Aux urnes, citoyens ! LA MARCHE NUPESiale

En ces derniers jours de campagne législative en France, la fébrilité monte visiblement dans le camp macronien.
Les derniers sondages placent l’opposition de gauche en tête des intentions de vote, et sa propre majorité présidentielle semble d’ores et déjà compromise.
Car à la présidentielle, un électeur de Macron sur deux avait voté pour lui “par défaut”. Non par adhésion à son programme, mais pour faire barrage à Marine Le Pen. C’était il y a à peine deux mois. Et comme cela semble loin déjà !

La majorité Macroniste aurait donc pu profiter de ces deux mois de campagne pour présenter son programme aux Français et défendre crânement ses propositions. Il n’en fut rien. Après avoir laborieusement pris son temps pour mettre sur pied le gouvernement Borne, en nommant un ministre accusé d’agressions sexuelles (affaire Abad), et en confirmant un Ministre de la Justice soupçonné de conflit d’intérêts (affaire Dupont-Moretti), il commença par se taire dans toutes les langues.
Comme si Macron préférait “enjamber” les législatives, pour discrètement déjà préparer la suite.
Seules deux mesures, clairement marquées à droite, ont filtré dans le public.
Le recul de la pension à 65 ans minimum (et plus, si vous n’avez pas vos quarante années de cotisations). Et un travail forcé (et gratuit) de vingt heures par semaine pour les deux millions de “bénéficiaires” du Revenu de Solidarité Active (RSA).
Pas vraiment de quoi soulever l’enthousiasme des foules et des électeurs, c’est le moins que l’on puisse dire.

Or entre temps, coup de théâtre.
Jean-Luc Mélenchon, le troisième homme de la campagne, fort de ses 22% et du laminage de ses concurrents directs, a proposé d’élargir l’Union Populaire aux écologistes, aux communistes… et au Parti Socialiste !
Après douze nuits de négociations, la gauche miraculeusement rassemblée brandissait les 650 mesures d’un programme de gouvernement, baptisait cette nouvelle alliance NUPES, et se donnait pour objectif la conquête de la majorité parlementaire.
Ce que Jean-Luc Mélenchon résumait par cette formule choc, institutionnellement imprécise mais politiquement géniale : “Élisez-moi premier ministre!”.
En 48 heures, les élections législatives se métamorphosaient ainsi en “troisième tour” de l’élection présidentielle, et JLM était intronisé principal opposant à la macronie.
Pendant que Marine Le Pen … partait en vacances !

Est-ce un effet de sidération, ou une sous-estimation de l’adversaire ? Macron s’est peut-être dit que les contradictions internes à cette Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale allaient “naturellement” rapidement la paralyser.
François Hollande et un troupeau d’éléphants socialistes ne venaient-ils pas de piétiner allègrement cet accord pourtant historique ?
Yannick Jadot et Anne Hidalgo, les candidats des Verts et du PS, n’avaient-ils pas passé toute leur fin de campagne à bouffer du Mélenchon à chaque interview ?
Et Mathilde Panot, la cheffe des députés “insoumis”, n’avait-elle pas elle-même d’abord proclamé : “Jamais avec le PS” ?
Or, contre toute attente, voilà que les irréconciliables semblent se réconcilier, que la “sauce prend”, et que la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale commence à faire la course en tête dans les sondages !
Bien sûr, quelques “dissidents” ont ici et là déposé leurs propres candidatures. Mais pas de quoi enrayer cette forte dynamique politique.
A l’Élysée, c’est panique à bord, et on commence à sérieusement s’inquiéter dans les couloirs et les ascenseurs.

