“CECI N’EST PAS UN COMPLOT” MAIS UN (BON) DOCUMENTAIRE

Où l’on apprend les liens de Van Ranst avec GSK (vaccins), Sanofi-Pasteur (vaccins), Merck (tests PCR), J&J (vaccin COVID), Abbott (tests), Biocartis (tests). Ce n’est plus du conflit d’intérêt, c’est une pharmacie ambulante.

Disons-le d’emblée : je tiens le docu-fiction de Bernard Crutzen pour un excellent documentaire. Cela ne signifie pas que je partage nécessairement toutes ses conclusions, et certains procédés narratifs m’ont parfois semblé curieux.
Mais j’ai d’abord envie de lui dire simplement bravo et merci.
Merci de s’être confronté au traitement médiatique du virus qui nous bouffe la vie depuis presqu’un an, et merci de s’être démerdé pour en faire un film – grâce au financement participatif de 1477 souscripteurs kisskissbankignols.
Et bravo aussi pour l’écriture et la réalisation de son film, à mes yeux remarquable, avec une mention spéciale au montage souple et précis de Mathieu Pierart.
Pour ceux qui souhaiteraient un décodage plus critique de ce documentaire, j’ai repris ci-dessous le commentaire d’Arnaud Ruyssen sur Facebook. Un journaliste de la RTBF qui défend son os et sa profession, sans renoncer pour autant au dialogue et à une certaine autocritique.
Et une mise au point publique du réalisateur, qui répond ainsi aux premières critiques qui ont été adressées à son film.

Ouaf, ouaf, ouaf !

Pour ma part, j’ai il est vrai été surpris par le nombre de petits procureurs qui, aussitôt le film mis en ligne, se sont précipités pour lui mordre les mollets sur  les réseaux sociaux. Ouaf, ouaf, ouaf, complotiste ! Ouaf, ouaf, ouaf, ne parle pas de… (liste exhaustive). Ouaf, ouaf, ouaf, moi je pense que… (remplir les pointillés).
Dites, les gars – car ce sont souvent des gars – si vous savez tellement mieux que tout le monde ce qu’il convient de dire, et comment le dire, je vous en prie, allez-y, foncez, enquêtez, écrivez, faites des films, des documentaires, des articles, des pièces de théâtre. Mais je vous en supplie, ne gaspillez plus votre énergie à dézinguer le travail des autres sur Facebook. Cette méchante petite manie n’est pas digne de votre talent.

Sur le mode « tintin reporter », Crutzen se met en scène face aux média, en suivant la ligne du temps.
Un procédé narratif souvent employé dans les docu-fictions : Michael Moore (« Bowling Colombine »), François Ruffin (« Merci patron »), Jan Bucquoy (« Fermeture de l’usine Renault à Vilvorde »), Mélanie Laurent (« Demain »), et cent autres avant et après lui. Certains y ont pourtant vu… la signature même du complotisme !
Bernard croise ainsi des universitaires, des médecins, des industriels, des épidémiologistes… et des journalistes.
Au grès des rencontres et des interviews, quelques thèmes (quelques thèses ?) émergent et s’entrecroisent.
1. En temps de guerre, le journalisme se transforme en propagande d’état.
2. La machine médiatique fabrique de la peur et du consentement. On exagère la létalité de la maladie.
3. On veut nous vendre des vaccins, présentés comme la seule issue possible à la crise.
4. Les experts, qui conseillent les princes, sont en conflit d’intérêt permanent, car ils ont de forts liens financiers avec l’industrie pharmaceutique et vaccinale.
5. Les opposants sont bâillonnés, les débats étouffés, nos libertés restreintes. « Complotiste » est devenu une insulte facile qui permet d’écarter toutes les questions qui dérangent.
6. On utilise la crise sanitaire pour nous imposer un monde informatisé, virtuel, fliqué, hygiéniste.

Gonfler ou dégonfler, c’est toujours manipuler.

Chacun des chapitres est convaincant et bien documenté.
Le terrain devient plus glissant lorsque le documentaire entreprend de tisser entre eux des liens de causalité.
C’est la différence subtile (?) entre dire « on a inventé des vaccins pour combattre un virus » et dire « on a inventé un virus pour nous vendre des vaccins » (ce que le film laisse parfois sous-entendre).
Un exemple que je connais un peu. Bernard Crutzen accuse le gouvernement d’avoir dramatisé la situation, au début de l’épidémie, en gonflant artificiellement le nombre des « morts COVID » dans les homes (alors que seuls 4% d’entre eux étaient des cas « confirmés » COVID, les autres étant « non confirmés » … puisque « non testés »). Or il se fait que je suivais alors quotidiennement les stats de Sciensano pour la rédaction d’un article (1).
Vous vous souvenez ? La Belgique était en avril 2020 au « top 1 » mondial des décès COVID – le mouton noir pestiféré qu’on montrait du doigt dans le monde entier. « Oui mais, les autres ne comptent pas comme nous », se défendaient les « p’tits Belges », sur le mode Caliméro : “c’est trop injuste!”.
Et c’est alors, abracadabra, que Sciensano a du jour au lendemain introduit dans ses statistiques cette notion de « morts COVID non confirmés », non pour « gonfler » artificiellement le nombre des décès, mais au contraire… pour le « dégonfler » ! Mis en situation, l’objectif politique du gouvernement belge était donc exactement l’inverse de ce que semble affirmer le documentaire : il voulait « dédramatiser » au lieu de « dramatiser ».
Bernard Crutzen se laisse aussi parfois emporter par son lyrisme. La manif « anti-masque » du 29 août à Berlin est ainsi créditée en voix off « d’un million de manifestants », alors que la police en a compté 18.000, et l’ensemble de la presse, entre 30 et 40.000. On est habitué à cette bataille de chiffres entre la police et les organisateurs, mais là, on change carrément de planète. Voilà, c’est fait, ouaf, ouaf, ouaf, j’ai moi aussi déposé ma petite crotte sentencieuse dans le fil encombré des commentaires.

