ALLAIN LEPREST, AVEC DEUX AILES, 57 ANS POUR TOUJOURS

J’ai rencontré Allain Leprest à la fin des années ’80. Il avait été “la révélation” du Festival de Bourges en 1985. J’y avais chanté “Odes à ma douche” avec un certain succès en 1987. Dans la foulée, Leïla Cukierman, la directrice du Théâtre Antoine Vitez, m’avait invité à créer mon prochain spectacle de chansons à Ivry-sur-Seine.

Ce fut “Music-Hall”, en 1989, avec le même Charlie Degotte à la mise en scène, Jacques-Ivan Duchesne en indien accordéoniste, et Nina et Marie “Zap” Daulne en danseuses acrobates. Ironie suprême : pouvoir “roder” un spectacle en banlieue parisienne, avant même de le présenter à Liège et à Bruxelles !
Ivry-sur-Seine, c’était aussi la banlieue d’adoption d’Allain Leprest, originaire du Cotentin, qui habitait alors avec sa femme Sally dans une haute tour en face de la Mairie.
Nous sommes deux “1954”, comme on dit aujourd’hui.
Il était écrit que nous devions nous rencontrer. Nous nous rencontrâmes donc, et sympathisâmes illico. Il était difficile, il est vrai, pour un amateur de chansons, de ne pas être séduit par l’auteur, le chanteur et le personnage d’Allain.
Nous avions en outre, dans nos tiroirs, quelques faucilles et quelques marteaux en commun, sans compter, sur les bien nommés comptoirs, quelques verres à partager. Mais quand on aime, on ne compte pas.

Je ne fus pourtant jamais, par la suite, un intime d’Allain.
Nous nous fîmes parfois le cadeau d’une visite éclair, genre blitzkrieg à la belge (traduction : des bises et des krieks).
Ainsi, lorsque j’avais joué pendant quatre mois “le Cimetière des Belges” à Bruxelles, en 1993, débarqua-t-il un soir par surprise de Paris pour “assister au spectacle”, avec son copain Olivier Grall. Celui-là même que j’ai retrouvé, cet été, aux manettes de la sonorisation du Festival de Montcuq (c’est même lui qui m’a rappelé cette anecdote).
Je dois toutefois à la vérité historique de préciser qu’Allain s’étant préalablement perdu dans les cafés bruxellois, certes très hospitaliers, nous ne partageâmes finalement que la troisième mi-temps du spectacle. Mais il ne rentra qu’à l’aube à Ivry.
Une histoire très “leprestienne”, qui témoigne à la fois de la générosité de ses élans, et de son incroyable capacité à se dissoudre dans l’instant.
Ainsi aussi, quelques années plus tard, j’ai débarqué de façon impromptue à Antraigues, le village ardéchois de Jean Ferrat, où je savais que Leprest tenait ses quartiers d’été.
J’espérais le dénicher dans l’un des deux cafés qui se font face sur la jolie place pagnolesque du village. Projet certes un peu fantasque, voire complètement fumeux, mais j’ai parfois fait trois cents kilomètres pour des rendez-vous beaucoup plus incertains. Soit.
Il était passé vingt-deux heures, et la nuit déjà était tombée.
Avant même d’arrêter la camionnette, j’aperçus dans la lumière des phares, près de la fontaine, une nuée de gosses qui poursuivaient un homme titubant.
Etait-ce Allain ? C’était Allain !
J’ai crié son nom, il s’est approché du véhicule, sans d’abord me reconnaître, et s’est penché par la fenêtre en nous souriant d’un air niais.
Et j’ai soudain vu, dans sa bouche, s’agiter les deux pattes arrière d’une grenouille, qu’il venait visiblement de gober, captive et vivante, pour amuser son public d’enfants.
Ainsi était Allain, la bouche pleine de crapauds et de merveilles, amuseur d’enfants et poète céleste, à toujours marcher entre deux vins sur le fil fragile de son destin.
C’est aussi à Antraigues qu’il se tua, le 15 août 2011.

