LA HAINE ORDINAIRE par Bernadette Schaeck

Un article dans Sud Info Centre le 26 octobre avec pour titre : « P., 28 ans et maman d’un bébé de dix mois, ne sait pas comment elle va faire pour payer son prochain loyer. Elle ne va plus toucher un seul euro du CPAS de LL ! Celui-ci s’explique… ».
L’article est réservé aux abonnés, la plupart des commentateurs ne connaissent donc rien de la situation de P. Je me suis procuré l’article, il ne contient pas grand-chose. Je me demande quel est l’intérêt de le publier.
88 partages – 722 commentaires pour la plupart bêtes et méchants, très peu de personnes manifestant une certaine empathie ou même un simple questionnement.
L’article est agrémenté d’une photo de P., facilement identifiable donc.
En gros, les commentaires vont dans ces directions :
Qu’elle aille travailler. Les titres-services sont cités à de nombreuses reprises. Il est précisé qu’il faut pour cela mettre son réveil se lever, s’habiller… Sus à l’assistanat dénoncé par tous ces braves « qui se lèvent tôt »…
Si le CPAS lui a retiré le RI, c’est qu’elle a fraudé. Elle « récolte ce qu’elle a semé ». Cela servira de leçon à tous les autres qui fraudent.
Qu’elle change de nationalité. Car l’État « préfère accorder un revenu aux migrants ». L’Ukraine est citée à de nombreuses reprises.
Elle n’aurait dû ne pas faire d’enfant, si elle ne sait pas le prendre en charge. Cet « argument » est avancé à de nombreuses reprises. Elle n’avait qu’à ne pas “se faire mettre enceinte“.
Je ne vous donne pas le lien vers cet article et ses commentaires de merde.
Vous comprenez pourquoi je suis très méfiante envers une médiatisation des situations individuelles ?

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Lutter contre la surpopulation carcérale : oui. En affamant les détenus libérés : non.
Afin de lutter contre la surpopulation dans les prisons, certains détenus obtiennent un « CPP », Congé pénitentiaire prolongé. En attendant le jugement du Tribunal d’application des peines, qui décidera soit d’une libération conditionnelle, soit d’une surveillance électronique, les détenus libérés ne bénéficient d’aucune indemnité.
Leur situation est donc pire encore que les personnes sous surveillance électronique qui perçoivent souvent moins – parfois beaucoup moins – que l’équivalent du RI (Revenu d’Insertion). Ces personnes libérées sans revenu sont censées prendre toutes les mesures nécessaires à leur réinsertion…
Bonne journée quand même.

Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux

www.adasasbl.be

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