Interview de Noé Preszow : À NOUS DANS LES RATURES

En trois titres, cet OVNI bruxellois a explosé dans la planète chanson.
Noé Preszow, ce faux calme au regard rêveur et aux poings serrés, est passé en quelques mois de sa chambre post-adolescente aux plus grandes scènes de la Francophonie.
Ce perdant magnifique a trouvé l’alchimie du succès dans les poubelles de ses errances.
Des mélodies pop, une écriture moderne et poétique qui surfe en français sur l’énergie du rock, un flow redoutable qui a su éviter tous les tics de langage du rap. Tu me dis que tout se danse, même la gène, même l’état d’urgence.
Entre Bruxelles et Paris, ce flemmard pressé s’enfile aujourd’hui les tests PCR comme autant de rails de coke.
Rencontre avec un jeune-homme de vingt-cinq ans qui a sauté dans un train en marche.

Claude : La première fois que je t’ai entendu à la radio, c’était sur France Bleue Limousin, en octobre 2020, quand j’étais descendu une semaine dans le Périgord, pour m’occuper des champignons. Je me suis dit : « Purée, quand je vais dire ça à Noé, il ne va jamais le croire ». Noé Preszow, sur France Bleue Limousin ! C’est un miracle.
Sauf que le lendemain, j’ai réentendu la chanson sur la même antenne (rires). Et donc, si j’ai bien compris, tu as sorti un album en France, et il tourne même sur les platines régionales des radios nationales !
Raconte-nous ça.

Noé : Il y a plusieurs histoires dans l’histoire. Je n’ai jamais pensé les choses en terme de « France » ou de « Belgique », mais en terme de rencontres. J’avais été enregistrer la chanson « A nous » dans un studio à Paris, dans une version que je n’ai finalement pas gardée. Mais c’était une bonne idée, car elle a un peu circulé autour des gens du studio, et cela a débouché sur quelques rendez-vous dans des maisons de disque. En même temps, j’avais moi-même pris contact avec le label Tôt ou Tard, on a mutuellement flashé l’un sur l’autre, et puis voilà.

Claude : J’ai lu dans ta bio que tu avais, bien avant cela, enregistré des dizaines de chansons dans ta chambre.

Noé : Oui, ça, c’est le vrai point de départ. Bien sûr, ces histoires de label et de maison de production ont été décisives, parce que cela aurait pu très bien ne jamais arriver. J’ai eu très peur pendant six ou sept ans que ça n’arrive jamais. J’avais commencé à m’enregistrer à treize ans, en même temps que j’apprenais à jouer de la guitare, et je ne me suis jamais arrêté. J’improvisais des trucs, je les enregistrais, et puis voilà. L’écriture, chez moi, est toujours partie du plaisir de l’enregistrement. Je fais des chansons pour les enregistrer.

Claude : Tu faisais déjà de la scène ?

Noé : Ouais, vers quatorze, quinze ans, j’ai donné mes premiers concerts. Modestement, mais en prenant tout ça très au sérieux, une entrée en scène, une setlist, et tout ça, et je me suis mis à y rêver.

Claude : Tu avais déjà un « band », ou tu étais seul à la guitare ?

Noé : J’ai fait les deux. A vingt ans, j’ai tourné avec un groupe, beaucoup, au risque de me perdre un peu de vue. J’ai pourtant appris plein de choses : les joies et les galères des concerts, le plaisir de faire de la route ensemble, ce plaisir dingue de réinventer tous les soirs les arrangements sur mes morceaux. Mon ADN est autant rock, que pop, et chanson. Même si j’adore Barbara en solo, ou Ferré seul au piano, ses plus beaux disques à mon avis, j’ai besoin, moi, de m’appuyer sur l’énergie du rock. Ces concerts, c’était une période de grande inconscience, avec des morceaux de quinze minutes, des solos de guitare dans tous les sens. On ne se donnait aucune contrainte de « format ».

