KIKI ET LA VOIX DE SON MAÎTRE par Alexandre Von Sivers

Mai 2004, fin d’après midi. Coup de téléphone. Une voix de dame avec un fort accent wallon (« Monsieur von Zivèère ? ») me demande si, au mois de juin dernier, je n’ai pas perdu un petit chien. Je lui dis que non, je n’ai jamais eu de chien, un chat, oui, mort à 22 ans, il y a deux ans et enterré présentement dans mon jardin ; mais de chien, non, jamais.
Je résume une conversation assez drôle. Au début je pensais à une blague (pourquoi pas après tout ? quoiqu’un blagueur finit toujours par s’identifier), mais finalement assez émouvante et en tout cas tout à fait convaincante (si non è vero è ben imitato).
Ces personnes, en juin dernier, à Mont-sur-Marchienne, ont recueilli un petit chien abandonné, un « jack russell », si j’ai bien compris, mais je n’y connais rien en chiens. Ils s’y sont terriblement attachés. Et ce petit chien, tous les soirs, après le journal télévisé de la RTBF, dès qu’il entend les « Petits bouts d’histoire » auxquels j’ai prêté ma voix pendant plus de 300 numéros, se poste devant la télévision et se met à hurler à la mort. C’est « déchirant » me dit la dame. Elle s’est dit que peut-être le chien reconnaissait la voix de son maître et qu’il fallait le retrouver, c’était trop triste. Alors ils ont téléphoné à la RTBF : on les a renvoyés d’un service à l’autre. Ils ont fini par trouver mon nom, ils ont cherché dans l’Annuaire de Bruxelles (eux ils habitent dans les Ardennes) et après quelques heures d’hésitation, car ils allaient peut-être devoir se séparer de leur petit chien, voilà qu’ils me téléphonent.
J’ai dit à la dame d’éteindre la télévision après le JT, de faire bien mes compliments à leur petit chien, de continuer à l’aimer très fort et je lui ai demandé comment ils l’appelaient. Ben, ils l’ont tout simplement appelé Kiki.

Alexandre Von Sivers (sur Facebook)

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