C’EST VOUS QUI LE DITES par toi, vous, elles et eux.

ROMAN D’AMOUR par Bruno Ruiz (sur FB)

Les indiens avaient assiégés la Maison Blanche.
Il y avait dans le ciel quelque chose de brûlant.
La grande aiguille s’était arrêté sur le trois.
Pour la troisième fois les cloches sonnaient la fin du monde.

Et moi avec mon bouquet, j’avais l’air de quoi pour me faire pardonner ?
J’avais réquisitionné ta voiture et c’est ta vie qui m’ouvrait la porte.
Dans une chambre là-haut on entendait un air de bebop.
J’arrêtai de peu ton bras qui voulait me gifler.

Et puis tu m’invitas à dîner.
Tu étais belle comme dans un film muet.
J’avais les doigts plein de caresses à venir.
Soudain la nuit tomba dans tes bras et nous deux aussi un peu dans les escaliers.

Tu sentais le retour du soldat mort.
Une Amérique qui avait cessé d’exister.
C’est alors que Donald Trump entra dans la chambre.
Je le tuai définitivement avec le couteau à fromages.

Il est vrai que cela avait bien trop duré.
Tous les hommes sur la lune étaient morts de vieillesse.
Assez de se moucher sur les vieux champs de bataille.
Wall Street sentait l’argent et les rats.

Tout est à refaire. Les ogives tombées.
Le requiem n’est même plus en anglais.
La télévision sert de cage pour les corbeaux.
J’ai repris ma bicyclette à muscles dans le garage.

Tu as voulu que notre amour fasse ses cartons.
Nous habitons désormais New York mais cela n’a aucune importance.
Nos enfants savent lire entre les lignes.
Nous sommes enfin moins vieux que notre pays.

La chronique de Sébastien Fontenelle sur le site « Blast », toujours intéressante. On peut (on doit) s’y abonner.

SAUT D’INDEX par Xavier Löwenthal VI (sur FB)

La présidente du Comeos, porte-parole du commerce et des services en Belgique, s’inquiète des fâcheuses répercussions sur l’économie d’un saut d’index et de mesures dégradant le pouvoir d’achat des gens. C’est que les mesures de nos gouvernements ne répondent à aucune espèce de rationalité économique ou pragmatique. Elles ne peuvent même pas être efficaces, en termes de budget ou d’équilibre budgétaire.
Quand la majorité de la population s’appauvrit, l’État s’appauvrit aussi, mécaniquement. Moins de consommation, c’est moins de TVA. C’est aussi plus de faillites. Moins de revenus, c’est aussi moins d’impôts. Tout ça, c’est moins de bien-être, plus d’exclusion sociale, de pauvreté, et les problèmes couteux qu’immanquablement cela engendre, en termes de santé publique et aussi d’ordre et de sécurité. Personne ne se laissera crever. D’une manière ou d’une autre, légalement ou pas, les gens nourriront leurs enfants. Et si l’État n’apporte rien à ceux de ses citoyens qu’elle exclut (et harcèle, et persécute), ces citoyens ne lui doivent rien non plus.
L’impression que cela donne, c’est que nos gouvernements ne travaillent pas pour le bien commun, pour le pays, pour les électeurs et les citoyens, mais pour une caste qui les stipendie (celle qu’on ne touchera pas, celle qui refuse de contribuer).
Ceci s’aggrave encore d’une autre hypothèse : ce qui les motive, ce n’est pas un projet pour une société qui fonctionne, mais le ressentiment, la hargne, la revanche et la haine contre tout ce qui est pauvre et faible et contre tout ce qui ressemble à la gauche ou à l’écologie. Et cette haine-là, ils déploient des moyens considérables, de propagande, pour la répandre.

