PETITES NOUVELLES DU FRONT DES CPAS par Bernadette Schaeck

(Ré)apprendre à se lever tôt ? Voire tout simplement apprendre ! à ceux qui ne l’auraient jamais fait dans leur vie (même pas pour aller à l’école). Je lis les réactions de personnes outrées des propos tenus en ce sens par Adrien Dolimont, président MR du gouvernement wallon. A juste titre !
Mais sérieux, ne savez-vous pas, ou bien ne voulez-vous pas savoir, que c’est un discours récurrent depuis très longtemps, pas seulement au MR, mais aussi dans d’autres partis.
Dans les CPAS et au Forem. Dans certains organismes de formation professionnelle.
Dans les injonctions faites aux usagers des CPAS, par exemple via les PIIS (Projets individualisés d’intégration sociale). Ne savez-vous pas que c’est la base de formations imposées par pas mal de CPAS aux personnes dites “les plus éloignées de l’emploi” : leur apprendre à se lever tôt, la ponctualité, parfois même texto la propreté, à “bien se présenter”. On leur serine cela pendant des semaines voire des mois. On les infantilise.
On les “responsabilise” c’est-à-dire qu’on les rend responsable de leur situation de chômage et/ou de pauvreté. Au bout du compte, suite à ces “(dé)formations”, quelques-uns méritent, s’ils semblent avoir bien appris à se conformer aux injonctions de ponctualité, d’avoir un contrat en article 60, à durée déterminée, très faiblement rémunérés, jusqu’à ce qu’ils soient jetés au chômage. Il suffit de mettre ton réveil pour trouver un emploi ?
(Macron n’y avait pas pensé : pour lui, il suffisait de traverser la rue)

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Encore un CPAS bruxellois qui exige une attestation de fin d’aide du CPAS précédent. CPAS précédent qui ne la délivre pas. Il ne répond pas aux mails. Sur place, on répond au bénéficiaire que le dossier est toujours actif, c’est-à-dire, je suppose, qu’aucune décision de retrait n’a encore été prise par le Comité. Pas d’attestation de fin d’aide, pas de décision d’octroi par le nouveau CPAS. Pire, une décision de refus pour ne pas dépasser les délais d’examen d’une nouvelle demande et “être en ordre” avec le service d’inspection. Galère. Impossibilité de payer le loyer du nouveau logement. Impossibilité de faire face aux charges, aux charges de la rentrée scolaire, de se nourrir.
C’est pire encore quand il s’agit du CPAS d’Anderlecht : une personne qui n’a pas perçu le RI depuis des mois déménage. Le nouveau CPAS exige une attestation de fin d’aide qu’elle n’obtiendra pas, parce qu’il n’y a pas eu de décision de retrait, et qu’il n’y a pas d’AS titulaire depuis des mois. Il est pourtant évident, d’après la Banque carrefour, qu’il n’y a pas de paiement depuis des mois. Pourquoi exiger une attestation papier qui n’arrive(ra) pas ? Pourquoi ne pas contacter le CPAS précédent directement, sans rendre responsable l’usager de la situation ?
Pourquoi ne pas respecter la procédure en matière de compétence territoriale ?
Voilà le genre de situations qu’il nous faut traiter en permanence.
Que d’appréhensions (c’est peu dire) à propos de la situation à partir de 2026 et la fin de droits de milliers de chômeurs !

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Fini le bon vieux temps où les chômeurs pouvaient ne pas se présenter à sept (!) convocations du Forem sans être sanctionnés ?!? Dixit PY Jeholet, Ministre de l’Emploi MR au gouvernement wallon dans une interview dans Le Soir du 30/08 : ” Ah, quand on pouvait ne pas venir après sept convocations au Forem ! ” Les sanctions suite aux non-présences aux. convocations sont pourtant très (trop !) nombreuses. Elles font partie de celles qui sont infligées au nom de la ” disponibilité passive” (lien en premier commentaire), qui sont plus importantes en nombre que les sanctions infligées au nom de la “disponibilité active” (plan d’activation du comportement de recherche active d’emploi de 2004 plus généralement connu comme plan de contrôle des chômeurs). Ce genre déclarations mensongères s’inscrit bien évidemment dans la campagne générale de discrédit des allocataires sociaux qui justifie les restrictions en cours, dont la réforme du chômage.

