’anéantissement. Vous avez réduit la morale à un calcul algorithmique. L’intelligence artificielle que vous déployez ne reconnaît plus les visages : elle optimise les destructions. Elle déshumanise. Vous déshumanisez.

À Beit Lahya, un immeuble abritant 200 personnes a été pulvérisé pour un guetteur aperçu sur le toit. Bilan : 100 morts. Et un silence dans les ruines. Et dans le monde. Un silence plus puissant que cette détonation.
Je vous accuse d’empêcher les journalistes d’accéder à la zone. De censurer les images. De faire taire les témoins. Vous recouvrez les miroirs. L’AFP elle-même alerte sur le sort de ses correspondants : affamés, encerclés, bombardés. Mais vous préférez qu’on ne sache pas. Parce que vous savez.
Je vous accuse de répondre à la faim par le mépris, la haine – et de rêver, à l’instar de la folle idée de Trump, à une riviera sur les ruines. Le 22 juillet, à la Knesset, certains membres de votre coalition, dont le ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont présenté un « plan » pour Gaza : repeuplement par 1,2 million de colons, implantation de zones industrielles et de complexes touristiques. Votre pouvoir n’a même plus honte : Gaza doit être vidée de ses habitants, puis reconstruite pour d’autres. Ce n’est plus une guerre. C’est un projet de dépossession meurtrière.

Et vous. Et nous. Puissances occidentales. Que je n’exempte pas. Je vous accuse aussi – de ne pas avoir tracé cette ligne rouge qu’on trace pourtant si vite ailleurs. Le roi des Belges l’a dit, ce 21 juillet : « C’est une honte pour l’humanité. »
Moi, je dis que c’est une infamie innommable qui nous engage tous. Car dans cette famine infligée, il y a une logique plus vaste : celle du monde que vous préparez, où l’on punit par la privation, où l’on gouverne par l’humiliation, où l’on affame pour faire taire. Et si nous ne disons pas non, et surtout, si nous n’agissons pas, alors nous consentons. Je vous accuse. Et je vous vois.
Mieux : je vous regarde. Avec les yeux des enfants gazaouis que vous avez laissés mourir de faim. Ou abattus par vos snipers alors qu’ils tendaient une gamelle dans des files d’attente. Ce n’est plus l’heure des nuances. Ce n’est plus le temps des équilibres diplomatiques. Un gouvernement affame et tue un peuple. Il le fait sciemment. Sous les caméras. Et il recommence. Encore et encore. Alors, que reste-t-il à dire, sinon ceci : Personne ne peut prétendre ne pas savoir. C’est une éradication.
Et le mot génocide est convoqué. Aujourd’hui par la morale. Demain devant la justice. Et nous, ici et maintenant, nous en sommes les témoins indignés. Mais passifs. Notre conscience juge. Et si nous n’agissons pas, nous en sommes les complices.

Rudy Demotte (sur sa page FB)

2 Comments
  • Philippe Malarme
    Posted at 20:21h, 27 juillet

    Comment tout un peuple peut-il glisser tout doucement dans l’horreur, abandonnant tout sens moral par petites touches successives, obsédé par une guerre coloniale sans issue ? Les Israéliens se réveilleront-ils un jour de ce cauchemar qui ne peut se terminer que par la recherche d’une paix juste ?

  • Michel JEHAES
    Posted at 16:55h, 26 juillet

    Bravo Monsieur Demotte
    d’appeler un chat, un chat;
    un génocide, un génocide,
    un crime de guerre, un crime de guerre, etc…
    Michel Jehaes, Ransart

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