Quelques moments clé du film :

0 Une conférence en anglais de Marc Van Ranst (2019) où il explique comment investir et manipuler les média pour promouvoir une politique vaccinale : « il suffit de comptabiliser les morts au quotidien ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que son « conseil » a été suivi. Certains y ont vu de l’humour. Appelons plutôt cela du cynisme. Dans la même séquence, on apprend les liens économiques de Van Ranst avec GSK (vaccins), Sanofi-Pasteur (vaccins), Merck (tests PCR), J&J (vaccin COVID), Abbott (tests), Biocartis (tests). Ce n’est plus du conflit d’intérêt, c’est une pharmacie ambulante.
0 Le témoignage du père d’une fillette de trois ans dont le décès a été erronément attribué, par sensationnalisme, au COVID-19. Si les grands média veulent à juste titre combattre les « fakenews », ils seraient bien inspirés de ne pas en produire eux-mêmes.
0 Le licenciement « idéologique » du Dr Pascal Sacré, anesthésiste et réanimateur, par le Grand Hôpital de Charleroi. Visiblement meurtri, il n’en revient toujours pas : « Ils ont renvoyé un médecin réanimateur en pleine crise COVID. J’ai dû partir alors qu’ils avaient besoin de moi ».

Etre journaliste ? Poser les questions que l’on ne veut pas poser.

Dans une intéressante interview à BAM (2), Bernard Crutzen précise sa démarche et décoche encore quelques flèches au passage (« Moi j’ai interviewé des chefs de services hospitalier. Les médecins sont les grands absents de ce débat. Van Ranst n’a jamais vu un malade COVID de sa vie »).
Il cite Georges Orwell : « Un journaliste, c’est quelqu’un qui pose les questions que les autres souhaiteraient qu’on ne pose pas ; tout le reste, c’est des relations publiques ».
Et il continue à secouer le cocotier : « Les média font leurs choux gras de la moindre déclaration de Van Ranst ou de VandenBroucke. En gros, aux commandes de cette crise, on a donc un ministre qui a été accusé de corruption dans l’affaire Agusta (3) et un virologue en plein conflit d’intérêt, et après ça, on vient nous demander d’adhérer à leurs décisions. Mais pour qu’on adhère, il faut de la confiance, et pour moi, la confiance est rompue ».

Comme toujours avec un documentaire d’auteur, la personnalité du pilote compte pour beaucoup dans l’adhésion à l’œuvre.
Je ne connais pas personnellement Bernard Crutzen, mais il me semble honnête dans sa démarche, cohérent dans son discours, rigoureux dans son travail. Avec une carte de journaliste en poche, il a une vraie curiosité intellectuelle. On irait bien boire quelques bières devant l’écran avec lui.
Avec 400.000 « vues » pour son documentaire en trois jours, une chose est sûre : Bernard n’est plus le seul aujourd’hui à se poser des questions.

Claude Semal, le 10 février 2021.

(1) COVID-19 / Un virus dans les stats belges (Semal, 5 mai 2020, Médiapart) COVID-19 / Un virus dans les “stats” belges
(2) Belgian Alternative Media (BAM !), interviewé le 9 février 2021 par Valérie Lemaître.
(3) Nouveau président du Spa, Vandenbroucke avait découvert en prenant sa fonction cinq millions de FB d’argent douteux dans les caisses du parti, provenant sans doute d’un reste des pots-de-vin de l’affaire Agusta. Avant d’en informer la justice, il avait voulu « les brûler ». Ce scandale provoqua sa démission.

Le point de vue du journaliste : “Nous doutons aussi”
(publié sur le compte Facebook d’Arnaud Ruyssen, journaliste à la RTBF)

