ET MAINTENANT, DES FLEXI-JOBS POUR LA CULTURE !

Alors là, c’est le pompon. Après avoir communiqué et légiféré pendant des mois sur la création d’un prétendu “statut des travailleurs des Arts”, voilà que le gouvernement de la Vivaldi introduit à présent des “flexi-jobs” dans le domaine de la culture (ce qu’on pourrait traduire en français par “boulots de merde”).
Les syndicats unanimes réagissent contre ce nouveau magistral foutage de gueule.
Quant à Frank VandenBroecke, qui devrait jouer le rôle du méchant dans les séries télévisées allemandes, on ne l’enverrait pas en exil, en guise de repentance, faire une neuvaine de silence ou brûler quelques billets de banques sur une éolienne offshore en Mer du Nord ? Ca nous ferait des vacances.
Mais s’il préfère aller se noyer dans un puits de pétrole, pour moi, cela me va aussi.

Claude Semal, le 22 octobre 2022.

On nous avait annoncé un statut… on finit avec des flexi-jobs ! Alors que les discussions sur le mal nommé « statut d’artiste » ont abouti à une réforme qui rend l’accès et le maintien dans un statut du travailleur des arts encore plus difficile, alors que le texte sur la future commission du travail des arts est encore en discussion et qu’il inquiète particulièrement les techniciens du secteur (qu’est-ce qui sera reconnu comme travail artistique et sur base de quels critères ?), le gouvernement vient d’annoncer que les flexi-jobs vont être étendus aux secteurs de la Culture (en dehors des fonctions artistiques).
Incompréhensible, de la part d’un gouvernement qui prétendait améliorer le statut des travailleurs de la culture.

Les flexi-jobs c’est un statut précaire de travail, une succession de mises à disposition ouverte à tout le monde pour qui a travaillé en 4/5ième (pas de sécurité d’emploi), un salaire instable et non garanti (pas sécurité de revenu), un salaire brut inférieur au minimum sectoriel (déjà très bas), des horaires instables et imprévisibles, pas de double pécule de vacances ni d’assurance maladie et pas de qualification requise…
Or, depuis la crise COVID, dans le secteur de la Culture et de l’évènementiel, on constate une pénurie de personnel technique qui, suite au chômage Corona s’est vu obligé de se réorienter professionnellement.
Un vrai problème pour ces métiers indispensables au secteur des Arts puisqu’on a estimé qu’il manquait environ 600 techniciens pour la bonne tenue des festivals cet été. Par ailleurs, on constate que les jeunes ne finissent plus leurs études puisqu’ils trouvent du boulot dès leur deuxième année d’étude, délaissant ainsi prématurément leur formation.

Ce dont les travailleurs ont besoin, ce sont d’emplois stables et de contrats plus longs, pas d’un démantèlement encore accentué des conditions de travail. Les travailleurs n’ont certainement pas besoin d’un nivellement par le bas. Ce dont le secteur a besoin ce sont des travailleurs réguliers et qualifiés.
Les organisations syndicales regrettaient déjà vivement de ne pas être conviées à la réflexion sur le statut d’artiste, elles s’insurgent aujourd’hui en constatant qu’on fragilise une fois de plus les travailleurs. Ne l’oublions pas, le statut de flexi-jobs c’est une précarisation généralisée du monde du travail.
Il s’agit d’une dérégulation inacceptable.

13/10/2022 – 19h

Dominik Roland, CGSLB
Vinciane Convens, CSC Culture
Tijs Hostyn, PULS
Maximilien Herry, CGSP
Stéphane Piron, Setca

Les réactions “à chaud” sur Facebook d’Anne-Catherine Lacroix (Atelier des Droits Sociaux), de Nadia Moscufo (PTB) et de Boris Dambly (scénographe)

Anne-Catherine Lacroix (ADDS) : “Je trouve ça hallucinant”

Moi, je ne m’exprime plus tellement sur la réforme, c’est time. Je l’ai fait, avec mes armes, l’espace et le temps dispo mais maintenant, pour moi, que ça plaise ou pas, le temps est à l’explication des règles (et à mettre l’énergie chez ceux et celles qui vont justement pas rentrer dans ce “statut” car là, je peux te dire que des tas de questions vont se poser et se posent déjà).
Mais cette annonce des flexi-jobs dans ce même contexte rajoute une couche que j’ai du mal à digérer. Politiquement parlant, je trouve ça hallucinant.
Personnellement, j’exècre comme toi ces conditions de travail. Et ce matin, j’étais à l’ERG pour expliquer la réforme… et face à des étudiants qui comprennent de moins en moins les questions de sécu et de cotisations sociales, j’ai constaté qu’il n’était même pas pensable ou possible de parler des flexi-jobs puisque la base de principe de la cotisation et de la protection sociale n’est pas toujours comprise (et de mon côté, ça fait 15 ans que je dis qu’on vient gratos parler sécu dans les hautes écoles). Bref ….

Nadia Moscufo (PTB) : “on n’a pas la même notion de la protection sociale”

Comme si les travailleurs et travailleuses de la culture n’avaient pas déjà des contrats précaires et flexibles… V’là ti pas que la Vivaldi en remet une couche en introduisant les flexi-jobs. Ces jobs dont le salaire minimum s’élève à 10,30 euros de l’heure et auxquels les minima sectoriels ne s’appliquent pas. Ces mêmes jobs qui procurent des droits réduits (au niveau des horaires, par exemple) et vident les caisses de la sécurité sociale. Le ministre Vandenbroucke “rassure” en disant que ce ne sera pas pour tous les travailleurs et travailleuses de la culture, mais entre-temps il aura mis le pied dans la porte…. Comment peut-on, d’un côté, prétendre vouloir améliorer la protection sociale des travailleurs et travailleuses des arts et, de l’autre, y introduire les flexi-jobs ? Autant dire qu’on n’a pas la même notion de la protection sociale…
Tout mon soutien aux travailleurs et travailleuses du secteur.

Boris Dambly (scénographe) : “porteureuses de câbles, vous allez manger vos morts”
Les porteureuses de câbles, je vous spoil: vous allez manger vos morts. Toujours en direct de la Commission des affaires sociales: Vandenbroucke confirme l’extention des flexi job aux travaileureuses techniques non artistiques de la cp304. Ce sont justement les mêmes travailleureuses qui seront exclu.e.s de la protection sociale par la nouvelle réforme. Les flexi-jobs c’est une succession de CDD à l’infini (pas de sécurité d’emploi), un salaire instable et non garanti (pas sécurité de revenu), un salaire brut inférieur au minimum sectoriel (déjà très bas), des horaires instables et imprévisibles, pas de double pécule de vacances ni d’assurance maladie…
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