
06 février 2025
ARIZONA : DU SANG ET DES CACTUS par Claude Semal
La photo de présentation du nouveau gouvernement fédéral belge est en soi très parlante. Un Boys Band. Ils ne font même plus semblant. Rien que des hommes au premier plan. Pas un pet de diversité. Pas une seule vice-première ministre. Un « kern » 100% mâle. Quatre femmes sur quinze – dans le fond, dans l’ombre et dans les coins. La honte.
Après sept mois de négociations sous-terraines pour se partager le fromage, dont la puanteur fut discrètement mise sous cloche pendant les élections communales d’octobre, le bloc « nationaliste-bourgeois » a enfin installé son nouveau gouvernement aux manettes de la Belgique.
Il a aussi remis « la réforme de l’état » au calendrier des négociations gouvernementales. Bye-bye Belgium.
La Belgique fédérale souffre depuis sa naissance de quelques vieux maux endémiques.
Mais avec l’indépendantiste flamand Bart de Wever (NVa) comme Premier Ministre, elle s’est choisie un croque-mort comme directeur de l’hôpital – un médecin légiste comme chirurgien réparateur !
C’est désormais au cœur même de l’état belge que la NVa va pouvoir poursuivre son projet d’équarrissage de la Belgique – pour atteindre son seul objectif : l’indépendance de la Flandre.
L’autre versant clé de l’accord gouvernemental, c’est un bain de sang social (qui vise principalement les chômeurs, les pensionnés et les allocataires sociaux) doublé d’une politique de plus en plus ouvertement xénophobe.
Dopée par la victoire de Trump aux USA, qui fait souffler un vent réactionnaire sur toutes les capitales européennes, la droite dite « libérale » a parallèlement poursuivi son processus « d’extrême-droitisation ». Georges-Louis Bouchez, le président du MR, qui vient d’accueillir quatre fachos de « Chez Nous » dans les rangs de son parti, en est un bel exemple.
L’indépendance de la Flandre ne m’a pourtant jamais fait peur « en soi ».
Elle me semble au contraire inscrite dans le code génétique de la Belgique – cet état biculturel « tombé par accident dans un trou de l’Histoire » – et qui n’est jamais parvenu depuis à totalement « faire nation ».
Nous vivons en effet depuis longtemps dans deux espaces démocratiques distincts, d’abord séparés par la langue et la culture, puis par nos institutions elles-mêmes.
Des films populaires flamands comme « Koko Flanel » (avec Urbanus) et « Kampioen zijn blijft plezant » (d’après une série télé), peuvent ainsi faire un million ou 720.000 entrées en Flandre, et rester totalement inconnus en Wallonie ! Nous n’habitons plus vraiment sur la même planète.
Et s’il n’y avait le « verrou » institutionnel de la région bruxelloise, territoire bilingue mais très majoritairement francophone, ce gros caillou dans la chaussure séparatiste, je suis persuadé que la Flandre aurait déjà depuis longtemps fait sécession.
Par ailleurs, pour avoir été biberonné un temps au « renardisme » (du nom d’André Renard, un célèbre et combatif syndicaliste liégeois), qui rêvait de voir émerger une nation wallonne, j’y vois aujourd’hui une possible espérance, plutôt qu’une douloureuse amputation.
Ce serait, en miroir, une réponse « logique » à l’indépendance de la Flandre.
Le lien entre « nationalisme » et « extrême-droite », aujourd’hui si courant en Europe, n’est en effet ni automatique, ni universel.
Pour avoir longtemps « fait compagnie » avec mon collègue et ami Ivan Fox, ce catalan qui vit aujourd’hui en Flandre, j’ai appris à travers lui que « l’indépendantisme » en Catalogne pouvait être progressiste sur le plan social et anti-raciste sur le plan politique.
« Tu parles le catalan et tu habites en Catalogne, tu « es » catalan », me disait-il, « quelles que soient tes origines. La Catalogne est une construction politique, pas une nation ethnique ».
Le nationalisme en Flandre, lui, est par contre souvent réactionnaire et xénophobe.
S’il fut d’abord une juste réponse culturelle à la domination de la bourgeoisie francophone en Belgique (au début de l’état belge, seule la langue française était par exemple d’usage dans les tribunaux), il a aussi pris racine dans le pangermanisme et la collaboration en 14-18 et en 40-45 – ce qui le marqua durablement du côté de la droite extrême.
