André Henry, notre camarade (par Marie Wiener et Denis Horman)

André Henry, ancien délégué principal FGTB de Glaverbel-Gilly, une des figures les plus connues du syndicalisme révolutionnaire en Wallonie, est mort cet été. Il était également membre de la section belge de la 4ème Internationale. Marie et Denis lui rendent ici hommage.

Les funérailles d’André Henry ont eu lieu hier. Dans les années ’70, André était un infatigable “délégué principal”, très écouté, acclamé plus souvent qu’à son tour par ses collègues du verre plat, verre creux et miroiteries.
Intraitable avec les patrons exploiteurs, excellent organisateur, c’était aussi un gars très sympathique, super gentil avec ceux et celles qui l’entouraient.
Mais il est mort en ce début août à 85 ans. Il était veuf depuis plus de deux décennies, et enveloppé de son brouillard personnel depuis 4 ans. Sa fille l’avait recueilli chez elle, puis finalement placé dans un home. On ne pouvait plus humainement lui souhaiter de vivre longtemps.
Pourquoi suis-je si triste, alors?
Probablement parce qu’avec lui disparaît une tradition pleine de courage, et effarante. Celle des ouvriers arrivés à l’usine, au “verre chaud” (ou à la coulée continue d’acier en fusion!), comme “gamins” à 14 ans.
C’était “chaud”, dans tous les sens du terme: pénible, harassant même, et très dangereux.
Papa travaillait là depuis toujours. “L’âge venu” (14 ans!! 1,50 m et 42 kg environ), le fiston suivait et la mère préparait deux “briquets” (les tartines pour midi) au lieu d’un, lessivait deux bleus de travail…
Je suis née en 1953 et j’ai, moi aussi, eu des condisciples qui ont commencé à l’usine à 14 ans. Ce n’est qu’en 1983 que la scolarité obligatoire passera à 18 ans.
A la force de ses poignets, de ses convictions, de ses lectures, André était devenu cette figure syndicale remarquable et incontournable du Pays Noir, dont on gardera longtemps le souvenir, j’espère.
Je me souviens en outre qu’il est resté souriant et soucieux des autres, longtemps après son temps de gloire, quand il était sur toutes les listes noires patronales et devait se débrouiller avec des petits boulots indignes.
Merci, André!

Marie Wiener

Je viens d’apprendre le décès de mon camarade et ami, André Henry.
C’est dans les années ’70 que j’ai eu ce bonheur de rencontrer André.
Je ne pourrai jamais oublier cette chance que j’ai eue de le suivre , au cours de ce long combat des verriers de Charleroi. Combat de plus d’une dizaine d’années , combat quasiment unique dans les annales du mouvement ouvrier et syndical en Belgique. Combat dont il était la “cheville ouvrière” en tant que délégué principal dans la verrerie de Glaverbel-Gilly.
Qu’André puisse laisser une trace de cette lutte ouvrière, surtout pour les générations suivantes, cela nous semblait tellement évident !
Nous l’avons , Céline Caudron et moi-même, longuement interviewé au cours de l’année 2013, quand il était pensionné.
C’est son livre “l’Epopée des verriers du pays noir” qui heureusement laisse cette trace et qui fait que je ne pourrai jamais, nous ne pourrons jamais oublier André notre camarade et ami!
Et puis, André était une personne attachante, sensible, en rien imbu de sa personne, un lieder détaché de toute gloriole, qui savait faire équipe, détecter les talents de chacun et les faire fructifier, et qui tenait à un fonctionnement démocratique dans les luttes et l’activité syndicale comme à la prunelle de ses yeux.
Bref, une belle personnalité!
C’est aussi pour cela que toutes les personnes qui l’ont connu ne pourront l’oublier!
Mes sincères condoléances à sa famille.
Adieu l’ami, repose en paix!
Et là où tu es, ne commence pas à vouloir à tout prix mettre sur pied un “comité de lutte”!!!

Denis Horman.

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