LE GRAND BLA-BLA

La “riposte” s’organise en deux mouvements.
D’une part, tous les chevaux légers de la Macronie commencent à quotidiennement canarder Mélenchon pour des raisons de plus en plus absurdes et outrancières. Ce que le quotidien “Libération” résumait parfaitement en couverture ce vendredi 10 juin, en titrant, sous un portrait en noir et blanc de Mélenchon : “CET HOMME MANGE-T-IL DES ENFANTS ?”.
En explicitant ainsi son titre : “La dynamique de la gauche unie effraie la majorité présidentielle qui tente de diaboliser Jean-Luc Mélenchon à la veille des législatives. Quitte à dire n’importe quoi. Décryptage : les fake news de la Macronie “.
Rien à ajouter – si ce n’est que “Libération” semble ainsi un peu s’éloigner de la ligne “sociale-libérale” qui lui avait été imposée par le macroniste Laurent Joffrin (un effet collatéral de la naissance de la Nouvelle Union Populaire ?).
Un exemple de ces délires ?
Le programme de la NUPES prévoit d’interdire les “coupes rases” des forêts au-dessus de deux hectares. Une mesure nécessaire pour lutter à la fois contre la déforestation et pour maintenir l’indispensable biodiversité.
Dans la bouche de Macron (à Clichy sous bois, le 8 mai) cela devient “Mélenchon veut interdire de couper son bois dans sa propre propriété”, et dans la bouche de ses apôtres, qui enchaînent et développent aussitôt la parole du maître, “veut interdire de couper son bois dans son propre jardin”. Ce ne sont plus des “éléments de langage”, mais des slogans hallucinogènes.
A force de ne fréquenter que les milliardaires, il doit leur avoir échappé que tout le monde n’a pas deux hectares de forêt “dans son jardin”, et que le problème n’est pas d’interdire de “couper son bois” (vous la voyez, la petite cheminée ouverte qui fumotte dans la tranquille petite maison de campagne ?)… mais de raser des collines entières au bulldozer !

En second lieu, de façon encore plus “incompréhensible”, Macron annonce tout seul la future création d’un prétendu « Conseil National de la Refondation » qui regrouperait les “forces politiques, économiques, sociales, associatives” du pays, mais aussi “des élus des territoires et de citoyens tirés au sort“, et qui aurait pour fonction de « travailler sur les chantiers prioritaires du prochain quinquennat ».
Comme si le problème des hôpitaux et des écoles, par exemple, était un “manque de débats”, et non un “manque de moyens” !
Une initiative, que Mélenchon s’est empressé de rebaptiser le “grand blabla”, et qui a été jusqu’à inquiéter les propres soutiens du Président.
François Bayrou a ainsi fait en substance remarquer qu’au moment où on élisait une assemblée délibérative, c’est-à-dire le Parlement, il était un peu étrange d’annoncer ce par quoi on prétendait la remplacer !
Mais Macron veut visiblement rejouer ici le coup du “grand débat”, qui lui avait permis d’enterrer le mouvement des gilets jaunes en 2019 – avec, il est vrai, l’aide précieuse des flash-balls et de la Covid.
Souvenez-vous : on l’avait vu à l’époque soliloquer pendant des heures et des semaines en bras de chemise, devant des assemblées de notables et de citoyens triés sur le volet, en prétendant ainsi “consulter” le pays.
Les Français avaient pourtant “joué le jeu” : le gouvernement avait collecté deux millions de “contributions”. Et que Macron en a-t-il fait ? Absolument rien. Un merveilleux exercice d’enfumage, qu’il envisage visiblement de recommencer aujourd’hui.

Or Macron s’est engagé par écrit auprès de l’Europe à réduire le déficit de la France à 3%.
Ce qui annonce inévitablement une nouvelle charrette de coupes sombres dans tous les services publics et dans les budgets sociaux.
On comprend qu’il préfère rester discret sur les ambitions de son futur gouvernement. C’est tout l’art délicat de la démocratie : il faut que les veaux élisent le boucher qui va les égorger.
Les Français ont pourtant la possibilité, en votant ce dimanche 12 juin pour les candidat·es de la NUPES, d’écrire une tout autre histoire : le SMIC à 1500 euros nets, la pension à 60 ans, le blocage des prix, le “salaire étudiant”, le minimum vieillesse et toutes les autres allocations au-dessus du seuil de pauvreté, et la création de dizaines de milliers d’emplois dans les secteurs industriels d’avenir, dans les hôpitaux, dans les écoles, et dans tous les services publics indispensables aux citoyens.
Des mesures d’urgence, prélude à la 6ème République et à cette “bifurcation écologique” qui réorienterait toute la société française vers un modèle de production compatible avec l’état de la planète, le réchauffement climatique et le “bien vivre” des citoyens.
Pour la première fois depuis très longtemps, les Français semblent avoir ce week-end leur avenir en main. Nous saurons dans dix jours celui qu’ils se sont choisis.

Claude Semal le 11 juin 2022.

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