Difficile de parler de Leprest sans évoquer son verre de pinard. Car le vin rouge irriguait non seulement toute sa vie sociale, mais son écriture elle-même.
Les cafés, les comptoirs, c’était son bureau, son salon, sa tribune.
Comme pour Bucowski, Bernard Dimay, Hemingway et tant d’autres, cela fait aujourd’hui partie de la biographie.
Même si Allain a connu, vers la fin de sa vie, des périodes d’abstinence, la clope et la picole lui ont ainsi dessiné un destin tragique que le talent seul ne pouvait écrire. Ni l’amour, d’ailleurs.
Cher Alain, tu es devenu ainsi, pour quelques décades sans doute encore, le soleil noir de ces cabarets parisiens où le talent trop souvent continue à s’appuyer au comptoir.
Je ne sais pas trop quoi en penser.
Mec, moi cela fait longtemps que j’ai arrêté de fumer, et je réserve la picole aux soirées de fiesta. Cela te fait une belle jambe, pas vrai ?
Car nous savons l’un et l’autre que ton foudroyant talent n’était pas indexé à la variable des comptoirs. Et je t’embrasse jusqu’à la prochaine,

Claude Semal, le 15 août 2021.

Si vous ne connaissez pas encore Allain Leprest, vous avez bien de la chance.
Une bonne dizaine d’albums vous attendent pour découvrir un des plus fulgurant auteur interprète de la chanson française contemporaine.
L’homme gagnait certes à être vu en scène, tant sa présence imposait son magnétisme.
“A la Brel”, disait-on. Quelques vidéos en témoignent encore.
Mais vous ne perdrez pas grand-chose non plus à le découvrir sur disque, tant la force de son interprétation transgressait aussi sa présence physique.
Au fil des disques, la voix s’est juste faite un peu plus râpeuse.
Allait Leprest s’est tué le 15 août 2011, le jour de l’Assomption, avec aux talons un cancer des poumons métastasé au cerveau.
Si la vie l’a parfois bousculé, c’est donc d’abord la maladie qui l’a envoyé dans les cordes.
Pour les dix ans de ce triste anniversaire, une interview du chanteur Romain Didier, qui fut l’un de ses premiers complices, et le témoignage de Jean-Luc Pierret, peintre et instituteur, qui en 2001 avait invité Leprest à animer un atelier “chanson” en Wallonie dans son école de village. En bonus, un récent message de son producteur, Didier Pascalis, et quelques éléments de sa discographie.

Toutes les photos en noir et blanc sont d’Anne-Marie Panigada, que je remercie.

Interview de Romain Didier :

Une écriture hémorragique

Claude : Tu as travaillé plus de vingt-cinq ans avec Allain Leprest… Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Romain: En 1985 ou 86, j’avais été programmé au Printemps de Bourges pour une soirée commune avec Paolo Conte. Mais quand je suis arrivé, tout le monde parlait avec des étoiles dans les yeux d’un concert qui avait eu lieu la veille, dans une petite salle consacrée aux “découvertes”. Un type improbable qui s’appelait Allain Leprest, et qui chantait seul accompagné par un accordéoniste, Bertrand Le Marchand.
Bon, c’était un peu vexant, tu arrives dans un festival, et c’est pour t’entendre dire que quelqu’un d’autre est extraordinaire (sourire).
Or il se fait qu’on avait à l’époque le même “agent” : Jean-René Pouilly.
Allain est venu écouter mon récital, debout derrière un pendrillon, et puis on s’est vite retrouvé à Paris pour faire des chansons ensemble. Il avait à l’époque édité un petit bouquin à compte d’auteur, “Tralahurlette”, dans lequel il y avait déjà certains textes que j’allais mettre plus tard en musique, comme “La Retraite”.

Claude : Dans un premier temps, c’est toi qui étais surtout attiré par “Allain-le-parolier”, ou Allain qui était attiré par “Romain-Didier-le-compositeur” ? Ou alors c’était d’emblée réciproque ?

Romain: Quand j’ai commencé à chanter, je n’écrivais pas mes propres textes. Je suis resté dans la chanson grâce à eux, mais je suis arrivé dans la chanson par la musique. Ce n’était donc pas moi qui allait fermer la porte à un auteur, surtout un auteur aussi incroyable que Leprest. A partir de là, il y a souvent eu plusieurs de ses textes sur mes albums.

Claude: Quand avez-vous vraiment commencé à porter certains projets artistiques ensemble ?

