JUSTICE POUR SOUROUR

Ce samedi 04 mars 2023, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées place Poelaert à Bruxelles pour rendre hommage à Sourour Abouda, décédée dans un commissariat de police le 12 janvier dernier.
La famille de Sourour ainsi que Me Selma Benkhelifa, l’avocate de la famille, étaient présentes.
Selma Benkhelifa a été la première à prendre la parole. Elle a d’abord cité les noms des personnes décédées suite aux violences policières ces dernières années et exprimé sa colère envers la justice et la police : la police a arrêté une personne en état de vulnérabilité et cette personne est morte. Cette affaire ne sera pas étouffée, nous allons nous battre. Elle a ensuite rappelé que la contre-autopsie demandée par la famille et la Ligue des Droits Humains (qui s’est constituée partie civile) leur avait été refusée.
Il a fallu 24 jours avant que la famille puisse se recueillir devant la dépouille de Sourour. Me Benkhelifa a rappelé que l’origine des personnes tuées démontre clairement le caractère raciste de l’Etat belge. Elle déplore que les gerbes de fleurs déposées près du commissariat de police où est décédée Sourour aient été systématiquement retirées.
Une collègue de Sourour, qui travaillait chez Présence et Action Culturelle, a répété ce que les proches de Sourour avaient déjà confié : Sourour était une personne joyeuse, aimant la vie, investie et engagée dans les luttes féministes. Elle a également rappelé la loyauté et l’investissement de Sourour dans son travail au sein de la PAC. Elle a réaffirmé son soutien ainsi que celui de ses collègues à la famille de Sourour et particulièrement à Allan, son fils.

Edgar Szoc, président de la LDH, a exprimé son indignation envers la lenteur de la justice et au refus de la demande de la famille à pouvoir visionner les images des caméras de surveillance de la cellule dans laquelle est décédée Sourour. Près de deux mois après le décès de Sourour, l’affaire n’est toujours pas mise à l’instruction.
Soumaya, la sœur de Sourour a également pris la parole. Pour la famille, le décès de Sourour, qui était désorientée au moment de son arrestation, reste inexplicable. Celle-ci exige des réponses.

Enfin, Allan, 19 ans, s’est exprimé à son tour. Cela fait 52 jours aujourd’hui que la famille est sans réponse. Allan a parlé du lien qui les unissait lui et Sourour, de l’amour qu’il a reçu de sa mère qui l’élevait seule.
La famille de Sourour, Allan, Soumaya et la mère de celle-ci ont fait preuve de beaucoup de courage et de dignité. Les personnes présentes ont scandé Justice pour Sourour à la suite d’Allan. Ci-dessous, les paroles d’Allan qui ont été relayées par les médias.

Bonjour,
Il me tient à cœur de placer des mots autres que tous ceux qui sont diffusés dans les médias sur le décès de ma maman, Sourour. Ma mère était une personne extraordinaire et elle aimait la vie plus que quiconque. Elle était généreuse et pétillante. Toutes les personnes qui la connaissaient de près ou de loin pourraient confirmer mes dires : elle embellissait la journée de chaque personne qui la croisait. Je voudrais aussi témoigner que c’était une mère exemplaire pour moi mais aussi pour bien d’autres enfants qu’elle croisait ou côtoyait. C’était aussi une fille et une sœur aimée. L’enquête suit son cours et je fais confiance à l’avocate qui nous représente.
Mais malheureusement, ce n’est pas la première fois que l’on voit des décès se produire au sein d’une cellule dans ce commissariat, ce qui sous-entend que des choses graves se sont passées. Quoi qu’il se soit passé, des fautes de procédure ont été commises.
Mais je pense qu’il est clair pour nous tous, qu’un décès dans un commissariat est anormal, impossible et impardonnable. La police a pour seul travail de nous protéger, une chose pareille ne peut jamais arriver. Ce qui se passe aujourd’hui est grave et le combat sera long. Mais on ne lâchera rien.
La justice sera faite ! Je t’aime maman”

Thomas Van Simaeys (texte et photos)

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