NOUS SOMMES LE 17 AOÛT

Nous sommes le 17 août 2022.

C’est la journée internationale du chat noir. Mais, me direz-vous (si vous lisez Femmes actuelles), les chats ont déjà leur journée mondiale le 8 août ! C’est vrai, mais l’idée, c’est de mettre en avant les chats les plus délaissés, et souvent détestés. En effet, depuis l’Égypte antique, en passant par le moyen âge, les chats noirs ont mauvaise réputation, le noir étant associé au diable et au mal. Compagnon des sorcières et de jeteurs de sorts, le chat noir est, de longue date, assimilé à un esprit malin et malfaisant. On ne croit plus guère de nos jours aux sorcières et à leurs maléfices, pourtant on constate que les chats noirs courent toujours plus de risques d’être abandonnés par leurs propriétaires, qu’ils sont plus fréquemment victimes de violence et que, dans les refuges, ils attendent plus longtemps que leurs congénères avant de trouver une famille d’adoption… C’est pas un peu con, ça ? Alors, disons le bien haut : « BLACK IS BEAUTIFUL », pour les chats aussi !

Une fresque en hommage à Julie-Victoire Daubié

Saviez-vous qu’il y a à peine 159 ans que, pour la première fois en France, une femme accédait au baccalauréat ? C’est en effet le 17 août 1861, sous le règne de Napoléon III, que Julie-Victoire Daubié, une institutrice de 36 ans, militante entêtée des droits de la femme, passe avec succès le baccalauréat. Elle est la première Française dans ce cas.
Devant la difficulté de devenir institutrice en raison du monopole de l’éducation des filles par les congrégations religieuses, elle décide de passer le baccalauréat ès-lettres. On lui refusa l’inscription à Paris, mais grâce à certains appuis, elle fut finalement acceptée à Lyon. Encore plus fort : le ministre de l’Instruction publique refusera, dans un premier temps, de signer le diplôme au prétexte qu’il « ridiculiserait le ministère de l’Instruction publique » !
Il faudra l’intervention de plusieurs personnalités auprès de l’Impératrice Eugénie pour que, sur demande de l’empereur Napoléon III, son diplôme de bachelière soit enfin signé. Dix ans plus tard, elle passait une licence ès-lettres.
Julie-Victoire Daubié est aussi l’autrice de plusieurs ouvrages dont « La Femme Pauvre au XIXe siècle » (1866, réédité par Agnès Thierce, préface de Michelle Perrot, Paris, Côté-femmes, 1992-1993). Ce travail fut salué aussi bien par John Stuart Mill que par Victor Hugo et lui ouvrit sans doute les portes du Journal des économistes et de L’Économiste français.
Elle donnera des conférences remarquées, participera à la création du journal « Le Droit des femmes », en 1869, créera l’« Association pour l’émancipation progressive de la femme », et proposera une série de réformes juridiques détaillées dans son « Manifeste pour la revendication du suffrage des femmes » Texte pionnier dans l’histoire du droit de vote.

Au procès de Neurenberg, assis entre Goering et Von Ribbentrop, Rudol Hess… lit un bouquin.

Tout autre chose, mais alors là, vraiment tout autre chose !
Il y a 33 ans, le 17 août 1987, à Berlin-Ouest mourait Rudolf Hess, le dernier nazi en détention.
Considéré comme le « dauphin d’Hitler », il avait été condamné à Nuremberg à la prison à perpétuité. Ce 17 août, après quarante-six années de détention, il est retrouvé pendu dans une maisonnette de jardin qui lui sert de salle de lecture dans l’enceinte de la prison. Depuis octobre 1966, il restait le dernier et unique prisonnier de la prison de Spandau de 1966 à 1987. La cellule de six mètres carrés qu’il occupait était alors le logement à un seul lit le plus cher du monde, avec un coût journalier de 2 800 marks, entièrement financé par l’Allemagne de l’Ouest. S’est-il pendu de lui-même ou l’a-t-on un peu aidé ? Sa mort aura, en tout cas opportunément mis fin à une gabegie financière extravagante. Rudolf Hess sera d’abord enterré dans un lieu tenu secret avant d’être déplacé dans une concession familiale à Wunsiedel.
Sans doute ne l’a-t-on pas enterré assez profondément puisqu’on constate qu’il repousse. En tout cas, il fait des rejets. Chaque année, autour de sa tombe, les jeunes pousses néo-nazies se font plus nombreuses. En 2011, avec l’accord de sa famille, la tombe est rouverte et ses restes sont exhumés puis incinérés. Ses cendres sont ensuite dispersées en mer et sa tombe détruite. Pas sûr que ça suffise. Cette saleté s’est déjà ressemée un peu partout.

Sempé au Salon du Livre en 2011

Ça n’a vraiment rien à voir, mais c’est quand même un 17 août qu’est né Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, né le 17 août 1932.
Il n’y a pas si longtemps, on pouvait encore le voir au jardin du Luxembourg à Paris shooter dans des marrons tombés au sol.
Devant l’étonnement d’un journaliste qui l’interviewait pour France-Culture, Sempé avait expliqué : « C’est un tic que j’ai, et qui est partagé par beaucoup d’autres. Il m’arrive parfois de faire le tour du Luxembourg avec le même marron. Je le lui fais faire avec beaucoup d’habileté. Je mets de l’effet dans mon petit shoot et le marron fait un arc de cercle, je le retrouve et je repars comme ça. »
On comprend bien, dès lors comment il a pu s’identifier à fond au Petit Nicolas. « Il m’est arrivé de devenir, par moments, raisonnable mais jamais adulte » confiera-t-il.
Né dans une famille où les problèmes d’argent étaient récurrents, Sempé a travaillé très tôt, chez un courtier en vin d’abord, puis très vite en dessinant pour la presse, ne sachant «pas faire autre chose».

Monté à Paris au début des années 1950, il rencontre Chaval, l’un de ses maîtres. Son premier dessin, paraît en 1951 dans Sud Ouest Dimanche. Sans le sou, il court alors les cachets dans tous les canards, Au fil des ans, son style s’épure, s’éloigne de toute actualité et de la caricature. On passe du rire au sourire, du gag à la poésie. Et son dessin réussit ce paradoxe de devenir intemporel tout en saisissant parfaitement l’air du temps. Ses dessins ont été publiés un peu partout : Sud Ouest, Le Moustique , Le Rire, Noir et Blanc, Ici Paris, Paris Match et bien d’autres.
Un jour de 1959, son pote Goscinny lui amène un texte dans lequel un enfant, Nicolas, raconte sa vie, avec ses copains qui portent tous des noms bizarres : Rufus, Alceste, Maixent, Agnan, Clotaire… Le surveillant général était surnommé Le Bouillon. Les aventures du Petit Nicolas démarraient…
Bien avant d’avoir sa journée, le « chat noir » était déjà source d’inspiration et le cabaret montmartrois à son nom est resté célèbre. Le nom d’Aristide Bruant en est indissociable.

André Clette

On écoute Aristide Bruant : « Le chat noir » (avec paroles)
C’est par ici : →

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