Pressé par de nombreux messages qui m’y invitaient, j’ai pris le temps de regarder le documentaire « Ceci n’est pas un complot » (réalisé par Bernard Crutzen) qui circule en ce moment beaucoup et qui dénonce la façon dont la crise Covid est médiatisée.
Si je l’ai regardé, c’est parce que, contrairement à ce qui est dit péremptoirement dans ce docu « à charge », je doute… comme beaucoup de mes collègues, d’ailleurs. Nous doutons.
Comment ne pas douter devant une crise qui chamboule à ce point là nos certitudes et notre vivre ensemble? Devant ce virus qui nous déroute en permanence.
Evidemment que le traitement médiatique de cette crise doit être questionné et peut être critiqué:
-l’emballement sur certains cas peu représentatifs (comme le cas de cet enfant de 3 ans décédé l’été dernier),
-la litanie des chiffres sans toujours suffisamment de mise en perspective,
-la recherche de « titres vendeurs »,
-l’utilisation abusive du terme « complotiste »…
On doit tous s’interroger sur ça dans nos rédactions. Et on le fait d’ailleurs.
Mais la thèse implicite de ce documentaire va bien plus loin. Elle présente les médias comme des manipulateurs conscients, complices voire artisans de l’avènement d’un régime autoritaire.
Pour l’auteur, le Covid n’est qu’un moyen, une occasion… pour mettre en place une société du contrôle, restreignant drastiquement nos libertés, donnant tout pouvoir aux grandes entreprises (et à Bill Gates), annihilant progressivement le contrôle démocratique…
Il nous explique (avec des extraits soigneusement découpés) que les médias usent et abusent de propagande, manipulent des chiffres et exagèrent fondamentalement la portée de la pandémie, pour accélérer la mise en place de cette dictature sanitaire.
Alors soyons de bon compte:
Bien sûr que la démocratie est en crise, que les États apparaissent de plus en plus désarmés face au pouvoir de grandes multinationales, que la collecte massive de nos données personnelles permet le glissement vers une société du contrôle…
C’est un vrai enjeu et si ça vous intéresse on avait pris le temps de se plonger sur tout ça dans cette série radio (podcast).
Bien sûr aussi que la crise sanitaire risque d’amplifier cette crise de la démocratie, si on n’y prend pas garde.
MAIS ce documentaire minimise complètement le CŒUR du problème de cette épidémie… à savoir le risque de faire exploser notre système hospitalier.
Quand le virus se répand de manière exponentielle (ce qui s’est passé à chacune des deux vagues), il envoie très rapidement un grand nombre de personnes (âgées ou à risque) à l’hôpital et peut faire très vite craquer le système.
Or, un hôpital saturé, cela a des répercussions en cascade sur toutes les autres pathologies à soigner et donc sur la société dans son ensemble.
Alors comment évite-t-on cela autrement que par les mesures actuelles? Le documentaire n’en pipe mot.
-Peut-on balayer 20 000 morts d’un revers de la main… en les ramenant au fait qu’ils ne représentent « que » 0,17% de la population belge?
-Pourquoi n’explique-t-on pas que la Suède (citée en exemple dans le documentaire) a abandonné très rapidement son idée d’immunité collective, constatant qu’elle était intenable?
-Pourquoi n’entend-on pas les infectiologues de première ligne, ceux qui ont été au front de cette crise COVID et qui étaient parfois en pleurs, au bout du fil, craquant complètement devant la situation intenable qu’ils devaient gérer avec leurs équipes?
-Pourquoi ne rappelle-t-on pas le combat des pédiatres qui ont, contre vents et marées, plaidé pour l’ouverture des écoles, faisant précisément la balance entre les enjeux de santé et l’enjeu fondamental de l’éducation et du bien être des plus jeunes?
-Pourquoi ne voit-on aucun extrait de toutes les émissions de débat contradictoire qui ont été organisée sur cette crise? Avec des défenseurs des droits humains, avec des représentants de tous les secteurs de la société en souffrance, avec des experts « non-alignés » sur les choix gouvernementaux?
-Pourquoi ne voit-on aucun extrait des émissions d’investigation menées sur la gestion politique de cette crise, sur le business des vaccins, sur les marchandages secrets avec les Big-Pharma?
-Pourquoi ne pas rappeler que la Belgique a été le pays d’Europe où la seconde vague a fait le + de dégâts (même si les scénarios les plus pessimistes ne se sont heureusement pas réalisés)?
-Pourquoi ne voit-on pas tous ceux et celles (parfois jeunes) qui, plusieurs mois après, souffrent encore douloureusement des séquelles du Covid?
Pensez à tout ça en regardant… (si vous regardez).
Faites ce que se doit de faire un.e journaliste: multipliez et croisez vos sources .

Arnaud Ruyssen (sur Facebook)

Le point de vue du réalisateur :
« les journalistes pourraient se montrer plus critiques à l’égard des autorités ».
(publié sur les réseaux sociaux par Bernard Crutzen)

