25 octobre 2025
C’EST VOUS QUI LE DITES par toi, vous, elles et eux
CHANGEMENT D’HEURE (FEMMAGE À IRÈNE) par Edgar Szoc (sur FB)
J’aime l’idée qu’un jour quelqu’un puisse dire : “J’ai bien connu Edgar Szoc, qui avait lui-même connu Irène Kaufer, dont le père restait debout jusqu’au moment précis du changement d’heure pour ajuster ses différentes horloges – et minimiser les risques de se faire traiter de mauvais citoyen”.
Si j’aime cette idée, c’est surtout parce qu’elle me rappelle le merveilleux prélude de Dibbouks :
“Un rabbin traversait toujours un village pour aller dans une forêt et là, au pied d’un arbre, toujours le même, il priait et Dieu l’entendait.
Son fils aussi traversait le village, mais ne savait plus où était l’arbre, alors il priait n’importe où dans la forêt. Et Dieu l’entendait.
Son petit-fils ne savait plus où était l’arbre ni la forêt, alors il priait dans le village. Et Dieu l’entendait.
Son arrière-petit-fils ne savait plus où était l’arbre, ni la forêt, ni même le village, mais il connaissait encore la prière. Alors, il priait dans sa maison. Et Dieu l’entendait.
Son arrière-arrière-arrière-petit-fils ne savait plus où était l’arbre, ni la forêt, ni le village, ni même la prière, mais il connaissait encore l’histoire. Alors, il la racontait à ses enfants. Et Dieu l’entendait.”
Je n’ai pas d’enfant et bientôt il n’y aura plus de changement d’heure. Mais il y a bien d’autres chemins pour maintenir vivant le mariage de fragilité, d’humour, d’opiniâtreté et de larmes qu’était Irène.
L’Oeil de Moumou, l’excellente émission de critique des média de Mourad Guichard, avec cette semaine un invité exceptionnel, Aymeric Caron.
500 JOURS par Arnaud Lismond Mertes (sur FB)
Thomas Gunzig sur les 500 jours sans gouvernement régional bruxellois dans Le Soir : pitoyable. Un discours de beauf au service de la droite. Zéro analyse, zéro positionnement politique. Pour Gunzig et Le Soir, peu importent le contenu de l’accord de gouvernement, les politiques menées ou la majorité : “il faut un gouvernement”. Dans leur esprit ça signifie en formant une coalition contre nature entre le PS et un MR radicalisé, si pas avec la N-VA, pour appliquer une déclinaison régionale de la politique de casse sociale Arizona, en faisant du PS et de Groen les partenaires de cette politique, sur le modèle de ce que fait Vooruit au niveau fédéral. Ca c’est le contenu réel des positionnements de ce type, qui ne l’assument pas et qui tartinent sur “une génération d’élu et d’élues qui aura non seulement abandonné ses responsabilités, ruiné une région, mis en péril ses habitants”.
Le discours de Gunzig fait curieusement écho à ma lecture du moment : “Les gens souhaitaient aussi une autorité ferme, énergique, bien définie. […] Ils étaient écoeurés des éternelles luttes politiques des partis parlementaires ». ( W.S. Allen, Une petite ville nazie)
SARKO EN PRISON par Antoine Trupiano Remile (sur FB)
“Nous ne sommes pas faits pour la prison, nous ne sommes pas des animaux” Darmon, ami de Sarkozy.
Après une décennie de procès, Sarkozy a été incarcéré dans une des meilleures cellules de sa prison.
Le monde privilégié accuse la justice de toucher un des leurs.
Une justice de classe existe. Les classes populaires et les habitants des quartiers populaires sont plus lourdement condamnés et poursuivis que les classes sociales privilégiées. La Justice condamne ainsi bien trop peu les délits économiques, au préjudice financier pourtant bien plus élevé.
Pour les plus privilégiés, la prison est faite pour les classes populaires, L’homme d’affaires et ami de Sarkozy, Darmon, le dit sur la radio Bolloré : “C’est un choc pour des gens comme nous ! Nous ne sommes pas faits pour la prison, nous ne sommes pas des animaux”.
Pour la droite, le problème n’est pas que le milieu carcéral français ait été condamné par la Cour européenne des droits de l’H. Il faut juste que ce milieu carcéral n’accueille pas des riches, des privilégiés, car c’est un lieu consacré à l’enfermement des classes populaires.
Rarement, et après une décennie de procès, les privilégiés à la Sarkozy vont en prison. Attention, il a le droit à un quartier à part, une cellule individuelle et des contacts familiaux dès le 1er jour. Il a même deux policiers chargés de sa sécurité, donc pas le même personnel que la plèbe.
