C’EST VOUS QUI LE DITES par vous, nous, eux et elles.

Chaque semaine, je regroupe ici en libre lecture quelques unes de vos interventions sur les réseaux sociaux.

UN IMMENSE CIMETIÈRE MARIN par Philippe Mercenier (sur Facebook)

Chaque zone bleue sur cette carte est un cimetière, 68 000 morts ou disparus en Méditerranée en essayant de rejoindre l’Union européenne. Cette carte nous montre comment les mers qui bordent l’Europe sont devenues des mouroirs pour des dizaines de milliers de personnes fuyant la guerre, la dictature ou la misère. Ce « record » ce baromètre de la honte, est la conséquence directe des politiques répressives mises en œuvre dans le cadre des accords sécuritaires passés entre Londres et Paris et de la surdité volontaire que les autorités opposent aux appels incessants des élus et associations à un changement radical dans la gestion du phénomène migratoire à nos frontières.

LE GÉNIAL RÉSUMÉ DE GRÉTA  par Johnny Metteko (sur Facebook)

Pourquoi pensez-vous que tant de pays, de gouvernements dans le monde ignorent simplement ce qui se passe à Gaza?
Greta Thunberg:
A cause du racisme tout simplement, je dirais, et essentiellement la tentative désespérée de défendre un système destructeur et mortel qui met systématiquement le profit économique à court terme et la maximalisation du pouvoir politique au dessus de bien-être des humains et de la planète.

LES BIJOUX DU DÉSHONNEUR par Sylvain Grandserre (sur Twitter)

Rachida Dati choquée qu’on retire la Légion d’honneur à Sarkozy ? Venant d’une ministre elle-même mise en examen pour “corruption passive” et “trafic d’influence passif”, ayant touché 299.000€ de GDF Suez et omis de déclarer 420.000€ de bijoux, on sent la panique !

INDÉPENDANCE DE LA PRESSE ? par Arrêt sur images (sur Twitter)

Peut-on être en couple avec un homme politique de premier plan, cheffe d’entreprise et présentatrice du “20 heures de France 2” ? Réponse à partir de septembre (NDLR : à propos de Léa Salamé).

LE PIRE RESTE À VENIR par Cerveaux non disponibles (sur Twitter)

L’Iran a bombardé ce matin des quartiers de la banlieue de Tel Aviv. Un hôpital à Beersheba aurait également été frappé. Des pratiques qui rappellent l’horreur qu’à fait vivre Netanyahu aux Palestiniens mais qui ne rendra aucune des vies perdues à Gaza. Bien au contraire, Israël va répliquer encore plus fort contre l’Iran et tous les pays arabes de la région qui pourraient lui sembler menaçants… Il n’y a aucune issue positive à une telle escalade.
Et aucune issue possible sans le départ du monstre Netanyahu et la fin de sa politique de colonisation et d’occupation.

MANGER, FRAPPER ! par Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)

Depuis quelques semaines, je donne un coup de main dans un Service d’Accrochage Scolaire. Pas vraiment des révisions. Pas vraiment du rattrapage. Juste du sauvetage, la veille ou l’avant-veille de l’examen. Les gamins qui viennent ici n’ont pas tous eu la vie facile. Y a pas qu’à l’école qu’ils n’ont pas rencontré le plein succès. Mais ceux que j’accompagne sont volontaires. Ils font ce qu’ils peuvent. Malgré un héritage déjà souvent pesant…
Ce matin c’était français. Révision des conjugaisons. Les basiques. Présent, futur et imparfait. On range les verbes. Ceux qui se terminent en ER, IR ou RE. On commence par les plus faciles et je demande à M., 16 ans, de me donner des verbes qui terminent en ER. C’est l’estomac qui parle en premier : Manger !
Puis ça coince. Il n’a dormi que trois heures me dit-il. Il a fait des tours en moto avec son cousin. Il regarde en l’air. Il baille. Je lui demande de réfléchir encore un peu. Il baille encore. Je l’aide un peu : « Pense aux enfants ? Qu’est-ce que tu faisais quand tu étais petit? C’est un petit mot ! » Un sourire illumine son visage. Il a trouvé : « Frapper ! »
Oui M. Mais « Jouer » c’était OK aussi… Ces gamins-là, on les prendrait tous dans les bras.