“L’Oeil de Moumou”, l’excellente émission de critique des médias de la chaîne indépendante « Le Média-TV » – à laquelle on peut s’abonner

YAOURTS PRÉSIDENTIELS par Jean-Luc Dieu (sur FB)
Un immense besoin de liberté vous étreint ? Vous ressentez un besoin d’évasion (fiscale ou autre) ? Le temps maussade vous cantonne entre 4 murs ? Vous ne supportez plus la cuisine au yaourt ? Ce livre écrit par un grand humaniste victime de son amour pour la Libye est pour vous.

UNE MANIPULATION DÉGUEULASSE par Julien Truddaïu (sur FB)

La stigmatisation et la déshumanisation continue.
Aujourd’hui, le président du MR a repris, amplifié et légitimé à la Chambre les pires éléments du reportage RTL. Une intervention débordante de stigmatisation, calqué une fois de plus sur les codes de Sarkozy et Trump, et qui retombe violemment sur des personnes réelles, déjà fragilisées.
Explications
Une réthorique qui reprend mot pour mot les codes de Sarkozy et de Trump :
« Ceux qui se lèvent à 5h pour financer ceux qui ne travaillent jamais »
C’est la réplique exacte de Sarkozy : « la France qui se lève tôt contre ceux qui profitent sans travailler » (2018).
« La gauche panique quand on montre la réalité ». Littéralement le lexique de Trump : « The left panics when the truth comes out ».
« Business model de la misère, mutualités et syndicats qui prospèrent ». Narration identique aux campagnes américaines trumpistes sur le « welfare fraud ». Le but ? Accuser les contre-pouvoirs d’entretenir la pauvreté pour en vivre.
Une construction non rationnelle qui piétine les faits : Tout est fait pour créer un choc moral, pas pour expliquer.
Bouchez affirme que « rien n’explique » le nombre de malades de longue durée. Faux : INAMI, BNB, OCDE documentent très précisément les causes (santé mentale, pénibilité, conditions de travail, vieillissement…).
Des « maladies imaginaires » ?
C’est un vocabulaire brutal qui met dans le même sac les burn-out, les dépressions, les pathologies chroniques.
Utilisation d’un cas particulier (« Jacqueline à 2400 € ») comme si il était représentatif.
Un procédé utilisé dans les campagnes de stigmatisation sociale : un cas singulier présenté comme la norme pour décrédibiliser le système.
Enfoncer les personnes filmées ? Les personnes qui ont témoigné dans le reportage, souvent précaires, parfois malades le disent clairement : elles sont aujourd’hui insultées, humiliées, menacées sur les réseaux.
Et que répond le président du MR ?
Il reprend leurs histoires et les brandit à la Chambre comme exemples de « profiteurs » !
Irresponsable, indigne d’un élu et destructeur pour des gens qui n’ont ni pouvoir, ni réseau, ni tribune. Un véritable écrasement public.
Alors qu’un dossier est OUVERT au CSA et que le CDJ est saisi ?
Le CSA a confirmé qu’il examinait des atteintes potentielles au décret pour stigmatisation sur base de la condition sociale.
Au lieu d’apaiser, au lieu d’attendre les conclusion de l’instruction, au lieu de respecter les personnes concernées, le président du MR choisit d’alimenter le feu, d’amplifier ce qui pose justement problème.
En attendant, les personnes filmées, elles, vivent les conséquences de cette manipulation dégueulasse :
– Elles encaissent les insultes.
– Elles voient leur histoire personnelles déformée.
– Et elles n’ont aucun pouvoir pour répondre a ces attaques.
Il va nous falloir trouver de l’énergie pour tenter d’inverser ce discours et affirmer notre solidarité pour Jacqueline et tous les autres.
Leurs paroles n’auraient jamais dû être utilisée pour les humilier ou les transformer en symbole de ce qu’ils et elles ne représentent pas.
Les vies, les difficultés, les galères ne sont pas des armes politiques : ce sont des réalités humaines qui méritent du respect, de l’écoute et du soutien.
Certaines d’entre elles ont reçu des moqueries, des insultes, parfois des menaces. Mais non, tout le pays ne les regarde pas de travers.
Nous restons nombreux et nombreuses, travailleurs sociaux, citoyens, associations, professionnels de la santé, chercheurs, chercheuses, syndicalistes, simples voisins et voisines qui voient très bien ce qui est en train de se passer, et qui refusent que votre dignité serve de punching-ball à des stratégies de communication personnelles et politiques.
C’est aussi ça lutter contre le fascisme et la barbarie.

