C’EST VOUS QUI LE DITES par toi, lui, vous, eux et elles

MADAME EST SERVIE par Edgar Szoc (sur FB)

J’en fais des blagues depuis ce matin, mais il y a un aspect de la nomination de Lucie Demaret à la présidence de l’ONE qui revêt un caractère particulièrement scandaleux et pourtant très peu évoqué.
Les politiques de la petite enfance figurent parmi celles qui occupent le moins l’attention médiatique. À titre d’exemple de ce désintérêt, l’ONE a un budget deux fois supérieur à celui de la RTBF et quasiment personne n’est capable de citer le nom de son administrateur général, alors qu’une grande majorité d’entre nous connaît celui de Jean-Paul Philippot.
Parce qu’elles bénéficient en premier lieu à des êtres non encore doués de parole et que celles qui les mettent en œuvre sont principalement des femmes, les actions publiques en faveur de la petite enfance sont reléguées dans les marges des discours publics – et même des recherches académiques. Il est pourtant attesté que ces actions constituent les leviers les moins coûteux de la réduction des inégalités et que leur sous-investissement chronique est une absurdité sociale et sanitaire.
Cette nomination grotesque ne constitue donc que l’énième manifestation de mépris à l’égard d’un secteur aussi essentiel que méconnu.

Edgar Szoc (sur sa page FB)

UNE VEXATION RACISTE ET SEXISTE par Bernard De Vos Dumont (sur FB)

Deux jeunes filles portant un voile n’ont pu recevoir leur diplôme sur la scène de l’hôtel communal de Schaarbeek. Parce que le règlement d’ordre intérieur de l’école l’interdit.
Celles et ceux qui me connaissent un peu ou qui me lisent ne s’étonneront guère : cette mesure constitue clairement une discrimination raciste et sexiste, qui bafoue à la fois le droit à l’éducation et le droit à la dignité de ces jeunes filles.
L’idée que le règlement de l’école doit être respecté même en dehors de l’école n’a en l’occurrence aucun sens : il paraît assez évident que se dévoiler, sous la contrainte d’un règlement, devant ses condisciples n’a à voir avec une remise publique de diplômes en présence d’un nombreux public. Parmi lequel, les images en témoignent, la présence de nombreuses femmes voilées. Dont, sans doute, les propres mères des deux jeunes filles…
La défense de la laïcité c’est protéger la neutralité de l’État. Pas s’en prendre aux femmes. Pas s’en prendre aux jeunes dans un contexte émotionnel aussi chargé qu’une fin de cycle scolaire.

L’école qui n’est pas une démocratie. Mais elle doit être un lieu où on l’apprend et où l’on apprend la coexistence pacifique. Dans le respect de chacun.e et de ses convictions.
Apprendre à vivre ensemble, avec ses différences et ses singularités, c’est aussi apprendre à se confronter à l’altérité. A débattre. A comprendre des logiques de sens différentes.
Mettre le Règlement d’ordre intérieur en débat, le discuter vraiment, le mettre en scène, le jouer ensemble, avec les adultes de l’école, c’est pour les élèves un premier pas essentiel vers la compréhension du sens de la règle. Et sans doute une meilleure compréhension et une meilleure acceptation des articles les plus exigeants. Combien d’écoles font ce travail ? Combien d’écoles acceptent de “perdre” le temps de ne pas prendre en otages parents et élèves ? Dont la participation se limite à contresigner au bas d’un texte, écrit en petits caractères. Et dont découlent pourtant les sanctions, les punitions, les exclusions et, comme on vient de le vivre à Schaarbeek, les pires vexations.

L’école n’est pas là pour effacer les convictions des enfants, mais pour leur apprendre à penser, à comprendre et à débattre. L’éducation au pluralisme, c’est ça. Et c’est aussi l’arme la plus noble et la plus efficace contre les extrémismes. Ce n’est pas en effaçant les différences qu’on crée de l’unité, c’est en les reconnaissant.
Les enquêtes et les recherches les plus récentes en attestent : les jeunes acceptent désormais l’expression publique des convictions politiques ou religieuses. Ils n’y accordent plus l’importance démesurée que leur accordent leurs aînés. Ce n’est qu’une question de temps. Le monde de demain sera divers, interculturel, inter-convictionnel. Le nier, ou pire, empêcher ce mouvement naturel, c’est tourner le dos à la réalité.