En effet, les prisons françaises sont surpeuplées. La Justice frappe principalement la petite délinquance, particulièrement l’usage des stupéfiants. Or, en 2023, moins de 2 % des condamnations touchaient à des infractions économiques, malgré le préjudice énorme de ses infractions.
Tous les Sarkozy auront le droit à la meilleure défense possible. Ce ne sont pas seulement des avocats onéreux, c’est un tout un système de réseaux médiatiques, économiques et financiers qui se déploient pour la défense des Sarkozy.
En 2020, tout l’Empire de Martin Bouygues, ami de Sarkozy, se mobilise pour sa défense. Ce fut particulièrement le cas de la chaîne BFMTV et son directeur général Fogiel. Une interview complaisante de Sarkozy a été animée par Ruth Elkrief.
Ruth Elkrief a écrit ce message à la communicante de Sarkozy en 2020 : “je pense à vous, et si vous avez envie de vous exprimer je suis à votre disposition, on peut monter ce que vous voulez ! Je t’embrasse fort et transmets mes amitiés à NS [Nicolas Sarkozy]”.
La Justice, ce n’est pas pour les privilégiés comme Sarkozy, c’est pour les pauvres, pour Annick. Mère de deux enfants, en grande précarité, elle a été condamnée pour avoir volé un brin de nourriture: “Je n’avais plus rien. Je ne pouvais pas laisser mes enfants sans manger”.
En 97, le magistrat du tribunal correctionnel de Niort Lévy a relaxé Annick, en se fondant sur l’état de nécessité, sa détresse. Cela rappelait le jugement de 1888 du juge Magnaud, pionnier de cette notion. Louise, une mère, avait été acquittée après le vol d’un pain.
Toutefois, la Cour d’appel de Poitiers a infirmé le jugement du juge Lévy en 1997. La mère de famille Annick a été condamnée. Dans cette société dominée par la bourgeoisie, l’atteinte par les pauvres à la propriété est une infraction qui mérite la plus grande des duretés.
Les condamnations a ia prison ferme se multiplient pour des vols de sandwiches. Le monde médiatique n’est pas choqué. Or, l’incarcération de Sarkozy indigne, condamné pour corruption d’un magistrat et encore condamné pour un pacte de corruption avec un terroriste assassin.
Les juges appliquent massivement le droit en vigueur.
Dans un État capitaliste, inégalitaire, les citoyens ne sont pas égaux, Annick et les “misérables” n’auront jamais la défense dévolue à un Sarkozy.
Marx : “votre droit n’est que la volonté de votre classe, érigée en loi“.
VIVANTE par Delphine Verstraelen (sur FB)
Prendre le temps de témoigner… Ce midi, celui de hier du coup (subséquemment pardon), une personne (qui se reconnaîtra probablement et que je remercie au passage pour sa question) m’a demandé : « mais comment tu fais pour tenir sur la durée dans tes combats de militance ? » Question très pertinente et intéressante !
Pour laquelle je n’ai pas de réponse miracle ni figée. Je n’ai que des ébauches, des expériences, … Je me sens rarement dans une dynamique de combat.
Souvent, par contre, dans une dynamique d’accompagnement, de collaboration, de mise en lien et en réseaux. Ferme néanmoins dans ce que je ne laisserai pas passer.
Fatiguée, souvent, par les raccourcis de pensée, mais à la décharge de beaucoup de ceux qui en ont (selon moi), faut bien admettre que le système n’aide pas… Ma réponse à cette question, que je ne veux ni miraculeuse, ni figée, est néanmoins ASSERTIVE ! C’est le VIVANT qu’il convient de mettre à l’honneur. Le VIVANT qu’il convient de préserver et non de combattre. Mon baromètre, c’est celui-là. Est-ce que je me sens vivante là où là ?
Et toi ? Vous ?
LA LANGUE DORMANTE par Bruno Ruiz (sur FB)
De la même manière qu’il suffit à deux silex frappés de provoquer une étincelle, il suffit parfois de seulement deux mots pour faire un poème. J’ai toujours été curieux de cette magie particulière. Rien ne pouvait en effet présager que cet entre choc entre deux pierres engendrerait un tel miracle de lumière, et cela à partir de matières aussi différentes. Il en est ainsi de deux mots qui suffisent parfois à la propagation d’un incendie dans notre imaginaire. Lautréamont parlait déjà en 1869 de la beauté de « la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. » C’est de cet assemblage, de cette conflagration « fortuite », que surgissent parfois des images pour une survenue poétique.
En acquérant notre langue maternelle, nous faisons progressivement le plein de mots qui entrent en nous dans le désordre, constituant une sorte de langue dormante qui nous habite sans qu’il soit forcément nécessaire de l’activer. Dans les ateliers d’écriture que j’ai animés pendant plus d’un demi-siècle, j’ai toujours été frappé par la pauvreté du vocabulaire utilisé. En proposant à chacun un champ sémantique en relation avec le thème suggéré par le texte produit, chacun pouvait se rendre compte qu’il connaissait un très grand nombre de ces mots proposés mais pourtant aucun n’avait eu l’idée de s’en servir.