Claude : je me trompe, ou à l’adolescence, tu fréquentais aussi assidument un mouvement de jeunesse ?

Noé : Cela fait partie des choses dont je parle peu, parce que cela a eu une telle importance pour moi, toutes ces petites choses bruxelloises, c’est mon jardin privé. Je dirais simplement que j’ai toujours fait partie d’une tribu, où on va ensemble aux manifs, où l’on bavarde en refaisant le monde. Et puis là aussi, la musique été super importante, parce qu’on écoutait de la musique tout l’été aux camps, il y a eu la grande période Tryo, puis Nirvana, Bob Marley, Louise Attaque, tous ces trucs-là, et en même temps, on se retrouvait aussi autour du feu pour chanter Brassens, Hugues Aufray, Renaud… Cela m’a montré combien la chanson pouvait fédérer.
Dès que je me suis mis à la guitare, j’ai compris que c’était là ma place. J’étais le jukebox : OK… « Ma Liberté » ! OK… « San Francisco » ! Encore aujourd’hui, quand on se retrouve, car ce sont mes amis d’enfance, on fait des soirées qui durent jusqu’à sept heures du matin. Je ne dis parfois pas un mot, mais j’accompagne toutes les chansons. Et le répertoire a évolué. Je joue ce qu’on me crie de jouer: Diam’s, Angèle, MC Solar, Indochine…Ce sont les seuls moments dans ma vie où j’obéis.

Claude : Et tu connais toutes les paroles par cœur ?

Noé : Non, moi je ne chante pas. J’accompagne. Et parfois aussi j’improvise, je joue à l’oreille, comme quand je jouais à dix-sept ans dans les pubs irlandais. C’est mon rapport à l’ivresse, je peux jouer comme ça toute la nuit, jusqu’à l’épuisement.

Claude : A part cette envie de faire de la musique, tu as fait d’autres études ?

Noé : Non, j’ai terminé l’école secondaire un peu avant mes dix-huit ans, et puis un truc m’est tombé dessus, de nulle part, enfin, un peu de Renaud, j’ai pensé : « Ma vie, ça va être d’aller travailler la terre en Irlande ». Et je suis parti quelques mois là-bas…

Claude : … pour cultiver la terre ?

Noé : Enfin moi, c’étaient plutôt les animaux. Ce qu’on appelle aujourd’hui le wwoofing. Il n’y a pas d’argent en jeu, on est logé mais pas payé, on va de ferme en ferme, et on apprend des tas de choses.
J’ai eu plusieurs expériences, certaines pénibles, d’autres très jouissives, et je me suis dit : « c’est vraiment ça, ma vie… ». J’étais seul, j’étais libre, parfois déprimé, mais sans attaches. Sauf que j’ai été rattrapé par mon envie de chansons. J’étais parti sans enregistreur, et ça s’accumulait. A un moment, je suis donc rentré à Bruxelles pour les enregistrer.

Claude : Tu n’es pas passé par la case « unif » ?

Noé : Si, trois mois, non, je suis généreux, deux mois peut-être, mais c’était horrible. Déjà, je suis asthmatique, je ne supportais pas d’être enfermé dans une classe, toujours au fond, près de la fenêtre, et là, dans les auditoires, physiquement, c’était juste impossible.

Claude : C’était quoi, comme matière ? Histoire de voir ce qui te branchait ?

Noé : Philo. Mais ça m’ennuyait. Moi, je suis un nerveux. Enfin, il y a des philosophes nerveux, mais j’avais déjà tellement détesté l’école… Je faisais ça surtout par angoisse, parce qu’il fallait bien que je fasse quelque chose. Mais je savais que ce n’était pas ma vraie vie. En fait, j’avais commencé à envoyer mes chansons aux maisons de disques à seize ans. C’était naïf, mais je ne voyais pas vraiment de différence entre Dominique A, Jean-Louis Murat et moi.
Au même moment, je m’étais engagé aussi dans un collectif qui soutenait les Afghans qui occupaient le Béguinage. Et je me suis retrouvé dans ce mouvement là avec ma casquette de musicien. Retourner dans les amphis, après ça, c’était impossible.