En témoignent encore aujourd’hui les 22 % du parti nationaliste « concurrent » à la NVa, le Vlaams Belang, qui lui, est carrément raciste et facho.
À la charnière entre ces deux partis, Théo Francken, réac et xénophobe, « notre » nouveau Ministre (NVa) de la Défense, est une parfaite illustration de cette synthèse. Il a ainsi célébré la naissance du gouvernement Arizona pour un double communiqué jubilatoire, l’un annonçant une attaque frontale contre les immigrés et les demandeurs d’asile, et l’autre, une attaque en règle contre les chômeurs, les pensionnés et les allocataires sociaux (voir son mail complet à la fin de cet article).
Je n’ai pas encore pu prendre connaissance des 200 pages du texte complet de l’accord.
Je ne suis pas le seul : au congrès de « Vooruit », les militants ont donné quitus à leurs négociateurs… sans même l’avoir lu. C’est beau, la confiance !
Mais en voici quelques moments significatifs.
Les allocations de chômage seront limitées à deux ans (et il faudra, pour y avoir droit, avoir préalablement travailler pendant cinq ans au moins).
Et après ? Après, rien. Le CPAS – mais qui est lui-même mis sous pression pour étrangler un peu plus les pauvres (voir la note de Théo Francken).
Concernant l’ouverture du droit à la pension, seules les années comptant au moins deux trimestres de travail seront prises en compte.
Les périodes assimilées (chômage, préretraite) ne seront plus prises en compte pour arriver au nombre d’annuités nécessaires !
Un changement qui aura des conséquences catastrophiques pour les intermittents du spectacle, mais aussi pour tous ceux, et surtout pour toutes celles, qui ont des « carrières incomplètes ». Les femmes seront donc les premières victimes de cette réforme.
Je n’ai rien trouvé de plus sur le statut de la Commission du Travail des Arts – qui était pourtant dans le collimateur de de Wever dans les premières moutures de sa « note ».
Les heures de travail de nuit seront comptées à partir de minuit (au lieu de 20 heures).
Le travail du dimanche sera « facilité ».
Le droit d’asile sera presque entièrement vidé de sa substance.
L’abrogation du nucléaire est abrogée – et les vieilles centrales prolongées de 20 ans.
Les budgets militaires sont pratiquement les seuls à être augmentés.
Le banc patronal jubile – ce qui est en général une très mauvaise nouvelle pour les travailleurs. « De Wever a réussi un tour de force », se réjouit le patron de la FEB.
Pour les détails, je vous renvoie à votre syndicat ou à votre quotidien habituel.
Des actions et des manifestations en front commun syndical sont prévues pour le 13 février.
Il faudra être très nombreux et nombreuses dans les rues ce jour-là.
Claude Semal, le 4 février 2025
Une Seule Obsession : la Haine des Pauvres et des Étrangers
Avant même d’être nommé Ministre de la Défense, Théo Francken, indique déjà l’orientation idéologique que ce parti entend placer au centre du débat public en Belgique : la déshumanisation des étrangers (en particulier les demandeurs d’asile), des pauvres, la guerre contre ceux-ci pour défendre “nos gens”.
Dans un post du 01.02.25, Francken déclare “J’ai gardé le silence pendant sept mois en raison de mon rôle de principal négociateur en matière de migration, mais ne sous-estimez jamais ma détermination.” suit un programme de 65 mesures “que nous allons prendre” contre les étrangers et le droit d’asile.
Le lendemain, il poursuit sur les mesures que la NVA entend prendre contre “ceux qui ne font rien reçoivent trop d’avantages gratuits” (c-à-d, selon lui, les bénéficiaires de l’aide sociale).
Arnaud Lismond Mertes
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01.02.25 Theo Francken
Vers la politique migratoire la plus stricte jamais appliquée.
La situation actuelle dans notre pays est dramatique. Il est temps d’inverser la tendance.
Voici ce que nous allons mettre en place :
1. La Belgique rejoindra la coalition des pays européens visant à mettre fin structurellement à l’immigration illégale et au transit de migrants vers le continent européen.