Romain: Dès le début, puisque j’ai fait les arrangements de son premier disque “Mec”, chez Gérard Meys en 1986. Un album très “années ’80”, avec des synthés partout. Et puis on a commencé à s’échanger quelques chansons, et à écrire notre conte musical pour enfants : “Pantin, Pantine” en 1997. On a aussi fait un truc pour le dixième anniversaire de la région “Ile-de-France”, “Francilie”, avec un orchestre symphonique, déjà. Allain avait fait les textes, et moi les musiques et les arrangements.

Claude : Comment cela se passait, le travail avec Allain ? Vous habitiez la même ville, ou vous partiez quelques jours “en retraite” pour aller bosser ?

Romain : Leprest habitait Ivry-sur-Scène, dans une tour en face de la mairie…

Claude: Oui, je sais, j’y ai logé en 1989.

Romain : Chez Leprest ?

Claude: Oui, oui… On avait créé mon spectacle “Music-Hall” au Théâtre d’Ivry en 1989, avant sa création en Belgique, on venait roder nos spectacles à Paris (rires) et j’avais rencontré Allain à cette occasion.

Romain: Tu connais la maison, alors, l’appart’ avec les fresques sur tous les murs, et le Café de la Mairie de l’autre côté de la Place… Moi j’habitais pas loin, dans le Val de Marne, les quartiers plus chics, en bord de Marne mais sur les hauteurs, et je venais le chercher en scooter, ou en moto, ou en voiture pour aller bosser chez moi.
On s’isolait un jour, deux jours, une semaine, quand on avait des trucs à inventer ensemble, il se mettait à table, avec son paquet de clopes et son vin rouge, il écrivait deux phrases, ou plutôt quatre vers, histoire que ça rime un peu, et pendant qu’il écrivait le second couplet, je me mettais au clavier pour composer la musique.
Leprest avait une écriture assez hémorragique, il écrivait tout le temps, il écrivait assez vite, il a écrit toute sa vie, tout était prétexte à chanson. Et moi, de mon côté, comme j’avais développé une certaine aptitude à écrire de la musique… Quand ça collait, c’était formidable.
On écrivait parfois deux ou trois chansons dans la journée, maquette comprise, car on faisait ça dans mon studio, et le lendemain, comme j’avais un terrain de pétanque, on terminait ça en buvant des coups et en jouant aux boules…
Mais parfois aussi, Allain s’amenait avec des textes déjà finis, ou qu’il finissait au moment même à la table.

Claude: Avec son producteur Didier Pascalis, tu es l’un de ceux qui, après sa mort, a travaillé sur le patrimoine “chanson” de l’oeuvre d’Allain. Quel regard portes-tu rétroactivement sur ce parcours commun ?

Romain: Pour être juste et précis, j’ai beaucoup travaillé avec Allain, mais de façon épisodique. On n’était pas marié. Il a travaillé avec une dizaine d’autres compositeurs formidables qui ont écrit des musiques magnifiques pour lui. Mais c’est vrai que j’étais là au début, et que j’ai été un maillon toujours présent dans la carrière d’Allain, puisque j’ai aussi signé les arrangements de son album posthume.
Il a beaucoup écrit avec moi, beaucoup écrit avec d’autres, et puis il y a des dizaines de textes qui se baladent un peu partout…

Claude: J’en ai un chez moi.

Romain: Voilà. Comme il écrivait beaucoup, et qu’il se liait d’amitié, longues, courtes, fulgurantes, et il distribuait ses textes autour de lui. Avec son producteur Didier Pascalis, à qui Allain a demandé de gérer son droit moral et sa succession, on rêve de rassembler tous ces textes, pour que son oeuvre puisse être présentée dans son ensemble…

(Romain prend le temps de réfléchir)

Je garde le souvenir d’un auteur vraiment exceptionnel, le bonhomme aussi, mais l’auteur… Ce n’est pas à toi que je vais expliquer ça. Les chansons, ce ne sont jamais que des mots assemblés, qui tombent plus ou moins bien ensemble, et chez Leprest, c’était vraiment fulgurant, les images, la façon de rendre universels les sujets qu’il touchait, d’allier les mots de façon parfois incompréhensible, mais qui ouvrait l’imaginaire.
Je pense par exemple à la chanson “Où vont les chevaux quand ils dorment”, que j’ai écrite avec lui, c’est une chanson qui ne veut pas “dire” grand-chose, mais chaque phrase est une image forte qui permet de rêver, peut-être pas à la même chose, mais au même moment, et ensemble.
Une des forces de l’écriture d’Allain, c’est aussi de parler avec un langage populaire de tous les maux des “petites gens” et de la vie en général. Une façon de raconter la comédie humaine que je trouve assez exceptionnelle.