C’EST CONTRE CA QU’ON SE BAT par Nic Görtz (sur Facebook)

Ma grand-mère disait toujours: “Quand on va trop dans le détail, on perd de vue l’essentiel
Dans le gouvernement Arizona, ce sont peut-être des branquignols pour écrire des textes de loi, mais ils ont un objectif extrêmement clair : celui d’aller prendre de l’argent chez les travailleurs (et dans plusieurs poches) pour donner cet argent aux grandes entreprises, au CEO et à l’industrie de l’armement. Et ils veulent le faire aboutir. Et ils tenteront de passer par les portes, les fenêtres, le toit et les souterrains.
Alors les détails peuvent changer, il peut y avoir des retards, des petits soubresauts, mais le projet idéologique et politique du gouvernement Arizona est celui-là : la classe travailleuse (travailleurs, malades, sans-emploi, travailleurs migrants,…) va payer cher pour financer les grandes entreprises et la guerre.
C’est aussi simple et dramatique que ça. Et c’est contre cela qu’on se bat depuis le début : 13 décembre, 13 janvier, 13 février, 31 mars, 29 avril, 25 juin, 14 octobre et qu’on devra continuer à se battre après. Il y a un clash entre deux modèles de sociétés. Un où les travailleurs travaillent pour vivre. Et un où les travailleurs vivent pour rendre riches les entreprises, participer à l’armement (et faire des enfants qu’on enverra au front).

UN CHEF DE CABINET D’EXTRÊME-DROITE par Gaëtano Boutcher (sur Facebook)

La nomination de Rudy Aernoudt, cofondateur du Parti Populaire classé à l’extrême droite, comme chef de cabinet de Georges-Louis Bouchez, montre clairement le virage du MR vers la droite dure. Ce choix s’inscrit dans une série de recrutements controversés d’anciens membres de partis d’extrême droite, confirmant que le MR n’hésite plus à s’ouvrir à ces courants pour élargir sa base électorale. Les analyses académiques et les réactions internes au parti soulignent l’ampleur de ce tournant, qui rompt avec l’humanisme libéral traditionnel du MR.
La nomination de Rudy Aernoudt, cofondateur d’un parti classé à l’extrême droite, comme chef de cabinet du président du MR, s’inscrit dans une dynamique plus large de droitisation du parti, confirmée par des analyses académiques et des réactions internes et médiatiques. Je félicite Jean-Luc Crucke qui a eu une belle paire de c….. qui a compris ce bazar avant tout le monde en quittant le MR pour Les Engagés. Ma question est: comment les démocrates de ce parti traditionnellement humaniste acceptent cela ? On ne pourra pas dire qu’on savait pas.

Références
Analyse universitaire sur le PP et son positionnement : [ULB – Pascal Delwit, « Le parti populaire (PP) »]
Note d’analyse sur la classification à l’extrême droite du PP : [Aide-mémoire]
Étude sur les droites radicales en Belgique francophone : [ULB – Close & Ognibene]

CE SOCIOPATHE … par Tony Demonte (sur Facebook)

