” ILS N’ONT QUE ÇA À FAIRE…!” par Bernadette Schaeck

À quoi bon fixer des rendez-vous ? Ils attendront !” (2016)

Lui, convoqué en audition devant le Comité spécial de l’aide sociale.
À 13 h.
Arrivé à 12h55′.
7 personnes sont déjà là.
Toutes convoquées aussi “à 13 h”.
Toutes passeront dans l’ordre d’arrivée.
2h30 d’attente pour certaines.
La boule au ventre.
Pour se retrouver devant ce qu’elles perçoivent comme une sorte de Tribunal.
Elle, a demandé à être entendue par le Comité spécial de l’aide sociale.
Rendez-vous “à 15h”.
Arrivée à 14h45′.
9 personnes sont déjà là.
Toutes ayant un rendez-vous “à 15 h”.
Elles seront appelées sans tenir compte de leur ordre d’arrivée.
Pour certain·es, plus de 3 heures d’attente.
La boule au ventre.
Sous le contrôle d’un agent de sécurité, selon toute vraisemblance un compagnon de galère engagé en article 60. De toute façon, à quoi bon fixer des rendez-vous ?
Ils n’ont quand même “que cela à faire !”

X X X

X ème pénalisation de la solidarité ! (2017)

Un couple se sépare.
Afin de permettre à la dame, mère de 3 enfants, de tenir le coup jusqu’à la perception du premier mois de RIS (payé à terme échu), l’ex compagnon paie encore un mois de loyer au moment de la séparation pour le logement qui était occupé par le couple et dans lequel restent la dame et les enfants.
Il travaille et a donc des revenus plus élevés que son ex compagne et trouve normal de procéder de la sorte.
Le CPAS retire du premier de RIS de la dame le montant du loyer payé par l’ex compagnon… un montant élevé de 600 €.
Franchement, là, j’ai la haine !
Si je n’étais tous les jours en contact avec ce genre de réalités, je ne pourrais même pas croire que c’est possible !

X X X

Il était SDF, il le redeviendra ! (2019)

Le CPAS estime qu’à 23 ans, il n’a pas le droit de s’installer seul.
Il va donc perdre le logement dont il sera expulsé ce mois-ci ou le suivant.

Photo Brice Canonne

Le CPAS lui transmet une décision qui est motivée de façon totalement stéréotypée (ci-dessous).
Ca fait des lustres que certains CPAS ont oublié qu’une des conditions d’octroi du RIS est d’être majeur.
Non, à présent il faut “mériter” son autonomie.
Il faut “tout mettre en œuvre pour réaliser [votre] souhait d’autonomie qui ne peut être financée par le CPAS “.
Ca signifie : “droit à l’autonomie” pour ceux qui ont le fric ; “dépendance contrainte” pour ceux qui ne l’ont pas..
Jusqu’à quel âge une personne est-elle dans l’obligation de “mériter” son autonomie ?
Jusqu’à quel âge une personne doit-elle être privée de tous droits, se loger, manger, se soigner, parce qu’elle ne “mérite” pas son autonomie ?
Il ne peut ni ne veut retourner chez aucun de ses deux parents.
Pour lui, alors, ce sera la rue.
A moins que nous parvenions à faire plier le CPAS…

Trois autres 14 novembre, pris un peu au hasard. Bon, j’arrête-là mes “souvenirs” du jour sur Facebook… c’est vraiment trop déprimant !

Bernadette Schaeck,
de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux.

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