« 20 ANS AU CHÔMAGE » par Chronik.be (sur FB)

“20 ans au chômage” : la réalité qu’on ne veut pas voir.
On entend partout qu’en Belgique, certaines personnes seraient “au chômage depuis 20 ans”. Le gouvernement actuel s’appuie sur cette image pour faire passer sa réforme du chômage. Mais ce qu’on raconte est incomplet, voire trompeur.
Derrière cette communication, il y a une réalité sociale beaucoup plus complexe et beaucoup plus injuste.

1. Qui sont ces personnes ?
Ce ne sont pas des gens “assis sur leurs allocations”.
Ce sont surtout :
– des personnes peu qualifiées,
– souvent âgées de 45 à 60 ans,
– et qui ont enchaîné des petits contrats publics ou associatifs : article 60, ALE, PTP, ACS, etc.
Intérimaires ou avec le statut d’artiste…
Ces contrats sont légaux, encadrés par les pouvoirs publics, mais ils ont un énorme défaut :
ils ne sortent pas la personne du statut de chômeur. Même si elle travaille, même si elle se lève tous les matins, elle reste administrativement inscrite au chômage, parce que la loi considère ce travail comme “subventionné” et non comme un emploi ordinaire.
Résultat : sur le papier, la personne semble “au chômage depuis 20 ans”…
Alors qu’en réalité, elle a travaillé pendant toutes ces années, mais dans des conditions précaires.

2. Les statuts précaires qui enferment
Les contrats comme article 60 ou ALE étaient censés aider à retrouver un emploi stable.
Mais dans la pratique, ils entretiennent un cercle vicieux :
contrats à temps partiel et mal payés, peu ou pas de droits à la retraite, aucune stabilité,
retour quasi automatique au chômage après chaque mission.
Ces emplois font tourner des écoles, des communes, des associations, mais leurs travailleurs restent bloqués dans une case administrative : ni pleinement employés, ni réellement chômeurs. C’est une précarité déguisée, entretenue par la structure même du système.

3. Ce que la réforme 2026 veut faire… et ce qu’elle cache
Le gouvernement affirme vouloir “réactiver les chômeurs de longue durée”.
Mais en réalité, cette réforme sert surtout à faire baisser les chiffres du chômage,
pas à améliorer la vie de ces gens. En radiant ceux qui ont plus de 20 ans de chômage administratif, le gouvernement :
– fait disparaître des milliers de personnes des statistiques,
– réduit artificiellement le nombre de chômeurs,
– et transfère la charge vers les CPAS.
Autrement dit, ce n’est pas une vraie solution. C’est un déplacement du problème et une stratégie de communication politique.

4. Une désinformation bien calculée
Le gouvernement présente ces “20 ans de chômage” comme un scandale, mais il omet de préciser que beaucoup de ces personnes travaillent déjà, et qu’elles restent chômeuses sur le papier uniquement à cause de leur statut précaire.
Ce flou volontaire permet de justifier une réforme antisociale, en opposant “les travailleurs” aux “chômeurs”, alors que, dans les faits, ces deux mondes se confondent souvent.
C’est une manière de désinformer l’opinion publique pour faire passer une politique de coupes budgétaires, sous couvert de “justice sociale”.