Deux choses à propos de l’interview de Bouchez dans Le Soir :
Pour la première chose, je reviens encore sur le point anecdotique du subside pour l’analyse des terres de jardins.
Bouchez confirme qu’il va supprimer ce subside absurde pour lui. Ce subside, qui ne compense que partiellement le coût de l’analyse, est pourtant hyper important pour les gens qui vivent à l’ombre des friches industrielles wallonnes.
La vérité est que la vision de ce subside de la part de Bouchez est purement idéologique et digne d’une droite la plus extrême : toute aide aux personnes “qui ne sont pas comme lui” lui est devenu insupportable.
Pour preuve, selon les chiffres de 2024, ce subside a été demandé par 480 citoyens et a coûté à la région la somme exorbitante de 24.000 euros. Pour vous situer sur l’enjeu pour la région, ces 24.000€, c’est 5 X moins important que les indemnités de logement que touchent les 8 ministres wallons dont la plupart ne loue pas un second logement à Namur.
La seconde chose à propos de cette interview, c’est le fait que Bouchez se positionne comme s’il était Président de la Wallonie. Il décide et le reste doit suivre…
Que ses ministres se couchent devant lui est déjà problématique en soi. Mais bon, cet asservissement est sans doute une condition indispensable pour obtenir un poste MR dans un gouvernement et c’est leur popote interne dira-t-on.
Mais l’humiliation continuelle que ce sociopathe fait subir aux Engagés devient de plus en plus incompréhensible.
Pour reprendre l’exemple du subside à l’analyse des terrains, Yves Coppieters médecin, infectiologue et ministre de la santé wallon semble ne pas avoir voix au chapitre sur ce qui est tout de même un point de santé publique… Comme disait un autre, le dormeur doit se réveiller !

LA DÉRIVE ALLEMANDE par Jean-Claude Delhez (sur Facebook)

Le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz, multiplie les prises de position discutables en matière de politique étrangère. La dernière en date a eu lieu lors de la réunion du G7 au Canada. Il y a affirmé publiquement qu’Israël avait « le courage de faire le sale boulot pour nous tous ». Il parlait des bombardements israéliens sur l’Iran. Quoi qu’on puisse penser du régime iranien et de l’état d’avancement de son programme nucléaire, il est un fait indiscutable : l’attaque israélienne est une violation du droit international et de la souveraineté d’un Etat. Dès lors, M. Merz, au nom de l’Allemagne, cautionne publiquement ces violations et prend parti dans un conflit, en faveur de l’agresseur. Il laisse entendre que c’était à l’Allemagne (et ses alliés, j’imagine) de bombarder l’Iran et qu’il faut dès lors remercier Israël pour le courage de le faire à sa place. Suite à la prise de paroles de Merz, Téhéran vient de convoquer l’ambassadeur d’Allemagne en Iran.
On se rappellera qu’avant même d’être nommé chancelier, Merz avait consacré l’une de ses premières déclarations publiques à assurer que l’Allemagne n’appliquerait pas le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou. La politique de Merz est donc l’alignement complet sur l’action du gouvernement Netanyahou, quoi qu’il fasse en Iran, à Gaza ou ailleurs, quel que soit le nombre de ses victimes et des pays qu’ils bombarde au Proche-Orient. Ce qui est aussi, par ailleurs, la politique des USA.
Merz, c’est également l’homme du durcissement face à la Russie. Alors que Scholz, son prédécesseur, avait toujours refusé de livrer des missiles Taurus à Kiev, Merz s’est prononcé en faveur du contraire. Réactions négatives à Moscou. Mais réactions négatives aussi à Washington (il y a de l’électronique américaine dans les missiles allemands). Et réactions négatives au sein du partenaire de coalition allemand, le SPD, le parti social-démocrate. Résultat des courses : au bout de plusieurs semaines de tergiversations, l’Allemagne ne livrera pas de missiles Taurus à Kiev.
On peut aussi rappeler que Merz a obtenu des parlementaires allemands le feu vert pour dépasser la limite d’endettement du pays afin d’investir une somme rondelette dans les infrastructures civiles et dans le réarmement de la Bundeswehr. Il entend faire de l’armée allemande la plus puissante d’Europe. Ce qui est une excellente nouvelle pour les marchands de canons américains.
L’Allemagne nous avait déjà gratifié récemment de ses politiciennes va-t-en-guerre, les Baerbock et von der Leyen, voilà maintenant un nouveau faucon décomplexé dans la galaxie belliciste germanique. Pour l’anecdote, on notera que ces adeptes de la pensée néo-conservatrice américaine sont issus des Young global leaders du forum économique de Davos (Annalena Baerbock), de McKinsey (Ursula von der Leyen) et de Blackrock (Friedrich Merz).

