Ce que tu as loupé (par Cédric Gervy, auteur et chanteur)

Ce que tu as loupé (Cédric Gervy)

Depuis novembre où tu es parti,
Et on est nombreux à t’envier,
Refaire le monde avec Bacri
Voilà un peu ce que tu as loupé
Oh non ici ça ne s’arrange pas
Tout est pareil avec plein de trop
C’est même pire que quand tu étais là
Ça vire au lavage de cerveau
Enfin pour ceux qui en ont un
Quand on se promène sur les réseaux
Y en a vraiment de moins en moins
Les fils se voient et c’est pas beau
Tout ce qui dépasse un peu de la norme
Chaque cause qui se voit défendue
Donne lieu à des débats énormes
Par ceux qui avant se seraient tus
Je te vois sur ta machine écrire
Des chroniques qui seraient censurées
On ne te laisserait plus réagir
Ici on blesse la vérité
Tout est bobards, filtres et tabous
Les nouveaux héros de la lucarne
Justice nulle part, Police partout,
Racontent du vent, mais quel vacarme
Ces experts en tout donc en rien
Ont la mine sinistre des croque-morts
Ces prédicateurs de demain
Qui se lavent les mains de notre sort
Toi qui aimais tellement Tintin
Ils nous font marcher sur la tête
Comme Tournesol ils font très bien
La sourde oreille à nos requêtes
Quand tout là-haut ils se pavanent
Malgré tout ce fumier qui pousse
La culture sans engrais se fane
Et nous on tangue sous les secousses
Ça va aller, mais tu me manques
Y a même pas de mot pour le décrire
Toi au spectacle de tous ces branques
Tu aurais sûrement éclaté de rire
Or c’est l’humour qui en prend un coup
Ils ont même eu Annie Cordy
Avant on pouvait rire de tout
Mais pas avec n’importe qui
Tout est sujet à polémique
A diffamation, à opprobre
Passé sous ce gel alcoolique
Tout ça est devenu trop propre
Puis toi qui aimais tellement Brel
Tu serais pas fier du Plat Pays
30 à l’heure partout dans Bruxelles
Soi-disant pour l’écologie
Je pourrais continuer longtemps
A t’énumérer ce qui ne va pas
Mais tu vois tout et tu comprends
Que ça ne nous avancera pas
On va donc mordre sur notre chique
Qui n’a plus de goût depuis tout ça
On avait une vie fantastique
Quand on compare avec ce qu’on a
Et les solutions qu’on propose
Entre la peste et le choléra
Entre dictature et psychose
Entre Hitchcock et Che Guevara
On prétend faire toutes ces révoltes
Qui grondent ici, même plus tout bas
Mais si on sème ce qu’ils récoltent
Pas étonnant que ça ne pousse pas
Cette sensation si menottante
Qu’on ne peut plus rien critiquer
Parce que rôdent les âmes bien-pensantes
Le goudron et les plumes au frais
« Oh là fiston, quel pessimisme ! »
Oh non, Papa, c’est même pas ça
C’est que moi tous ces mots en -isme
Je n’en peux plus et c’est comme ça
Je te parle même pas du vaccin
Qui est le dernier clivage en date
Et dans chaque camp y a des gens bien
Et tant de baudruches qui éclatent
Depuis novembre où tu es parti
Voilà un peu ce que tu as loupé
On t’envoie des bisous d’ici
Te tracasse pas, ça va aller
2 Commentaires

Poster un commentaire