Claude : Si tu n’es pas passé par la case « études », tu as dû faire des boulots alimentaires ?

Noé : Oui, j’ai fait des tas de choses, et je ne suis pas trop mal tombé. Comme gardien de Musée, et plus tard au « 140 », préparer la loge pour Brigitte Fontaine, l’équipe était géniale, mais ce n’était pas ma mission existentielle. Moi, j’étais une boule d’énergie, une montagne russe, peut-être comme tous les artistes, je ne suis pas en recherche d’équilibre, je m’en fous, et ce n’est qu’après tu te rends compte, heureusement qu’il y a eu les manifs, l’errance, les petits boulots, l’ennui du travail, et que je ne suis pas retrouvé dans une maison de disque à dix-neuf ans. Il y a beaucoup d’artistes-enfants, ils font parfois de superbes choses, mais de quoi peuvent-ils parler, s’ils n’ont jamais connu que ça ? Ca s’épuise vite.
Et c’est là que je me suis dit : puisque je ne suis d’aucun cercle, d’aucune tribu, je vais faire des rencontres. Puisqu’à Bruxelles, je suis trop intello pour ceux qui se disent « variétés », et trop « variétés » pour ceux qui se disent « musique sérieuse »… Maintenant, j’ai compris que c’était ma chance, d’avoir autant été bercé par Brassens que par Indochine, mais à ce moment-là, je ne savais pas le formuler.

Claude : Tu jouais toujours avec ton groupe ?

Noé : Non, j’avais perdu de vue que ma modernité à moi, c’était de faire de la musique avec mon enregistreur dans ma chambre. A vingt-trois ans, je me retrouve à nouveau tout seul, et je me dis : « Refais ce que tu as toujours fait ». J’ai quelques potes qui me disent : Noé, c’est quand tu es dans ta chambre qu’on aime tes chansons, c’est pas quand tu produis des disques comme si tu étais dans les années septante, OK, tu adores Led Zeppelin, mais ta modernité à toi, c’est de faire les choses dans ta chambre, avec ta guitare, tes claviers, ton ordinateur et tes boîtes à rythmes. J’ai toujours aimé autant Barbara que Christophe, j’ai toujours manié les instruments pop. Et puis, il y quatre ou cinq ans, j’ai fait cette chanson « A nous » , et je me suis tout de suite rendu compte que j’étais arrivé à trouver ma propre forme d’expression, alors que j’étais au bord du gouffre. Ce mélange d’intimité, de rapport au monde, même dans la forme, je me suis rappelé que j’étais venu à la chanson par Dylan, par les Beatles, des trucs assez courts, en fait, plus directs, alors que jusque là, j’avais laissé une grande place à l’inconscient, sans me soucier vraiment d’être compris. Bref, je sors le synthé, je fais une maquette de « A nous », qui aurait presque pu sortir telle quelle. Puis j’enregistre le truc à Paris. Et puis je me rends compte que je suis en train de faire la même chose qu’avec le groupe, c’est à dire oublier ma chambre. J’ai une ou deux personnes, en qui j’ai confiance, qui me disent « la chambre, putain, la chambre ! ». Et je fais machine arrière. Je reviens à Bruxelles, et c’est comme ça que je rencontre Romain et Ziggy, qui sont deux des trois musiciens qui forment le groupe Puggy, et ces deux musiciens vont faire l’album avec moi. C’est pour ça qu’il y a plusieurs histoires dans l’histoire.

Claude : C’est dingue. Donc ce morceau, qui a un flow et une certaine élégance naturelle, tu as en fait essayé de le prendre par tous les bouts, au moins trois fois, de le retourner dans tous les sens, pour arriver à ce que tu voulais !