LE QUOTIDIEN “LE MONDE” MENT par Jean-Luc Mélenchon (sur Twitter)

Sandrine Cassini du « Monde » ment. Je n’ai jamais, où que ce soit, fait allusion au judaïsme de Jérôme Guedj. Ni de près ni de loin. La « laisse de ses adhésions » dont j’ai parlé est celle de ses adhésions au Parti socialiste en mémoire du moment où il préparait la sortie avec moi puis de sa déclaration après 2022 selon laquelle c’est bien moi qui avait eu raison politiquement. Je n’ai aucun conflit personnel avec Jérôme Guedj. Je suis las de servir de prétexte aux règlements de compte entre socialistes.

LES NOUVEAUX ADORATEURS DU SOUDAN par Philippe Hensmans (sur Facebook)

Dans le fond, il y a quelque chose de rassurant et de réconfortant dans l’impact des actions et manifestations qui ont lieu pour Gaza: c’est le nombre de personnes qui tout d’un coup se soucient de se qui se passe au Soudan, au Congo, au Myanmar,… Depuis leur création, des ONG comme Amnesty International, Human Rights Watch, la FIDH,… se battent pour attirer l’attention des médias, des autorités et du grand public sur ce qui se passe dans ces pays-là. Plus de 150 pays dans leurs rapports annuels, des actions spectaculaires, des pétitions, du plaidoyer,… chaque semaine apporte son lot de propositions. Et pourtant, 99,9% de ces nouveaux venus n’ont jamais rien publié sur leur page FB, X, Insta,… à ce propos. Félicitons-nous de leur soudain engagement (qui manifestement a été bien organisé).

“La France des honnêtes Gens” : c’est le slogan choisi par Retailleau pour un parti où le bracelet électronique semble devenu l’accessoire indispensable de ses anciens dirigeants. Les cons, ça ose vraiment tout.

PLAINTE CONTRE LN24 par Valeria Becerra (sur Facebook)

À l’attention du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA)
Et en copie au Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ)
Objet : Plainte contre LN24 pour diffusion de propos mensongers et manquements déontologiques – émission “Bonsoir chez vous” du 16 juin 2025
Madame, Monsieur,
Je souhaite par la présente introduire une plainte à l’encontre de la chaîne LN24, à propos de l’émission “Bonsoir chez vous” diffusée le dimanche 16 juin 2025, animée par Saskia Violette, au lendemain d’une importante manifestation ayant rassemblé plus de 110 000 personnes à Bruxelles en solidarité avec le peuple palestinien.
Lors de cette émission, un débat a eu lieu autour de la situation à Gaza. L’un des invités, Alain Kupchik, s’y est exprimé de manière particulièrement problématique, en tenant plusieurs propos mensongers, outranciers, historiquement faux et potentiellement discriminatoires, sans rectification sérieuse de la part de la journaliste ni de la chaîne.
Voici les principales déclarations faites par M. Kupchik :
– « Les camions d’aide n’ont jamais cessé d’entrer à Gaza. Jamais. »
– « C’est un hoax : la famine, ce n’est pas exactement ça. Il y a des Gazaouis qui mangent des crêpes au Nutella. »
– « Zéro mort de faim. Les seuls morts sont ceux tués par le Hamas. »
– « Le peuple palestinien est une invention de la propagande soviétique entre Brejnev et Arafat. »
– « Les images de Gaza sont des mises en scène, une opération de propagande anti-juive. Vous n’avez jamais entendu parler de Pollywood ? »
Ces propos, proférés sans nuance ni contradiction solide, relèvent selon moi :
– de la désinformation manifeste (contredisant les faits établis par l’ONU, Human Rights Watch, Amnesty International, etc.) ;
– d’un discours négationniste concernant la réalité de la famine et des souffrances civiles à Gaza ;
– et de propos potentiellement incitant à la haine ou à la stigmatisation d’un peuple (les Palestiniens), en les présentant comme intrinsèquement manipulateurs ou malveillants. Je considère que ces propos n’auraient jamais dû être diffusés sans mise en perspective rigoureuse, ni modération active (…).