En 2003, alors que la France s’apprêtait à interdire le voile à l’école, j’avais rédigé un article paru dans le « Journal du droit des jeunes ». J’y écrivais notamment ceci : « Plusieurs maux des établissements scolaires apparaissent, à l’analyse, comme étant associés à l’ethnicité et à l’Islam : les formes de ségrégation qui régissent les orientations scolaires, la non-reconnaissance des difficultés de compréhension par les parents des enjeux scolaires assimilée à du désintérêt, l’exposition inégale à la punition des élèves et le sentiment d’injustice qu’ils en ressentent, la souffrance professionnelle des enseignants, etc. En fait, cette grande campagne, que certains voudraient entreprendre contre la visibilité de l’Islam à l’école, se déroule sur fond de «visibilité» malgré eux des jeunes issus de l’immigration : on les voit, quoi qu’ils fassent ! Ainsi l’idée d’interdire le port du foulard à l’école est vécue par un grand nombre de jeunes issus de l’immigration, comme une violence insidieuse supplémentaire qui leur est faite et qui confirme l’idée que, confinés à des catégories de perceptions scolaires ethnicisées (immigrés, Musulmans, difficiles, scolarisés dans des établissements sensibles…), ils ne sont plus ni désirés, ni tolérés.
Vingt-deux ans plus tard, j’écrirais exactement la même chose. Avec les regrets et l’effroyable désillusion d’en être toujours là.

Bernard De Vos Dumont (sur FB)

CONTRÔLE TECHNIQUE par Lucas Racasse (sur FB)

J’ai bien rigolé, en passant ma bagnole au contrôle technique, comme y avait du retard sur la ligne, je discute avec un des techniciens et je lui demande, ça vous arrive qu’il y ai des gens qui vous font du charme pour laisser passer leur voiture ? Il rigole et il me dit « oh oui ! Y’a même des hommes qui envoient leurs femmes pour passer leur voiture en espérant que ça aille mieux » je lui réponds « un GLB quoi ». Éclat de rire ! « Elle est bonne celle-là, par contre vous auriez dû faire comme lui et envoyer votre femme, désolé mais vos pneus arrière sont morts vous devez repasser ». Là j’ai moins ri.

FUSION IPM + Rossel = ImPReSSionnant ! par Éric Cooper (sur FB)

Mais où est passée la presse libre ? Dans un pays où il est parfois plus facile de comprendre une notice de montage IKEA en flamand que de savoir qui possède nos journaux, voici la nouvelle du jour : les deux mastodontes de la presse francophone belge, IPM (La Libre, DH, Paris Match Belgique…) et Rossel (Le Soir, SudInfo, L’Avenir…) veulent fusionner. Objectif : créer un supergroupe de presse. Ou, pour être plus précis : le dernier groupe de presse encore debout.

Impressionnant ? Certainement. Rassurant ? Pas vraiment. C’est une fusion qui pose question. Officiellement, c’est une réponse logique à la baisse des ventes papier, à la publicité en chute libre, à Meta et Google qui siphonnent les recettes, et à un lectorat qui préfère scroller des reels de chats plutôt que lire une enquête de fond.
Soit. Mais une question s’impose : et la démocratie là-dedans ? Car quand 90 % de la presse quotidienne francophone se retrouvent dans les mêmes mains, le pluralisme devient un mirage. Ce n’est pas une presse fusionnée, c’est une presse compressée, sous vide, sans air critique. Une info uniformisée, avec le même ton, les mêmes dépêches, le même édito qui passe de La Libre au Soir avec juste un filtre Instagram en moins.