6 5 0 0 0 0 vues ! Merci à tous pour le formidable partage ! Nous avons dépassé 650 000 vues sur les différentes plateformes, c’est énorme. Les adaptations en néerlandais, anglais, italien et malgache (!) sont en cours. Les retours sont très majoritairement positifs.
Malheureusement, certains médias ont réagi négativement, nous nous y attendions. J’ai décidé de répondre aux critiques – nécessaires en démocratie – dans le but de faire avancer le débat, en espérant qu’il dépasse les réseaux dits sociaux.
Tout d’abord, une précision sur le GENRE. Il s’agit d’un documentaire, et la meilleure définition que je connaisse du documentaire est « le cinéma du réel ». Il s’agit bien d’une démarche cinématographique avec un scénario, des mises en scène, une musique originale, etc. Mais ce n’est pas une fiction puisqu’il s’attache au réel. Or dans cette crise, il m’a semblé que le réel n’était pas nécessairement celui que nous présentaient la plupart des médias.
Il y a comme une distorsion entre réalité et perception, les chiffres sont éloquents à ce sujet (0,02% de mortalité à l’échelle mondiale au 31/12/2020). Non, je ne balaie pas du revers de la main les 20 000 décès belges : je les mets en perspective. C’est le cœur de mon projet. D’où l’enquête que j’ai menée pendant quelques mois. Entre cinéma et investigation, c’est donc un film hybride, transgenre, ce qui gêne les journalistes professionnels en recherche d’objectivité.
Je suis en tous cas déçu que certain.e.s journalistes collent au film l’étiquette complotiste, « à la sauce Hold-Up » comme le titre Le Vif ce 8 février. C’est précisément l’écueil que j’ai tenté d’éviter.
Déçu aussi de décevoir Arnaud Ruyssen, qui s’est senti attaqué alors qu’il a probablement organisé les débats les plus équilibrés. J’en déduis que le journaliste est allé se faire un café lorsque le commentaire disait : « On me reprochera de me focaliser sur les gros titres des JT et les unes des quotidiens, c’est vrai ! Parce que ce sont les gros titres que l’on envoie d’un clic et qui créent la panique. J’admets que certains journalistes ont analysé et investigué, mais très peu se sont aventurés à questionner le discours dominant, à douter.»
Je ne répondrai pas aux multiples « pourquoi » parce que la réponse est simple : un documentaire de 70 min ne peut pas traiter tous les aspects d’une problématique aussi complexe. Quant aux possibles erreurs factuelles, j’y répondrai après avoir vérifié mes sources.
On accuse mon film de “manipuler le spectateur en sous-entendant un complot mondial mêlant médias et élites vers une société de contrôle”. Je n’ai pas dit ça. On prétend aussi que je les trouve « complices », un mot que je n’ai pas utilisé. Mon hypothèse est que le traitement médiatique (la peur, le sensationnalisme, la cécité sur les conflits d’intérêts…) déroule le tapis rouge pour ceux qui rêvent d’une société hygiéniste et sécuritaire, pour laquelle nous n’avons pas voté. Il me semble que peu de journalistes rêvent de ce monde-là.
J’accepte que mon film soit démonté par des médias blessés, mais j’espère en retour que les rédactions s’intéresseront à ce que le film pointe du doigt (VanRanst, le papa, AstraZeneca…). J’attends que les médias cessent d’annoncer « de nouvelles contaminations » alors qu’ils savent que ce ne sont que des tests positifs.
Ce genre de glissement sémantique provoque une réaction disproportionnée de la part des citoyens et des gouvernements.
On estime que je n’ai pas assez parlé du CŒUR du problème ?
Pour moi, le cœur du problème ce n’est pas la saturation hospitalière, mais la NARRATION autour de la saturation hospitalière. Cette façon de rejeter la faute sur un virus ou des comportements sociaux, et non sur des choix économiques et politiques. Cette manière de faire porter au virus la responsabilité du tsunami économique qui va nous tomber dessus dans les mois à venir. Ce n’est pas moi qui le dis dans le film, c’est un professionnel de la finance internationale.
Oui, je persiste : les journalistes pourraient se montrer plus critiques à l’égard des autorités. Il me semble que certain.e.s ont confondus information et communication.
Je ne suis pas devenu complotiste, je suis plutôt un réalisateur “mainstream”. Mes documentaires antérieurs ont été coproduits par des télévisions grand public et ont connu un beau succès d’audience. Je n’ai pas changé, je travaille toujours de la même manière. C’est le sens du courant qui a changé. Je me retrouve aujourd’hui à contre-courant. C’est fatigant de nager à contre-courant, mais je suis poussé dans le dos par des milliers de personnes, qui ont bien compris le message : «douter, douter, et encore douter».
Merci à ma petite équipe pour le soutien moral, et à vous, toutes et tous, pour les encouragements massifs.

Bernard Crutzen (sur les réseaux sociaux)

8 Commentaires
  • D'une Certaine Gaieté
    Publié à 10:01h, 15 février

    Bien sur, pour l’amour de la science et de la vérité, il faut debunker ce film, mais tout ces efforts ne font que rassurer l’intelligensia qui se sent dépossédée du pouvoir de la critique. Mais pour les autres qui ont appréciés le film, ça ne change rien, ils ne liront pas les 10 pages du médecin bien courageux qui a passé sa journée à démonter les infos. Ce dont les gens ont besoin, c’est d’un discours alternatif à la doxa sanitaire actuelle, c’est un propos qui confirme leur sensation, bien réelle, d’être floué. C’est ce que tente le film (en se plantant complètement). J’ai regardé l’émission À votre avis de la RTBF. Une mise en scène de démocratie dénoncée par ce film justement. Que de mensonges distillés par le Premier!… Et là, bizarrement y’a plus personne pour débunker! Ce film pointe la fabrique du consentement dans laquelle nous nous trouvons, mais on sent bien que le réalisateur n’a pas les outils pour le comprendre. Il n’empêche, c’est ce deux poids-deux mesures qui font qu’on arrivera jamais à convaincre les frondeurs par le fact cheking. https://www.entonnoir.org/2021/02/11/ceci-nest-pas-une-critique/

  • Irene Kaufer
    Publié à 17:40h, 10 février

    A force de lire des commentaires, surtout très critiques, de la part de personnes pour qui j’ai de l’estime, et puis soudain en complet décalage l’enthousiasme de Claude, j’ai fini par craquer moi aussi et par rejoindre la cohorte de celles et ceux qui font le succès de ce documentaire, parfois à l’insu de leur plen gré…
    Je ne peux que constater dans les remarques de gens plus compétents que moi, ainsi que les distances prises par certain·es interviewé·es, à quel point ce documentaire est bourré d’approximations (pour le dire gentiment). Même avec mes connaissances lacunaires sur le sujet, j’ai quand même sursauté en entendant le réalisateur présenter comme « alternatives » crédibles à la vaccination l’immunité collective à la suédoise, la vitamine D et la chroloroquine… Voilà qui m’a semblé pour le moins « léger ».
    Cependant, pour moi, tel qu’il est, et à condition d’être présenté dans le cadre d’un débat, ce documentaire a au moins le mérite de soulever une question qui me paraît incontournable : le peu d’échos dans les médias de critiques et de questionnements, aussi mesurés et “raisonnables” soient-ils. Que ce soit sur le choix des “expert‧es », les mesures prises sans débat démocratique, leur (absence d’) évaluation, les “projections” d’avenir sans suivi, ou encore la vaccination. J’ajouterais que rien que le tapis rouge déroulé par les médias à Frank Vandenbroucke, buvant ses paroles comme celles d’un oracle, tout sens critique ravalé, mériterait un docu à lui tout seul.

