UN BOULANGER DANS LE PÉTRIN ? par Bernadette Schaeck

Que celles et ceux qui se servent aujourd’hui de mon compte Facebook pour cracher leur haine des chômeurs aillent voir ailleurs ! Il n’y a pas de place ici pour ça. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. Déjà plusieurs sont bloqués et beaucoup de commentaires supprimés.

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Le « patrimoine faramineux » des chômeurs ! La fin de droits aux allocations de chômage et le fait de devoir faire une demande au CPAS, pour celui-ci qui avait posté un commentaire sur mon post, ça servira à ceci : « Ca éliminera les chômeurs de longue durée ayant des patrimoines (immobiliers et boursiers) de plusieurs centaines de milliers/ millions d’€ qui vivront de leurs rentes.
Plusieurs centaines de millions d’euros ! Mazette ! Quand je lui demande s’il en connait beaucoup, il me répond : ” millionnaires, non, mais juste en-dessous, oui.” Entre des centaines de millions et juste en-dessous d’un million, il y a tout de même une fameuse différence. C’est le genre de commentaires que j’ai supprimé et le genre de personnes que j’ai bloquées hier.
Ceci dit, s’il est un constat que nous devons faire, c’est qu’au-delà de la bêtise de certains, nos gouvernants ont bien réussi à fourrer dans la tête de très nombreuses personnes « qu’il y a beaucoup d’abus ». Que la lutte contre les abus est une priorité pour préserver leurs propres droits (réserver l’aide à ceux qui en ont vraiment besoin). Et qu’au nom de cette priorité, des atteintes graves aux droits sont légitimes et indispensables. Une sacrée victoire idéologique lourde de conséquences

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Le « pauvre boulanger » de Chênée ! Parmi ceux qui se sont déchaînés sur mon post du 1er novembre, une des autres réactions que j’ai supprimées – parce qu’elle était assortie d’autres considérations imbuvables – était celle-ci : « C’est quand même bizarre, les CPAS se préparent à être débordés, mais le pauvre boulanger de Chênée ferme car personne ne veut travailler chez lui ».
J’ai donc essayé de m’informer à propos de ce « pauvre boulanger ». C’est sur RTL du 31 octobre que j’ai trouvé.
Le boulanger ferme son établissement le 2 novembre, notamment à cause de la difficulté de recruter du personnel. « Notamment ».
Il faut écouter plus loin pour savoir que c’est, aussi, à cause du coût des matières premières et de l’énergie. Il faut aussi écouter plus loin pour savoir que le boulanger travaille à deux personnes, et qu’il estime qu’il lui en faudrait cinq.
Il a bien eu un apprenti, qui était au départ très motivé, mais qui s’est rendu compte que c’est dur. Un apprenti. Pas un ouvrier salarié. Aurait-il eu besoin de trois apprentis – très motivés – pour que ça fonctionne ? Quels sont ses critères « pour que ça fonctionne » ? Quelle rentabilité financière exige-t-il de son activité professionnelle pour qu’il estime intéressant ou non de la poursuivre ? Questions. Parce que je ne sais rien de ce boulanger, sauf ce que j’en apprends par RTL. Il arrête après 38 ans de métier. Peut-être est-il fatigué ? Lassé ? Peut-être a-t-il d’autres projets ? Peut-être a-t-il engrangé suffisamment de bénéfices pour se permettre après 38 ans d’arrêter ? Je n’en sais fichtre rien.

Ce que je sais, par contre, c’est le poison que représente ce genre d’émission, à RTL ou ailleurs, qui ne fait que conforter chez beaucoup de personnes la conviction que si tout va mal, c’est à cause de ces fainéants-profiteurs de chômeurs qui ne veulent pas occuper les emplois en pénurie. Boulanger, « emploi en pénurie ». Oui. Dans cette société. Ce serait pourtant tellement chouette qu’il y ait de vrais boulangers, correctement rémunérés, qui feraient du bon pain de qualité, à un prix accessible à tous, fabriqué par des travailleurs volontaires avec de bonnes conditions de travail et des salaires décents.

