DES « ARTICLES 60 » ÉLECTORAUX À SERAING par Bernadette Schaeck

Vingt travailleurs en « article 60 » (1) pour nettoyer la Ville. Variables d’ajustement budgétaire et argument électoral ? La bourgmestre de Seraing publie sur sa page Facebook la “bonne nouvelle”.
Elle a pu engager des ouvriers après avoir prouvé au CRAC (Centre régional d’aide aux communes – en réalité, un organe de contrôle des communes wallonnes sous tutelle) que ce serait “neutre financièrement pour la Ville”.
Elle s’était engagée en début de mandat à « nettoyer la Ville ». Les 20 ouvriers en contrat « article 60 » feront l’affaire. Trois jours de formation, et hop au boulot !
Ca leur permettra, après un an ou un an et demi, de récupérer leur droit au chômage et d’avoir une formation en poche afin d’être plus facilement mis au travail”, explique la bourgmestre.
Respect total pour les ouvriers et ouvrières qui font des travaux de nettoyage.
Mais ce qui me semble insupportable, c’est cette utilisation qu’en fait une mandataire politique.

Une photo des 20 ouvriers est publiée sur le compte Facebook de la bourgmestre (comme un trophée ?).
Réduits à une variable d’ajustement budgétaire (engagés parce que ce sera neutre financièrement) et un argument électoral (« Propreté et sécurité », c’est ce à quoi s’était engagée la bourgmestre au début de son mandat).
Mais bien sûr, c’est pour « leur bien » !
Ils récupéreront les allocations de chômage (pourquoi toujours dire “récupérer”, alors que beaucoup n’y ont sans doute jamais eu droit ?) et ils auront une “formation en poche” qui les rendra plus « compétitifs » sur le marché du travail.
Ce n’est pourtant certainement pas la Ville qui les engagera au terme du contrat « article 60 » puisqu’ils ne seront alors plus « neutres financièrement ».
Les contrats « article 60 » contribuent fortement à l’accentuation de la précarité de l’emploi dans les services publics locaux (Villes et CPAS essentiellement).
Ce sont toujours, par définition, des contrats à durée déterminée, variant de un à deux ans d’après l’âge. Et qui remplacent ainsi de possibles et nécessaires « vrais » contrats d’emploi.
Vite remerciés et vite remplacés par d’autres…

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Un enfant en danger : ce ne serait pas leur problème ?
Un mère totalement privée de revenus depuis des mois, à cause notamment de l’exigence de tout faire passer par le numérique. Ce CPAS mesure-t-il bien que les conséquences de cette situation sont aussi supportées par le jeune qui vit avec sa mère ?
Mais ça n’a pas l’air de les tracasser beaucoup.
Nous, oui, ça nous tracasse ! C’est de la non-assistance à personne en danger, et c’est tellement insupportable quand dans le même temps, on nous bassine à longueur de vie sur la prétendue « priorité à la lutte contre la pauvreté infantile et la défense des familles monoparentales ».
Et bien sûr, nous ne saurons jamais combien d’enfants sont victimes de cela.

par Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux.

(1) On parle d’un travail “article 60” parce qu’il est prévu par l’article 60 de la loi organique des CPAS. Selon cet article, le CPAS doit essayer de trouver ou donner un travail aux personnes qui ont besoin d’une certaine période de travail pour ouvrir leurs droits à certaines allocations sociales (allocations de chômage notamment).
https://www.adasasbl.be/2021/01/28/fiche-info-article-60-un-droit-une-obligation/

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