RÉFORME DU CEB ET DU CE1d : VOMIR À 11 ANS POUR « RÉUSSIR » par Xavier Toussaint (sur Facebook)

La machine à broyer nos enfants est en marche. L’annonce de la ministre Valérie Glatigny hier au JT de relever le seuil de réussite aux épreuves externes m’a totalement plongé dans une grande tristesse et un profond sentiment de colère.
Elle prétend que rehausser le seuil de réussite aux épreuves réhabilitera le sens de l’effort et le sens du travail. Mais dans quel monde cette dame vit-elle pour ne pas savoir qu’un résultat scolaire est très peu corrélé à une question d’effort ou de mérite? Nous avons toutes et tous dans nos classes des élèves qui travaillent intensément, dans des contextes personnels et sociaux parfois tellement durs, pour arriver à obtenir péniblement 50% des points.
D’autres, qui ont été favorisés par les gènes ou par la cigogne qui les a fait grandir dans un milieu porteur au niveau social ou culturel, qui réussissent à l’école sans réellement se fouler.

Certes, il existe toujours des fainéants, des tricheurs, ou des démotivés qui en font moins que nécessaire, mais généraliser l’équation échec = manque de travail est un raccourci qui s’assimile à une faute quand on sait où en est notre jeunesse en terme de santé mentale, d’estime d’elle-même, de confiance dans l’avenir.
A-t-elle seulement vu ces élèves avant le CEB ou le CE1d qui ne dorment pas, vomissent, pleurent, tant la pression est forte sur leurs épaules? On parle d’enfants de 11-12-13-14 ans.
Ce qui est urgent, c’est savoir comment améliorer l’acquisition des compétences, comment faire pour qu’un maximum d’enfants et d’élèves s’émancipent grâce à l’école. Changer les seuils de réussite n’y changera rien.
La solution prônée par la ministre va casser des destins, détruire des personnalités en construction, sélectionner, trier, reléguer, responsabiliser individuellement des enfants qui échouent dans un système lui-même largement perfectible. Pour rappel, seuls 36% des élèves ont obtenu 50% dans les quatre branches du CE1d en 2024.

Que va-t-on faire de tous les autres? La majorité? Les autres 64% sont-ils donc tous des glandeurs?
Les chômeurs n’ont qu’à traverser la rue, les malades n’ont qu’à retourner au travail, les élèves n’ont qu’à faire plus d’efforts…
La violence institutionnelle se généralise. Contre celle-ci, un large front doit impérativement se regrouper, faire face, et proposer un autre chemin.

Xavier Toussaint (sur Facebook)

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