
27 août 2025
LA SOLIDARITÉ SANCTIONNÉE par Bernadette Schaeck
Violence sociale à l’état pur. À l’état brut.
Il a hébergé pendant quelques semaines une amie atteinte d’une maladie grave, pendant sa convalescence. Il ne s’en est pas caché. Il a été surveillé par le CPAS qui lui accorde le RIS au taux isolé. Ils ont eu beau tous deux prouver qu’ils ont chacun leur logement, un bail, des charges, dont ils s’acquittent régulièrement. La décision est tombée : pour toute la période d’hébergement, le RIS passera pour lui du taux isolé au taux cohabitant.
J’espère que le CPAS ne préviendra pas sa mutuelle à elle pour qu’on diminue son taux d’isolée à cohabitante. Mais tant qu’à faire, pourquoi pas ?
Reste seule dans ton coin, toi qui es pauvre et atteinte d’un cancer.
Continue à être obligée de choisir entre te soigner ou manger.
Continue à attendre les huissiers qui débarqueront à la demande de l’hôpital auquel tu n’a pas pu payer toutes les factures. Surtout ne rencontre aucune solidarité humaine, qui est de toute façon suspecte. Les pauvres se mangent entre eux, c’est bien connu ! Laisse-là seule chez elle, toi qui es pauvre et bénéficie du RIS.
Laisse-là déprimer ou mourir à petit feu, dans la plus grande solitude.
Et toi, qui es tellement déprimé et dépité de vivre cela. Des idées noires ? Des idées de suicide ? Ils t’ont poussé à bout ? Je n’oserais même pas dire ce que j’en déduis en terme de cynisme de la part de certaines institutions…
Aujourd’hui, j’ai la haine vissée au corps. C’est pas beau, la haine ?
La haine des politiques antisociales et destructrices de vies humaines, si.
Je la pense aujourd’hui salutaire, et même qu’elle va m’empêcher à moi aussi de déprimer pour de bon…
Demain, sans doute, je rédigerai à nouveau un courrier bien poli, bien correct mais ferme, à Mr le Président, Mme la Directrice générale , copie à Machin et Bazar de l’administration, avec l’assurance de ma meilleure voire parfaite considération, etc… Aujourd’hui, je leur crache ma haine à la face (ça reste poli !).
X X X X X
” Tu t’éveilles plus fatigué que la veille “. Il est engagé dans un contrat « article 60 ».
Imposé, mais auquel il ne s’est pas opposé. Rocambolesque, ce à quoi il a dû se soumettre auparavant pour “mériter” ce contrat imposé. Ne pas en dire trop pour qu’il ne soit pas reconnaissable… Il m’écrit : ” Je t’avoue que quelque part je me sens libéré de ne plus dépendre, du moins pendant deux ans, du bon vouloir, de l’incapacité, de la mauvaise foi ou volonté d’un/une des 10-12 assistants/assistantes sociales que j’ai eu ces dernières années pendant lesquelles j’ai dépendu de l’institution CPAS . Toutes ces situations de retard de paiement, complètement indépendantes de ma volonté, de surcroît avec des enfants à charge, sont un stress que je ne souhaite à personne de vivre. Ces situations sont extrêmement énergivores, à tel point que chaque jour, tu t’éveilles plus fatigué que la veille….., et tu te sens lessivé , sans énergie aucune“.
Bon vent à lui ! J’espère que le paiement de son salaire en article 60 sera payé à temps chaque mois… C’est généralement le cas.
Bernadette Schaeck (de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux)
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