  • Manu Berquin
    Publié à 15:21h, 10 février

    Des amis m’ayant envoyé le lien vers le film « Ceci n’est pas un complot », voici ma réaction.
    En tant que médecin généraliste en maison médicale, je l’ai regardé avec attention et je désire exprimer mon profond désaccord avec le message général qui y est formulé.
    Je partage pourtant une grande partie des constats tels que :
    – Le sous-investissement des soins de santé depuis des décennies
    – La mondialisation et les délocalisations qui rendent le système très fragile
    – Le sensationnalisme des médias
    – La gestion catastrophique de la crise par nos gouvernants
    – La gestion catastrophique de la communication autour de cette crise (culpabiliser au lieu d’encourager)
    – Les conflits d’intérêts avec le secteur pharmaceutique et financier
    – La non-attention à la culture et à l’enseignement
    – Le développement d’un état policier
    – Le non-respect de la confidentialité des données par Sciensano (déjà bien avant le covid), et l’absence de débat démocratique concernant les bases de données et leur utilisation
    D’autres constats auraient mérité d’être mentionnés :
    – L’origine environnementale de cette pandémie, et des probables suivantes
    – L’absence totale d’imagination des gouvernants sur la gestion du confinement, se limitant à ouvrir/fermer sans demander l’avis du secteur associatif, pourtant plein d’idées, en particulier par rapport aux jeunes
    – L’absence de redistribution des richesses, qui aurait permis de rendre la crise supportable par tous
    Mais surtout, le film comporte un grand nombre de contre-vérités, de désinformations, soit directement soit en évoquant ou en donnant la parole à des personnes non dignes de confiance.
    Quelques exemples :
    – Minute 14 : « ici des médecins américains se regroupent pour expliquer qu’il ne faut pas céder à la panique et qu’on peut guérir du covid » :
    o L’une d’entre eux, Stella Immanuel, pense que de nombreux problèmes gynécologiques (endométriose, infertilité, fausse-couches) sont liés à des rêves dans lesquels la femme a fait l’amour avec un démon, ou que de l’ADN d’extraterrestres est couramment utilisé en médecine (1)
    o Une autre, Simone Gold, a participé à l’invasion du Capitole le 6 janvier et n’a pas trouvé cela illégal (2)
    – Minute 15 : « c’est en France que l’opposition sera la plus médiatisée, portée par des professionnels comme (…) Raoult » :
    o Les études de Raoult sur la chloroquine n’ont aucune rigueur scientifique. L’une n’a été que « pré-publiée » dans une revue, l’autre n’a été accessible que sur le site de Raoult et dans une revue dont l’un de ses collaborateurs est le rédacteur en chef. D’innombrables critiques sont parues sur internet dont certaines assez accessibles (3)
    o La publication dans une revue scientifique n’est pas toujours un gage de qualité. La revue « Asian Journal of Medicine and Health », qui a publié un article en soutien au thèses de Raoult, est connue comme une revue prédatrice, publiant n’importe quoi pour se faire de l’argent. En témoigne le canular sur les trottinettes, publié par cette revue sans relecture (4)
    – Minute 31, sur le document de l’OMS « WHO Information Notice for IVD Users » :
    « le testing de masse devient alors peu fiable » « le test PCR devrait être réservé au patient qui présente des symptômes cliniques, càd s’il est malade » « cette publication est cruciale ». Le document de l’OMS date de décembre 20 et a été mis à jour depuis. Ni dans la version 1 (5), ni dans la version 2 (6) je ne trouve ces recommandations contre le testing de masse ou le fait de réserver la PCR à des patients symptomatiques.
    – Minute 43 : « la technologie de l’ARN messager, encore jamais testée à grande échelle » : Un vaccin est généralement mis sur le marché après avoir été testé sur 3000 à 6000 personnes. Le vaccin Pfizer a été testé sur 22.000 personnes (comparé à 22.000 n’ayant pas reçu le vaccin) (7) ; le Moderna sur 15.000 personnes (comparé à 15.000 n’ayant pas reçu le vaccin) (8).
    – Minute 47, sur les alternatives aux vaccins : « il y a la recherche de l’immunité collective, comme l’a tentée la Suède » : cette tentative a été un échec (9,10). Sur la vitamine D, l’artemisia, la chloroquine : de nombreuses études n’ont pas réussi à prouver leur efficacité (11, 12, 13, 14)
    – « l’agence fédérale du médicament a déconseillé l’utilisation de la chloroquine par les généralistes » : en effet, en mai 2020 l’efficacité n’étant pas prouvée, elle était réservée à des études sérieuses et bien menées, qui ont été stoppées faute d’efficacité. En mars-avril, elle était utilisée largement dans les hôpitaux parce que l’on croyait encore à une efficacité à ce moment et c’est dans ce cadre que des médicaments ont été envoyés au Congo.
    Fin 2020, il était devenu évident que la chloroquine n’a pas sa place dans le traitement du covid et les hôpitaux sérieux ne l’utilisent plus (15)
    – Minute 55 «le chef des urgences se gardera bien de rappeler que chaque année en fin d’automne, les hôpitaux sont débordés par différentes pathologies respiratoires » : la saturation de la 2ème vague était sans commune mesure avec celle constatée habituellement en automne (16). Les épidémies respiratoires habituelles ne provoquent pas la fermeture de services hospitaliers entiers.
    – Minute 57 : « le seuil épidémique pour la grippe est d’environ 150 cas malades/jour » : la mortalité chez les patients hospitalisés pour la grippe est 3x inférieure à celle du covid (17)
    La gravité du covid est minimisée :
    – Minute 6 : « 99,83% de la population belge n’est pas morte du virus » : sachant que la population est de 11 millions, quel pourcentage est-il significatif selon vous ? 5% = 550.000 ? 10% = 1,1 million de morts ??
    L’impression générale après avoir vu le film est que le covid n’est pas si grave, qu’il existe des traitements, et que le vaccin est inutile et dangereux. Ce n’est peut-être pas un complot (quoique…) mais ce florilège de désinformation me met en colère.