5. En clair
Oui, certaines personnes sont inscrites depuis 20 ans au chômage.
Non, elles ne profitent pas du système, elles travaillent souvent, mais sous des statuts précaires qui les empêchent d’en sortir. Le gouvernement utilise cette situation pour faire passer une réforme antisociale et baisser artificiellement les statistiques.
Au lieu de donner des perspectives, cette réforme risque de plonger encore plus de travailleurs pauvres dans la pauvreté. Avant de juger, il faut comprendre. Derrière les chiffres, il y a des vies, des gens qui travaillent, qui s’accrochent, mais qu’un système mal conçu garde enfermés dans la précarité pendant que d’autres utilisent leurs situations pour faire une politique anti sociale.

contact : www.chronik.be

« ILS » par Sophie Tlk (sur FB)
Ils.
Ils sont pour la peine de mort
Ils refusent la différence et veulent une soumission à leur idéologie, à une pensée unique
Ils haïssent les droits humains et le droit international
Ils haïssent l’égalité et la justice
Ils n’ont aucune empathie pour celles et ceux qu’ils jugent différents ou “étrangers”
Ils haïssent les différences culturelles et religieuses
Ils prennent les armes et assassinent
Ils utilisent une propagande mensongère pour convertir les foules à leur idéologie
Ils sont soutenus par des milliardaires ou des multinationales ou des États
Ils instrumentalisent des morts pour justifier leur idéologie destructrice et leurs crimes.
Alors d’après vous de qui je parle ? Des groupuscules d’extrême-droite français ? Des terroristes islamistes ? De l’armée israélienne ? Des trumpistes ?
Car, relisez bien : cela pourrait être toutes ces personnes à la fois.

FRANCE INFAUX PRÉFÈRE LA PROPAGANDE À L’INFORMATION
(plusieurs erreurs dans ce « graphique », dont le plus « gros » est Mélenchon montré « à égalité » avec Hollande (repris dans le médaillon du dessus !), alors que les chiffres sont 12 pour Mélenchon et 6,5 pour Hollande).

UN « CORRECTIF » SANS SUITES ? par Manuel Bompard (sur X-Twitter)

Ce soir, après 2 jours de silence, France Inter et France Télévisions ajoutent en fin d’article un correctif des propos tenus par Madame Alix Bouilhaguet lors de l’émission « Questions Politiques » de dimanche dernier. France Inter et France Télévisions reconnaissent donc que les questions posées étaient mensongères, mais n’annoncent aucune décision concrète face à cette désinformation manifeste. Plusieurs questions se posent donc :
1) Y aura-t-il des excuses pour les auditeurs et un correctif diffusé sur les antennes de France Inter et de France Télévisions ?
2) Y aura-t-il des décisions organisationnelles prises pour empêcher à l’avenir la diffusion de fausses informations ?
3) Y aura-t-il des mesures administratives, voire des sanctions, contre la journaliste qui s’est livrée à une telle désinformation ? Il en va de la réputation du service public de l’information, largement abîmée par de telles pratiques.

L’interview de Mélenchon par Alain  Duhamel – un vrai débat avec un homme de droite, mais où chaque question n’est pas là pour faire du buzz ou « piéger » l’autre (BFM-TV, sur Twitter) :

VIOLS DANS LES PRISONS ISRAÉLIENNES par Delphine Noël (sur FB)