2. Suspension du programme de réinstallation des réfugiés.
3. Possibilité de racheter notre quota européen d’asile sous certaines conditions.
4. Fin de l’hébergement des demandeurs d’asile en hôtels.
5. Suppression progressive de l’hébergement individuel dans des maisons et appartements.
6. Introduction du principe de force majeure dans la législation.
7. Suppression du plan de répartition des demandeurs d’asile.
8. Plus d’argent liquide pour les demandeurs d’asile, seulement une assistance matérielle minimale.
9. Plus de files d’attente devant le Petit Château, mise en place d’un système d’enregistrement numérique sur rendez-vous.
10. Augmentation du nombre de centres de retour pour les dossiers Dublin.
11. Découragement maximal des demandes d’asile multiples, plus d’hébergement pour ces cas.
12. Pas d’hébergement pour les réfugiés reconnus dans d’autres pays.
13. Campagnes de dissuasion en ligne agressives sous le slogan « Ne venez pas en Belgique ! ».
14. Adoption d’une loi « Stop à la crise de l’asile ! ».
15. Obligation maximale de coopération pour les demandeurs d’asile.
16. Lecture systématique des téléphones des demandeurs d’asile ; en cas de refus, pas d’asile.
17. Un nombre illimité de fonctionnaires de l’Office des étrangers deviendront officiers de police judiciaire.
18. Renforcement maximal des procédures.
19. Lutte contre les abus du système d’aide juridique gratuite (« pro Deo ») pour les demandes d’asile et de séjour.
20. Accélération de la procédure d’asile.
21. Forte réduction du nombre de statuts de réfugié reconnus, rééquilibrage entre protection subsidiaire et statut de réfugié.
22. Fin de la fraude à l’asile via les enfants.
23. Maintien du caractère temporaire de la protection internationale.
24. Création d’une cellule spéciale pour la révocation de l’asile des criminels et fraudeurs.
25. Augmentation des frais de dossier pour les demandes de séjour.
26. Interdiction de cumul des procédures de séjour.
27. Renforcement du contrôle des cartes de séjour temporaires.
28. Pas d’intégration, pas de séjour.
29. En cas de fraude, négligence ou abus dans l’octroi des permis de séjour via les administrations communales, ces dernières pourront être mises sous tutelle.
30. Possibilité de contrôles temporaires aux frontières en cas de circonstances exceptionnelles.
31. Aucune régularisation collective.
32. Introduction d’une caution pour les visas de court séjour à risque.
33. Obligation de signer un engagement contraignant pour les nouveaux arrivants ; sans signature, pas de droit de séjour.
34. Droit de séjour permanent seulement en cas de paiement d’une redevance et après réussite d’un test d’intégration et de langue.
35. Interdiction de la formation de familles avec des bénéficiaires de protection subsidiaire.
36. Pas de regroupement familial immédiat pour les bénéficiaires de protection subsidiaire, demande possible seulement après deux ans.
37. Introduction de délais d’attente plus stricts pour le regroupement familial.
38. Obligation d’intégration dans le pays d’origine pour le regroupement familial, avec examen au moment de la formation du foyer.
39. Augmentation significative du seuil de revenu pour le regroupement familial, avec un supplément par enfant.
40. Âge minimum de 21 ans pour le regroupement familial, contrôle renforcé des mariages de complaisance, interdiction des mariages par procuration, interdiction en cascade, fin des attributions automatiques…
41. Test d’intégration et de langue dans le pays d’origine comme condition de permis pour les imams et autres représentants religieux.
42. Contrôle renforcé contre l’espionnage scientifique et économique, notamment via les visas étudiants.
43. Règlementation plus stricte des garanties financières, avec une limite d’une seule personne à charge, création d’une base de données des garants et d’une liste noire.
44. Renforcement des cellules antifraude de l’Office des étrangers, tolérance zéro pour la fraude à l’asile, y compris les demandeurs voyageant en vacances dans leur pays d’origine.
45. Exclusion des étrangers radicalisés et des prêcheurs de haine, politique de tolérance zéro.
46. Priorité absolue au retour des criminels étrangers.
47. Extension du projet « High Trouble » contre les récidivistes de nuisances publiques.
48. Augmentation des interdictions d’entrée pour les criminels, interdiction d’entrée à vie pour les terroristes et radicalisés.
49. Plus de criminels étrangers purgeront leur peine dans leur pays d’origine ; à défaut, dans une prison d’un autre pays européen, comme le Kosovo.