L’exploration de cette langue dormante en tant qu’outil est pourtant à la base de l’écriture poétique et de sa richesse. Ce qui arrive sur la page se fait dans un agglutinement de mots, une forme magmatique d’éléments pouvant constituer le départ fragmentaire d’un poème. Henri Meschonnic parle de forme-sens.
C’est ainsi que le poète avance dans une pratique plus ou moins consciente, mais aussi à l’aveugle de son texte. En même temps qu’il écrit, il devient son propre lecteur, ne contrôlant pas complètement son texte constitué de fragments d’un dialogue implicite avec lui-même, en phase avec son poème intérieur. Ce sont souvent de ces hasards expressifs que peut naître une jouissance de la langue et finir en addiction à l’écriture poétique.
Cette pratique peut alors devenir autotélique. C’est à dire faire l’objet d’une écriture qui n’a pas d’autre but que l’intense satisfaction qu’elle procure.
Le poète dans ce cas écrit pour lui-même avant d’écrire pour son lecteur, celui-ci étant invité à se transformer en voyeur d’un partage quasiment onaniste. Mais tout amateur de poésie n’est pas obligé d’accepter ce partage particulier. Cependant, s’en priver complètement lui ôte un plaisir qui n’enlèvera en rien les raisons d’une autre appétence. Et c’est un peu dommage.
Bruno Ruiz, propos sur la poésie (inédit)
BELGIQUE : LE FEU SOUS LA CENDRE par Rudy Demotte (sur FB)
Du nationalisme flamand à la tentation communautaire
FLOBECQ, LE VILLAGE GAULOIS AU BORD DE DEUX LANGUES
Je viens de Flobecq, un village de Wallonie Picarde minuscule et têtu, perché sur la frontière linguistique. Un village sympathique et d’entente.
Un coin de Belgique où l’on se salue dans deux langues, où les enfants apprennent tôt que la différence n’est pas une menace mais une courtoisie.
Flobecq, c’est un peu notre village gaulois d’Astérix : on y résiste encore et toujours à la bêtise des empires administratifs et aux colères identitaires.
Une commune à facilités linguistiques, invention fragile et géniale : chacun y a le droit d’être servi dans sa langue, sans soupçon ni arrogance.
Et pourtant, un jour de juillet 2025, la honte s’y est invitée.
Sur le forum d’une chaîne nationale, RTL-TVi, une polémique éclate : le ministre de la Défense aurait évité de prononcer le mot Belgique le jour de la Fête nationale.
Le débat dérape aussitôt, en un fatras d’insultes contre les francophones de Bruxelles et de Wallonie. Un message m’a profondément choqué, celui d’un conseiller communal d’un groupe (pourtant centriste) de Flobecq, Jan Van Den Noortgate, élu des Engagés-Audacité :
« Dégagez les colons francophones de NOTRE capitale flamande… Comparez votre statut comme vilaine pute francophone avec vos sœurs flamandes… ». Pas sur un forum obscur : sur la page publique d’un média national. Ces mots, d’une vulgarité poisseuse, sont tombés comme une pluie d’acide sur ce village qui, depuis des décennies, tisse des liens entre les langues au lieu de dresser des murs.
LE MIROIR D’UNE HAINE ANCIENNE
Le mouvement flamand n’a pas toujours été synonyme d’intolérance.
Il fut, à ses débuts, une quête légitime : celle d’un peuple qui réclamait de parler, d’apprendre, de rêver dans sa langue. Mais l’histoire a ses détournements.
De ce combat pour la dignité est née une croisade identitaire.
Les noms changent, la blessure demeure : VNV, VMO, Voorpost, Vlaams Blok, aujourd’hui Vlaams Belang. À chaque génération, la même obsession : purifier, séparer, dresser une frontière entre le “vrai Flamand” et l’“autre”.
Hugo Claus, l’un des plus grands écrivains flamands, l’avait compris : « Quand la langue devient drapeau, elle n’est plus qu’une arme. » Cette arme-là, certains la brandissent encore, persuadés de défendre une identité qu’ils défigurent.
LA BELGIQUE, CATHÉDRALE DE BRUME
La Belgique n’est pas un État rationnel. C’est une architecture improbable, fragile comme la rosée sur une vitre. Elle tient debout par la patience de ses habitants, par leur fatigue d’avoir trop guerroyé, par ce génie du compromis qui fait sourire les voisins et nous sauve malgré tout. Je ne défends pas la Belgique unitaire d’autrefois, mais la Belgique fédérale, cette mosaïque vivante qui respecte ses différences.