NOTE DE LA RÉDACTION (Claude Semal) :

Sébastien Fontenelle, journaliste à Politis, puis à Blast, est, à mes yeux, le plus inspiré héritier de DDT (Charlie-Hebdo, le Nouvel Obs), et l’une des plumes les plus acérées et les plus pertinentes de la presse française. C’est toujours bien pensé, toujours bien écrit, toujours bien documenté, et souvent très ironique. Je me répète : abonnez-vous donc de toute urgence aux quelques médias français (“Le Média”, Blast, Médiapart…) qui font vivre le débat, la pensée et les infos en dehors des grands médias formatés par le gouvernement et par une pincée de milliardaires. Cela devient absolument vital pour la démocratie. À titre d’exemple, voici la chronique complète que Sébastien envoie régulièrement par mail aux abonné·es de Blast et à celleux qui s’inscrivent (gratuitement) à sa “newsletter” :

Y A QU’À SE BAISSER

La newsletter signée Sébastien Fontenelle. Un principe simple : une compilation des derniers dérapages observés dans les médias dominants. Parce qu’à force d’extrême droitisation, on finit par ne presque plus les voir.

8 juin
Dans Le Journal du dimanche (groupe Bolloré), l’éditocrate Philippe Val déclare que « la France insoumise est aujourd’hui un parti antijuif. » On ne s’étonne guère que Val s’épanouisse chez Bolloré, car à droite, d’autres, avant lui, se sont aussi sentis chez eux dans ces parages. Comme par exemple l’agitateur xénophobe Éric Zemmour, actuel président de Reconquête!, qui expliquait en 2014 que Pétain avait « sauvé les Juifs français » et en 2016 qu’il y avait du « vrai » dans les stéréotypes véhiculés par la propagande antisémite avant la Seconde Guerre mondiale.

9 juin
Le Madleen, voilier humanitaire à destination de Gaza, est piraté dans les eaux internationales par l’armée israélienne, qui arrête ses douze passagers, parmi lesquels se trouvent deux journalistes – dont l’ami Yanis Mhamdi, de Blast.
Le ministre israélien de la Défense parle, pour désigner le Madleen, de « selfie yacht » – appellation qui suggère que son équipage serait d’abord préoccupé de se photographier dans des postures avantageuses.
En France, cette immonde expression ravit – évidemment – l’éditocratie réactionnaire, qui n’aime rien tant que de se rouler dans l’ordure, et qui va en faire ses choux gras pendant plusieurs jours.
Rappel : depuis plus de vingt mois des soudards israéliens se filment et se photographient dans les ruines des bâtiments de Gaza dont ils ont exterminé les habitants.
Mais bien sûr : l’éditocratie française ne considère jamais que ces tueurs de masse sont des « selfie serial killers ».

11 juin (1)
Les éditions Fayard (groupe Bolloré) recrutent Sonia Mabrouk (groupe Bolloré) comme directrice de la collection « Pensée libre ». En toute logique : le prochain recrutement devrait être celui d’Attila – pour diriger la collection « Jardinage ».

