JE SUIS RESTÉE SANS VOIX par Delphine Verstaelen

Tranche de vie.
A table.
Ma fille, 10 ans : quand je serai grande, maman, je veux faire comme toi …
Moi : hum ? C’est à dire ?
Elle : distribuer de la nourriture, des vêtements, des sacs de pellets aux personnes qui en ont besoin…
Mon fils, 13 ans : j’espère que tu n’y arriveras pas…
Elle : m’enfin, pourquoi tu dis ça ?
Lui : parce que j’espère que quand tu seras grande plus personne n’aura à faire ça, maman aurait aimé ne jamais devoir faire ça et sera heureuse de ne plus devoir le faire, ce n’est pas vraiment sa passion et ce n’est pas son vrai boulot, elle le fait parce d’autres plus haut qui sont payés pour prendre des décisions pour que personne ne crève de faim ou de froid ne le font pas …
Elle : alors plus tard je veux être ministre …
Lui : hum … je pense que si maman a toujours refusé de se lancer en politique, il y a une raison. Moi aussi j’ai déjà pensé devenir ministre ou député ou bourgmestre ou conseiller pour faire bouger les choses, mais je me sentirais bien trop mal au milieu de toute l’hypocrisie du système et je pense que les choses, c’est ce qu’il s’est toujours produit dans l’histoire d’ailleurs, c’est d’en bas qu’on peut les faire bouger…
Elle : Qu’est-ce qu’on peut faire alors ?
Lui : Devenons des clowns, des troubadours… on fera rire tout le monde et tout le monde en a bien besoin. Seules les personnes intelligentes et qui ne sont intéressées ni par le pouvoir ni par l’argent nous suivront. Ce sont les seules avec qui il est possible d’avancer…
Moi : …
Je suis restée sans voix.

Delphine Verstaelen (sur Facebook)

(photo Gaelle Bizeul)

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