PY Jeholet est (parait-il) un “libéral convaincu”…

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Un médecin agréé par un CPAS a-t-il tous les droits ? Un CPAS peut agréer un médecin pour vérifier l’inaptitude au travail d’un usager. Le médecin agréé est le plus souvent un généraliste. Aucun critère n’est fixé par la loi pour le choix de ce médecin. Aucune procédure de contre-expertise n’est non plus prévue par la loi.
En une consultation, un médecin qui ne connait pas la personne, peut décréter qu’elle est apte à travailler, et même à suivre une formation, en opposition aux certificats d’incapacité établis par les médecins généralistes et spécialistes qui la soignent, parfois de longue date. Une aberration de plus dans cette loi DIS concernant le droit à l’intégration sociale.
Dans aucun autre régime d’aide sociale ou de sécurité sociale, pareil arbitraire n’est heureusement permis.

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Elle a perçu le RI (Revenu d’Insertion) pour la dernière fois en février. Elle n’a plus d’AS (Assistant·e Social·e) titulaire. Le CPAS ne lui donne pas le nom d’une remplaçante.
Chaque semaine, elle se rend sur place. On ne prend aucune initiative pour lui attribuer un ou une AS. On lui dit d’attendre. Attendre quoi, au juste ? D’être expulsée de son logement ?
De recevoir de nouveaux rappels des fournisseurs d’énergie ?
De ne plus savoir se soigner ? Que les huissiers débarquent chez elle ?
Un courrier vient de partir au CPAS. Un recours en référé au Tribunal du travail sera envisagé. Du quotidien ! Quand des centaines voire milliers de chômeurs en fin de droit s’adresseront à ce CPAS, le délai passera-t-il de 6 mois à un an ?

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Victime flagrante d’une grave injustice de la part d’un CPAS bruxellois !
Le RI (revenu d’intégration) lui a été retiré suite à deux visites à domicile à l’improviste.
Qui a entraîné le fait qu’il se retrouve sans abri depuis mai.
Non pas à cause d’une procédure en expulsion, mais parce que, de lui-même, il a décidé de quitter le logement après deux mois de non-paiement de loyer.
Pour ne pas mettre la propriétaire en difficulté, sachant qu’elle n’est pas elle-même une grande privilégiée, qu’elle a besoin du loyer pour vivre et payer le prêt hypothécaire du logement, et sachant qu’elle avait accepté de lui louer l’appartement alors qu’il dépendait du CPAS et n’avait pas de garant. Ce qui est extrêmement difficile à trouver !
Il n’a pas voulu la mettre en difficulté financière, et a voulu éviter qu’elle soit contrainte d’entamer une procédure en expulsion. Il nous avait contactés alors que le délai pour introduire un recours au Tribunal du travail était dépassé depuis quelques jours. Nous avons quand même tenté le coup de demander qu’il soit entendu par le Conseil.
Le CPAS a d’abord refusé. Il a ensuite accepté. Et a fixé à une date très lointaine, plusieurs semaines. Il a ensuite, à la toute dernière minute, modifié la date de l’audition, la fixant deux semaines plus tôt que prévu initialement. Du coup, ce que nous avions mis en place pour qu’il soit accompagné en audition n’est pas possible. Il y sera donc seul (contre tous?). Solidarité totale avec lui contre la violence institutionnelle !

Bernadette Schaeck (de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux)

NB. J’ai décidé de publier ceci plutôt que continuer de pleurer. Je ne sais pas si ça va marcher. Ce n’est pas le plus important… ;-).

Un peu de nostalgie. Dommage que nous n’ayons plus la possibilité de l’utiliser
C’était chouette pour des actions et des permanences itinérantes !
Attention : l’adresse mail a changé contact@adasasbl.be

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