Elle n’est ni fusion ni division : elle est dialogue. Un art de durer en se contredisant.
Émile Verhaeren parlait déjà d’un pays “tiraillé par des vents contraires, mais debout”.
C’est cette force paradoxale qu’on menace aujourd’hui – cette Belgique lente, obstinée, civilisée, qui ne cède ni à la pureté ni à la haine.
LE COMMUNAUTARISME EN HABIT DE DIMANCHE
Les extrêmes ne crient plus. Ils sourient, invoquent la “bonne gouvernance” et le “réalisme budgétaire”. Sous le vernis technocratique, c’est la même vieille condescendance :
le Wallon assisté, le Bruxellois parasite, le francophone suspect.
C’est le communautarisme en gants blancs, celui qui dresse des frontières invisibles dans les esprits avant de les tracer sur les cartes. Louis Paul Boon, l’ouvrier-écrivain d’Alost, ironisait : « Il y a deux sortes de gens : ceux qui ont des problèmes et ceux qui en inventent aux autres. »
Nos nouveaux moralistes inventent des fractures linguistiques pour éviter de parler d’inégalités, d’éducation, de planète. Leur haine est rentable : elle occupe le vide de la pensée.

FLOBECQ, LA CICATRICE DU VIVRE-ENSEMBLE
Flobecq n’est pas une anomalie : c’est une leçon de civilisation. Un village où les langues cohabitent sans se détester, où les différences ont appris la patience.
Les facilités linguistiques, souvent raillées, sont en réalité le laboratoire du respect belge.
Elles disent : “Tu existes dans ta langue, et je te reconnais dans la mienne.”
Quand un élu insulte cela, il ne s’en prend pas à ses adversaires : il s’en prend à l’idée même de Belgique comme projet moral. Il rallume le feu sous la cendre et croit défendre une cause, alors qu’il profane une histoire commune.
Camus l’avait écrit : « La vraie révolte naît de la dignité, non de la haine. »
Et Arendt nous a avertis : « Le mal naît là où personne ne pense. »
À Flobecq, ce mal s’est glissé dans les mots ordinaires, dans les commentaires de forum – cette banalité du venin, tranquille, numérique.
UNE EUROPE FATIGUÉE DE SES NUANCES
Ce qui s’allume à Flobecq se reconnaît ailleurs : la Hongrie d’Orbán, l’Italie de Meloni, la France des tribuns de la peur. Les mêmes slogans, les mêmes promesses : pureté, identité, sécurité. Sous des airs de respectabilité, c’est toujours la même peur du mélange, la même envie de clôture. Mais la Belgique, malgré tout, demeure un contre-modèle précieux.
Elle prouve que la lenteur peut être une vertu politique, que le compromis n’est pas faiblesse, que deux langues peuvent cohabiter sans s’exterminer.
Georges Simenon l’avait dit : « Les gens simples se comprennent toujours, même quand ils ne parlent pas la même langue. »
Ce sont les idéologues, jamais les citoyens, qui font la guerre des mots.
LE DEVOIR DE PAROLE
Je n’habite plus à Flobecq, mais j’en garde la silhouette dans le cœur. Ce village d’Astérix, à la frontière des deux mondes, m’a appris qu’on peut être double sans être divisé.
Et que la parole, même imparfaite, vaut toujours mieux que le silence. Alors je parle.
Parce que la Belgique mérite mieux que ses colères de forum et ses lâchetés de salon.
Parce que se taire devant l’intolérance, c’est lui céder la moitié du terrain.
Il est des moments où se taire, c’est trahir. Celui-ci en fait partie.
Rudy Demotte,
Enfant bilingue français /flamand, engagé dans la promotion du dialogue interculturel et du vivre-ensemble. Indigné.
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COMPRENDRE LE CONTEXTE BELGE
Les “communes à facilités”
Créées lors des grandes réformes de l’État belge (1963 et 1970), elles sont situées le long de la frontière linguistique. Ces communes à majorité francophone mais incluses dans la région flamande permettent aux habitants d’utiliser le français dans leurs relations avec l’administration, l’école ou la justice. Flobecq (Vloesberg en néerlandais) est la seule commune wallonne disposant de facilités pour les néerlandophones. Ces dispositifs, conçus pour protéger le bilinguisme, restent aujourd’hui un symbole de coexistence… ou un prétexte à querelles politiques selon les camps.
Le mouvement flamingant
Né au XIXᵉ siècle d’une revendication culturelle légitime — faire reconnaître le néerlandais face au français dominant —, il s’est progressivement radicalisé.
Dans les années 1930, le Vlaams Nationaal Verbond (VNV) collabore avec l’Allemagne nazie.
