LA BELGIQUE CONDAMNÉE PAR L’EUROPE POUR SON ENSEIGNEMENT NON-INCLUSIF

C’est pas tous les jours que Comité européen des droits sociaux condamne un Etat pour avoir contrevenu à un article de la Charte sociale européenne. Après quatre ans d’une procédure, entamée par des parents et soutenue par mon Institution, c’est pourtant bien ce qui s’est passé ce mercredi : l’Instance européenne a condamné la Belgique (et plus spécifiquement la FWB) pour ne pas avoir fourni assez d’efforts afin d’offrir une éducation inclusive aux enfants présentant une déficience intellectuelle.
Cette question spécifique, ainsi que le manque global d’intégration et d’inclusion des enfants en situation de handicap dans l’enseignement ordinaire, fait partie des priorités de mon Institution depuis de très longues années. L’enseignement spécialisé est un outil de qualité. Mais il ne paraît pas toujours utilisé à bon escient et accueille trop souvent des enfants qui n’ont pas de raisons suffisantes pour s’y retrouver. Par voie de conséquence, le nombre d’enfants scolarisés dans le spécialisé en FWB ne cesse d’augmenter depuis plus de dix ans, alors qu’on constate une tendance inverse dans tous les modèles européens. Même si elle entraînera sans doute des transformations dans les pratiques pédagogiques à l’œuvre et impliquera des vases communicants entre les budgets alloués à l’ordinaire ou au spécialisé, l’inclusion des enfants présentant des déficiences ou des difficultés d’apprentissage ne signe pas, loin s’en faut, la fin de l’enseignement spécialisé.
Concernant la décision spécifique du Comité des droits sociaux sur l’inclusion des enfants présentant une déficience intellectuelle, on ne peut que se réjouir que tous les acteurs concernés (et notamment les parents) se rejoignent pour estimer que le chantier est suffisamment important que pour faire l’objet d’une large concertation. La Ministre Caroline Désir, qui se propose d’organiser cette concertation, relevait lors de la conférence de presse de ce mercredi, que plus que des textes, des codes ou des décrets, la question de l’inclusion était avant tout un choix de société. Je ne connais pas de choix de société qui se soit opéré sans une « masse critique » favorable à un changement. A nous, ensemble, de promouvoir l’inclusion et convaincre de son intérêt majeur au-delà du cercle des déjà convaincus.

Bernard De Vos Dumont
Délégué Général aux Droits de l’Enfant

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