Noé : Alors que l’avais dès le départ ! Si quelqu’un voulais sortir ma première démo, je n’aurais pas honte. Tout ce que je voulais y mettre y était déjà, un truc simple, mais contemporain. Y a un truc en moi contre lequel je dois me battre, c’est de me déposséder de moi-même. Alors que personne ne m’avait dit : « Fais ceci ou cela ». Surtout pas mes producteurs, et c’est pourquoi j’avais signé avec eux. Non, c’est moi.
Et puis le travail avec Romain et Ziggy a été capital, parce que ce sont des gens qui font de la pop, qui ont beaucoup écouté de la folk et du rock, et qui apprécient vraiment la chanson. Et tout ça crée un univers. Le CD « quatre titres » (« Ça n’saurait tarder ») est sorti en septembre dernier.

Claude : C’est lui que j’ai entendu dans le Périgord.

Noé : Et l’album complet est sorti le 2 avril. Même en vinyle !

Claude : Dès le départ, il y a quand même un autre truc qui se passe. Le titre « A nous » plaît. Au public. Aux programmateurs. Je ne sais pas si tu as écrit un tube, mais en tous cas tu as écris un vrai succès !

Noé : Tout d’un coup, c’est vrai, il y a une place sur les ondes pour une chanson comme ça. C’est le côté « magique » de la chose. C’est un cri de détresse face aux écrans de merde, face aux réseaux de merde, et tout d’un coup, c’est en phase avec un moment que tout le monde vit.
Evidemment, à la sortie, avec le confinement, tous les concerts ont été annulés.

Claude : Tu sais à quoi ta chanson m’a fait penser ? « A nos actes manqués », de Goldman. Rien à voir, bien sûr, mais cela s’abreuve aux mêmes sources, une certaine nostalgie du passé, et la volonté d’en garder l’énergie pour le présent et l’avenir.

Noé : J’adore Goldman. C’est une histoire singulière qui fait que, même lorsqu’il s’exprime au premier degré, il y a toujours cette magie qui l’accompagne.

Claude : Il y a la sortie des titres de l’album, et en même temps, il y a les clips et les vidéos

Noé : J’en ai sorti un il y a quatre jours, qui s’appelle « Cette route-là », je l’ai co-réalisé avec un jeune bruxellois de grand talent qui s’appelle G.P.S. . J’ai besoin de mettre la main à la pâte à tous les niveaux, je ne peux pas me retrouver seulement « figurant » d’une de mes chansons. Le clip de « Que tout s’danse », dont je suis satisfait aussi, était une réaction au confinement : entre les deux premiers confinements, on a pris les vélos, et on a été voir tous les potes à Saint-Gilles, à Saint-Josse, à Ixelles, etc… C’est une esthétique qui me plaît beaucoup, avec un côté documentaire, et je suis resté là-dedans pour le petit dernier.

 

Claude : Les plans concerts, ça s’ouvre un peu pour cet été ?

Noé : Comme cela reste une année particulière, il y a plein de choses inattendues, mais c’est incroyable : j’ouvre le Printemps de Bourges, en première partie de Jean-Louis Aubert, dans la grande salle.
A Bourges, c’est une formule radicalement intimiste, en duo. C’est un challenge fou parce que, même si j’assume pleinement mes textes et mes mélodies, j’ai pensé ma musique pour qu’elle soit interprétée en « groupe ». Après, on tournera à quatre avec claviers, basse, batterie. Je suis hyper excité par Bourges, parce que c’est vertigineux, après il y a notamment les Francofolies de La Rochelle, et derrière, quarante dates jusqu’en décembre. Inutile de préciser que je suis impatient d’aller jouer dans les festivals belges où j’ai souvent été un spectateur, mais l’été n’est pas encore clair concernant la Belgique.

Claude : Woaw !

Noé : Oui, c’est un truc de fou.