Claude : Le Leprest plus “politique”, plus “coco”, tu l’as côtoyé aussi ?

Romain : Bien sûr ! Il avait un amour pour le Parti Communiste qui était presque filial. Il a été élevé là-dedans, mais il avait aussi l’humour et le recul. Quand il a écrit la chanson “sacré coco”, c’est une façon caustique et tendre de parler de son propre milieu.
Ce qui était très nourrissant pour moi, et je l’espère aussi pour lui, c’est que dans notre tandem, on venait de milieux très opposés.
Leprest, il avait un CAP de peintre en bâtiment, et il s’était nourri en autodidacte pour aller à l’essentiel : Victor Hugo, Antoine Blondin… Il avait une culture formidable, mais proche du milieu ouvrier.
Moi je viens plutôt d’un milieu bourgeois-artiste (rires), la rencontre était magnifique, et on riait beaucoup. On ne se nourrit bien que de ses différences.
Avec Allain, tout faisait culture, tout était partage. Il n’y a pas que les communistes qui partagent, mais cela fait quand même un peu partie de leur ADN.
Mais je crois que cela l’amusait aussi d’être parfois traité “en symphonique” avec des musiciens en noeud-pap.

Claude : Les quatre dernières années de sa vie, il y a eu plusieurs initiative du milieu de la chanson pour lui rendre hommage…

Romain : Oui, avec le producteur Didier Pascalis, c’est souvent moi qui ai artistiquement coordonné la chose. Il y a bien sûr l’album “Leprest en Symphonique”, qu’on a commencé avec Allain, et qu’on a terminé sans lui. En juin et en juillet 2011, on avait enregistré sept titres en piano-voix, on s’était dit “on fera les autres en septembre”, et puis voilà… Il y a eu le quinze août.
Après, j’ai viré le piano, j’ai tout réorchestré autour des seules voix d’Allain, et pour les autres titres, on a fait appel à six ou sept autres artistes pour terminer l’album.
Mais déjà du vivant de Leprest, et c’est assez exceptionnel pour quelqu’un qui n’était pas “très connu”, il y avait eu deux albums d’hommage, “Chez Leprest”, volume 1 et 2, que Didier Pascalis a coordonné, et auquel ont participé Higelin, Loïc Antoine, Sanseverino, Michel Fugain, Hervé Vilard, Adamo, Gilbert Laffaille, La Rue Ketanou, Anne Sylvestre, Kent, Francesca Solleville, Olivia Ruiz, … et quelques autres, sans oublier bien sûr Fantine, la propre fille d’Allain, devenue elle aussi chanteuse. Un peu comme si je recevais les gens chez moi, autour de mon piano.

Claude: Ces dernières années, Allain était très malade. Il avait la mort aux talons, même si c’est lui qui a choisi le moment de mettre un point final à l’histoire. Tu avais discuté avec lui de la façon dont il envisageait la fin du film ?

Romain: Honnêtement, non. (Il le répète, songeur). Honnêtement, non. Il y avait une certaine pudeur… Allain avait régulièrement des problèmes de coeur, qui étaient plutôt des problèmes de vie que des problèmes de mort, il était amoureux, il était malheureux, je l’ai surtout beaucoup connu là-dedans… Et là, tu ne pouvais pas l’aider, parce que c’était à lui de… Voilà.
Il ne s’est jamais confié sur ses problèmes de santé, et on a toujours beaucoup ri ensemble.
Sur la mort, comme sur d’autres sujets, ses textes parlaient souvent pour lui.
Et de façon générale, savoir ce qui se passait dans la tête de Leprest…
C’était curieux, cette façon de vivre à travers les mots. Ce n’était pas un grand voyageur, il était même plutôt casanier, même s’il avait des nomadismes saisonniers, mais il voyageait beaucoup dans sa tête. Comme s’il vivait parfois par procuration, à travers ses propres chansons.

Claude: … Et ta propre “actualité”, Romain, en cette rentrée, c’est quoi ?

