(IN)DIGNITÉ par Anne Löwenthal

Je persiste et signe. Chaque fois que j’entends qu’on va ”rendre leur dignité” à des gens, je me demande qui ”on” est pour décider de qui est digne ou non.
Je déteste le mot “dignité”, je déteste ce qu’il est devenu : un truc qu’on prête aux autres, ou pas. Un truc qu’on leur rend. Un truc qu’on leur donne.
Comme si être pauvre et être à la rue, c’était manquer de dignité. En fait quand on est pauvre et/ou à la rue, on manque probablement de tout sauf de dignité.
Être digne, pour moi, c’est être à la hauteur de ce qu’on peut.
Survivre sans moyens de subsistance, c’est très digne. Laisser des gens dans la misère et à la rue dans un pays riche, c’est indigne.
Prétendre donner de la dignité aux gens en leur proposant d’aller manger au chaud le temps d’un réveillon, c’est un mensonge.
La dignité, ils l’ont déjà. Ce qu’on leur donne, c’est un peu de chaleur et à manger.
Quand on donne de la chaleur et à manger à des gens qui n’en ont pas (et c’est très bien de le faire), on ne fait que souligner l’indignité d’une société qui n’en a aucune.

Anne Löwenthal

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