Et la liberté d’expression, alors ? Rappelons que la presse est un contre-pouvoir. Si elle se résume à un seul propriétaire ou presque, à quoi bon encore parler de débat démocratique, d’enquêtes indépendantes, de regards divergents ? On risque d’avoir des journaux différents… mais avec le même pilote automatique éditorial. Alors oui, les patrons nous rassurent : “les titres garderont leur identité”.
Un peu comme McDo qui propose un McVeggie en nous faisant croire qu’il sauve la planète. On connaît la chanson. Des alternatives ? Oui, mille fois oui ! Heureusement, tout n’est pas foutu.
D’abord, il y a les pure players, ces petits médias en ligne comme Médor, Wilfried, L-Post ou Apache, qui grattent là où ça fait mal avec trois francs six sous et une cafetière à piston.
Ils font du journalisme lent, humain, engagé. Parfois maladroit, souvent brillant. Ils méritent mieux que l’indifférence : ils méritent un vrai soutien public, sans mettre la main dans la rédaction parce qu’ils proposent une information indépendante, rigoureuse, souvent d’enquête.

Ensuite, il y a le journalisme audio, les podcasts natifs qui émergent doucement : du contenu immersif, sensible, incarné. Pas besoin d’une rotative ou d’une tour Avenue Louise : un micro, une histoire, une âme suffisent. Pourquoi ne pas soutenir une plateforme belge coopérative de podcasts journalistiques, ouverte, coopérative, plurielle ? Elle pourrait être soutenue par des pouvoirs publics, des fondations ou des crowdfundings ? Il suffirait parfois de 10 000 à 20 000 € pour lancer une série de qualité. Et aussi pourquoi ne pas créer aussi un fond d’innovation journalistique, orienté vers les jeunes formats ?
Les podcasts permettent des formats longs, immersifs, engagés, pédagogiques — tout ce que le fast-news écrase.

La fusion était-elle la seule voie ? Non. A mon avis on aurait pu :
• Mutualiser les coûts techniques (impression, distribution) sans fusionner les lignes éditoriales.
• Soutenir les journaux locaux par des aides ciblées, comme en Scandinavie.
• Lancer des coopératives de presse citoyennes, où les lecteurs deviennent actionnaires — pas pour spéculer, mais pour respirer de l’information libre.
Il y a encore des voix. La presse belge n’est pas (encore) une monoculture en serre. Elle peut encore surprendre, investiguer, déranger. Mais pour ça, elle a besoin d’air, d’espace, de diversité, et pas d’un énième plan de “restructuration” qui consiste à mettre trois journalistes là où il en faudrait douze. Alors, avant que tous nos journaux ne deviennent des clones corporate, interrogeons-nous : QUELLE PRESSE VOULONS NOUS ?
Une presse de qualité, ça coûte un peu d’argent, un peu d’effort, et beaucoup de liberté. Mais une démocratie sans presse libre ? Ça coûte toujours trop cher. Une démocratie sans presse libre, c’est un royaume sans voix.
La Belgique mérite mieux qu’un paysage médiatique ossifié, figé entre deux ou trois actionnaires géants. Elle a besoin :
• de journalistes indépendants et protégés,
• de titres audacieux, contradictoires, engagés,
• de formats innovants, coopératifs, narratifs. Alors non, tout n’est pas foutu. Mais il faut réagir maintenant. Et investir non pas dans des fusions d’ogres, mais dans une effusion d’initiatives journalistiques vivantes, ancrées, courageuses.

Eric Cooper, journaliste, producteur de podcasts et amoureux incurable des voix multiples (sur FB)

UN VOTE INDÉCENT CONTRE NOTRE SANTÉ ET LA NATURE par Camille Étienne

Il fallait entendre leurs cris de victoire. Observer leurs visages satisfaits et leurs applaudissements triomphaux. Tout, absolument tout, fut indécent.
316 pour, 223 contre. Aujourd’hui, des députés de la nation — qui sont censés défendre l’intérêt général et le bien commun — ont voté la loi Duplomb : une loi qui assouplit l’usage des pesticides et réintroduit un pesticide extrêmement dangereux de la famille des néonicotinoïdes : l’acétamipride. L’acétamipride est interdit en France depuis 2018 en raison de ses effets sur les pollinisateurs et de risques pour la santé humaine.