Claude : Tu habites toujours Bruxelles ?

Noé : Oui, mais je travaille souvent à Paris. Je fais parfois deux trois fois l’aller-retour sur la semaine. Avec les tests PCR… Il y a aussi eu toute la période autour des Victoires de la Musique…

Claude : C’est vrai, tu as été nominé « découverte de l’année » !

Noé : J’ai toujours pensé qu’on pouvait lire Antonin Artaud en écoutant Johnny Hallyday.

Claude : Cela me semble évident aussi.

Noé : Mais bien sûr ! Pour les gens qui n’ont pas peur du silence, ni de la parole, c’est un lieu commun de le dire. Bon, mais j’ai ma propre histoire avec la Belgique, je suppose que mes chansons sont meilleures aujourd’hui qu’hier, mais avant que certaines portes ne s’ouvrent à Paris, il y en a quelques unes qui se sont fermées en Belgique. Disons simplement que dans ma ville natale, il n’y a pas eu de rencontres déterminantes.

Claude : je me souviens que tu m’avais fait parvenir une K7. Mais je ne vois pas très bien quel « conseil » j’aurais pu te donner, ayant moi-même un peu de mal à vivre de mon métier. « Suivez ma trace, venez vous noyer avec moi ! » (rires).

 

Noé : J’aimais envoyer quelques signes de vie à des artistes que j’aimais. J’avais écouté ton album « Music-hall » pendant des heures sur la route des vacances, quand j’étais enfant. C’est comme ça que je me le racontais.
Et j’allais souvent attendre des artistes à la fin concerts, avec mon CD gravé sous le bras, et une lettre que j’avais mise toute une journée à écrire. J’ai ainsi été voir beaucoup beaucoup de concerts tout seul, mais encore une fois, cela aussi m’a formé, et j’ai appris de tout ça. Jusqu’au jour où j’ai écrit la chanson « A nous ». Là, j’ai été voir des concerts sans avoir plus rien à donner à personne. Je n’avais plus rien à demander à qui que ce soit. Je m’étais trouvé.

Claude : Quelque chose dont on n’aurait pas parlé ? D’éventuels projets ?

Noé : Là, je suis impatient de retourner en studio, pour enregistrer des choses. Je veux donner vie à pas mal de chansons. Le truc nouveau, c’est que j’étais habitué à l’errance, et à ma solitude presque totale, et tout d’un coup, aujourd’hui, il y a beaucoup d’interférences.

Claude : Beaucoup de gens qui viennent à toi ?

Noé : Voilà. Et l’exercice n’est pas simple, pour retrouver le silence de la chambre. Même si c’est une écriture très réaliste, je laisse toujours beaucoup de place à l’inconscience… à l’inconscient.

Claude (rires) : Ca, c’est un beau lapsus !

Noé : Je sais que je suis mon meilleur ennemi, mais dois profiter de ce qui m’arrive, parce que cela a toujours été mon rêve de gosse, monter sur des grandes scènes, et tout ça…

Claude : C’est marrant, tu parles souvent de toi comme un problème, et parfois même, comme si tu étais ton seul problème.

Noé : Parce que les rapports de pouvoir, les rapports d’argent, les rapports d’égo, m’ont tellement fragilisé, que soit je dis trop, soit je ne dis pas assez. Je ne sais pas comment dire bonjour, je ne sais pas comment dire au revoir. J’ai beaucoup de mal avec les choses qu’il faudrait faire, ou ne pas faire. Moi je n’ai qu’une vie, et parfois je préfèrerais être les pieds dans la bouse, en train de jouer de la guitare dans les pubs irlandais. Et puis je me souviens que non, mon rêve, c’étaient les grandes salles, et les chansons populaires qu’on peut siffloter dans la rue. Et que c’est en train d’arriver. Voilà, tu sais tout (sourire).

Propos recueillis par Claude Semal le 4 juin 2021

 

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