Romain: J’ai vécu comme tout le monde cette période curieuse où tous nos concerts ont été annulés… Moi, j’ai profité du confinement pour écrire un nouvel album, mon premier album “studio” personnel depuis onze ans. Il s’appelle “Souviens-moi” et sort chez EPM le 24 septembre.

Claude : Si je peux me permettre, un titre assez “leprestien”… (sourires).

Témoignage de Jean-Luc Pierret :

Un atelier “chanson” à Ivry-sur-Yvoir

Jean-Luc Pierret, qui est à la fois un peintre paysagiste inspiré, dont je finirai un jour par acheter une toile, et un instituteur passionné, dont je suis trop vieux aujourd’hui pour jouir des bienfaits pédagogiques, allait souvent pendant l’été au Festival de Barjac.
Ce passionné de chansons, qui organisa chez lui des concerts de Julos et de Frasiak, pouvait ainsi peindre pendant la journée, et assister aux spectacles du Festival en soirée.
C’est ainsi qu’il rencontra Allain Leprest, qui était aussi un habitué du Festival.
Non seulement comme “chanteur” – il y fut programmé deux fois – mais comme “simple” spectateur. Or Allain peignait lui aussi régulièrement, “tout ce que ses mots n’arrivaient pas à dire”. Cela leur fit un double langage commun. Un triple même, si l’on y ajoute la fraternité des comptoirs, le volapuk universel de ceux qui aiment boire en compagnie.
Or à l’époque, Jean-Luc n’était pas le dernier à lever le coude, même si, disait-il, à ce jeu-là, personne ne pouvait vraiment suivre Leprest.
Je peux témoigner l’avoir vu marcher à mes côtés, un soir, les jambes mécaniques, le tronc penché à 45°, dans l’attente d’une chute inévitable, et pourtant toujours perpétuellement repoussée.
La relation entre Allain et Jean-Luc se poursuivit ainsi jusqu’à Ivry, où ce dernier transbahuta parfois son chevalet, jusqu’au jour où l’instituteur proposa au chanteur d’animer pendant une semaine un atelier-chanson dans la petite école de son village.
Et ainsi fut fait.
Dans cette commune proche d’Yvoir, une trentaine d’enfants étaient répartis en deux classes d’âge à “Notre École”, où Jean-Luc enseignait. Allain logeait dans un gîte voisin.
Il fit même deux émissions à la RTB, aux Centres de Liège et Namur (car il y avait encore, à l’époque, des émissions régionales).
Cinq chansons naquirent de ce travail en commun avec les enfants, et la semaine se clôtura par une présentation publique dans la salle des fêtes d’Evrehailles, évidemment “bourrée massacre” par les parents.
En seconde partie, Jean-Louis Beydon était venu accompagner Leprest au piano, pour qu’il puisse y présenter son propre récital.
Ainsi Leprest fut-il au moins connu dans un petit village de Wallonie.

En illustration : Jean-Luc avec l’ami Julos et une de ses toiles.

Jean-Luc Pierret a enregistré trois albums avec ses propres chansons, que l’on peut commander chez l’auteur (10 place du Baty 5500 Falmagne). Ils ont tous été enregistrés au studio de Luc Henrion à Tourinnes-la-Grosse : “Tout doux” (2014), “Avec eux” (2018) et le double album “Nouvelle Adresse” (2020).

Le message du producteur Didier Pascalis (sur Facebook)

“J’ai géré le bazar”