Des scientifiques avaient pourtant alerté : la « loi Duplomb » risque de fabriquer des cancers et des maladies chroniques à échelle industrielle, cette loi est une véritable bombe sanitaire et un danger pour la santé publique.
Mais nos représentants ont préféré à une large majorité protéger les intérêts de l’agriculture productiviste au détriment de notre santé et de l’intérêt général. Honte aux députés du RN, des Républicains, de Renaissance, du Modem, du groupe LIOT et de Horizons. En particulier à Gabriel Attal qui a fait voter la majorité de son groupe en faveur de cette loi de la honte.
Mr Gabriel Attal : l’Histoire et les générations futures vous jugeront.

Tous ces députés ont voté cette loi en parfaite conscience de ce qu’ils font. En ayant parfaitement conscience de la catastrophe sanitaire et environnementale à venir.
Je ne sais pas si vous mesurez l’ampleur du scandale démocratique que cela représente.
Aujourd’hui est un jour noir pour l’écologie et pour notre santé. Mais croyez-moi : nous n’avons pas l’intention de baisser les bras ou de baisser la tête. Nous allons reprendre l’offensive très bientôt. Car le climat, l’environnement et notre santé n’attendent pas. Le combat ne fait que commencer. Hauts les cœurs

SUICIDE D’UN LANCEUR D’ALERTE CONTRE LA CORRUPTION DE LA MACRONIE par Alain Martin (sur FB)

Olivier Marleix s’est suicidé ce 7 juillet 2025.
Il avait 54 ans. Ancien secrétaire d’État et ancien conseiller à l’Élysée sous Sarkozy, ancien Président des Républicains à l’Assemblée Nationale entre 2022 et 2024. Il a été l’un des plus sévères contempteurs du macronisme, incarnation disait-il , à la fois de la primauté donnée aux appétits privés au détriment de l’intérêt général et d’un mondialisme débridé.
Il avait accepté de témoigner avec deux cent autres personnes sur les déviances de la politique d’Emmanuel Macron dans le livre ” Le traitre et le néant ” écrit par deux journalistes du journal Le Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Selon lui, Macron avait bradé une partie du patrimoine stratégique industriel de la France, dans une totale absence de probité, pour favoriser de riches et influents amis. L’accusation est grave .
Après avoir présidé à partir d’octobre 2017 une commission d’enquête chargée d’examiner les décisions de l’État en matière de politique industrielle, Olivier Marleix n’hésite pas à évoquer des faits de « prise illégale d’intérêt « et de « corruption », soupçons dont il a fait part début 2O19 au procureur de Paris au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale qui enjoint à tout fonctionnaire ou autorité constituée de dénoncer à la justice un crime ou un délit porté à sa connaissance.

Le lanceur d’alerte Olivier Marleix rappelle ainsi, que «durant les seules deux années qu’Emmanuel Macron a passé à Bercy sous la présidence de Hollande ( août 2014-août 2016) , c’est l’âge d’or des fusions-acquisitions en France, quatre entreprises françaises du CAC 40 ont été vendues à des appétits étrangers . Ce n’est pas rien: c’est 10 % du CAC 40 à ce moment-là ! Alstom est vendu à l’américain General Electric, Alcatel à Nokia, Lafarge à Holcim et Technip à FMC, vente extrêmement douteuse là aussi, c’est la petite boîte qui rachète la grosse pour, trois ans après, être en « défusion ».
Pour Olivier Marleix, ç’en est trop ! D’autant qu’il constate que parmi les financiers de la campagne présidentielle de Macron figurent des gens qui ont reçu des commissions phénoménales pour faire ces transactions, il constate par exemple l’omniprésence d’anciens et actuels cadres ou associés -gérants de la banque d’affaires Rothschild & Co , l’ancien employeur d’Emmanuel Macron (entre 2008 et 2012). Il y a, dit-il , une dimension de trahison dans ces ventes du patrimoine stratégique de la nation France. Alstom, Alcatel, Lafarge, Technip, Safran Identity, STX-Chantiers Naval, l’aéroport de Toulouse-Blagnac…Au total ce sont plusieurs dizaines de milliards d’euros d’actifs d’entreprise stratégiques français qui sont partis dans des mains étrangères….