L’avocat israélien Ben Marmareli a déclaré avoir constaté de visu des signes de viols et de tortures sexuelles systématiques infligés à ses clients palestiniens dans des centres de détention israéliens.
Il a formulé ces allégations après avoir rencontré un client et a décrit ces centres comme des « camps de torture ».
L’administration pénitentiaire israélienne (IPS) a porté plainte contre Marmareli auprès du barreau, l’accusant d’« incitation à la haine » suite à ses déclarations.
Les allégations de Marmareli s’ajoutent à de nombreux témoignages d’autres avocats et organisations de défense des droits humains qui ont documenté des abus, des actes de torture et des violences sexuelles généralisés à l’encontre de détenus palestiniens depuis octobre 2023. Des rapports de l’ONU et de B’Tselem, une organisation israélienne de défense des droits humains, ont corroboré ces récits de mauvais traitements graves, notamment des agressions physiques, le déni d’hygiène élémentaire et des agressions sexuelles.
Cette affaire prend une ampleur d’autant plus considérable qu’elle arrive après la diffusion de la vidéo montrant l’agression sexuelle d’un détenu palestinien à la base militaire de Sde Teiman. L’avocate générale militaire, Yifat Tomer-Yerushalmi, a démissionné après avoir assumé la responsabilité de la fuite, déclarant qu’il était de son devoir de dénoncer les agissements illégaux…
Le scandale politique devient énorme.
Dans un nouveau rapport du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR), s’appuyant sur les témoignages de plusieurs détenus palestiniens de Gaza enlevés par les forces israéliennes pendant le génocide à Gaza et récemment libérés des prisons et camps de détention israéliens, les récits révèlent une « pratique organisée et systématique de torture sexuelle ».
Cela inclut le viol, le déshabillage forcé, le tournage forcé, les agressions sexuelles utilisant des objets et des chiens, en plus de l’humiliation psychologique délibérée visant à « anéantir la dignité humaine et à effacer totalement l’identité individuelle ».
Le PCHR a affirmé que ces témoignages « bouleversants » ne reflètent pas des incidents isolés, mais « constituent une politique systématique pratiquée dans le contexte du crime de génocide en cours contre plus de deux millions de personnes ».
Le PCHR a noté que les arrestations, y compris celles de femmes, ont été effectuées sans aucune justification légale autre que le fait que les victimes soient des résidentes de la bande de Gaza, dans le cadre d’une politique de « punition collective destinée à humilier les Palestiniens et à leur infliger un maximum de dommages psychologiques et physiques ».
NA, une Palestinienne de 42 ans, a été arrêtée à un point de contrôle israélien dans le nord de Gaza en novembre 2024. Elle a déclaré au PCHR avoir été violée, battue, électrocutée, insultée, déshabillée et filmée à plusieurs reprises par des soldats israéliens pendant sa détention. Elle est restée dans ces conditions pendant plusieurs jours avant d’être transférée dans une autre pièce.
« Le viol a duré environ 10 minutes. Ensuite, ils m’ont laissée pendant une heure dans la même position, les mains menottées au lit avec des menottes en métal, le visage sur le lit, les pieds au sol, et j’étais complètement nue », a-t-elle déclaré, ajoutant : « Je souhaitais mourir à chaque instant. »
Ces témoignages confirment des incidents de violences sexuelles et de viols commis par des soldats israéliens contre des détenus palestiniens, incidents qui ont été rapportés et documentés depuis longtemps.
Quant à moi, après ces deux années à côtoyer les Gazaoui.e.s, j’ajoute que des histoires de viols de femmes Gazaouies me remontent aux oreilles, mais les Gazaoui.e.s en parlent très peu publiquement vu leur culture.

DEBORSU : UN AUTOPORTRAIT EN CREUX par Jean-Paul Mahoux (sur FB)

Christophe, Christophe Deborsu,
On a vu ton émission « Sans boulot : tous fraudeurs ? », diffusée sur RTL le 7 novembre (400.000 spectateurs, 40 % d’audience, beau succès). Après avoir visionné ton « reportage », beaucoup de gens ont dit que tu étais un porte-parole du MR, que tu stigmatisais les pauvres gens avec des méthodes d’enquête douteuses voire honteuses. C’est exagéré. Avant d’être un libéral tendance Bouchez, canal Clarinval, tu es d’abord un catholique de la bourgeoisie namuroise. Plein de bons sentiments pour les gueux. Tu as même dit – et je suis sûr que c’est vrai – avoir éprouvé une « certaine » tendresse pour ces allocataires sociaux que tu as mis sous tes projecteurs aveuglants comme des lapins dans les phares d’une puissante GLE à 100.000 balles. Une « certaine tendresse » mais pas plus. Charité ordonnée commençant toujours par soi-même, je crois plutôt que c’est ta classe sociale que tu aimes tendrement dans ce reportage, celle qui se croit issue de la méritocratie du travail. Car ton reportage est un autoportrait en creux.