Après 1945, le VMO et le Voorpost perpétuent cette tradition nationaliste, parfois violente.
Le parti Vlaams Blok, fondé en 1978, s’impose dans les urnes avant d’être condamné pour racisme en 2004 ; il devient le Vlaams Belang, aujourd’hui force majeure en Flandre.
La Belgique fédérale
Depuis 1993, la Belgique est officiellement un État fédéral composé de trois régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles-Capitale) et de trois communautés linguistiques.
Son modèle repose sur le dialogue permanent – souvent laborieux, mais profondément démocratique – entre ces entités.
SI LE HAMAS LIBÈRE LES OTAGES… par Kino Hafid (sur FB)
IL MANQUAIT UNE VOIX… par David Giraud (sur X Twitter)
Sidérant. Les députés du Parti Socialiste se sont abstenus sur le vote de l’impôt universel ciblé pour lutter contre les paradis fiscaux. Il manquait UNE voix pour que l’amendement passe. Même les quelques membres du RN présents ce soir l’ont voté…
Les députés socialistes, après leur « réunion secrète » (dévoilée par Le Figaro) avec Gabriel Attal ce midi, tournent complètement le dos à la gauche, et à la justice sociale et fiscale.
MANGER LE CAVIAR par Adrien Clouet
« Ils vont devoir manger le caviar au lieu de nager dedans, c’est terrible ! » – Le député LFI Hadrien Clouet ridiculise le RN à propos de leurs amendements en faveur des ultra-riches « Les députés du RN et un quarteron de Macronistes veulent supprimer une contribution dite différentielle sur les hauts revenus. On parle de la garantie que 0,06 % des foyers, la partie la plus riche de la population, payent au moins 20 % d’impôt sur le revenu. C’est lunaire. Les auteurs de l’amendement ne dorment pas la nuit à l’idée que des gens qui gagnent 15 SMIC par mois payent des impôts. Des classes ferment tous les jours. Des lits d’hôpitaux sont supprimés. Le pays compte 10 millions de pauvres.
Mais eux veulent qu’on fasse des chèques à 0,06 % d’ultra riches. Et les milliards que vous voulez donner à l’oligarchie seront pris aux services publics ! Vous êtes les caniches de l’oligarchie ! »
L’ŒIL DE MOUMOU
La toujours excellent émission de Mourad Guichard sur Le Média TV (auquel on peut s’abonner)
SARKOZY : UN SERIAL DÉLINQUANT par Sophie Tlk (sur FB)
Sarkozy : l’indignité au sommet de l’État… et dans les médias .
Au cœur d’une affaire d’État entre soupçons de corruption, de compromission, de financement illicite de campagne, de tentative de blanchiment d’un terroriste et protection d’un criminel recherché par Interpol.
L’affaire Sarkozy-Kadhafi est l’un des plus gros scandales de la Vème République et si l’on en juge le traitement médiatique mensonger et inique : ce n’est pas fini.
Sarkozy est déjà un délinquant condamné dans les affaires Bismuth et Bygmalion et il n’a jamais fait un jour de prison alors même que des personnes précaires paraissent en comparution immédiate et sont enfermées pour des délits mineurs. Et bien que la justice l’ait condamné à 5 ans de prison ferme, des personnalités politiques et médiatiques ainsi que des chaines d’information (mention spéciale pour BFMTV et France info dont le soutien est plus que suspect), se sont lancées dans une campagne de désinformation : un matraquage mêlant fake news, invisibilisation des familles des victimes de l’attentat contre l’avion DC10 d’UTA, harcèlement d’une juge, calomnies à l’encontre des journalistes de Médiapart. Le procès de Sarkozy n’a été suivi que par 8 journalistes. Aucune chaîne d’information n’a suivi la totalité du procès. 0. Les mêmes, qui aujourd’hui, désinforment.
Sur Europe 1 nous avons assisté à la séquence la plus révélatrice de la mentalité bourgeoise : “C’est un choc pour des gens comme nous ! Nous ne sommes pas faits pour la prison, nous ne sommes pas des animaux, c’est terrible“, a réagi Jean-Claude Darmon, l’ami de Nicolas Sarkozy, suite à son incarcération. Leur vérité. Voilà comment la bourgeoisie politico-médiatique voit les classes moyennes et populaires : comme des animaux. Lorsqu’il dit “des gens comme nous [..] nous ne sommes pas faits pour la prison ” il exige l’impunité de sa caste blanche privilégiée, quels que soient ses crimes ou ses délits. Sarkozy est entré en prison. Depuis son domicile jusqu’à la prison de la Santé, tous les médias nous ont fait un compte rendu détaillé minute après minute, du défilé des nantis endeuillés. Sous les acclamations d’une foule acquise à la cause de l’impunité bourgeoise, nous avons assisté à une mise en scène pathétique à la gloire d’un délinquant en col blanc. Pas un journaliste ou un fan Sarkoziste pour se soucier des familles des victimes de l’attentat DC10, qui voient sous leurs yeux la glorification de celui qui a tenté, par tous les moyens, de blanchir le terroriste qui a tué les leurs. Devant son immeuble, des soutiens de l’ancien Président ont scandé “À mort les journalistes, À mort les juges”. Pour avoir enquêté. Pour avoir appliqué la loi. C’est une atteinte à la liberté de la presse, à l’État de droit et une incitation au meurtre. Comme si cela ne suffisait pas, Darmanin, ministre de la justice et Macron ont tous les deux rencontré Sarkozy. Le premier est garant de l’indépendance des magistrats, le second est garant des institutions. Leur soutien est un message clair : une menace à l’État de droit et à l’indépendance de la justice.