    Le vaccin est présenté comme une protection individuelle, nulle part n’est évoquée la vaccination collective et solidaire. Je cite une lettre de la Fédération des Maisons Médicales (18): « Notre modèle de soins met l’individu au centre et nous croyons à la responsabilisation du patient. Nous essayons quotidiennement de ne pas imposer mais de proposer (cf. les initiatives autour du patient partenaire). Or, dans le cadre de la vaccination, l’individu passe après la collectivité. La vaccination est un acte collectif et solidaire. Elle a permis le recul des maladies infectieuses de sorte qu’aujourd’hui, certaines ne nous apparaissent plus comme dangereuses. Ce recul n’a pu se faire qu’à travers différentes campagnes de vaccination collective. Le bénéfice personnel est moindre, c’est le paradoxe de la vaccination. Se vacciner collectivement pour protéger les plus faibles. Se vacciner collectivement pour espérer sortir de cette crise. Le modèle de soins défendu dans nos maisons médicales passe par la prévention et la prise en charge de la communauté. Nous défendons un système de soins basé sur la solidarité. Dès lors, pour nous, cette campagne de vaccination s’inscrit bien dans nos objectifs. »

    Pour rappel, il y a 3 alternatives pour répondre à l’épidémie telle qu’elle est actuellement :
    1. Ne rien faire, déconfiner tout et attendre l’immunité collective, au prix de :
    o 70.000 morts du covid
    o Des centaines de milliers de personnes souffrant de covid long, séquelles respiratoires, cardiaques, neurologiques
    o Un nombre difficile à calculer de décès et de maladies, les patients ne pouvant être pris en charge en raison de la saturation des hôpitaux
    o Des soins de santé KO
    2. Continuer à confiner/déconfiner en fonction des chiffres pendant des mois ou des années, en attendant l’immunité collective, aux prix de souffrances psycho-sociales intenses et d’une récession économique grave
    3. Compter sur la vaccination d’un grand nombre pour enfin sortir de cette crise, malgré les incertitudes liées à l’efficacité à long terme des vaccins, en mesurant la balance bénéfices/risques. Mon choix est fait.
    Références :
    (1) https://www.washingtonpost.com/technology/2020/07/28/stella-immanuel-hydroxychloroquine-video-trump-americas-frontline-doctors/
    (2) https://www.washingtonpost.com/investigations/simone-gold-capitol-riot-coronavirus/2021/01/12/d1d39e84-545f-11eb-a817-e5e7f8a406d6_story.html?fbclid=IwAR3nNN6gwqdpXDMwCpE9zEfJD2L82Yn_kRMoUhqbQuHhDxxKHCBhKu13xpw
    (3) https://www.pauljorion.com/blog/2020/03/29/hydroxychloroquine-et-coronavirus-comment-apprecier-la-valeur-des-resultats-de-didier-raoult-par-alexis-toulet/?fbclid=IwAR1oddWBHCGixo1qw9BErP2ieS8VdayfI4famqFcjqhjnj8brLHTrQ6gifc
    (4) http://www.mimiryudo.com/blog/2020/08/le-meilleur-article-de-tous-les-temps/
    (5) Je n’ai pas retrouvé la version 1 sur le site de l’OMS mais elle est lisible ici : https://www.miragenews.com/who-information-notice-for-ivd-users/
    (6) https://www.who.int/fr/news/item/20-01-2021-who-information-notice-for-ivd-users-2020-05
    (7) https://www.ema.europa.eu/en/documents/overview/comirnaty-epar-medicine-overview_en.pdf
    (8) https://www.ema.europa.eu/en/documents/assessment-report/covid-19-vaccine-moderna-epar-public-assessment-report_en.pdf
    (9) https://www.youtube.com/watch?v=FE1ELFU6hzs
    (10) https://www.theguardian.com/world/2020/dec/20/as-covid-death-toll-soars-ever-higher-sweden-wonders-who-to-blame
    (11) https://prescrire.org/fr/203/1845/58744/0/PositionDetails.aspx
    (12) https://www.cbip.be/fr/gows/3493
    (13) Artemisia Spp. Derivatives for COVID-19 Treatment: Anecdotal Use, Political Hype, Treatment Potential, Challenges, and Road Map to Randomized Clinical Trials (nih.gov)
    (14) https://prescrire.org/fr/3/31/60726/0/NewsDetails.aspx
    (15) Charlotte Martin, épidémiologiste à St Pierre, aucun conflit d’intérêt, lors des journées de recyclage de l’AMUB (association des médecins issus de l’ULB), décembre 20
    (16) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/10/27/covid-19-quatre-questions-pour-comprendre-la-saturation-des-hopitaux_6057568_4355770.html
    (17) https://presse.inserm.fr/la-covid-19-entraine-3-fois-plus-de-deces-que-la-grippe-saisonniere/41795/
    (18) https://drive.google.com/file/d/1DfAIlzgfinDMmETVO_a9tvkS8iTHc52k/view

