JE DANSE SEULE DANS MA CUISINE (Vis ma vie d’hébergeuse) par Anne-Catherine.

Ce soir, coup de fil d’un numéro étranger. Je décroche en soupirant. C’est une jeune femme soudanaise. Elle est avec son mari et ses deux bébés à la Gare du midi. Il est 18H30. Il fait déjà noir. Il fait déjà très froid. Ma voiture est pleine de la collecte de nourriture que nous avons faite cette après-midi et je ne vois pas où les loger.
Je leur dis de venir à Louvain-la-Neuve, je trouverai bien d’ici la et au pire, on se serrera chez moi. Je leur envoie l’itinéraire en train. Je sens bien à la voix de la jeune femme qu’elle aurait espéré que quelqu’un vienne la chercher. Ils sont fatigués et derrière, j’entends les pleurs des enfants.
Je rentre à la maison, tracassée. Je m’apprête à publier un appel sur Facebook. J’ouvre mon PC et dans le clignotement de l’écran qui se rallume, un message messenger qui s’ouvre en pop up : ” Hello AC. J’espère que tu vas bien. Les parents d’un ami sont disponibles pour accueillir à LLN. 2 adultes qui peuvent même être avec 2 enfants.
La famille n’a jamais hébergé. Ils avaient une chambre de libre. Et se sont dit que ce serait facile d’y accueillir quelques jours quelqu’un forcé de dormir dans le froid par l’insoutenable crise de l’accueil qui sévit en Belgique.
Un coup de fil et un train plus tard, la famille est au chaud. Les enfants ont mangé. Le plus petit de 4 mois dort. L’aîné découvre les joies des crayons de couleur.
Mon cœur est en joie de cette chance inexplicable. De cette famille miraculeuse. Je ris, seule, en dansant dans ma cuisine. C’est la que je me dis une fois de plus que la solidarité fait de la magie pour reconstruire un monde où il fait bon vivre pour tout le monde. J’y crois.

Anne-Catherine (sur Facebook)

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