Olivier Marleix va plus loin et affirme qu’un tel système peut être interprété comme un pacte de corruption. Olivier Marleix recevra le ” Prix éthique ” de l’association Anticor, pour sa mission de Président de la Commission d’enquête parlementaire sur Alstom.
Deux autres plaintes, notamment pour « prise illégale d’intérêts, « vont être déposées en février 2021,auprès du procureur de Paris et auprès du doyen des juges du tribunal judiciaire de Paris avec constitution de partie civile par la députée et ancienne ministre de l’Écologie Delphine Batho et par Anticor , l’association de lutte contre la corruption, le 21 décembre 2020 pour « corruption ».
Peu loquace, le parquet financier s’est borné à confirmer ces plaintes en précisant que sur le dossier Alstom, l’enquête diligentée par les juges du PNF ( Parquet National Financier) porte sur les infractions suivantes : corruption d’agent public étranger, corruption, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts ». Quand les français connaîtront-ils les conclusions de ces enquêtes judiciaires? Mystère. Si la justice s’honore toujours en poursuivant les puissants , elle restera impuissante à rendre un jugement tant que Emmanuel Macron sera protégé par son immunité présidentielle .

Ce livre-enquête, au cœur du macronisme, fait encore trembler l’Élysée. Je vous conseille vivement de le lire ou le relire avant d’aller voter. Vous apprendrez aussi pourquoi Hollande président de la République , qui explique que son adversaire c’est la finance , choisit-il quelqu’un qui a travaillé avec la droite et qui est banquier ?
Comment il a fait entrer le loup de la finance dans la bergerie de l’Élysée? « Le traitre et le néant » c’est le titre de ce livre. Le traitre c’est Macron. Le Néant c’est le résultat de sa politique en zigzag qui a mené la France dans le vide , dans le néant , négation radicale de la totalité de l’existant et des acquis sociaux de l’Ancien monde .
Raymond Devos disait que le néant c’est un trou avec rien autour . On y est en plein .

LE PS FRANÇAIS, C’EST L’EXTRÊME DROITE AVEC QUELQUES ANNÉES DE RETARD par Contre-Attaque (sur FB).

Nouvelle polémique nationale contre la France Insoumise. Cette fois-ci, elle est lancée par le Parti Socialiste, à propos de la police municipale et de la surveillance.
Ce lundi 7 juillet, sur France Info, Olivier Faure, le patron des socialistes charge avec une violence inouïe la députée Insoumise Mathilde Panot : ses propos seraient «une erreur, et même une aberration». Le socialiste s’écrie : «Jamais (…) je n’accepterai sur une liste… Je ne me mettrai pas derrière un maire Insoumis qui annoncerait qu’il va supprimer la vidéoprotection ou qu’il va supprimer l’armement des policiers (municipaux), cela n’a aucun sens… Comment peut-on même l’imaginer ?» Il concluait, hors de lui, que «aucun socialiste (n’)aura dans son programme la fin de toute forme de vidéoprotection !».

On a connu Olivier Faure plus timide. Par exemple, quand il fallait s’opposer aux propos d’extrême droite de Bruno Retailleau, ou quand il fallait voter une motion de censure contre le gouvernement illégitime de Bayrou, Olivier avait piscine. Ce qui le révolte, Olivier, c’est la France Insoumise.
Rappelons le crime absolu qui est reproché aux Insoumis : avoir déclaré que «une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée». Des propos très graves ! Mathilde Panot a aussi dit que les caméras de surveillance «n’ont jamais prouvé leur utilité». Inadmissible ! Il fallait monter au créneau, c’était prioritaire !