50. Le « Ordre de Quitter le Territoire » devient un « Contrat de Retour ».
51. Obligation de signalement régulier pour les clandestins.
52. Augmentation des capacités de retour via le « Masterplan Centres Fermés ».
53. Augmentation à 18 mois de la durée maximale de détention des clandestins.
54. Création d’un cadre légal pour les perquisitions domiciliaires par la police en vue du retour des clandestins.
55. Prime de retour plus élevée pour ceux qui ne font pas appel.
56. Accès uniquement aux soins médicaux d’urgence pour les clandestins.
57. Accords de retour avec une approche globale et un levier de pression politique ; fin des mandats de négociation européens inefficaces.
58. Nouveaux arrivants : pas d’aide sociale pendant les cinq premières années, obligation d’intégration et d’emploi.
59. Pas de revenu d’intégration pour les clandestins ni pour les citoyens inactifs de l’Union européenne.
60. Introduction d’un examen de nationalité (test de citoyenneté et de langue).
61. Les bénéficiaires du revenu d’intégration ne pourront pas devenir Belges.
62. Le coût de la déclaration de nationalité passe de 150 à 1 000 euros.
63. Retrait accéléré de la nationalité en cas de fraude ou d’infractions ; en cas de terrorisme, le juge devra statuer d’office sur la perte de nationalité.
64. Renforcement de la section judiciaire de l’Office des étrangers.
65. Les recours en droit des étrangers deviendront plus coûteux, plus simples et se feront principalement par écrit ; les audiences effectives seront l’exception. Nous agirons strictement contre les recours manifestement infondés.
Parce que c’en est assez.
J’ai gardé le silence pendant sept mois en raison de mon rôle de principal négociateur en matière de migration, mais ne sous-estimez jamais ma détermination.
Merci de partager.
Theo
02.02.25
Theo Francken
Chers amis,
Avez-vous parfois l’impression qu’il faut être fou pour aller travailler dans ce pays ? Ceux qui travaillent sont écrasés d’impôts, tandis que ceux qui ne font rien reçoivent trop d’avantages gratuits.
Cela crée un énorme effet d’attraction et explique en partie nos chiffres d’immigration élevés. Par ailleurs, nous avons récemment découvert les scandales des deux Mustafa du PS à Anderlecht. Mais croire que cela ne se produit qu’à Anderlecht, c’est encore croire à Saint-Nicolas.
Nous avons promis de changer cela, et nous le ferons.
Voici les mesures à venir :
1. Plafonnement de l’aide sociale et des avantages.
2. Limitation des avantages sociaux par ménage.
3. Réduction progressive des avantages sociaux à mesure que le revenu augmente.
4. Mise en place d’un plafond cumulatif, empêchant l’accumulation infinie des revenus d’intégration des enfants majeurs habitant sous le même toit.
5. Création d’un registre central de tous les avantages sociaux.
6. Possibilité de verser une partie du revenu d’intégration sous forme de chèques alimentaires, ou de convertir l’aide financière en aide matérielle.
7. Utilisation directe du revenu d’intégration par le CPAS pour régler certaines dépenses.
8. Obligation pour tous de suivre un parcours vers l’emploi et l’intégration (GPMI).
9. Évaluation de l’outil REMI pour éliminer ses effets pervers.
10. Renforcement des sanctions en cas de mauvaise foi, avec suspension ou suppression possible du revenu d’intégration.
11. Mise en place d’un système bonus-malus pour les CPAS, avec des contrôles plus stricts et des sanctions pouvant inclure des amendes ou la révision des allocations fédérales pour les CPAS qui ne remplissent pas leur mission.
12. Audit des CPAS en cas de suspicion de fraude ou de mauvaise application des règles, pouvant aller jusqu’à leur mise sous tutelle (la « clause Anderlecht »).
13. Renforcement des contrôles de fraude sociale via un accès direct aux informations de la Banque nationale.
14. Les CPAS auront la possibilité de rechercher des biens immobiliers détenus à l’étranger et de réclamer le remboursement des revenus d’intégration.
Enfin, nous instaurerons un crédit d’impôt forfaitaire déductible par enfant, qui ne variera pas en fonction du nombre d’enfants. Chaque enfant donnera droit à un montant fixe.
PROMESSES TENUES.
Bon dimanche à tous, je me prépare pour notre congrès de parti à Anvers.
Theo
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