DU COQ À L’ÂNE par Gwenael Breës

J’ai enfin vu “Eo”, pas si facile à capter dans les cinémas bruxellois malgré son prix du jury à Cannes. Dernier film du polonais Jerzy Skolimowski, c’est un hommage au “Hasard Balthazar” de Robert Bresson. Un objet à part, qui n’est pas tant une vision humaine de la vie imaginaire d’un mammifère, que la vision d’un âne sur le monde des humains – et leurs relations cruelles, que ce soit entre eux ou envers les autres espèces. Car le personnage principal est un âne, même s’il semble porter sur son dos toute la condition animale. Dans ce voyage elliptique, peu parlé et parsemé d’envolées expérimentales, Skolimowski ne recule devant rien. Il passe allègrement du lyrisme à l’absurde, du sensoriel à l’allégorique, et du coq à l’âne. On n’en sort pas forcément le coeur léger, mais le film est très réussi pour sa capacité à ne pas s’embarrasser des standards, à transmettre une étrange mélancolie quelque part entre le rêve enfantin et le cauchemar adulte, à nous faire ressentir de l’empathie pour les animaux et des émotions beaucoup moins tendres pour la manière dont nous les traitons. Avec poésie et sans cynisme. J’ai sans doute pas été ému comme ça depuis “E.T.” 🙂 Il reste seulement deux séances au CineFlagey, jeudi 12/1 à 16h et samedi 21/1 à 18h45.

Gwenael Breës

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