En 2011, Médiapart reçoit un mail mystérieux. Commence alors une enquête journalistique hors norme : le journaliste Fabrice Arfi est mis en contact avec une source anonyme qui lui fournit un disque dur, lequel contient des milliers de documents. Des documents variés : notes du Ministère de l’Intérieur, des photos de vacances de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Zyad Takieddine sur un yatch, des bordereaux bancaires, des virements, des comptes rendus de Takieddine. En somme des preuves de compromission et de corruption au sommet de l’État. Remontons le temps pour comprendre l’affaire. En 1989, suite à un attentat terroriste, ayant fait 170 morts, fomenté par le gouvernement Libyen visant un avion de ligne français de la compagnie UTA, un procès aura lieu dix ans plus tard. En 1999, des agents libyens sont condamnés par la justice française dont Abdallah Senoussi, chef des services secrets libyens, beau-frère de Mouammar Kadhafi, organisateur de l’attentat. Retenez bien ce nom. Étant absent du procès, un mandat d’arrêt international est délivré contre ce dernier.
En 2005, alors que Nicolas Sarkozy est ministre de l’intérieur et Claude Guéant est son directeur de cabinet, un personnage inconnu fait alors irruption : il s’agit de Zyad Takieddine. Un intermédiaire qui ne travaille pas pour le ministère de l’Intérieur mais qui se voit confier des missions officielles : organisation des déplacements en Libye, rencontres avec des dirigeants libyens, traduction de documents… Pourquoi confier des missions d’une si haute importance à cette personne inconnue de tous ? En septembre 2005, le premier déplacement de Claude Guéant à Tripoli, capitale de la Libye, est organisé par Takieddine, afin de préparer une visite officielle de Nicolas Sarkozy quelques jours plus tard. Dans une note authentifiée, Takieddine stipule que cette visite doit revêtir un caractère secret. Et c’est là que se produit l’inimaginable : Guéant va rencontrer secrètement Abdallah Senoussi, le terroriste libyen faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international. Rappelons que cet homme activement recherché par la justice française a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Guéant se défendra en disant qu’il n’était pas au courant de qui était Senoussi, or ceci est impossible : le patron des services de renseignements intérieurs (DST), Pierre Bousquet de Florian, a toujours averti les ministres français et Directeurs de cabinet, qu’il ne fallait jamais rencontrer Senoussi. Suite à cela, Guéant n’aura jamais signalé avoir rencontré un terroriste et continuera de le fréquenter par la suite.
Quelques jours plus tard, le 6 octobre 2005, c’est le premier déplacement officiel de Nicolas Sarkozy en Libye pour rencontrer Mouammar Kadhafi sous couvert de « lutte contre le terrorisme ». Mais d’après la justice : c’est en réalité le jour où va débuter « le pacte de corruption » entre Sarkozy et Kadhafi. En échange d’aides financières pour sa campagne, Sarkozy promet des contreparties et des faveurs au dirigeant libyen s’il est élu Président en 2007. Hortefeux rentre dans la danse. Le 21 décembre 2005, Hortefeux alors Ministre déléguée aux collectivités territoriales françaises et grand ami de Nicolas Sarkozy depuis l’adolescence, fait sa première visite à Tripoli. Un déplacement secret où il rencontrera à son tour le terroriste Senoussi en présence de Takieddine. Entre la visite de Guéant et la visite d’Hortefeux, il y a eu la visite de Sarkozy. Ce dernier commettra une erreur en révélant, lors de sa garde à vue, avoir parlé avec Mouammar Kadhafi de la situation judiciaire de Senoussi. Le régime Libyen voulait à tout prix faire sauter le mandat d’arrêt contre le terroriste. Le 24 novembre 2005, Thierry Herzog, avocat et ami de Nicolas Sarkozy s’envole pour Tripoli et va rencontrer les avocats de Senoussi. Cette aide apportée par Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, aurait scellé le début du pacte de corruption : 440000 euros seront versés sur un compte caché, aux Bahamas, de Thierry Gaubert, intime de Sarkozy vivant en Colombie, depuis un compte offshore.
