J’AI TESTÉ POUR VOUS LE SYNDICALISME ON LINE

Amis·es chômeurs·euses, j’ai testé pour vous le service de prise de rendez-vous en ligne de la CSC à Bruxelles. Un outil étrangement laissé dans l’ombre par ses créateurs et dont j’ai découvert l’existence au détour de la lecture d’un commentaire sur Facebook — probablement laissé par l’un de ces affiliés qui, las des “centres de services” jamais rouverts depuis mars 2020, las des appels sonnant dans le vide, des courriels sans réponse, d’une interface internet obsolète, des courriers perdus et des recommandés non relevés par leur destinataire, ont fini par doubler l’envoi de chacun de leur courrier au syndicat d’un email prouvant le dépôt de leur lettre à l’aide d’une photo.

On ignore combien ils sont exactement, mais les témoignages se multiplient de chômeurs placés parfois dans des situations dramatiques et inextricables par leur syndicat et qui ne savent pas vers qui se tourner, lorsque l’organisation censée les défendre et les payer a silencieusement et unilatéralement démissionné de son rôle. Certains témoignent ne pas avoir touché leurs allocations pendant 3 mois, 6 mois, 9 mois, voire plus… Certains se sont fait prêter de l’argent, d’autres ont été au CPAS ou ont dû faire face aux conséquences de loyers et de factures non payées. Certains ont fini par régler leur sort en faisant jouer des relations personnelles ou en amenant la situation dans l’espace public.

En s’affiliant à la CSC, ils pensaient pourtant tous bénéficier au minimum du rôle de caisse d’allocations que l’Etat délègue aux syndicats en échange de financements publics — rôle que les syndicats acceptent volontiers de jouer avec l’avantage’ de grossir les rangs de leurs membres et donc leur poids représentatif. Mais depuis 2020, plutôt que de conseiller, d’assister et de défendre ses affiliés bruxellois dans un cadre collectif comme elle se targue de le faire, la CSC-Bruxelles les enfonce mécaniquement et individuellement dans une spirale de précarisation par le seul fait… de ne rien faire. À l’exception notable de leur réclamer chaque trimestre une cotisation syndicale. Car le service facturation n’a jamais cessé de fonctionner, lui, ce qui indique un certain sens des priorités.

Alors voilà des allocataires sociaux, verts de rage ou de désespoir, toquant aux portes d’associations de première ligne et de travailleurs sociaux — lesquels, c’est bien connu, n’ont pas déjà assez de misère sociale à éponger avec leurs petits moyens.
Alors voilà que certains se mettent à penser que l’herbe est plus verte ailleurs, changent de crèmerie et se retrouvent dans un syndicat d’une autre couleur, où des symptômes similaires semblent à l’oeuvre (équipes en sous-effectif, personnel débordé et parfois mal formé, traitement parfois humiliant des chômeurs…), mais où au moins il est possible d’avoir quelqu’un au bout du fil et d’obtenir un rendez-vous.
Alors voilà aussi que ressurgissent, pêle-mêle, la défiance envers les syndicats et le sentiment que Bruxelles est décidément bien mal traitée dans ce pays (comment expliquer en effet que les centres de services de la CSC aient rouverts en Wallonie et en Flandre, mais pas à Bruxelles ?)…

Dans le futur, il sera intéressant de comprendre comment la CSC-Bruxelles en est arrivée là. Le Covid ne peut servir à tout justifier… Il sera peut-être plus intéressant encore de comprendre comment la direction nationale a pu laisser opérer un tel management, alors que les couloirs et les sections du syndicat sont remplies de militants et de travailleurs scandalisés par cette situation.
Mais en attendant ce jour, voici déjà une solution concrète aux longs mois de débandade de l’antenne bruxelloise du syndicat chrétien : un site internet ! Injustement méconnu, car il est aussi dynamique, moderne et intuitif que la CSC-Bruxelles. Il vous propose trois options. Suivez le guide.

Prise de RDV “on line” à la CSC Bruxelles : “Aucun agenda trouvé”

– La première consiste à prendre un rendez-vous téléphonique. C’est simple, il vous suffit de fixer une date et d’attendre qu’un conseiller de la CSC vous appelle ce jour-là. Bémol : certains affiliés témoignent avoir attendu en vain le coup de fil pourtant dûment fixé, ce qui est d’autant plus énervant que si vous habitez Bruxelles le délai d’attente est d’environ un mois.

Aucun “créneau” disponible. C’est là que tu t’assieds sur ton derrière et que tu pleures. Ou que tu organises une manif  devant la CSC-BXL !

– Pas de stress : si jamais vous aviez une urgence, par exemple un arriéré de plusieurs mois d’allocations non versées par votre syndicat sans explications, vous pourriez toujours tenter l’option n°2 : la prise d’un rendez-vous en vidéo… Laquelle s’avère malheureusement tout aussi peu concluante puisqu’au-delà de l’annonce, le rendez-vous en vidéo semble tout simplement ne pas exister. Sans doute un plugin pas installé.

– Aucune raison cependant de sombrer prématurément dans le larmoyage, la colère ou l’impuissance, car il vous reste un tout dernier espoir de trouver un chemin pour parler enfin à quelqu’un de la CSC : le rendez-vous en présentiel. Oui, vous avez bien lu : en pré-sen-tiel. Une denrée rare, de nos jours ! Convoité de toutes parts par des hordes d’affiliés désespérés et de sans-dents affamés, ce Graal ultime du chômeur bruxellois, ce fier et fin fleuron du syndicat chrétien, cette lueur verte éclairant les ténèbres de la précarité semble néanmoins avoir fait dérailler les serveurs de la CSC : à Bruxelles, quelle que soit la commune, plus aucune date de rendez-vous (même lointaine) n’est disponible. Caramba, encore raté !

Gwenaël Breës le 18 sept 2022

 

 

Pas de commentaires

Poster un commentaire