Olivier Faure s’excite pour rien

Mathide Panot n’a même pas fait une proposition radicale. Elle a juste rappelé ce que disent tous les criminologues et spécialistes de la police depuis 40 ans : l’armement de la police municipale et la vidéosurveillance n’ont démontré aucun bénéfice. Concernant les armes à feu : la police lourdement armée aux USA tue beaucoup plus que la police anglaise qui n’a pas d’armes, mais elle n’est pas plus efficace. La délinquance était moins élevée en France avant que les polices municipales ne soient armées. Aucune étude en France n’a montré le bénéfice d’armer la Police Municipale.
Concernant la vidéosurveillance : la résolution d’enquête grâce aux caméras est faible, mais surtout la vidéosurveillance n’a aucun effet ni sur la délinquance, qu’elle ne fait que déplacer, ni sur la récidive, en plus d’être très coûteuse. Elle permet éventuellement d’agir a posteriori, mais le bénéfice comparé au recul des libertés est nul. Voilà pour les faits.
Mais Olivier se moque des faits. D’ailleurs, il faut comme la droite et l’extrême droite, il parle de «vidéoprotection». Un terme publicitaire inventé pour atténuer le caractère liberticide de cette surveillance de masse.

Il faut dire qu’en 2021, lors de la dernière campagne présidentielle, Olivier manifestait aux côtés de l’extrême droite avec le syndicat policier Alliance, devant le Parlement. Le leader du Parti Socialiste déclarait alors que «la police doit avoir un droit de regard sur la justice», ainsi que sur les peines. Autrement dit, mettre fin à la séparation des pouvoirs, fondement des principes démocratiques depuis plus de deux siècles. Une prise de position qui situe désormais le sympathique et modéré Olivier Faure plus à droite que les positions d’un Jean-Marie Le Pen du début des années 2000.

Il y a encore quelques années, le PS s’opposait à la vidéosurveillance

Il y a 15 ans, la vidéosurveillance était réservée aux mairies de droite et d’extrême droite. C’est Nice, gouvernée par Christian Estrosi qui était la ville pionnière. Un centre de «supervision» centralisant les images des caméras était inauguré dès 2010. Aujourd’hui, Nice compte 5000 caméras et Estrosi les a même équipées d’un logiciel d’intelligence artificielle. Utile ? Par vraiment : ses milliers de caméras n’ont même pas permis d’empêcher l’attentat atroce commis sur la Promenade des Anglais en 2016.
En 2009, au début du boom de la vidéosurveillance, le Parti Socialiste dénonçait le projet du gouvernement de tripler le nombre de caméras sur la voie publique. À l’époque, c’était Sarkozy au pouvoir. En 2010, le PS critiquait à nouveau le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui appelait à développer la vidéosurveillance.
Il y a quelques années encore, le maire de Grenoble, Éric Piolle, écolo allié du PS, annonçait qu’il allait supprimer les caméras dès son élection. «Comment peut-on même l’imaginer» hurle Olivier Faure aujourd’hui. Son propre parti l’imaginait très bien, c’est juste qu’il s’est droitisé.

L’armement de la Police municipale dénoncé par le PS encore récemment

L’existence même de la Police municipale n’a jamais été une évidence non plus : ces unités sont un symbole de la fuite en avant sécuritaire depuis les années 1980. Ce sont des agents qui agissent en plus de la Police nationale, mais qui sont directement sous les ordres du maire : une sorte de milice locale.
Il y avait 5000 policiers municipaux en 1984, uniquement dans les villes de droite. Il y en a presque 30.000 aujourd’hui, dans quasiment toutes les communes.
Armer ces policiers encore moins compétents que les «vrais» policiers n’allait pas de soi. Il s’agit à la base de sous-policiers chargés de missions simples et tranquilles, consistant essentiellement à se montrer dans l’espace public et à regarder passer les voitures.