    • dominique dufour
      Publié à 12:37h, 13 février

      Merci confrère pour votre commentaire , je vous rejoins Dr DUFOUR D

  • Lukǝ Tambǝur
    Publié à 14:24h, 10 février

    Je prends sur moi de publier ici le commentaire de Nathalie Sartiaux écrit en réaction/en réponse au papier de Claude Semal : « Heu… Désolé Claude, mais j’hallucine là. (Bon j’imagine que tu t’en fiche un peu, on ne se connaît pas bien, mais comme tu mentionnes dans ton billet le film que j’ai co-réalisé avec Jan , je me permets de l’ouvrir) Perso je ne nommerai pas cette vidéo à sens unique “documentaire”. Franchement c’est bourré de sous-entendus (déjà entendus mille et une fois ceci dit), de procès d’intention et le montage est à mes yeux putassier au possible. Aucuns des extraits de JT cités ne sont datés? ce qui fait que l’on peut leur faire dire tout et son contraire. L’exemple de ce chef de service qui prétend que les urgences covid sont vides. Oui, ok, mais quand? Parce qu’en Novembre, ce n’était absolument pas le cas. Et ça c’est déontologiquement inacceptable quand on prétend faire du journalisme d’investigation. Idem pour la manif anti-masque de Bruxelles. Franchement, oui il y avait beaucoup de membre de Qanon. Je ne sais si tu te balades dans certains groupes bien anti, mais à l’époque, ça pullulait de pro-Thrump pour appeler à manifester contre les masques et les mesures. Par contre pas un mot pour les soignants, la manif de la santé en lutte et même la manif des artistes dont ils en avaient rien à foutre. Bon, oui, il y plein de pistes intéressantes dans ce truc, mais aucune réponse précise, enfin en ce qui me concerne, je n’ai pas vu grand chose qui m’aie convaincue. Il semble mélanger pas mal de données (est-ce voulu) notamment il semble confondre létalité et mortalité. Peu ou pas d’illusion aux cas de covid-long. aucune réelle analyse sur le confinement et sur ce que serait notre monde si on ne confinait que les “à risque”. Monde à deux vitesses entre les fragiles qui devraient vivre confinés tandis que les autres pourraient jouir sans entraves. Tu imagines des milices qui viennent chercher des “gros” , des “vieux”, des “diabétiques”dans un resto ou au ciné, parce qu’ils sont à risque et ne peuvent donc pas sortir car ils pourraient se choper le virus et être responsable de la saturation des hôpitaux? La voix off est aussi bien dirigée et absolument pas objective. Bon, normal si l’on fait un docu-fiction, ou du cinéma d’auteur. Mais heu, alors on soigne la forme car les milles plans de sa personne regardant le JT en buvant une bière, heu???? Et les milles plans du réal fermant le clavier de son ordi??? Re heu… Et s’il s’agit de docu-fiction, il est bon de le montrer clairement. Dans Renault-Vilvorde, on mélangeait images de fictions, d’archives et vraies interviews de manière claire. La scène dans laquelle Schweitzer qui se fait kidnapper par Jan est joué par un acteur qui a une pancarte à l’effigie de Schweitzer sur le visage. On ne peut plus gros. C’est faux et annoncé comme tel. Et un dernier truc, as-tu déjà écouté les affirmations hallucinantes de Pascal Sacré? As-tu déjà lu les post de sophie Meulemans? As-tu déjà regardé la précédente vidéo bien à sens unique de ce réal? Et encore un dernier truc parce que “merde” à la fin (bon désolé quand je commence, je ne sais plus m’arrêter) montrer Fouché, Perrone et toute la clique en parlant d'”oppositions médiatique” et un peu plus tard , parler de la manipulation des médias pile poil sur l’image d’Arnanud Ruyssens, heu , il y a comme un problème, non? Aussi montrer Simone Gold (fondatrice d’un groupe de blouses blanches d’extrême droite, pro-Thrump, qui a fait partie des débilos qui ont envahis le Capitole) comme faisant partie des quelques éveillés qui se posent des questions légitimes…. Heu? Bref… Désolé pour le fautes d’ orthographe, mes lunettes sont cassées et merci à celles et ceux qui ne seraient pas d’accord, de m’épargner les émojis représentant des petits cerveaux, des petits moutons, ou les éternels “éteignez votre télé” ou “collabos” etc… Mes tiroirs débordent… »

  • Lukǝ Tambǝur
    Publié à 14:16h, 10 février

    Ouille, Claude ! « Ceci n’est pas un complot », un excellent documentaire ?
    Tu as beau ironiser – ouaf, ouaf, ouaf – et traiter les personnes qui critiquent le film de “petits procureurs” qui déposent “leurs petites crottes” sur les réseaux sociaux, il n’en reste pas moins que leurs accusations – étayées ! – de fausses informations, de manipulations et de déformations des propos via d’habiles sélections d’extraits n’en sont pas moins interpellantes.
    Je lis qu’Emmanuel André parle de fausses allégations à son sujet, que Jacinthe Mazzocchetti évoque une manipulation malhonnête de ses propos, que Marius Gilbert parle d’un traitement orienté et superficielle de l’information, etc, etc…
    Tout n’est pas à jeter, loin de là, il y a des questionnements pertinents qui ne manquent d’intérêt, mais je suis loin de partager ton enthousiasme.

