LA “CHARTREUSE” OCCUPÉE À LIÈGE

Nous soutenons l’occupation de la Chartreuse

Extinction de masse des espèces vivantes, explosion des inégalités sociales, dérèglements climatiques, sans-abrisme et mal-logement … les constats sont connus, les défis de notre époque sont nombreux. Pour les relever, les annonces des politiques se veulent ambitieuses et résolues : « stop béton », « plan canopée », « revitalisation urbaine », « réinventons Liège » … Malheureusement, ces belles promesses ne pèsent pas lourd lorsqu’il s’agit de passer aux actes.
Alors que l’on étouffe sous le béton, une dizaine d’hectares supplémentaires sont artificialisés chaque année sur le territoire liégeois. Alors que des milliers de logements restent désespérément vides en ville, les lotissements continuent de pousser partout en périphérie. Alors que les loyers explosent, les logements construits sont inaccessibles à la majorité de la population. Alors que des milliers de citoyen·nes se mobilisent pour préserver des espaces verts de qualité, leurs voix pèsent souvent moins lourd que l’argent des promoteurs immobiliers.

À la Chartreuse, l’histoire se répète. Depuis son abandon par l’armée dans les années 80, le site a vu la végétation reprendre ses droits et de multiples usages récréatifs s’y développer. Aujourd’hui, ce poumon vert de la rive droite est un lieu d’histoire et de détente très apprécié par la population liégeoise ainsi que par la flore et la faune qui y trouvent un précieux refuge. L’histoire pourrait être belle : un lieu de guerre et de mort transformé en havre paisible et grouillant de vie …
Mais c’est sans compter sur les requins de la spéculation immobilière pour lesquels toute poésie s’efface sur l’autel de la sacro-sainte plus-value. Car Matexi – serial bétonneur bien connu – a acheté l’endroit et semble bien déterminé à y construire un énième lotissement de “standing”, avec la bénédiction des pouvoirs publics. Peu importe qu’un recours en annulation du permis soit en cours au Conseil d’État ou que les oisillons soient dans les nids, Matexi veut raser, terrasser, bétonner, vendre et rémunérer ses actionnaires, et il veut le faire maintenant !

C’est pour faire face à cette menace qu’un campement s’est installé sur le site et que de nombreuses activités y sont organisées. Quel bonheur de voir des énergies issues d’horizons diversifiés se rencontrer et dynamiser ensemble le site dans un souffle d’enthousiasme créatif ! Nous tenons à remercier et à exprimer tout notre soutien aux personnes qui s’impliquent pour protéger la Chartreuse et qui font vivre le terrain menacé.
Cet élan commun nous apporte de la joie et nous donne de la force. Cette joie et cette force sont nécessaires pour affronter les défis de notre temps. Ce qui n’est pas nécessaire par contre, c’est de construire un nouveau lotissement de standing sur un espace vert. Nous n’en avons pas besoin.

Nous avons besoin d’îlots de fraîcheur lors des canicules. Nous avons besoin de logements décents à des prix abordables. Nous avons besoin de sols capables d’absorber les pluies et de décomposer les matières organiques. Nous avons besoin d’espaces de jeu, de promenade et de détente proches de nos domiciles. Nous avons besoin de refuges pour la vie sauvage. Nous avons besoin de processus démocratiques dans lesquels nos volontés sont réellement prises en compte.
Nous appelons donc à nouveau les pouvoirs publics à prendre au sérieux les voix des citoyen·nes en s’engageant à préserver l’entièreté du parc de la Chartreuse.

Mais nous ne sommes pas dupes. Nous savons que la soif de profit et le dogme de la propriété privée lucrative sont profondément ancrés et que les vieilles méthodes sont tenaces. Nous nous attendons donc à ce que les personnes qui occupent courageusement ce bout de terrain soient calomniées et trainées dans la boue, que les personnes qui y organisent des activités soient dénigrées et que celles qui choisissent de le défendre soient criminalisées.
Comme nous prenons soin de la Chartreuse, nous prendrons donc soin aussi des personnes diversifiées et colorées qui la font vivre et la protègent. Car notre force est dans l’entraide, nous serons solidaires avec celles et ceux qui s’opposent au règne du fric et du béton. Vive l’occupation de la Chartreuse !

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