11 juin (2)
Dans l’hebdomadaire Franc-tireur – propriété du milliardaire Daniel Kretinsky, qui lui en a confié la direction – l’éditocrate Caroline Fourest, dont il est permis de supposer qu’elle n’a jamais été vue dans la même pièce que la honte, écrit que « pendant la guerre », les passagers du Madleen « auraient livré » aux nazis « Anne Frank et tout enfant juif caché dans les placards, “faute de place“ ». L’obscénité – mélangée ici de plusieurs volumes de cette instrumentalisation de la mémoire de la Shoah à quoi se reconnaît immanquablement l’allergie aux scrupules – est un métier.

12 juin
Dans un message posté sur le réseau social du milliardaire d’extrême droite Elon Musk, Bruno Retailleau se « félicite » d’avoir obtenu la dissolution d’une organisation antifasciste – la Jeune garde – en même temps que celle d’un groupuscule néonazi. Bruno Retailleau suggère ainsi, en les mettant sur le même plan, que l’antifascisme serait aussi dangereux que le fascisme – et minimise donc la dangerosité du second : la sincérité oblige à reconnaître qu’on n’en est pas forcément très surpris.

13 juin
En même temps que son armée poursuit à Gaza sa campagne génocidaire – régulièrement agrémentée de « frappes » qui tuent aussi des civils au Liban et en Syrie -, Israël, dont l’appétit guerrier semble décidément insatiable, attaque l’Iran.
Immédiatement : Emmanuel Macron se précipite – non pour condamner cette agression, mais pour « réaffirmer le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité ».

14 juin
Le gouvernement israélien, qui depuis plus de vingt mois rase méthodiquement les centres urbains de la bande de Gaza, crie son indignation : l’Iran a « franchi des lignes rouges » en visant des centres urbains israéliens.

15 juin (1)
Dans l’entretien qu’il accorde, comme tous les mois, au Journal du dimanche, hebdomadaire réactionnaire où il a un rond de serviette, Bruno Retailleau déclare que : « Mai 68 a fabriqué des barbares. »
Ça doit être épuisant, de réfléchir aussi fort.

15 juin (2)
Dans ce même entretien, ce ministre qui doit son poste à la confiscation du résultat des dernières élections législatives – remportées par la gauche – renouvelle ses attaques contre « l’État de droit » (qui selon lui « entre » aujourd’hui « en conflit avec la démocratie ») et répète que « la source du droit » devrait être « la souveraineté populaire ».
C’est à cela, exactement, que se reconnaissent les démagogues d’extrême droite : ils se réclament de la démocratie pour attaquer les règles de droit qui la protègent, et lorsque la souveraineté populaire dont ils prétendent être les champions les sanctionne dans les urnes, ils la considèrent comme nulle et non avenue, et sautent à pieds joints sur les scrutins.

15 juin (3)
Le Monde, journal dit « de référence », explique gravement à son lectorat que le Rassemblement national est « débordé par la parole raciste de ses sympathisants sur Facebook ».
C’est en effet une hypothèse.
Il en existe d’autres – comme celle-ci, par exemple : le Rassemblement national, parti cofondé notamment par un ancien Waffen SS et un ancien milicien dont le groupe parlementaire compte notamment un ex-marchand de livres négationnistes et une adepte de la dénonciation du « lobby juif », attire les antisémites comme l’étron attire des mouches.
Mais peut-être était-elle trop audacieuse pour Le Monde – qui se montre pourtant beaucoup moins contenu lorsqu’il assène par exemple, dans un éditorial anonyme consacré au « poison » de « l’antisémitisme », que « Jean-Luc Mélenchon, lui-même abonné aux sous-entendus nauséabonds et renouant avec d’anciennes dérives de gauche, tente d’exploiter la colère liée au massacre des Palestiniens de Gaza pour conquérir des électeurs issus de l’immigration ».

15 juin (4)
Au congrès du Parti socialiste, le député Jérôme Guedj traite Mélenchon de « salopard antisémite ».
Cela lui vaut, bien sûr, d’être follement acclamé par la presse réactionnaire : on a les fan-clubs qu’on mérite.

