16 juillet 2025

SEMAL, DEPUIS QUARANTE ANS… par Pierre Duculot (sur FB)

“Music-Hall” (1989)/ Photo Dany Willems

Claude Semal, indispensable trublion de la chanson, des scènes, du cinéma, de la presse belge, prépare son 13e album. J’ai eu la chance d’en découvrir quelques chansons lors d’un concert à Ohey l’été dernier: il s’annonce clairement aussi important que les 12 précédents. Claude Semal, c’est une carrière de 40 et quelques années, qui nous offre une une véritable radioscopie des spasmes de notre pays petit, avec des Chansons comme “Sémira”, “Les petites filles”, “Noble B.”, “la façade” ou bien entendu “Les convoyeurs attendent”. Dans n’importe quel autre pays, il serait déjà élevé au rang de poète national et des écoles primaires (ou des tunnels) porteraient son nom. Mais bon, chez nous, le sport national est de dénigrer les gens que le monde nous envie: on pourrait appeler cela le syndrome Frères Dardenne/Justine Henin.
Donc, Claude Semal n’est pas devenu une star. Sa première compilation s’appelait “Mes plus grands succès d’estime”, c’est dire si il en est conscient. Mais ce n’était sans doute pas son but: j’ai plutôt l’impression qu’il est d’abord motivé par l’idée d’aller à la rencontre des gens, et, tout en donnant du plaisir, de susciter la réflexion, de partager ses indignations….
Ca n’a l’air de rien, mais depuis l’adolescence, la trajectoire et les colères de Claude Semal m’ont accompagné. Ado instruit pas des enseignants soixante-huitards, je lisais “Pour”, ce journal alternatif que l’extrême-droite a brûlé. A l’unif, nous avions été secoués et emballés par l’explosif “Ode à ma douche”, spectacle pêchu avec chanteur dans le plus simple appareil. Un peu plus tard, régisseur-jobiste-étudiant au Théâtre de la Place, j’ai travaillé sur un “Opéra de quat’ sous” dans lequel il était Mackie. C’est une de ses chansons, le déchirant “Dormir au chaud”, qui a inspiré mon premier court métrage, qui porte ce titre, ce qui me permit quelques années de me croire cinéaste, et de le recroiser sur le tournage de “La raison du plus faible”, de Lucas Belvaux, qui l’emmena sur les marches cannoises! C’est sans doute l’artiste que j’ai le plus vu en scène, jusqu’au Théâtre des Doms à Avignon (et je me souviens encore de la tête ahurie et hilare de l’amie française que j’y avais amenée pour découvrir “Cabaretje”). La dernière fois, c’était à Ohey, à deux pas de chez moi. Pour la première fois, il chantait dans une église. sans doute que le petit Jésus n’a pas aimé d’être contraint d’accepter un tel mécréant (écoutez “Nom de Dieu”!) dans la maison de son papa. Semal a glissé de la salle et nous a gratifiés d’une cascade improbable qui se termina sur les genoux des spectateurs du premier rang, par la faute d’un éclairage qui l’aveuglait. Comme qui, vaut mieux ne pas toujours trop chercher la lumière dans les églises. Quoi que salement entaillé, il a fini le spectacle!
Donc, pour produire ce 13e album, Claude Semal lance une souscription. Comme la plupart de ses potes sont des travailleurs du socio-culturel, il propose de participer pour des montants très raisonnables (C’est détaillé ci-après) et on aura au moins un CD en retour. Alors, les quelques sous que vous destiniez à mon prochain cadeau d’anniversaire, gardez-les pour lui. Moi, j’ai déjà tout: un mixer, un aspirateur, beaucoup de livres, et je n’ai pas besoin d’un lave-vaisselle ou d’un sèche-linge. Par contre, j’ai besoin de savoir qu’un artiste que je respecte infiniment peut continuer à travailler dans des conditions dignes. Et vous, vous aurez un beau CD.

Pierre Duculot (sur FB)

MON TREIZIÈME ALBUM (PRÉVENTES ET SOUSCRIPTION) par Claude Semal