    J’ajoute par ailleurs qu’il ne faut pas avoir écrit un livre, réalisé un film ou joué dans une pièce de théâtre pour oser se permettre l’outrecuidance d’exprimer son opinion sur une œuvre littéraire, cinématographique ou théâtrale. « Si vous savez tellement mieux que tout le monde ce qu’il convient de dire, et comment le dire, je vous en prie, allez-y, foncez, enquêtez, écrivez, faites des films, des documentaires, des articles, des pièces de théâtre », écris-tu. Je ne te suis pas. L’un n’empêche pas l’autre. L’un n’est pas une condition pour permettre l’autre.

    Voilà, ouaf, ouaf, ouaf, c’est fait, j’y suis aussi allé de ma petite crotte.

    Par amour du débat contradictoire,

    Lukǝ 😘

    • Semal
      Publié à 15:27h, 10 février

      Concernant le droit à la critique, je te rejoins totalement. C’est Boris Vian qui disait : “Je n’ai jamais pondu d’oeuf, cela ne m’empêche pas de donner mon avis sur une omelette”. Lorsque c’est le cas d’autre réalisateur•trice, comme le post de Nathalie que tu reproduis, je suis plus circonspect. De quoi parle-t-elle ? Des manifs anti-masques auxquelles elle a participé ? De son propre film ? Du ton général du documentaire ? J’aurais aimé lire plus souvent, avec autant de violence et de passion, quelques mises en garde contre les discours qui nous oppriment, qui ont suspendu une bonne partie de nos libertés publiques jusqu’au premier avril, et qui tirent systématiquement sur tout ce qui sort du rang, plutôt que sur un franc-tireur qui a financé son film par souscription et qui, jusqu’à preuve du contraire, n’a tué personne et en a fait réfléchir quelques uns. A quoi les gens mettent-ils leur énergie et consacrent-ils leur indignation ? On vit sous couvre-feux, en état d’urgence permanent, et c’est une voix un peu discordante qui les excite et les fait mousser ? Qu’est-ce qui est digne de notre colère et de notre indignation ? Bernard Crutzen, vraiment ? Je trouve ça un peu étrange, et peut-être le reflet de la dépression générale qui semble paralyser nos esprits. Quant aux supposées “manipulations” des personnes interviewées, je n’ai jusqu’à présent lu que la réaction de Marius Gilbert, qui n’est évidemment pas d’accord avec la thèse générale du film, mais qui ne conteste pas les propos qu’il y tient.

      • Manu Berquin
        Publié à 17:28h, 10 février

        Voici la réaction de Jacinthe Mazzocchetti (Le Soir):

        « En mai 2020, avec 3 collègues, dans le cadre de l’appel Carta Academica, nous publions cette analyse “Incertitudes, défiance et pensées conspirationnistes: le Covid 19 au prisme du complot”. C’est suite à l’écriture de ce texte, que nous provient la demande du réalisateur Bernard Crutzen : “Je suis intéressé d’avoir un point de vue scientifique, ou disons académique, sur les théories du complot dans le cadre du Covid-19”. Revenir sur la montée du conspirationnisme en temps de pandémie nous semble important ; étant la plus spécialisée de nous quatre, j’accepte l’interview.

        Nous discutons une heure. Dans le film, comme souvent dans les documentaires, je n’en disconviens pas, quelques minutes sont gardées, sorties de leur contexte, en renfort de la trame principale. Nous avons en anthropologie un outil à la fois éthique et méthodologique nommé “le pacte ethnographique”, ici doublement floué. Il s’agit d’une part d’un pacte avec le lecteur, l’auditeur où le chercheur s’engage à ne pas tronquer les données récoltées, à ne pas leur faire dire ce qu’elles ne disent pas et à les contextualiser : qui, quand, dans quelles circonstances, en réponse à quelle question. D’autre part, il s’agit d’un pacte avec les personnes interviewées, respecter leur personne, leur parole et leur point de vue. Ici ni l’un ni l’autre de ces engagements n’est tenu.

        Si j’avais été informée du sujet véritable du film et/ou si j’avais eu l’occasion de le voir avant sa sortie, j’aurais refusé d’y apparaître, et ce, pour deux raisons principales :

        – la première est que le film pose, non pas l’hypothèse (avec questions, arguments, contre-arguments), mais la thèse d’une propagande médiatique consciente, malveillante, unilatérale ; sujet traité de façon manichéenne, d’une part, et, d’autre part, pour lequel je ne suis pas compétente. Il est à regretter par ailleurs qu’aucun académique spécialiste du langage médiatique, de la communication, des logiques de propagande n’apparaisse dans le film.

        – la deuxième est que, travaillant sur le complotisme, il m’est d’évidence que la manière dont le film est conçu ne peut qu’alimenter les groupes complotistes, aider à basculer ceux et celles, qui sur le fil, se posent de bonnes questions, mais risquent de trouver réponse du côté de groupes complotistes et/ou extrémistes. Contrairement à la conclusion énoncée, je ne pense pas que ce film participe à ouvrir un débat démocratique nécessaire, mais au contraire qu’il participe à cliver davantage et à alimenter non pas le doute et une pensée critique salutaire, mais la défiance généralisée. »

Poster un commentaire