16 juin (1)
Titre du Monde : « Israël avertit que les habitants de Téhéran “paieront le prix“ des frappes iraniennes sur des civils. »
Bombarder des civils pour mieux signifier qu’il est scandaleux de bombarder des civils : tactique audacieuse.

16 juin (2)
Benyamin Nétanyahou déclare que « tuer l’ayatollah Khamenei mettrait fin au conflit » qu’il a lui-même déclenché en attaquant l’Iran. Prenons quelques toutes petites secondes pour imaginer les réactions de ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale » si n’importe quel chef d’État évoquait la possibilité de tuer Nétanyahou pour ramener la paix dans la région.

16 juin (3)
Le quotidien Libération publie un article racontant « comment intellectuels et artistes ont haussé le ton dans la dénonciation de la guerre à Gaza ». Pour illustrer cette dissertation – où l’extermination méthodique de dizaines de milliers de Gazaouis est donc gentiment présentée comme une simple « guerre » -, Libération publie notamment une photo du propagandiste Bernard-Henri Lévy. Lequel n’a, dans le monde réel, jamais « haussé le ton » contre l’armée israélienne – dont il ne cesse au contraire de chanter la louange, et (dans le meilleur des cas) de minimiser les crimes.

16 juin (4)
Le magazine Le Point (groupe Pinault) publie un « éditorial » dont l’auteur, extatique, écrit que, depuis qu’elle est « gouvernée » par la Première ministre Georgia Meloni, selon qui Mussolini était « un bon politicien », l’Italie « fait preuve d’une belle vitalité économique, mais aussi démocratique ». Tant de franchise a quelque chose de presque rafraîchissant – car il est après tout assez rare que la presse mainstream expose aussi nettement ses rêveries post-fascistes.

17 juin
Deux jours après avoir traité Jean-Luc Mélenchon de « salopard antisémite », Jérôme Guedj déclare : « Je vais exprimer un regret. Celui d’avoir utilisé ce terme de ‘salopard’, parce qu’il n’est pas conforme à la conception que j’ai du débat politique. »
Ce député socialiste est donc un être délicat : quand il se roule dans la calomnie, il fait tout de même attention à ne pas projeter trop d’éclaboussures.

18 juin (1)
Bruno Retailleau annonce fièrement que plus de 4 000 agents des forces de l’ordre sont mobilisés pour mener des contrôles dans les gares et les autobus de France et de Navarre à la recherche de « clandestins ». Une telle « opération » – comme l’appellent pudiquement la presse et les médias comme il faut – porte un nom, qui renvoie à une tradition française déjà ancienne : c’est une rafle.

18 juin (2)
Le maire de Nice, Christian Estrosi, refuse de retirer le drapeau israélien qui décore le fronton de sa mairie, comme l’exige pourtant le préfet des Alpes-Maritimes. Curieusement : les idéologues (et autres ministres) d’extrême droite qui ne restent jamais plus de quelques semaines sans vitupérer contre ce qu’ils appellent « le séparatisme islamiste » se tiennent, là, tout à fait cois – et s’accommodent donc au mieux de cette sécession en bonne et due forme.

18 juin (3)
Rachida Dati, maire du très chic 7ème arrondissement de Paris, reposte, sur le réseau social d’Elon Musk, en ce jour de commémoration du célèbre appel lancé depuis Londres par le général De Gaulle le 18 juin 1940, un vibrant message de ladite mairie exhortant les Parisiens à ne jamais oublier « toutes les femmes et tous les hommes qui se sont battus pour notre liberté contre le fascisme ». Que Madame Dati se rassure : on ne les oublie pas. (Mais on n’oublie pas non plus qu’elle appartient, quant à elle, au même gouvernement que le ministre d’extrême droite qui se fait une gloire de dissoudre des organisations antifascistes.)

