KRISTIEN POTTIE : ART, TTIP ET ÉLECTROSENSIBILITÉ par Sif Sifiane (sur FB)

(Mes Héroïnes – Épisode 1 : Kristien Pottie).

Kristien est de ces amies qu’on ne voit plus assez, mais qui restent présentes comme une évidence. Aujourd’hui, elle vit loin de la Capitale, non pas par choix de confort, mais parce que son corps ne supporte plus l’invasion invisible des ondes. Elle fait partie de ces personnes dites électrosensibles, contraintes de se retirer dans des zones blanches, là où le signal faiblit et où la nature reprend ses droits.
Mais cet exil forcé, Kristien en a fait un projet de vie. Elle vit en communauté, avec des valeurs simples et puissantes : le partage, l’économie de moyens, un potager en permaculture qui nourrit et rassemble.
Loin des projecteurs, elle continue d’incarner cette force tranquille que j’ai toujours admirée : la capacité de transformer une contrainte en chemin de vie, de rester debout, digne, engagée, là où beaucoup se seraient résignés.
Artiste, documentariste, militante contre le TTIP et le CETA, elle a toujours mis son talent au service du bien commun. Aujourd’hui, elle porte aussi la voix de celles et ceux que notre société oublie, celles et ceux qui doivent se battre pour simplement vivre dans un environnement qui ne les blesse pas.

Kristien, tu es une héroïne parce que tu ne t’es jamais contentée de subir : tu as choisi de créer, d’agir et de partager, même loin, même autrement. Kris, est une actrice et créatrice polyglotte — théâtre, cinéma, vidéos, animations — Kristien Pottie instille toujours un engagement profond dans son travail. Son documentaire CETA, un coup d’État silencieux ? est bien plus qu’un film : c’est une vigie contre les accords de libre-échange nocifs — CETA, TTIP — ceux-là mêmes dénoncés par Greenpeace pour leur potentiel destructeur sur notre environnement, nos normes sociales et notre droit à réguler. Même si le surnom « Miss TTIP » n’est pas officiellement attesté, il résume bien l’esprit de sa démarche : anthropologue artistique du monde contemporain, elle capte ce qui menace nos démocraties, sans jamais céder à la simplification.
Ceux qui l’ont vue combattre le CETA dans des festivals, des cercles citoyens, savent qu’elle n’est pas seulement une voix — elle est un pont entre le terrain politique et le registre symbolique. Elle incarne ce que la création engagée doit être : un outil de conscientisation, un appel à la vigilance, une lucidité partagée. Merci, Kristien, d’être cette passeuse d’espoir, qui transforme le doute en éveil, et la dénonciation en mise en mouvement.

Kristien Pottie n’est pas seulement une artiste engagée contre le TTIP ou le CETA : elle vit au cœur d’un combat souvent ignoré, celui des personnes électrosensibles. Sur sa page, elle évoque cette réalité douloureuse : être contraint de fuir les zones saturées d’ondes, se réfugier dans des espaces prétendument « vierges » pour pouvoir vivre. Cette lutte résonne ici avec un héritage citoyen profond — elle transfigure ses convictions en une résistance concrète à une forme d’invisibilité sociale que porteurs du syndrome d’hypersensibilité électromagnétique connaissent trop bien.
Le terme médical recouvrant cette réalité est l’électrosensibilité ou hypersensibilité électromagnétique (EHS). Les personnes concernées souffrent de maux inexpliqués et tenaces — maux de tête, brûlures cutanées, insomnies, troubles cognitifs, anxiété — qu’elles attribuent à l’exposition aux ondes électromagnétiques bien en deçà des seuils réglementaires.
Ces symptômes, bien que réels, ne bénéficient pas d’un consensus scientifique sur le lien de causalité : l’OMS et des agences sanitaires considèrent ce malaise comme « intolérance environnementale idiopathique », sans validation biomédicale formelle.
Pourtant, cette réalité n’est pas marginale : des estimations évoquent jusqu’à 5 % de la population française concernée, avec des taux similaires dans plusieurs pays européens — ce qui représente des centaines de milliers de personnes potentiellement fragilisées. Certains pays, comme la Suède ou certains États américains, reconnaissent l’EHS comme un handicap fonctionnel, ouvrant des droits spécifiques, aides et aménagements.

En Belgique, en 2011, une résolution parlementaire portée par des députées écologistes a appelé à reconnaître officiellement l’électrosensibilité comme maladie, ou handicap ; à créer des zones sans Wi-Fi ni DECT, notamment dans les lieux publics ; à former les professionnels de santé ; et à appliquer le principe de précaution .
De leur côté, des professionnels de santé réunis dans l’Hippocrates Electrosmog Appeal alertent aujourd’hui encore sur les effets invisibles mais bien présents des radiations sans fil — évoquant maux physiques, épuisement cognitif, troubles cardiaques — et demandent des mesures de protection, en particulier pour les enfants HEA.
Mais tout reste fragmentaire. Les médias restent largement silencieux ou sceptiques sur le sujet. Les personnes électrosensibles sont souvent perçues comme suspectes, leurs souffrances niées ou réduites à l’effet nocebo, alors même que des témoignages poignants circulent sur des forums et plateformes où chacun exprime un sentiment très réel d’isolement — vivant loin de toute antenne, devant renoncer à une vie normale, se heurter à l’incompréhension familiale, médicale ou sociale.

Kristien, en témoignante, en passeuse, en lanceuse d’alerte, donne visage et âme à ce combat. Elle rappelle que l’art ne se limite pas à dire : il est aussi un moyen de rendre visible l’invisible, de rendre audible une voix étouffée. En valorisant ce combat sur sa page, elle appelle à sortir de la repli individuel, à construire des solidarités pour que vivre dans la cité ne devienne pas impossible parce que trop “connectée”.
On t’aime Krisje, tu sais ! Il est impossible de t’oublier.

Sif Sifiane (sur FB)

La pétition des victimes des ondes électro-magnétiques : https://empvictims.org/signataires-de-lappel-0/?

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