Rebondissement dans l’affaire ! Des échanges de valises de billets sont révélés par Takieddine : il aurait remis 5 millions d’euros en cash à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy en 2007. Pourquoi ces révélations de la part de Zyad Takieddine ? En 2008, cet agent de corruption se fait remplacer dans son rôle et ses missions par Alexandre Djouhri, un de ses ennemis jurés. Comprenant qu’il a servi de fusible, Takieddine multiplie les révélations et souhaite entrainer dans sa chute les autres instigateurs du pacte de corruption. Les policiers et les juges enquêtant sur cette énième affaire Sarkozy ont établi, au vu du nombre de preuves accablantes, qu’il y avait bien eu des espèces non déclarées dans la campagne présidentielle mais le montant total reste inconnu. 250000 euros en liquide seront découverts à la fin de la campagne et distribués en prime à l’équipe de campagne de Sarkozy. Woerth, le trésorier de la campagne présidentielle, sera interrogé sur l’origine de ces fonds en cash. Il affirmera que cet argent était des dons en espèce faits anonymement par des électeurs UMP et envoyés par la poste. Mais pourquoi faire cela alors que les dons sont défiscalisés ? Selon la justice, l’explication de Woerth ne tient pas. De plus l’enquête révèlera que Guéant devenu le Directeur de campagne de Sarkozy, avait ouvert, à la BNP, une chambre forte.
En 2008, Guéant reçoit sur son compte 500 000 euros et achète un appartement tout de suite après. Les enquêteurs considèrent que cet argent vient de la Libye et que l’achat du bien immobilier serait du blanchiment d’argent”. Face aux preuves accablantes révélées par la police, les juges et le Parquet National Financier, Sarkozy a préféré se retourner contre ses plus proches collaborateurs et amis de longue date, Guéant et Hortefeux, en prétendant qu’il n’avait pas eu connaissance des rencontres avec le terroriste Senoussi ou encore des échanges des valises de billets. Mais Sarkozy a pourtant lui-même accordé des faveurs au dirigeant libyen. En décembre 2007, il accueillera en grande pompe pendant six jours le dictateur Kadhafi, Paris sera placée sous haute sécurité et une tente sera plantée dans les jardins de l’Élysée. Le tout en continuant d’essayer de faire sauter le mandat d’arrêt de Senoussi pour avoir commandité l’acte terroriste contre la France en 1989. En outre, ce pacte de corruption aurait débouché sur un contrat d’exploitation pétrolière pour Total et des accords commerciaux comme la vente de matériel d’espionnage de la France à la Libye. Mais quelques années plus tard, cette lune de miel entre l’ex-Président et l’ex-dictateur se termine brutalement.
On fait un bond dans le temps, en 2011, lors du Printemps Arabe, Sarkozy se retourne contre Kadhafi en changeant du tout au tout son discours : c’est un dictateur terroriste et il faut lui faire la guerre. Par la suite, la défense de Sarkozy va reposer sur ce fait : il ne peut y avoir eu un pacte de corruption entre lui et Kadhafi, tout ceci ne serait q’un mensonge fomenté par les dirigeants Libyens en 2011, pour se venger de lui et de son implication dans la guerre en Libye. Mais cette version de Sarkozy ne tient pas. Lors de l’enquête, a été retrouvé un carnet manuscrit qui appartenait au Premier Ministre de la Libye, Choukri Ghanem. Dans ces notes manuscrites, datant de 2007, il avait consigné des versements effectués pour la campagne de Sarkozy : 6,5 millions d’euros. Un élément authentifié par les polices française, autrichienne et norvégienne. Mais les notes datant de 2007 mettent à mal la théorie complotiste de Sarkozy qui affirme que depuis 2011, le gouvernement libyen, en guise de vengeance, veut le salir. Choukri Ghanem est retrouvé mort dans le Danube en avril 2012, au lendemain de révélation de Médiapart sur l’affaire Libyenne. Après sa fuite de la Libye, il s’était réfugié en Autriche.