En 2008, le gouvernement Fillon, sous Sarkozy, promulguait un décret autorisant la police municipale à être dotée de Taser. À l’époque, cette décision avait fait scandale à gauche.
En 2015, la mairie d’extrême droite de Béziers décidait d’armer sa police municipale et l’annonçait avec des affiches dans sa ville. Devinez la réaction du PS à l’époque ? Le député socialiste de l’Hérault dénonçait : «Inadmissible et irresponsable», celui du Nord : «Le maire se prend pour un shérif et sème la terreur dans la ville. Lamentable pour un élu de la République». Même Bernard Cazeneuve, l’aile droite du PS à l’époque, dénonçait «la tonalité délibérément provocatrice de la campagne». On rappelle qu’en 2016, moins de la moitié des policiers municipaux étaient armés, et toujours dans des villes de droite.
Encore plus rigolo : pendant la campagne présidentielle de 2012, «le secrétaire national du PS chargé de la sécurité, Jean-Jacques Urvoas, n’a pas hésité à déclarer qu’il fallait retirer aux municipaux leur armement, voire l’uniforme bleu qu’ils portent pour éviter toute confusion avec les policiers nationaux» écrivait le Figaro. Et pourtant, Urvoas appartenait aussi à l’aile droite du parti.
Olivier Faure a vraiment la mémoire courte quand il s’étrangle contre Mathilde Panot, qui tient littéralement… la même position que le PS d’il y a 10 ans. Ou alors il se fout de la gueule du monde, au choix.

Retournage de veste

Le vrai scandale, c’est que le le PS s’est aligné sur les mairies les plus à droite en quelques années. La ville de Saint-Denis est dirigée depuis 2020 par un autre socialiste, Mathieu Hanotin, ancien directeur de campagne de Benoit Hamon. Il a doublé les effectifs de la police et équipé ses fonctionnaires de pistolets automatiques 9mm. Dans une ville confrontée à de grandes difficultés sociales, il a augmenté le budget de la sécurité de près de trois millions d’euros.
À Saint-Denis, les violences policières ont explosé. Le média Street Press évoque par exemple l’affaire de Kadi Sanogo, une cuisinière qui vendait de la street food, agressée par des policiers municipaux qui ont donné «des coups de pied» dans son stand, ont volontairement renversé de la sauce sur elle avant de la frapper et de la mettre à terre. Ils ont ensuite gazé la fille, enceinte, de cette cuisinière. Et Street Press a repéré que des agents affichaient des symboles d’extrême droite.

À Nantes, la gauche qui dénonçait hier la vidéosurveillance a désormais installé 330 caméras qui fliquent l’espace public. 20 millions d’euros de facture en vidéosurveillance. Ces images sont essentiellement utilisées pour traquer les manifestant-es.
À Saint-Nazaire, le maire PS a créé une Police Municipale dans sa ville, puis a doublé le nombre d’agents et les a équipés de caméras-piéton. Il vient d’annoncer qu’il allait offrir à sa police municipale des armes à feu létales.
En Loire-Atlantique, même chose dans les petites villes. Les maires de Donges et Montoir-de-Bretagne ont distribué des flingues à leurs quelques policiers. Encore plus ridicule, les stations balnéaires bourgeoises du Croisic, de La Baule et de Pornichet ont fait de même, alors que ce sont des communes peuplées de retraités de droite où il ne se passe rien.

Une machine à droitiser

Bref, l’indignation médiatique d’Olivier Faure est du cinéma, un spectacle lamentable. La déclaration de la France Insoumise n’est absolument pas anormale. C’est la position classique de la gauche modérée depuis toujours. En revanche le PS s’aligne, avec quelques années de retard, sur le RN. Comme sur tous les sujets.
On pourrait dire la même chose sur la Palestine. Depuis 2023, la FI n’a fait que répéter ce qui était la position classique de la gauche sociale-démocrate depuis des décennies. Mais l’échiquier politique français s’est tellement droitisé que même au PS ou à EELV, évoquer les crimes colonialistes, soutenir les Palestiniens et rappeler le droit international est vu comme terriblement radical, quasiment terroriste.
Le PS joue un rôle plus néfaste que le RN. L’extrême droite joue sa partition, c’est normal. Le PS, en s’alignant sur ses idées, légitime les idées les plus réactionnaires et rend les propos classiquement de gauche inaudibles. Au niveau national comme au niveau local, le Parti Socialiste est donc une machine à droitiser le paysage politique, détruisant toute possibilité d’alternative sociale, écologique et libertaire.

