DES ARBRES ET DES HUMAIN·ES par HELP4Trees

« Au printemps de quoi rêvais-tu ? / Vieux monde clos comme une orange /Faites que quelque chose change », chantait Jean Ferrat en 1969. « Et l’on croisait des inconnus, Riant aux anges. »

Corbeaux freux dans la peupleraie de Neerpede 

Bruxelles-Capitale, 21 Mars 2024. Et nous ? Aujourd’hui, en ce premier jour qui célèbre le retour du printemps météorologique, de quoi rêvons-nous pour notre ville et notre planète ? Croisons-nous ces inconnus qui rient aux anges dans les rues de notre Capitale ? Le nez des promeneurs frémissant sort à nouveau des cache-cols hivernaux humant les brises printanières qui chatouillent nos narines.
Au Nord de Bruxelles, à Anderlecht, au site de Neerpede, les amoureux de la nature célèbrent le retour des corbeaux freux dans la peupleraie sauvegardée. Eux rient aux anges aux doux sons des croassements.
Grâce à une mobilisation citoyenne sans précédent, soutenue par une décision politique éclairée, les 212 peupliers emblématiques sont sauvés de l’abattage, préservant de la sorte un habitat naturel précieux pour la faune locale. L’opposition fervente de la communauté locale (pétitions, interpellation citoyenne, marches) ainsi que des associations locales de protection de la nature (CCN Vogelzang, Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux, entre autres) a rendu possible une prise de conscience majeure de la nécessité de préserver les espaces verts en milieu urbain. Les autorités locales se ralliant au bon sens politique ont réévalué leur décision en explorant des solutions alternatives.
Les corbeaux freux, ces oiseaux emblématiques, connus pour leur intelligence et leur sociabilité sont un symbole vivant de l’harmonie entre l’homme et la nature. En établissant plus d’une dizaine de nids dans les peupliers sauvegardés, ils perpétuent la vie de ce précieux écosystème. Leur retour à la peupleraie témoigne de la résilience de la nature et la capacité des communautés à agir en faveur de la conservation environnementale.

Pour une gestion respectueuse du patrimoine arboré

Face à ce constat, le collectif citoyen Help4Trees milite en faveur de la mise en place, au niveau régional, d’une politique « Arbres » informée, avec des outils harmonisés et disponibles au public. Ainsi que l’élaboration d’un inventaire détaillé avec un suivi des arbres. Le collectif revendique une gestion respectueuse du patrimoine arboré et des citoyens, et qui soit urgemment axée sur la préservation. Inspirée de la charte de l’Arbre en vigueur à Bruxelles-Ville, dont les trois axes principaux sont : Préserver le patrimoine arboré existant, Augmenter le nombre d’arbres, Favoriser la mobilisation des citoyens et leur sensibilisation.

Tout a-t-il couleur de l’espérance?

Bouleau verruqueux remarquable – sauvé au prix d’une action citoyenne

Mais alors… « Tout a couleur de l’espérance, Que l’on se batte dans la rue, Ou qu’on y danse, Au printemps de quoi riais-tu ?». Au printemps, Monsieur Ferrat, nous rions parce qu’au Sud de Bruxelles, à Woluwé-Saint-Pierre, dans l’emblématique quartier du Chant d’oiseau, c’est aussi le bon sens politique qui a finalement triomphé. Mettant tout en œuvre pour sauvegarder ce magnifique bouleau verruqueux inscrit à la liste des arbres remarquables.
Pris en otage dans un conflit de voisinage, des années durant, c’est une mobilisation citoyenne importante (pétitions, interpellations politiques) qui a permis d’alerter les autorités sur l’importance de préserver cet arbre. Que ce soit tant pour l’embellissement du quartier que face aux défis climatiques et environnementaux auxquels nous nous devons de faire face. Aujourd’hui nous le savons, chaque arbre compte.