En 2011, après la chute de Kadhafi, un document datant de décembre 2006 est découvert en Libye. Une promesse de financement de la campagne de Sarkozy signé de la main de Moussa Koussa, chef des services secrets extérieurs libyens et adressée au Directeur de cabinet de Kadhafi, Bechir Saleh. Ce document est authentifié dans l’entre-deux tours des présidentielles de 2012. Sarkozy et Hortefeux prétendent que c’est un faux. Ils poursuivront Médiapart en justice pour faux et usage de faux. Après trois ans d’enquête judiciaire Sarkozy et Hortefeux perdent définitivement leurs procès contre Médiapart et ils seront condamnés à leur verser des dommages et intérêts. Pourquoi cette note, au-delà de la promesse de financement, a-t-elle suscité un vent de panique chez Sarkozy et son entourage ? Car au moment où elle est révélée, le destinataire de cette note, Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet de Kadhafi, est visé par un mandat d’arrêt d’Interpol ! En effet il était en réalité protégé par la France. Le chef des services de renseignement intérieurs français, Bernard Squarcini et l’agent de corruption Alexandre Djouhri, organisent l’exfiltration du territoire français de Béchir Saleh vers le Niger puis l’Afrique du Sud. Résumons : un homme recherché par Interpol et témoin capital dans l’affaire du « pacte de corruption » est donc exfiltré du territoire. Les juges d’instruction ont établi dans un rapport que cette exfiltration de Béchir Saleh faisait partie du pacte de corruption. Par la suite, Béchir Saleh s’est dit prêt à faire des révélations à la justice, quelques jours plus tard, il fût la cible d’une tentative d’assassinat en Afrique du Sud. Touché de deux balles, il en réchappera miraculeusement.
Un mois après la quatrième mise en examen de Nicolas Sarkozy, celle-ci pour « association de malfaiteurs », Zyad Takieddine revient soudainement sur ses accusations à l’encontre de l’ex-Président de la République. Interviewé à Beyrouth par des équipes liées au journal Paris Match (du groupe Lagardère où siège au Conseil de Surveillance : Nicolas Sarkozy ! ), Takieddine prétend qu’il n’y a jamais eu de financement libyen de la campagne de 2007 et que les juges lui ont demandé de mentir. La presse reprend cette information pour blanchir Nicolas Sarkozy. Mais l’enquête révèle que Takieddine aurait perçu de l’argent en échange de sa rétractation. 4 millions d’euros lui aurait promis : une promesse écrite. Mimi Marchand serait mêlée de cette subornation de témoin. Sont mis en examen dans cette affaire distincte : Mimi Marchand, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni pour subornation de témoin et association de malfaiteurs. Depuis Takieddine a à nouveau changé de version pour revenir sur ses premières accusations.
En 2015, une série de courriels de l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton est rendue publique. Des documents nous éclairent sur “les raisons de l’intervention française lors de la guerre en Libye, et sur les motivations réelles de Sarkozy de se retourner contre Kadhafi : « un désir d’obtenir une plus grande partie du pétrole libyen ; accroître l’influence française en Afrique du Nord ; améliorer sa situation politique intérieure en France ; offrir à l’armée française une chance de rétablir sa position dans le monde ; et répondre à l’inquiétude de ses conseillers concernant les plans à long terme de Kadhafi de supplanter la France comme puissance dominante en Afrique de l’Ouest ». Le gouvernement français était aussi opposé au projet de Kadhafi d’introduire une nouvelle devise panafricaine pour remplacer le Franc CFA. Cette analyse est, en partie, partagée par la Commission des affaires étrangères du Parlement britannique en 2016. Un autre mémo évoque des vols humanitaires organisés en avril 2011. Parmi les passagers : des cadres de Total, de Vinci, et de l’EADS. Bernard-Henri Lévy, intermédiaire entre le président français et les insurgés, aurait fait savoir aux responsables du Conseil national de transition (CNT) qu’ils « avaient une dette envers la France au vu de son soutien précoce et que Sarkozy avait besoin de quelque chose de tangible à présenter aux leaders politiques et économiques français. » Un note de septembre 2011 révèle que Nicolas Sarkozy aurait exhorté les Libyens à réserver 35 % de leur industrie pétrolière à des entreprises françaises, en particulier Total.
On reprend depuis le début : soupçons de corruption, compromission, financement illicite de campagne, tentative de blanchiment d’un terroriste d’État, protection d’un criminel recherché par Interpol, association de malfaiteurs, subornation de témoin. Rappelons que Médiapart, bien que poursuivi en justice par toute la meute Sarkoziste, a gagné tous les procès. Il n’y a eu que des faits authentifiés qui ont été publiés par les journalistes d’investigation. Et pourtant ils ont dû faire face à un harcèlement judiciaire, une surveillance accrue et des menaces de leurs sources, c’est donc aussi la liberté de la presse qui est menacée ici. Rappelons que c’est la première fois que les familles des victimes françaises de l’acte terroriste de 1989, se sont constituées partie civile dans le procès contre l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy. L’état de droit n’est absolument pas menacé par la condamnation de Sarkozy, l’état de droit est menacé lorsque des politiques et des médias s’associent pour marteler une propagande mensongère mettant une cible dans le dos des journalistes d’investigations et des magistrats.


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