Contre-Attaque (sur Facebook)

BŒUF GRILLÉ ET JUS D’EGO par Rudy Demotte (sur sa page FB)

Bœuf grillé et jus d’ego : Trump invente la taxe punitive pour crime de pensée étrangère
Image. C’est presque une caricature rockabilly parodique de la chanson
“Be-Bop-A-Lula, she’s my baby Be-Bop-A-Lula, I don’t mean maybe” de Gene Vincent, devenant « Be poop-a-Lula, that’s my buddy » par le maître-chanteur, Trump.
Aujourd’hui, un petit billet d’humeur.
Il ferait rire aux larmes, si on ne mesurait pas la portée. À titre personnel, j’ose à peine croire ce que j’écris. Et pourtant … En effet, Trump vient d’inventer un concept géopolitique inédit : la douane émotionnelle.
Le Brésil ose juger Bolsonaro pour tentative de coup d’État ? Boum, 50 % de taxes sur tous les produits brésiliens. Pas pour des raisons commerciales. Non. Pour crime de lèse-narcisse. Pour avoir touché à un ami personnel de Donald Ier, Empereur des États dé-Complexés d’Amérique.

Le Brésil ? C’est Trump en tropical.

Il faut comprendre la logique : Bolsonaro, c’est un clone. Une extension tropicale de Trump, mais avec plus de machettes et moins de bronzage. Alors quand Lula laisse faire la justice, Trump hurle à la « witch hunt , chasse aux sorcières » (oui, encore) et se venge à coups de tarifs douaniers. Le bœuf brésilien paiera pour les fautes de la démocratie.
“Cette procédure judiciaire est une honte et une attaque directe contre la liberté d’expression – même en Amérique”
(Citation réelle, pas une parodie. Dommage.)
Oui, Trump pense que juger Bolsonaro, au Brésil, menace la liberté d’expression des Américains. Il a découvert l’ubiquité géopolitique : sa psychose est exterritoriale.

Doctrine Trump : l’Amérique, c’est moi

On n’est plus dans “America First”. On est dans “Moi partout”. Si l’un de ses jumeaux autocrates est malmené, il riposte comme s’il avait été giflé en personne. Lula ne juge pas Bolsonaro : il attaque Trump en effigie. D’où les représailles, aussi absurdes qu’un mur au Texas payé par le Mexique.
Lula, pour sa part, a répliqué calmement -ce qui, face à une telle farce, relève presque de l’élégance suicidaire. Il a osé dire que la justice brésilienne était indépendante. On attend maintenant les sanctions pour avoir prononcé le mot “indépendante”.

L’internationale de la hargne

Ce n’est plus de la diplomatie, c’est du néo-sorcierisme. Trump construit une Internationale de la Vengeance : Le Pen, Orban, Bolsonaro, Netanyahu, Bukele, Melei et tous les petits clones autoritaires qui rampent sous la bannière du ressentiment. La grande famille dysfonctionnelle de l’extrême droite globale*.
Avec Trump en patriarche, qui taxe, hurle, pérore – et surtout se venge. À 50 % si nécessaire.

Moralité ?

Ton café coûtera plus cher. Ton jus d’orange aussi. Et peut-être ton pain si le dirigeant de ton pays conteste – fut-ce indirectement – sa fabuleuse et magnifique majesté Trump.
Parce qu’on n’est plus gouvernés par une logique économique, mais par une pulsion. Une obsession : Donald J. Trump, maître du monde. Le capitalisme devient caprice. La géopolitique devient théâtre. Et nous, on paye l’entrée… en douanes.

Rudy Demotte (sur sa page FB)

*Trump s’engage dans une véritable projection de son narcissisme sur le monde : ses alliés – ici, Bolsonaro (mais souvenez-vous de son soutien à Le Pen quand la justice française l’a condamnée) – sont comme des prolongements de lui-même. Et s’attaquer à eux, c’est s’attaquer à Trump. Face à lui, Lula devient l’ennemi idéal, cible habituelle de l’extrême droite depuis des lustres. Mais cette fois, c’est la démonstration : Trump ne se contente plus de défendre ses amis populistes ; il impose ses règles… à la planète.

Jean-Luc Mélenchon, toujours intéressant lors de ses conférences mensuelles sur l’actualité : « Le Moment Politique »

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