Allain,
Dix ans que tu as décidé d’aller rejoindre la vie céleste, plus douce, loin de tes souffrances terrestres dont je suis un des rares à les connaître pour de vrai, puisque tu me les a confiées un soir de Mars 2011 à la maison, me demandant ce soir-là d’être ton héritier du droit moral et de « gérer le bazar », prémices à ce départ que tu avais programmé.
J’ai donc géré le bazar, et il faut parfois beaucoup de force pour ne pas céder aux invectives de tous ceux, et ils sont bien nombreux, qui, pour avoir passé quelque temps avec toi ; une soirée, une semaine, un mois peut-être, s’autorisaient à me distribuer des bons ou mauvais points.
Il n’importe : « Où vont les chevaux quand ils dorment » « Paris-Milan » et « Leprest En Symphonique » sont des spectacles et des disques dont je suis fier. Ils m’ont permis de te proposer dans une forme aboutie, que ce soit à l’accordéon ou avec 50 musiciens, et ce avec de magnifiques interprètes : Jean Guidoni, Yves Jamait, Clarika, Sanseverino, Enzo Enzo, Cyril Mokaiesh et Romain Didier et sa part de génie partagée. Je ne peux oublier l’Orchestre National des Pays de Loire et l’Orchestre Régional de Normandie ; qu’ils soient remerciés ici publiquement, le monde classique aime la poésie et c’est une chance inouïe pour nous tous.
2021 aurait dû être l’année de ta célébration ou découverte au plus grand nombre.
Merci la Covid : toutes les belles programmations, des plus grandes salles aux plus beaux festivals, et même le village d’Antraigues la semaine dernière, nous ont été interdits.
Je dois t’avouer mon impuissance.
Rassure-toi, elle n’est que passagère, et, de toute façon, je n’aime pas le mois d’Août, chargé de trop de tristesse pour moi (j’ai aussi une vie tu sais. Oui toi tu le savais).
Dès septembre, nous reprendrons : La salle de Venelles portera ton nom (merci Bruno Durruty), un livre avec tes textes sortira au 1er trimestre 2022 (pas en 2021 comme prévu, mais les éditeurs aussi ont subi la Covid) et nous jouerons le Symphonique à Paris, irons aux Francofolies ; Gérard Pont est un homme de parole je ne veux en douter, dans d’autres lieux prestigieux et nous reviendrons, enfin, à Antraigues l’année prochaine pour boucler l’ellipse.
Salut mon poète.

Didier Pascalis

Allain Leprest, la discographie.

Albums studio

1986 : Mec
1988 : 2
1992 : Voce a mano (avec Richard Galliano)
1994: 4
1998: Nu
2005 : (Re)Donne-moi de mes nouvelles
2008 : Quand auront fondu les banquises
2008 : Parol’ de manchot
2011: Leprest Symphonique

Albums en public

1995 : Il pleut sur la mer…
2002: Je viens vous voir

Collaborations

1993: FOULQUIER. Neuf textes d’Allain interprétés par Jean-Louis Foulquier.
1996: Francilie. L’Ile de France en chansons avec Romain Didier et Sylvie Péquicho au chant.
1998 : Pantin Pantine14, avec Romain Didier et Jean-Louis Trintignant (Le Chant du Monde).
2001 : Chez nous aut’ à Wazemmes (L’Hymne à Wazemmes), paroles d’Allain Leprest et musique d’Omar Yagoubi, Gorgone Productions, Lille.
2005 : Des pépins et des pommes, album de Monsieur Poli, duo Allain Leprest/Monsieur Poli sur C’est peut être (Codaex).
2007: PAYSAME. Allain y interprète “Qu’a dit le feu qu’elle a dit l’eau”. Chanson inédite à l’époque.
2007 : Chez Leprest, vol. 115, chansons reprises par Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Sanseverino, Michel Fugain, Nilda Fernandez, Jacques Higelin, Enzo Enzo, Loïc Lantoine, Hervé Vilard, Yves Jamait, Mon Côté Punk, Jean Guidoni, Jehan, Fantine Leprest, Agnès Bihl. Accompagné de Romain Didier au piano et d’autres musiciens comme le guitariste Thierry Garcia, Allain Leprest y fait deux apparitions.
2009 : Parol’ de manchot, avec François Lemonnier (Le Chant du monde).
2009 : Chez Leprest, vol. 2, avec Anne Sylvestre, Amélie-les-Crayons, Adamo, Alexis HK, La Rue Kétanou, Isabelle Mayereau, Francesca Solleville, Gilbert Laffaille, Kent, Gérard Pierron, Claire-Lise, Flow, Gérard Morel, Bruno Putzulu, Clarika, Jean-Louis Foulquier, Romain Didier et Olivia Ruiz qui interprète la chanson qu’elle avait choisie pour le premier album (dans lequel elle chante Tout c’qui est dégueulasse a un joli nom).
2009 : Les Bourgeois (reprise de la chanson de Jacques Brel de 1962), accompagné par Jean Corti sur l’album Fiorina de Jean Corti (Mon slip).
2013: Entre deux Caisses “Je hais les gosses” (avec des chansons d’Allain Leprest).
2014 : Jean Guidoni enregistre des textes inédits d’Allain Leprest dans son album Paris-Milan.

Compilations

1988 : 86-88
1995: Ton cul est rond

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