Par exemple, quand tu conduis Laeticia, maman solo, mère de trois enfants, allocataire sociale. Elle est locataire d’un petit appartement dans la rue la plus pauvre de Belgique, à 12 minutes en bus du centre de Verviers. Tu l’emmènes à 30 minutes de là, en voiture, dans un si beau quartier résidentiel de villas quatre façades et jardins. La séquence est diaboliquement implicite : tu montres à cette dame que les honnêtes gens qui travaillent habitent de grandes maisons confortables comme celles qui parsèment ta chère citadelle de Namur. Et la pauvre dame si digne de spontanéité, de te dire qu’elle n’imaginait pas qu’un si beau quartier puisse exister. Mais si elle travaillait au lieu de frauder, elle y habiterait ! Ah Christophe, tu es si jésuite. Tu fais miroiter un rêve impayable à une innocente aux mains vides.

Tu sais pourtant que le coût de ce rêve bourgeois est totalement hors de portée pour une personne sans le moindre centime de capital hérité. Au 1e trimestre 2024, le prix médian d’une maison atteignait 372.000 €. Sur 30 ans à du 3.8% sans apport propre, ça fait 628.560 € à payer. Soit 30 ans de revenu d’intégration pour Laeticia, à 1746 € par mois, 30 ans sans rien manger, sans se vêtir, sans se chauffer, sans aller à l’école, sans bouger, sans vivre ! Impossible. Et tu le sais. Tu sais aussi que ces belles villas sont largement héritées et non payées par le travail comme le prétendent les Pharisiens. En Belgique, la part de l’héritage dans le capital a doublé en 50 ans, arrivant à 65%. Et les 10 % des ménages les plus riches détiennent plus de la moitié du patrimoine belge. Si deux belges sur trois sont propriétaires de leur logement (ou plutôt le remboursent à une banque), les 20% les plus riches ont un patrimoine de plus d’un million. Certes, c’est injuste mais c’est la volonté divine et ce ne sont pas des fraudeurs !

Ah si … Un « peu » quand même. Je ne vais pas te parler des 37 milliards de fraude fiscale et d’optimalisation aux Bahamas des riches, soit 18 fois plus que le coût du chômage de longue durée. Je vais te parler de ce que coûte à la collectivité le « belgian way à life » que tu as fait miroiter à Laeticia. Cet étalement urbain de villas cossues a un coût colossal. Les riches qui s’étalent et étalent leur richesse, menacent même l’équilibre environnemental, social et économique de toute l’Europe.

C’est ce qu’écrit la spécialiste Anne-Françoise Marique, ingénieure architecte-urbaniste de l’ULg. Car ces quartiers péri-urbains comme la citadelle de Namur ou ce beau quartier éloigné de Verviers, avec leur faible densité d’habitations (5 logements par hectare) sans activité économique, impliquent trois catastrophes :
– Un taux de motorisation record (2 à 3 voitures par foyer) engorgeant les axes routiers, émettant quotidiennement une masse de gaz à effets de serre, de dioxyde d’azote et de particules fines notamment dans les quartiers pauvres des villes traversés par de véritables autoroutes urbaines. Le coût environnemental (réchauffement climatique) et de santé publique (maladies pulmonaires), est considérable.
– Une consommation accrue de terres qui va à l’encontre du développement durable de nos territoires. La consommation de terres agricoles et forestières indispensables à la survie alimentaire et climatique des générations qui viennent est reparti à la hausse avec un rythme de 11,6 km²/an, essentiellement causé par le résidentiel bourgeois. Un modèle écologiquement insoutenable qui a transformé un tiers du territoire belge en mégapole de bitume sans vie.
– Des infrastructures coûteuses payées par la collectivité pour amener l’électricité, le gaz, l’eau, évacuer les eaux usées, construire des routes, des antennes GPS, évacuer les ordures ménagères, payer des transports en commun souvent quasi vides. Qui paie cela aux bourgeois ? La collectivité.