Abattage ? Rien ne le compense

Les pouvoirs publics avancent souvent que la replantation compense les abattages : rien n’est moins vrai ! Décider d’abattre un arbre, c’est se priver immédiatement des nombreux bénéfices qu’il procure sur le long terme : bienfaits sur la santé mentale, ombre (1 arbre à haute tige = 50 M2 de Canopée), fraîcheur par évapotranspiration, limitation des vents froids, absorption de 25kg de CO2 par arbre/par an, production de 10 kg d’oxygène par arbre/par jour, rétention d’eau … Ce qu’un arbre nouvellement planté (s’il survit) mettra 25 ans à minima, à restituer. Sans compter leur rôle essentiel dans l’embellissement du paysage urbain, les arbres sont indispensables au maillage vert et au maintien de la biodiversité en ville puisqu’ils offrent des abris aux animaux et insectes, entre autres.

Malheureusement de nombreux sites à Bruxelles restent encore aujourd’hui menacés d’une destruction imminente : on déplore l’octroi d’un permis d’urbanisme délivré par la Région en faveur de la destruction de 238 arbres, dont 211 à haute tige au Clos Bergoje à Auderghem, malgré l’ardente mobilisation des riverains. L’approbation par le Conseil communal d’Ixelles de la destruction de plus de 250 arbres à haute tige, la bétonisation de ~1ha de terrain sur le périmètre total du PPAS à Ixelles ainsi que la rupture d’un couloir important de biodiversité du maillage vert de la région bruxelloise. Pour ne citer que ceux-ci.

Au printemps, de quoi doutais-tu?

« Au printemps de quoi doutais-tu ? Mon amour que rien ne rassure, Il est victoire qui ne dure, Que le temps d’un Ave, pas plus Ou d’un parjure » malheureusement oui mon Jean. Toi qui chantais Ta France et son air de liberté au-delà des frontières, aujourd’hui nous sommes inquiets. Des écureuils-grimpeurs, défenseurs des arbres du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) de France sont arrivés en détresse à Bruxelles, au petit matin pour se loger dans nos arbres devant le parlement européen et lancer l’alerte face aux violences policières dont les militants sont victimes dans le Tarn. Les droits des hommes et les lois Françaises sont bafoués.

Depuis 32 jours pour faire cesser le projet superflu d’autoroute A69 qui détruira sur son passage des nombreux arbres et écosystèmes riches en biodiversité, des militants se sont perchés dans les arbres entre Toulouse et Castres. Or actuellement, les forces de l’ordre française empêchent leur ravitaillement, ainsi que l’accès aux soins de santé pour certains d’entre eux. Ils doivent manger des bourgeons et se nourrir avec du sel et du sucre pour survivre, quand ils ne font pas face aux jets de gaz lacrymogènes. Hé oui, mon Jean, ta France de la liberté est aujourd’hui en danger.

Les écureuils-grimpeurs, défenseurs des arbres du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) de France à Bruxelles

C’est pourquoi le collectif citoyen belge Help4Trees milite pour l’édiction d’un cadre législatif contraignant en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité. Ainsi que rendre contraignante la motion d’urgence climatique et environnementale votée par l’ensemble des communes de Bruxelles-Capitale depuis 2019.

Je rêve d’une autre fin à la romance

« Au printemps de quoi rêves-tu ? D’une autre fin à la romance. Au bout du temps qui se balance, Un chant à peine interrompu ». Au chant printanier des oiseaux, c’est le chant uni des partisans à la cause environnementale que nous rêvons d’entendre. Car entre 2010 et 2023, selon la base de données OpenPermits, plus de 64.000 arbres à hautes tiges ont été admis à l’abattage (hors gestion Forêt de Soignes). Seuls 1973 abattages ont été refusés sur la même période. Depuis Janvier 2024, 180 arbres admis à l’abattage (permis octroyés), 575 menacés (permis à l’instruction) et 1 permis refusé.
Ce constat reste excessivement alarmant en regard des défis climatiques actuels. C’est pourquoi Help4Trees continue sa campagne de collecte de signatures pour faire aboutir sa pétition devant le parlement bruxellois. Aujourd’hui 330/1000 signatures sont encore nécessaires pour atteindre le but espéré. Nous avons besoin de vous plus que jamais.

A.B., A.L. J.V. pour Help4Trees.

HELP4Trees est un collectif de citoyens inquiets pour les arbres de la ville qui œuvre à les préserver.
https://joverbockhaven.wixsite.com/petitionhelp4trees
Lien vers la pétition : https://democratie.brussels/initiatives/i-178

Crédits Photos A. Lenain, W. Van Lierde, J Verbockhaven, GNSA.

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