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Nous rencontrons des situations de détresse inimaginables.
Des personnes qui ne parviennent plus à se nourrir, à se soigner.
Des personnes qui ne parviennent plus à satisfaire les besoins essentiels de leurs enfants.
Des personnes menacées d’expulsion de leur logement.
Des personnes souffrant de graves problèmes de santé mentale causés ou aggravés par une précarité totale.
Des personnes surendettées à cause de l’absence de revenu d’intégration alors qu’elles y ont droit.
Des personnes parfois au bord du suicide.”

J’hésitais ce matin à vous citer cet extrait d’un récent courrier de l’aDAS à tous les Conseillers de l’action sociale du CPAS d’Anderlecht.
Quand je vois, un peu par hasard, la déclaration de Marcela Gori, Conseillère MR au CPAS et Conseillère communale :
On arrive en Belgique en 2014, on s’inscrit directement au CPAS, on envoie chaque année un certificat médical disant qu’on ne peut rien faire, et pendant 11 ans, on touche le ‘win for life’ sans jamais avoir cotisé un seul euro à la sécurité sociale ou aux impôts”
S’il en est qui connaissent le CPAS d’Anderlecht, c’est bien nous. Et c’est aussi bien moi. Depuis 10-15 ans, nous défendons les usagers de ce CPAS.
Ces deux derniers jours encore, j’ai passé le plus clair de mon temps à essayer de défendre les droits de plusieurs usagers.
Des usagères, souvent, des mamans solo, en particulier. Il y aurait beaucoup à écrire et à analyser à ce sujet. Mais ce n’est certainement pas du côté de cette insupportable conseillère MR qu’il faudrait essayer de trouver une solution aux problèmes des usagers du CPAS d’Anderlecht.

Marcela Gori, Bouchez, Ducarme, même combat !
Le win for life, c’est pas plutôt du côté de Reynders qu’il faudrait le chercher, Mme Gori-Connasse ?

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L’Etat nourrit les pauvres à la petite cuillère “. On pourrait en rire. Ca nous ferait du bien, peut-être.
Le problème, c’est que ça vient de Marcela Gori, Vice-Présidente MR du CPAS d’Anderlecht, membre du CSSS (Comité spécial du service social), et aussi Conseillère communale. Depuis sa sortie sur Facebook (extraits),
On arrive en Belgique en 2014, on s’inscrit directement au CPAS, on envoie chaque année un certificat médical disant qu’on ne peut rien faire, et pendant 11 ans, on touche le ‘win for life’ sans jamais avoir cotisé un seul euro à la sécurité sociale ou aux impôts” (…)
” Donner 1.300 euros chaque mois sans contrepartie, sans effort, sans insertion, c’est plus de la justice sociale, c’est de la folie collective”
… elle persiste et signe. Pour elle, les CPAS ne sont pas des ONG qui ont pour vocation de gérer toute la misère du monde (sic).
Pour elle, c’est dingue à quel point on considère que c’est toujours à l’Etat d’agir, de nourrir à la petite cuillère (sic).
Pour elle, ce qu’il faut faire surtout à Anderlecht, c’est recentrer les moyens sur ceux qui en ont réellement besoin, tout en luttant contre la dépendance à long terme (resic). J’en passe et des meilleures.
Dont l’appel à la dénonciation, si pas clairement demandée, en tout cas plutôt bien vue sinon encouragée.
Marcela Gori n’est malheureusement pas la seule à penser comme ça. Mais ce qui me fait froid dans le dos, c’est que ce genre de personnage ait un pouvoir important dans un CPAS. Un usager récemment entendu par le Comité spécial m’a parlé d’une dame qui tenait des drôles de propos à propos de l’insertion. Il n’a pas pris de photo, donc je ne sais pas 😂.
Elle a reçu tous les courriers de l’aDAS à propos de situations individuelles très problématiques dans “son” CPAS.
Ce n’est manifestement pas cela qui la préoccupe. Que pensent et que disent les Conseillers du CPAS d’Anderlecht à ce sujet ?
Peut-on dire n’importe quoi quand on est Vice-présidente d’un CPAS, Conseillère dans un Comité spécial de l’aide sociale, sans qu’il y ait réaction ? Sans devoir rendre des comptes ?

Bernadette Schaeck,

de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux

http://www.adasasbl.be

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