Le mode de vie des pauvres coûte donc infiniment moins cher à la société (même avec leur abonnement gratuit aux transports en commun que tu as l’air de trouver si scandaleux).
Car les allocataires sociaux qui tu as stigmatisé, vivent dans des centres urbains, dans du logement vertical, concentrant les foyers sans voiture. Ils sont des citoyens écologiquement modèles comparés aux habitants des riches zones périurbaines qui certes, mangent de la pâte à tartiner bio. Car je suis sûr que tu vas me dire que les pauvres gens tuent la planète en mangeant du Nutella en promotion. Tu viens des Jésuites d’Erpent.

Ne me dis non plus que les impôts des riches paient leur « pollution way of life ». C’est faux. Prenons le Revenu Cadastral, base de perception du Précompte Immobilier, calculé par le cadastre en fonction de l’année de référence 1975. Tu avais dix ans, Christophe.
Le RC n’a jamais été actualisé : il est aveuglément indexé. Le précompte est donc un impôt opaque éludé par les riches et payé par les pauvres. Les habitants des quartiers résidentiels dont la valeur des maisons au m² est considérable, paient nettement moins de précompte que des familles modestes habitants des immeubles. Pour une maison trois chambres, on paie un précompte équivalent à Ixelles et à Molenbeek alors que la valeur des biens ixellois est 30% plus élevée. Même comparaison entre Namur et Charleroi dont le précompte est équivalent quand les maisons namuroises sont 60% plus chères. Même constat pour les appartements 2 chambres au précompte quasiment équivalent à Charleroi, Bruxelles et Namur quand les prix de vente sont 100.000 à 200.000 euros plus chers.

Alors Christophe, ça fait quoi d’être ainsi mis sous la loupe ? Les habitants des villas de la Citadelle de Namur, du Brabant wallon ou d’Uccle Fort Jaco, tous fraudeurs par rapport aux habitants des barres HLM ? Oui. Involontaires, certes, mais profiteurs du système sans le moindre doute.
Et puisque tu sembles passionné par Verviers, sache que c’est la province de Liège qui possède un Revenu Cadastral médian le plus élevé par rapport aux valeurs vénales des biens immobiliers. Tant qu’à faire, je te conseille un nouveau sujet dérangeant : les liens entre les revenus locatifs des riches et le confort minimal des pauvres.
Un aspect totalement ignoré de ton reportage. Tu sais pourtant depuis Saint Augustin que le bien et le mal s’entendent comme larrons en foire.

On va en rester là. On est fatigués tu sais de toujours devoir passer derrière vos rhétoriques simplistes qui nous donnent la nausée. Je n’ai vraiment rien contre toi Christophe. Tes parents étaient d’excellents enseignants et c’est dommage que tu aies renoncé à renseigner les gens sur la vérité des choses. Tu n’as pas bien géré la partie intellectuelle de ton héritage. Dans ton reportage, tu as opté pour la distinction.
On ne parle pas de bonnes manières (j’ai d’ailleurs des doutes sur la politesse autoproclamée des gens des beaux quartiers). Non, on parle ici de la distinction définie par Pierre Bourdieu, cette nécessité absolue que tu éprouves de distinguer les gens riches des pauvres gens, de séparer le bon grain (les habitants des beaux quartiers) de l’ivraie (les gens des HLM sociaux). C’est la culture L’Oréal : « pourquoi suis-je un nanti ? » « Parce que je le vaux bien ». A quoi répond la culture de la faute : « pourquoi suis-je pauvre ?» « parce que je suis une mauvaise personne ». Voilà le message que tu as fait passer mais je te rassure : le mensonge n’est pas un péché capital.

En revanche, la colère est un des sept péchés les plus graves. Et on est vraiment en colère contre toi et contre tout ce mensonge que les Engagés catholiques et les MR libéraux répandent sur nos têtes en jetant des innocents en pâture à la vindicte des nantis et des fraudeurs.

Illustration : Émile Claus. Le pique-nique (v. 1887)

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