19 juin (1)
Pour mieux justifier la rafle annoncée quelques heures plus tôt, Bruno Retailleau adresse ce viril message aux Français : « Est-ce que ça vous fait envie que les lois de la République soient piétinées ? Elles s’appliquent aux Français comme aux étrangers. »
Problème : quand Marine Le Pen a été condamnée au mois de mars dernier pour avoir piétiné les lois de la République, Bruno Retailleau, plutôt que de se féliciter de la rigoureuse application de ces dernières, s’était mis à vitupérer contre les « juges rouges ». De sorte qu’on se demanderait presque si sa conviction véritable n’est pas que les lois doivent s’appliquer aux étrangers plus qu’à certains Français – ou certaine Française.

19 juin (2)
Le Figaro (groupe Dassault) exulte, car Yonathan Arfi, immédiatement après sa réélection à la tête du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), annonce son ambitieux programme : il est, explique-t-il, « déterminé à rendre résiduelle l’influence de la France insoumise », qui est selon lui une organisation antisémite.
Prenons quelques toutes petites secondes pour imaginer ce que serait la réaction de cette presse réactionnaire qui ne reste jamais longtemps sans s’exciter contre ce qu’elle appelle « l’islam politique », si une organisation se présentant comme représentative des musulmans de France proclamait son intention d’en finir avec tel ou tel parti politique.

19 juin (3)
Léa Salamé quitte la matinale de France Inter.
Terrible nouvelle.
(Non, je rigole.)

19 juin (4)
Léa Salamé présentera le journal de 20 heures de France 2 à partir de l’automne prochain.
Terrible nouvelle.

19 juin (5)
Étienne Gernelle, directeur du Point, écrit dans ce magazine que Jérôme Guedj a eu parfaitement raison de traiter Jean-Luc Mélenchon de « salopard antisémite ».
Gernelle lui-même va plus loin encore, et compare Mélenchon à « Édouard Drumont, auteur de l’immonde » pamphlet raciste La France juive, publié en « 1886 ».
Quitte à remonter le temps : le patron du Point aurait pu convoquer aussi Charles Maurras, antisémite fanatique et idéologue de référence de l’Action française (1). Mais il ne l’a pas fait – et on n’ose bien sûr pas imaginer que c’est parce que son propre hebdomadaire soutenait, dans un éditorial publié en 2018, que l’Action française de Maurras « ne fut pas globalement rongée par l’antisémitisme ».

20 juin
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), organisme indépendant rattaché au Premier ministre, publie, comme tous les ans, son rapport annuel sur l’état de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en France. Cette nouvelle livraison, fruit d’un long et minutieux travail d’enquête, s’attarde notamment, « dans le contexte actuel de tensions autour de la situation au Proche-Orient », sur la « persistance de préjugés antisémites minoritaires mais prégnants » – et vient très utilement rappeler quelques importantes vérités.
Comme celle-ci, par exemple : les « porteurs » de ces « préjugés sont plus nombreux à droite, et plus particulièrement à l’extrême droite, qu’à gauche », même si « aucun parti, aucune tendance politique n’en est pour autant exempte ».
De fait, selon le rapport : « l’antisémitisme remonte indéniablement à l’extrême gauche » – mais « à un niveau inférieur à la moyenne », et « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ».
Conclusion de la CNCDH : « Les gros bataillons de l’antisémitisme se composent (…) de personnes (…) situées à droite sur l’échiquier politique. » Résumons : aujourd’hui comme hier, les salopards antisémites sont à droite, et à l’extrême droite.

Sébastien Fontenelle.

(1) Maurras fut condamné en 1945 à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale pour « intelligence avec l’ennemi » nazi.

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L’oeil de Moumou, la toujours pertinente chronique des médias de Mourad Guichard :

“Le Moment Politique”, l’analyse de l’actualité que Jean-Luc Mélenchon diffuse régulièrement sur les réseaux sociaux. À mes yeux, c’est toujours intéressant, et souvent passionnant. Cette semaine : focus sur la situation au Proche-Orient.

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